Ma dernière lettre fut du jour de Saint-Luc, 18e d’octobre, avec celle de M. Moreau, [2] je ne doute point que ne les ayez reçues. Depuis ce temps-là, nouvelle est venue que M. de Villequier [3] a fait entrer dans Mouzon [4] 400 hommes, [1] lesquels sans doute empêcheront que les Espagnols ne la prennent ; au moins, on tient ici pour le certain que dorénavant ils ne la sauraient prendre. Le maréchal Du Plessis-Praslin [5] avec plusieurs gouverneurs des places frontières assemblent aussi leurs forces afin de pouvoir harceler et incommoder lesdits assiégeants jusqu’à ce que ce qu’ils veuillent se retirer. M. le marquis de La Ferté-Senneterre [6] a défait trois régiments de Lorrains, où il a gagné beaucoup de bagage et plusieurs prisonniers. [2] On dit ici que le roi [7] est sorti de Bordeaux [8] et que le 19e d’octobre il a couché à Saintes. [9] Le Mazarin [10] n’a point eu grand contentement à Bordeaux. Il est vrai que ceux du corps de ville l’ont été saluer, mais non pas ceux du parlement ; outre plusieurs autres affronts qu’il y a reçus. Le pape [11] a député tout nouvellement deux cardinaux pour exhorter les deux rois à la paix générale, Spada [12] pour la France et Pallotta [13] pour l’Espagne. [3] Il est vrai qu’à la fin il la faudra faire et s’y trouveront contraints de part et d’autre car autrement, ils ne pourront plus trouver de soldats ; et puis à la fin de notre minorité, il y aura tout autrement plus belle apparence de finir la guerre afin que le roi commence avec la paix à gouverner son royaume lui-même, Dieu lui fasse la grâce de bien. [4] Si en faisant la paix nous rendons aux Espagnols toutes nos conquêtes, le Mazarin s’en déchargera, et dira que c’est le roi même et non pas lui ; et ainsi, il se couvrira du prétexte d’avoir continué la guerre jusqu’à présent par quelque nécessité, au lieu que ce n’est que pour dérober plus longtemps et piller plus hardiment ce pauvre royaume afin d’enrichir son neveu et ses trois nièces. [14] Nos affaires vont mal en Catalogne, [15] les Espagnols s’y remettent et nous ne leur résistons point comme il faut. On dit que M. le duc de Mercœur [16] se plaint de ce qu’on l’a envoyé là si loin pour le rendre ridicule. [5]
Le samedi 29e d’octobre à onze heures du soir, 30 hommes armés attaquèrent le carrosse de M. de Beaufort, [17] dans la rue Saint-Honoré [18] près de la Croix du Trahoir. [19] Ils voulurent arrêter le carrosse, ils ne purent le faire, ils tirèrent sur le cocher qui fut véritablement blessé, mais néanmoins il n’arrêta point. Comme ils approchèrent du carrosse en tirant dedans, ils tuèrent un gentilhomme qui était dedans, un autre fut blessé ; mais M. de Beaufort n’y était point et ainsi, ils ont perdu leur coup. Ce carrosse l’allait requérir à l’hôtel de Montbazon où il avait fait collation. [6] Je pense que vous croyez aisément que je ne suis pas auteur de ce meurtre, mais il n’est point malaisé de deviner d’où vient cette entreprise. Quoi qu’il en soit et de quelque côté qu’il vienne, les assassins ont manqué leur coup et M. de Beaufort est sauvé. [7] C’est à lui à se parer dorénavant de tels rencontres et à se retirer de meilleure heure s’il ne veut une autre fois y être attrapé car sans doute, on ne lui manquera pas. Ces gens-là, qui ne craignent point le serein, [8] sont gagés pour tuer du monde.
