L. 390.  >
À Charles Spon,
le 5 février 1655

Monsieur, [a][1]

Ce 28e de janvier. Je vous envoyai ma dernière par la voie de M. Hubet [2] le mardi 26e de janvier. Depuis ce temps-là, je vous dirai que j’ai reçu aujourd’hui céans le livre de Botal [3][4] de la nouvelle impression, lequel je suis bien aise vous être dédié, que M. Duhan [5] a apporté céans en mon absence. [1] Il a dit qu’il reviendra demain et qu’il m’apportera un petit paquet qu’il a pour moi de votre part. En attendant que je sache ce que c’est, je vous en remercie par avance. J’ai ce matin été dans la rue Saint-Jacques [6] où j’ai trouvé chez M. Vitré [7] cette Nouvelle méthode de grammaire achevée ; [2][8] j’en ai pris une pour vous, laquelle je vous enverrai bientôt avec un livret nouveau de M. Guillemeau [9] contre M. Courtaud [10] de Montpellier. [3][11] Ce même M. Vitré imprime une Grammaire grecque, in‑8o, laquelle vient du même lieu que cette Nouvelle méthode, etc., savoir du Port-Royal, [12] où il y a de savants jansénistes [13][14] qui travaillent là-dedans en commun. J’ai consulté [15][16] aujourd’hui après-dîner chez M. Riolan [17] qui paulo melius habet[4] Il m’a dit qu’il avait dicté aujourd’hui dans son étude près de deux heures à son écrivain pour sa réponse contre M. Pecquet [18] et qu’il pourrait achever bientôt ce petit travail si le froid, qui est son ennemi juré, était passé. Il se moque généreusement et méprise fortement les injures qui sont là-dedans ; entre autres, celles que lui ont dites M. Sorbière [19] et Hyginus Thalassius, qui est ici un des nôtres encore jeune nommé M. de Mersenne, [20] à qui M. Riolan parlera bien hardiment. [5][21] M. Mentel [22] aura sa part de cette réponse, vu que le même M. Riolan croit qu’il y a contribué, quod facile crediderim[6] Dieu nous a réservés à un impudent siècle où les savants mêmes ne peuvent s’empêcher de dire des injures.

On m’a dit ce matin une nouvelle que je ne puis croire, savoir que le mois de mai prochain, Son Éminence [23] ira prendre des eaux de Bourbon [24] et qu’en même temps le roi [25] ira à Lyon où se rendra la duchesse de Savoie, [26] afin d’y traiter ensemble de grandes affaires ; [7] ce qui ne me semble guère vraisemblable, vu que c’est le temps que les ennemis commencent à paraître en campagne, et même que les eaux de Bourbon ne peuvent être bonnes à des gens qui ont les reins échauffés comme les a cet homme-là, qui vide du sable souvent et même qui a souventefois par ci-devant vidé de petites pierrettes. [27]

Ce 30e de janvier. M. Duhan a pris la peine de venir céans ce matin, mais de malheur, j’étais sorti. Il a laissé le petit paquet dont vous l’aviez chargé, dans lequel j’ai trouvé quelques thèses de M. Sebizius, [28] comme m’aviez mandé, Alcoranus Franciscanorum[29] et la thèse de théologie de Communione Sanctorum ; [8][30] mais ne m’aviez-vous pas mandé quelque chose d’une thèse contre le P. Ignace [31] des loyolites, pouvez-vous le remettre en votre mémoire, il me semble que c’est autre chose que cette dernière ? De quibus singulis gratias ago amplissimas[9] je vous prie de mettre sur mes parties ce qu’en avez déboursé, que je paierai à M. Du Prat [32] ou à tel autre qu’il vous plaira, avec ce que je dois déjà de vieux que je suis tout prêt d’acquitter quand et à qui vous voudrez. Je viens d’arriver de chez M. Gassendi [33] que j’ai trouvé écrivant près de son feu. Il fuit tant qu’il peut le froid comme son ennemi juré. J’avais mené quant et moi M. Garmers, [34] un jeune médecin de Hambourg [35] pour qui vous m’écrivîtes, ce me semble, il y a environ deux ans ou un peu moins ; [10] il a été ravi de voir ce grand personnage. Il apprête de la copie et dit que M. Barbier lui a mandé que M. de Champigny, [11][36][37] votre intendant, lui écrira lorsqu’il sera revenu de Bresse où il est allé pour régler les logements des gens de guerre qui viennent de Piémont [38] et d’Italie.

