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La chronophotographie (3)

Comme l'homme se déplaçait le long du fond noir, il se trouvait à une position différente à chaque fois qu'une fente de l'obturateur rotatif exposait la plaque de verre, créant une séquence d'images. Plus le disque obturateur tournait vite, plus il y avait d'images qui s'imprimaient sur une même plaque et, moins le temps s'écoulant entre deux expositions était long, moins le sujet avait parcouru de chemin. C'était une méthode photographique révolutionnaire mais totalement en accord avec les principes que Marey avait établis pour la méthode graphique. Muybridge lui avait fait découvrir un nouveau détecteur – la plaque photographique (et au moment où Marey commença ses expériences, la plaque sèche, un produit fiable, plus rapide que tout ce qui avait été utilisé auparavant, était apparue sur le marché). La lumière était désormais le transmetteur et elle n'exigeait pas de force motrice de la part du sujet ; et le disque fendu de l'obturateur transmettait le mouvement sans perte ni diminution dans un langage visuel de formes fluides qui se superposaient.

Aussitôt qu'il eut réalisé son nouveau dispositif Marey retourna à ses recherches sur le vol et sur l'allure du cheval.

Un projet de cette ampleur exigeait un degré d'exactitude et de précision jusqu'alors inconnu en photographie, et un genre de grand laboratoire expérimental qui n'existait pas encore en Europe. Heureusement, tandis qu'il avait construit son premier appareil chronophotographique, d'autres événements s'étaient produits qui ensemble firent du projet une réalité : d'abord la création de la Station physiologique au Bois de Boulogne ; puis l'aide d'un nouvel assistant de qualité, Georges Demenÿ.