Le même jour, samedi au soir, un courrier venu de la cour apporta la nouvelle que la reine [20] était demeurée malade à Amboise [21] et qu’elle y avait été saignée deux fois pour un jour ; quelques jours auparavant elle avait aussi été saignée à Poitiers. [22] Si elle était prise d’une fièvre continue [23] de earum genere quæ hoc anno grassatæ sunt, [9] outre le danger qu’elle en encourrait, le Mazarin aurait belle peur ; et même, je ne doute point qu’on ne l’arrêtât de peur qu’il ne prît la fuite en cachette, n’osant point se fier au duc d’Orléans, [24] qui serait régent et qui infailliblement ne se servirait point de ce ministre italien. J’aimerais pourtant mieux qu’il fût arrêté et obligé de nous rendre tout l’argent qu’il a dérobé à la France. La reine traitant avec ceux de Bordeaux, ne leur a point nommé de gouverneur, elle leur a seulement promis qu’elle en arrêterait un lorsqu’elle serait à Paris ; mais leur a laissé M. de Saint-Luc, [25] qui était lieutenant de roi, pour y faire sa charge. [10] Aussitôt que le roi et la reine furent sortis de Bordeaux, un quart d’heure après, la reine leur fit signer qu’elle révoquait l’octroi des 1 500 000 livres qu’elle leur avait accordé d’être pris sur le convoi de Bordeaux pour leur dédommagement. Le parlement de Bordeaux [26] s’étant assemblé là-dessus, cassa l’arrêt du Conseil d’en haut portant cette révocation ; mais le premier président du parlement ne veut point signer cet arrêt ; d’ailleurs, M. de Saint-Luc maltraite dans Bordeaux ceux qui ont été du côté du parlement et en avait fait arrêter deux que le peuple a fait délivrer par force. Tout cela montre que la paix de Bordeaux n’est guère assurée.
Mais, Dieu soit loué que je reçois votre lettre par laquelle j’apprends des nouvelles de votre bonne disposition et de nos bons amis de Lyon. Je vous remercie très affectueusement de la peine qu’avez prise pour ce qu’avez délivré à M. Huguetan. [27] J’écrirai exprès à M. Gras [28] et le remercierai de ses livres dès que je les aurai reçus ; je souhaite fort de les avoir et utinam brevi istud contingat ; [11] j’en ferai autant à M. Garnier. [29] Pour votre Perdulcis, [30] je vous en remercie de tout mon cœur. Parmi tous ces livres, vous ne me parlez point de l’Histoire de Bresse. [31] N’est-elle point encore achevée ? Si elle est en vente, je vous prie de dire à M. Huguetan qu’il m’en envoie une en blanc et que je lui en tiendrai compte, aussi bien que de la douzaine des exemplaires du Feyneus [32] et des autres livres que j’ai reçus d’eux. [12] Mais à propos de Feyneus, n’avez-vous point encore su de Montpellier en quelle année est mort ce professeur ; je pense qu’il y a bien 50 ans que migravit ad plures. [13] Le Thesaurus criticus Gruteri [33] ou bien Lampas, sive fax artium liberalium est en six gros volumes in‑8o, impression de Francfort ; [14] je les ai céans reliés en veau noir à votre service. Ce beau recueil fait par un habile homme est un Cornucopia de grande quantité de plusieurs très bonnes choses. [15] Je serais bien marri si je ne l’avais, les six tomes m’ont autrefois coûté neuf livres, il y a plus de 20 ans. Quelques-uns font passer pour une continuation, ou septième tome, un certain in‑8o qui sont des remarques et des notes de I. Philippus Pareus [34] sur Plaute [35] adversus Iani Gruteri cavillationes, [16] etc. Ledit livre est intitulé Analecta Plautina, etc., Francofurti, 1623 ; [17] si jamais vous le trouvez, il mérite d’être acheté. Je suis fort aise qu’ayez eu à gré ce que je vous ai mandé de Paulus Leopardus, [36] dont je fais grand état il y a longtemps. J’ai vu aussi et même ai céans de lui (mais je ne sais où il est) ce commentaire in apophthegmata Stratonici ; ce n’est qu’un petit