Ici a été brûlé en Grève [39][40] par la main du bourreau un écrit imprimé à Rome qui était une lettre du cardinal de Retz [41] aux archevêques et évêques de France. Le Clergé prétend que c’est une injure qu’on lui a faite, il s’en veut assembler ici pro violata dignitate[12] Je pense qu’ils n’avanceront rien ; même, il se pourra faire que le roi leur défendra ; et quelque chose qu’ils fassent, le plus fort l’emporte. Nous ne sommes plus du temps que Fortunam vincit Sapientia : [13][42] la dive Fortune [43] centum hominum etiam sapientissimorum consilia subvertit[14][44] On attend ici des nouvelles du conclave [45] et de la création d’un nouveau pape. [15] Ô que ce serait un bon prélat s’il nous ôtait le carême, [46] pro iucundo adventu ad Coronam[16] comme fit ici l’an 1649 le cardinal de Retz ! [17] On commence ici à faire des préparatifs pour la campagne prochaine, on dit que l’armée du roi sera fort grande et que le roi ira lui-même la commander en personne. On espère aussi que dans 15 jours la paix sera accordée et soudée avec les Anglais, de sorte qu’il n’y aura rien à craindre de ce côté-là pour nous.

Ce 3e de février. On fait partir d’ici ce matin dix compagnies du régiment des gardes avec tous leurs officiers afin de s’en aller vers Péronne [47] s’y joindre à la cavalerie qui s’y doit rendre, pour delà aller secourir Le Quesnoy, [48] qui est fort pressé par les Espagnols ; dans lequel ceux qui sont enfermés des nôtres seront obligés de capituler et de le rendre aux ennemis s’ils ne sont secourus en bref[18] On tirera demain la dernière demi-feuille d’un second livre de M. Guillemeau contre M. Courtaud, [3] c’est l’auteur même qui me le vient de dire ; il vient de sortir de céans, il m’a dit qu’il y a 13 demi-feuilles. Voilà pour faire rire ce bonhomme Courtaud du bout des dents : excitavit crabronem[19][49][50] il a réveillé le chat qui dort, qui ne le lairra pas aisément en repos ; [20] il est homme d’esprit, riche, puissant et courageux, il a grand loisir et beaucoup d’amis ; il ne fait pas bon irriter ces gens-là. M. Courtaud n’a pas été bien conseillé de l’entreprendre, et crois qu’il ne l’aurait pas fait, à ce que j’apprends de deçà, s’il n’y avait été sollicité par quelqu’un de ces gens-là qui se jouent ici, avec l’antimoine, de la vie des hommes. Venit in suspicionem tam atrocis facinoris pessimus ille nebulo, ne dicam carnifex[21] de la race des singes et des guenons, qui a tant tué de monde avec ce maudit poison qu’il en est ici en détestation à la plupart des gens de bien. [51] Pour l’antimoine, [52] l’on n’en donne plus, ses fauteurs mêmes ne l’osent plus proposer et confessent eux-mêmes que c’est un dangereux remède, on n’en parle ici que pour le détester. Le livre de M. Perreau [53][54] a aidé à en détromper encore plusieurs qui n’étaient pas bien confirmés dans la connaissance de ce venin.

Ce même jour, le bonhomme M. Riolan a fait arrêter prisonnier son fils, l’avocat, [55][56] qui s’était marié sans sa permission ; [22] il avait fait casser son mariage. Ce procès lui a coûté plus de 5 000 livres. Nonobstant tout cela, le compagnon n’a pas voulu rentrer en son devoir. Enfin, il est attrapé d’aujourd’hui au matin et eo momento quo scribo, laborat in vinculis[23][57] Il y a quatre ans que ce procès dure ; cela a fait grand tort au public car le bonhomme M. Riolan aurait bien fait quelque chose de bon sans ce misérable procès. Vous et moi nous y perdons, et même tout le public.

Ce 4e de février. Je viens de recevoir votre lettre datée du 29e de janvier avec le dernier cahier de ce que vous avez pris la peine de me transcrire de feu M. C., [24][58] dont je vous remercie de tout mon cœur, je suis honteux de tant de peines qu’en avez prises. Il y a longtemps que M. Moreau [59] a les imperfections d’Albertus M. < Magnus > [60] que m’aviez adressées. [25] Je ne manquerai point de le saluer de votre part et de servir de tout mon pouvoir mademoiselle votre belle-sœur, [61] laquelle j’irais saluer si je savais où elle est logée. M. Le Gagneur [62] n’est point le plus fort de sa paroisse. Je le verrai puisqu’il revient, mais comment revient-il, est-ce qu’il a tout à fait quitté son maître, [63] avec lequel on dit qu’il n’y a rien à gagner, ou bien est-ce que son maître reviendra bientôt à la cour, quod multi non credunt ? [26]

Pour M. Ferrus, [64] il n’est plus ici, il y a longtemps qu’il est à Lyon et je m’étonne qu’il ne vous a vu car il me l’avait bien promis en partant d’ici : même la veille qu’il partit, en me disant adieu, il me communiqua un petit mal de garçon qu’il avait, [27] et l’exhortai d’en prendre votre avis dès qu’il serait arrivé à Lyon s’il n’en était parfaitement guéri. Quand vous le verrez, ne lui en dites rien s’il ne vous en parle le premier : peut-être qu’il n’en a pas eu besoin, peut-être qu’il n’a osé ou que quelque autre chose l’en a détourné. Ce docteur Reyd (ni fallor), [28] dont écrit M. de La Mothe Le Vayer, [65] était un Écossais, médecin à Toulouse, [66] parent des Blacvod, [67][68][69] qui viennent d’Écosse aussi. [29] Ce M. de La Mothe Le Vayer a épousé une Blacvod, [70][71] fille d’un conseiller de Poitiers, [72][73] laquelle était veuve d’un autre Écossais fort savant nommé George Critton, [30][74] professeur du roi, lequel mourut ici l’an 1611 (feu M. Nic. de Bourbon, [75] natif de Bar-sur-Aube en Champagne, [31][76] eut sa place en même temps, pour avoir fait de si beaux vers sur la mort de Henri iv [77] sous le titre de Diræ in parricidam ; eius manibus bene precor[32] il a été mon bon maître et mon bon ami jusqu’à la mort, je parle de lui avec tendresse et affection dans ma harangue). De cette veuve de Critton est provenu à M. de La Mothe Le Vayer un fils, [33][78] qui est un garçon bien fait, lequel a 1 000 écus de rente sur l’archevêché de Rouen pour un soufflet qu’il reçut dans la grande salle du Palais l’an 1651 des mains du curé de La Flèche [79] qui frondait avec les autres contre le Mazarin, que ce jeune homme voulait défendre : Ille crucem pretium sceleris tulit, hic diadema[34][80] Ce Reyd était leur cousin, je me souviens d’en avoir ouï parler à feu M. Blacvod, notre collègue, lequel mourut à Rouen l’an 1634. J’ai vu et même peut-être que j’ai céans un petit livre de ce Reyd in‑8o en français, lequel si je ne me trompe, traite de la pesanteur du plomb. [35][81] Et voilà ce que j’en sais, qui est peut-être plus que vous ne m’en demandiez ; si cela ne vous contente, je m’offre d’en consulter dans les occasions M. de La Mothe Le Vayer. Vale et me ama[36]

M. Pecquet n’a encore ici converti personne par son livre plein d’injures contre M. Riolan ni par ses nouvelles Observations[4] J’y croirai quand j’en verrai être besoin que le lait se fasse immédiatement du chyle[82] je ne le puis croire. [37][83][84] M. Riolan lui répondra, s’il vit. Il n’a pas vendu tous ses livres, il en a encore plus de cent de reste, sans les recueils et manuscrits ; [85] outre qu’il en a encore un très bon dans la tête, qui est une très belle et admirable mémoire. Je suis de tout mon cœur, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce vendredi 5e de février 1655.