in‑8o. [18][37] Pour votre M. Arnaud le chimiste, [38] j’espère que sa colère passera avec justice, voyant que je ne lui ai jamais donné aucune occasion de se plaindre de moi ; pour la chimie, [39] il la défendra s’il veut et même, impugnera et réfutera s’il veut ou s’il peut notre thèse ; [40] ce que je ne trouverai point étrange, chacun ayant la liberté de ses sentiments pourvu que cela se fasse légitimement, honnêtement et sans injures. Ce qui me déplaisait le plus en tout ce que l’on m’en a dit était son titre diffamatoire, manifestement ridicule et qui lui eût fait plus de tort qu’à moi-même. [19] Il a parlé à M. Falconet, [41] qui a mis l’affaire en bon état. J’attendrai pourtant d’en savoir davantage par M. Mousnier, [42] après que M. Hebet [43] lui en aura écrit. Je ne sais qui est l’auteur des épîtres qui sont devant le livre des Passions de l’âme de M. Descartes, [20][44][45] j’ai grand regret que je ne l’aie demandé à M. Sorbière ; [46] je tâcherai de le savoir de MM. Moreau ou Naudé [47] et si je l’apprends, je vous le manderai. M. Galateau, [48] m’emportant [49] mon livre de feu M. Cousinot, [50] des eaux de Forges, [21] n’a fait que ce que l’on dit des Gascons ; néanmoins, ce n’est point la peine de lui en écrire, j’ai peur qu’il ne s’en souvienne plus, ce fut environ l’an 1633. Je suis bien aise qu’avez reçu le livre du P. Caussin [51] par M. Falconet, [22] je vous remercie de la peine qu’avez prise de le délivrer à notre bon ami M. Gras. Quand il se présentera ici quelque chose de meilleur, je tâcherai de vous en faire part, mais il fait merveilleusement froid en la rue Saint-Jacques : [52] tous se plaignent du mauvais temps, non est usque ad unum ; [23] même le plus hardi d’entre eux, qui est M. Cramoisy, [53] fait tout ce qu’il peut pour ne rien entreprendre. J’ai toujours céans les trois exemplaires de M. de Saumaise [54] pour le roi d’Angleterre, [24][55] pour vous, MM. Gras et Falconet, avec quelques petits livrets ; mais j’attends encore quelque chose que je ne sais quand il viendra. Je vous assure que le P. Jarrige [56] n’est point mort, il a passé par ici et a parlé à homme qui me l’a dit. Peut-être bien qu’à la fin les jésuites [57] l’empoisonneront, ils sont assez méchants pour cela ; utinam meliores fiant in posterum. [25] Si vous écrivez à M. Volckamer, [58] je vous prie de lui faire mes très humbles baisemains ; j’ai céans quelque chose pour lui que je lui enverrai dans votre premier paquet. Mme la Princesse la douairière, [59] qui est retirée à 25 ou 30 lieues d’ici, est malade et faut qu’il y ait apparemment quelque danger puisque, outre qu’elle a près de soi M. Le Gagneur, [60] on est ici venu quérir M. Guénault, [61] qui y est allé. [26]
On imprime en Hollande chez MM. les Elsevier [62] un livre curieux d’un savant Espagnol, sous ce titre, De duplici terra ; l’auteur est Iosephus Gonzalez de Salas. [27][63] je ne sais si ce ne serait point le même qui a fait imprimer l’an 1629 un Pétrone, [64] avec des commentaires et Indice perpetuo, [28] in‑4o à Francfort. Mme la maréchale de Guébriant [65] a fait faire l’histoire et la vie de son mari, [66] elle en a vers soi la copie tout entière et tout achevée, prête d’être imprimée. Il ne tient plus qu’à de l’argent qu’elle doit avancer à l’imprimeur [67] pour avoir du papier, c’est l’auteur même qui me l’a dit ; [29] mais c’est encore assez, vu que les courtisans ne savent guère ce que c’est que de payer leurs dettes et de récompenser ceux qui leur ont rendu service. Nous avons ici tout de nouveau une requête faite par M. Naudé [68] in‑4o contre les bénédictins, [69] touchant l’auteur du livre de Imitatione Christi ; [30][70] [elle] est excellente, je vous l’enverrai dans le premier paquet.