Avez-vous ouï dire que M. Arnaud [86] imprime à Lyon le Ciaconius de vitis Pontificum, etc[87] en deux volumes in‑fo avec les figures venues de Rome ? C’est un grand ouvrage, mais il faut que la copie en soit bien revue. L’Hippocrate de Foesius [88][89] roule-t-il sur la presse ? [38] Fait-on en votre ville quelque autre chose plus notable ?


a.

Ms BnF Baluze no 148, fo 104, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ À Lyon » ; Jestaz no 145 (tome ii, pages 1337‑1343). Note de Charles Spon au revers de l’enveloppe : « 1655./ Paris, ve febr./ Lyon, xe dud./ Risp. du 16e dud. » Celle‑ci est la dernière des 145 lettres à Spon qu’a transcrites L. Jestaz.

1.

V. notes [18], lettre 360, pour le De Curatione per sanguinis missionem, liber… [Livre sur le Traitement par la saignée…] de Botal (Lyon, 1655) et [20], lettre 387, pour sa dédicace à Charles Spon.

2.

V. note [4], lettre 389, pour la Nouvelle méthode… de Claude Lancelot et pour sa Grammaire grecque, dont Guy Patin a parlé quelques lignes plus bas.

3.

Caroli Iacobi filii Guillemei, ex-ordinario primarioque regis medico, doctoris Parisiensis, Defensio altera, adversus impias, impuras, et impudentes tum in se, tum in Principem Medicinæ Scholam Parisiensem, anonymi Copreæ calumnias ac contumelias.

[Seconde défense de Charles Guillemeau, fils de Jacques, ancien premier des médecins ordinaires du roi, {a} docteur de Paris, contre les calomnies et les injures impies et impudentes qu’un anonyme bouffon {b} a proférées, tant contre lui-même que contre la Faculté de médecine de Paris]. {c}


  1. Charles Guillemeau (v. note [5], lettre 3), docteur régent de la Faculté de médecine de Paris, avait aussi été, comme son père Jacques Guillemeau (v. note [15], lettre 219), chirurgien de Saint-Côme. Tous deux avaient beaucoup pratiqué dans l’entourage royal, mais sans atteindre les tout premiers rangs d’archiatre ou de premier chirurgien (malgré leur vive volonté d’y accéder). Guy Patin a expliqué la nuance entre « premier des médecins ordinaires », primus ordinarium medicorum, et « premier médecin », primarius medicus ou archiatre, du roi (v. note [12], lettre latine 61).

    La précédente attaque de Charles Guillemeau contre Montpellier n’était pas intitulée Defensio prima, mais Cani miuro sive Curto fustis… Responsio… [Bastonnade pour le chien dont on a coupé la queue…], publiée en juin 1654 (v. notes [14], lettre 358).

  2. Sans toutes les écrire, Siméon Courtaud (v. note [19], lettre 128), doyen de l’Université de médecine de Montpellier (et ami de Charles Spon), dirigeait les attaques montpelliéraines contre la Faculté de Paris.

  3. Sans lieu, ni nom, ni date [janvier 1655], in‑4o de 49 pages.

    Les deux Vies latines de Jean Héroard donnent de larges extraits des pamphlets qui avaient précédé sur les querelles ancestrales opposant Guillemeau à ceux de Montpellier.


Guillemeau publia un autre libelle encore plus féroce contre Courtaud en juillet de cette même année :

Margarita, scilicet e sterquilinio et cloaca lenonis Αθεου, Cotyttii Baptæ, spurcidici, barbari, solœcistæ, imo holoborbori, holobarbari, holosoloeci, verberonis Curti. I. Heroardi, verissimi aniatri, indignissimi, quot fuerunt, archiatri, ut vulgo loquuntur, nepotis purulentia. Ad stolidos, lividos, indoctos, absurdos eius Amatores, Admiratores, Buccinatores, et infamis operæ Diribitores.