Le même M. Naudé m’a dit qu’à Genève l’on imprimait l’Histoire de feu M. le président de Thou [71] traduite par un jadis ministre ; je pense que c’est un Provençal nommé M. Boule, [72] duquel j’ai entendu dire, il y a longtemps, qu’il travaillait à la traduction de ce beau livre. [31] Je dis beau car je pense que c’est le plus beau et le plus excellent historien qui ait jamais écrit, et le préfère à Thucydide, [73] Tite-Live [74] et Tacite. [75]
On a ce matin trouvé en trois différents lieux publics trois tableaux du Mazarin pendu et étranglé (mais ce n’était qu’en effigie), avec son arrêt de mort pour plusieurs chefs ; le lieutenant civil les a fait ôter. [32] On a pris un prisonnier de ceux qui ont attaqué le carrosse de M. de Beaufort samedi dernier. Un autre, blessé, mourant hier à l’Hôtel-Dieu [76] de sa blessure, [33] confessa des vols qu’il avait faits, mais ne nomma aucun complice. On dit qu’un flux de ventre [77] a soulagé la reine après trois saignées ; qu’elle doit partir d’Amboise, et se rendre demain au soir à Orléans avec le roi et toute la cour. Néanmoins, il n’y a point grande apparence de vérité à tout ce que disent les courtisans : on tient que le Mazarin fait tout ce qu’il peut pour ne point revenir à Paris et même, est soupçonné d’avoir fait mettre par Paris les trois tableaux la nuit passée, afin de tâcher d’empêcher la reine d’y venir. Les trois princes [78][79][80] sont toujours à Marcoussis [81] et moi, je serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Patin.
De Paris, ce vendredi 4e de novembre 1650, à neuf heures du soir.
1. |
Antoine d’Aumont, marquis de Villequier (1602-Paris 11 janvier 1669), avait servi la Couronne de France dans toutes ses guerres contre les protestants puis les Espagnols. En 1635, il avait été nommé gouverneur de Boulogne, du Mont Hulin et d’Étaples (Pas-de-Calais). Fidèle à la cause royale durant la Fronde, il reçut le bâton de maréchal en janvier 1651 et en avril de la même année, le commandement de l’armée des Flandres. Villequier devint gouverneur de la prévôté et vicomté de Paris sur la démission du duc de Bournonville en 1662 et ses terres du marquisat d’Isles-en-Champagne furent érigées en duché-pairie sous le nom d’Aumont en 1665. Il avait épousé en 1626 Catherine Scarron, cousine germaine du poète. |
2. |
Journal de la Fronde (volume i, fos 311 ro et 314 ro et vo, octobre 1650) :
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3. |
Le cardinal Giambattista Maria Pallotta (v. note [18], lettre 113) était le candidat de l’Espagne et de l’empereur au conclave de 1655, mais l’animosité que donna Olimpia (v. note [4], lettre 127) nourrissait à son encontre lui fit manquer le pontificat. L’autre cardinal, Bernardino Spada (v. note [3], lettre 112), avait été nonce apostolique en France (1623-1627). |
4. |
Sous-entendu : faire. |
5. |
La guerre franco-espagnole avait toujours pour second front la Catalogne. Le duc de Mercœur y commandait pour la France en qualité de vice-roi. Les Castillans assiégeaient Mirabel et Tortosa (sur l’Èbre). Mercœur ne pouvait secourir ces deux places car les routes d’accès en étaient solidement gardées. Il tenta une diversion en attaquant l’Aragon, mais s’y heurta à une forte armée de mercenaires allemands. Mirabel s’était rendue le 25 octobre et Mercœur, retiré à Balaguer (une vingtaine de kilomètres au nord de Lérida), en était réduit à attendre le renfort de 1 500 hommes amenés de Guyenne par Saint-Mégrain (Journal de la Fronde, volume i, fos 316 ro et 320 vo). |
6. |
L’hôtel de Montbazon se situait sur l’actuelle rue de l’Université (viie arrondissement de Paris). |
7. |
Journal de la Fronde (volume i, fo 315 ro et vo, novembre 1650) :
Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, pages 335‑336, octobre 1650) :
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8. |
Serein (Furetière) : « humidité froide et invisible qui tombe vers le coucher du soleil, qui engendre les rhumes et les catarrhes. Le serein est dangereux aux vieillards. Les gens de complexion robuste ne craignent point d’aller au serein. » |
9. |
« du genre de celles qui ont circulé cette année ». Nicolas Goulas (Mémoires, tome iii, pages 261‑262) :
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10. |
François d’Espinay, marquis de Saint-Luc, fils de Timoléon (v. note [21], lettre 113), était lieutenant général au gouvernement de Guyenne. Fidèle au roi pendant toute la Fronde, il reçut ensuite le gouvernement du Périgord et mourut en 1670. |
11. |
« et Dieu veuille que cela arrive le plus vite possible ». |
12. |
V. notes [49], lettre 166, pour l’Universa Medicina… de Barthélemy Pardoux (Perdulcis) rééditée à Lyon chez Jacques Carteron, et [7], lettre 214, pour l’Histoire de Bresse de Samuel Guichenon, et [12], lettre 252, pour la Medicina practica de François Feynes (ouvrages qui ont tous deux été publiés à Lyon en 1650). |
13. |
« il nous a quittés pour l’au-delà. » V. note [11], lettre 235, pour les vains efforts de Charles Spon pour répondre aux interrogations insistantes de Guy Patin sur date à laquelle François Feynes était mort. |
14. |
V. note [9], lettre 117, pour le Lampas sive fax artium liberalium, hoc est Thesaurus criticus… [Le Flambeau ou la torche des arts libéraux, c’est-à-dire le Trésor critique…] de Janus Grüter (publié de 1602 à 1634). |
15. |
Cornucopia : corne d’abondance. |
16. |
« contre les sophismes de Janus Grüter ». |
17. |
Johannes Philippus Pareus (Johann Philipp Wängler, Hemsbach 1576-Hanau 1648), philologue allemand, professeur de théologie, d’hébreu et de philosophie à Hanau : Analecta Plautina, in quibus M. Accii Plauti editiones Pareanæ a virulentis Jani Gruteri cavillationibus ac strophis rite vindicantur : multa item qua Græcorum qua Latinorum Authorum loca illustrantur et explicantur… Répondant aux attaques des critiques, Pareus y défendait ses précédents travaux sur Plaute :
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18. |
Vitæ et Chriæ sive Apophthegmata Aristippi, Diogenis, Demonactis, Stratonici, Demosthenis et Aspasiæ. Omnia hæc partim nunc primum, partim accuratius Latio donata, per Paulum Leopardum Furnium. Adiuncta sunt etiam in eorum gratiam qui Græcarum literarum sunt studiosi, Stratonico, Demostheni, et Aspasiæ sua Græca, ab eodem tum collecta, tum emendata.
[Vies et Chries ou Apophtegmes {a} d’Aristippe, Diogène, Démonax, Stratonicus, Démosthène et Aspasie. {b} Tous sont présentés en latin soit pour la première fois, soit avec plus grande exactitude par Paulus Leopardus, natif de Furnes. {c} Pour l’agrément de ceux qui étudient le grec, le même a aussi colligé et corrigé en grec ce qui est attribué à Straton, Démosthène et Aspasie]. {d}
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19. |
La thèse de Guy Patin sur la Sobriété (v. note [6], lettre 143) servait d’argument au Patinus fustigatus [Patin fouetté] que le médecin chimiste Arnaud voulait publier contre lui (v. note [3], lettre 243 ; libelle introuvable, mais que Patin a longuement commenté dans la précédente lettre à André Falconet). |
20. |
Les Passions de l’âme. Par René Descartes (Paris, Henri Le Gras, 1649, in‑8o de 286 pages, pour la 1re édition, imprimée aussi à Amsterdam, Louis Elsevier, 1650, in‑12 de 272 pages) est le dernier traité que Descartes a publié de son vivant. En tête, se trouvent deux lettres non signées, datées de Paris les 6 novembre 1648 (37 pages) et 24 novembre 1649 (2 pages), avec les réponses de Descartes qui y est accusé d’usurpation, d’incompétence et même de charlatanisme dans le domaine des sciences naturelles (médecine en particulier). Dans l’article vii, Brève explication des parties du corps, et de quelques-unes de ses fonctions (première partie, pages 9‑10), Descartes se prononce sur la circulation du sang (sans parler du chyle) : « Ceux qui ont tant soit peu ouï parler de la médecine savent, outre cela, comment tout le sang des veines peut facilement couler de la veine cave en son côté droit, et de là passer dans le poumon, par le vaisseau qu’on nomme la veine artérieuse, {a} puis retourner du poumon dans le côté gauche du cœur par le vaisseau nommé l’artère veineuse, {b} et enfin passer de la là dans la grande artère, {c} dont les branches se répandent dans tout le corps. Même tous ceux que l’autorité des Anciens n’a point entièrement aveuglés, et qui ont voulu ouvrir les yeux pour examiner l’opinion d’Herveus {d} touchant la circulation du sang, ne doutent point que toutes les veines et les artères du corps ne soient comme des ruisseaux, par où le sang coule sans cesse fort promptement, en prenant son cours de la cavité droite du cœur par la veine artérieuse, {a} dont les branches sont éparses dans tout le poumon, et jointes à celles de l’artère veineuse, {b} par laquelle il passe du poumon dans le côté gauche du cœur ; puis de là, il va dans dans la grande artère, {c} dont les branches éparses par tout le reste du corps sont jointes au branches de la veine cave, {e} qui portent derechef le même sang en la cavité droite du cœur : en sorte que ses deux cavités sont comme des écluses, par chacune desquelles passe tout le sang, à chaque tour qu’il fait dans le corps. » |
21. |
22. |
23. |
« sans exception », il ne se publiait rien d’intéressant à Paris chez les libraires de la rue Saint-Jacques. |
24. |
V. note [4], lettre 224, pour l’Apologie royale… de Claude i Saumaise, traduction en français de sa Defensio regia… |
25. |
« Dieu fasse qu’ils en produisent de meilleurs à l’avenir. » V. note [25], lettre 246, pour Pierre Jarrige (mort en 1670) qui préféra ne pas réintégrer les rangs de la Compagnie de Jésus qu’il avait couverte de boue. |
26. |
Journal de la Fronde (volume i, fos 319 vo et 320 ro) :
Les autres mémoires du temps ne m’ont pas permis de trancher entre Vautier et Guénault pour le médecin qu’on envoya au chevet de la princesse, mais Guénault est le plus probable. |
27. |
De duplici viventium terra Dissertatio paradoxica. Autore Inl. Vir. Don. Iosepho Antonio Gonçalez de Salas Equite Calatrabensi Cruce Purpurato, Vetustæ admodum Domus de los Gonçalez de Vadiella Domino etc. Magni operis, quod inscribitur Epitoma geographico-historica αποσπασματιον. [Dissertation paradoxale sur les deux terres des êtres vivants. Par l’illustre Don Iosephus Antonius Gonçalez de Salas, {a} chevalier de l’Ordre de la Croix pourprée de Calatrava, {b} seigneur de la très ancienne Maison des Gonçalez de Vadiella, etc. Extrait du grand ouvrage qui sera intitulé Abrégé historico-géographique]. {c}
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28. |
« et avec un index complet » : T. Petroni Arbitri E.R. Satiricon. Extrema editio ex Musæo D. Iosephi Antonii Gonsali de Salas. |
29. |
L’Histoire du maréchal de Guébriant… écrite par Jean Le Laboureur ne fut publiée qu’en 1656 (v. note [32], lettre 224). |
30. |
V. note [32] du Naudæana 3 pour la série complète des factums que Gabriel Naudé a publiés de 1649 à 1652, touchant sa dispute, contre les bénédictins (mauristes) et en faveur des augustins (génovéfains), pour défendre Thomas a Kempis comme véritable auteur de l’Imitation de Jésus-Christ (v. note [35], lettre 242). |
31. |
Gabriel Boule (né à Marseille, mort en 1650) s’était converti au calvinisme en 1610 pour devenir pasteur à Orange (en 1622) puis (en 1626) à Vinsobres près de Nyons en Dauphiné. Il était revenu à la religion romaine en 1637 et avait reçu une charge d’historiographe du roi qu’il exerça jusqu’à sa mort. Sa traduction de l’Histoire universelle du président de Thou fut refusée parce qu’on la jugea écrite en mauvais français (aux dires de Guy Patin, v. note [34], lettre 469) ; ce fut Pierre Du Ryer qui la publia partiellement en 1659 (v. note [9], lettre 441). |
32. |
Journal de la Fronde (volume i, fo 317 ro et vo, 4 novembre 1650) :
Nicolas Goulas (Mémoires, tome iii, pages 263‑264) :
Vallier (Journal, tome ii, pages 213‑214) :
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33. |
De manière générale un hôtel-Dieu (maison de Dieu) était « le grand hôpital où on reçoit tous les malades dans la plupart des villes de France. Cet homme est menacé de mourir à l’hôtel-Dieu pour dire de mourir gueux et misérable ». L’Hôtel-Dieu de Paris est réputé avoir été fondé en 651 par saint Landry, évêque de Paris. Il était bâti sur la rive sud de l’île de la Cité, entre le Petit-Pont et le Pont-au-Double (alors pont de l’Hôtel-Dieu, sur lequel l’hôpital était en partie construit), à quelques pas des Écoles de médecine (rue de la Hûchette). Institution religieuse charitable capable de recevoir plusieurs centaines de malades indigents, l’Hôtel-Dieu était placé sous l’autorité du Chapitre Notre-Dame et administré par un bureau des gouverneurs. Une quinzaine de chapelains et 120 religieuses augustines assuraient les soins quotidiens. Garçons chirurgiens et élèves sages-femmes y faisaient leurs premières armes sous la supervision d’un premier médecin placé à la tête d’un collège de six docteurs régents de la Faculté de Paris, d’un maître chirurgien et d’une maîtresse sage-femme titulaires. L’exercice hospitalier n’était pas alors une partie intégrante de l’apprentissage médical. La formation pratique des étudiants et bacheliers était considérée comme assez secondaire par rapport à leur formation dogmatique ; elle dépendait principalement des consultations gratuites dispensées par la Faculté chaque samedi matin (depuis 1639, v. note [5], lettre 32) ; certains privilégiés pouvaient aussi suivre de temps en temps un docteur régent de leur connaissance ou de leur parenté dans les visites qu’il faisait chez ses clients particuliers. Détruit au xixe s., l’Hôtel-Dieu a été reconstruit de 1868 à 1878 sur son emplacement actuel, de l’autre côté du Parvis Notre-Dame. |
a. |
Ms BnF no 9357, fos 108‑109, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ dans la place de l’herberie,/ À Lyon » ; Reveillé-Parise, no ccxxxix (tome ii, pages 54‑57) ; Jestaz no 45 (tome i, pages 743‑749). Note de Charles Spon au revers : « 1650/ Paris 4 novemb./ Lyon 8 dudit/ Ripost./ Adi 29 dudit. » |