[Perle tirée, bien entendu, du fumier et de l’égout du maquereau athée, bapte de Cotytto, {a} ordurier, barbare, faiseur de solécismes, et même grand maître de l’ordure, de la barbarie et du solécisme : le vaurien Courtaud. Pus du neveu de Jean Héroard {b} qui ont été tous deux archiatres, comme ils se font appeler publiquement, les plus authentiques et les plus indignes des aniatres. {c} À ses adulateurs, admirateurs, panégyristes stupides, jaloux, ignorants, absurdes, et aux dispensateurs de son infâme ouvrage]. {d}


  1. Prêtre de Cotytto, déesse Thrace de l’impudicité (v. note [6], lettre 3).

  2. Jean Héroard (v. note [30], lettre 117), premier médecin de Louis xiii et son neveu Siméon Courtaud.

  3. Non médecins, « ânes médecins » par homophonie.

  4. Paris, 1655, in‑4o de 32 pages.

L’affrontement, entamé en 1645, après les déboires parisiens de Théophraste Renaudot, s’éteignit avec la mort de Guillemeau (novembre 1656).

4.

« qui va un peu mieux. »

5.

V. note [1], lettre 414, pour les Responsiones duæ [Deux réponses] auxquelles travaillait Jean ii Riolan contre la seconde édition augmentée des Experimenta nova anatomica… [Expériences anatomiques nouvelles…] de Jean Pecquet (Paris, 1651 et 1654, v. note [4], lettre 360).

Samuel Sorbière, sous le pseudonyme de Sebastianus Alethophilus, est l’auteur d’une lettre latine (avec passages en grec) intitulée Viro clarissimo D. Ioanni Pecqueto Med. D. celeberrimo, venarum lactearum thoracicum inventori sagacissimo, Sebastianus Alethophilus Ευτυχιαν [Sébastien l’Aléthophile (celui qui aime la vérité, alêtheia en grec) se félicite du succès (eutukhia en grec) du très brillant Jean Pecquet, très célèbre docteur en médecine, très ingénieux découvreur des lactifères thoraciques] (sans lieu ni nom, 1654, in‑8o de 17 pages) ; on la trouve aussi dans la susdite réédition des Experimenta nova anatomica… de Pecquet (pages 164‑180).

  1. Elle commence par ce récit :

    Quod nudiustertius me præsente, Pratæo nostro, Auzotio tuo, et Aquinis præstantissimis medicis adstantibus, iterasti Experimentum Vasis lacteis thoracicis demonstrandis, rem fecit adeo indubiam, Pecquete Suavissime, ut nullus deinceps ambigendi locus nec mihi, nec illis reliquantur. Visa est enim cavitas illa quæ sub duplicatura peritonæi infra mesenterij centrum latens oculos Anatomicorum hucusque fefellerat, tam manifeste, presso mesenterio, adimpleri chylo ; visus est chylus per ductus a te detectos olim in subclavias venas, et inde in cavam, atque in dextrum cordis sinum, cujus mucronem resecuera, tam aperte delabi, ut oculis nulla in posterum fides adhibenda videatur, nisi res certa, evidens, et compertissima habeatur.

    Gaudeo igitur, ex animo gaudeo, Medicinæ primum caussa, quam novo locupletasti invento, et quo quidem egebat ; quippe quæ fæde jacuerat in scholis oppressa gravi sub Magistrorum supercilio ; et amici deinde nomine, qui tam felix fuit, ut rem adeo utilem primus invenerit.

    [Quand, voilà trois jours, en ma présence, et sous les yeux de notre ami Du Prat, de votre ami Auzout et des deux éminents médecins que sont les D’Aquin, {a} vous avez reproduit l’expérience qui démontre les vaisseaux lactés du thorax, {b} elle a rendu le fait si indubitable, mon très cher Pecquet, que, ni pour moi ni pour eux, il ne reste aucun lieu d’en disputer. En effet, en pressant le mésentère, on a vu cette cavité, qui se cache sous un dédoublement du péritoine, au-dessous de la racine du mésentère, et qui avait jusqu’alors échappé au regard des anatomistes, se remplir très manifestement de chyle ; puis on l’a vu s’écouler par des canaux que vous avez jadis découverts dans les veines subclavières et, de là, dans la veine cave et dans la cavité droite du cœur, dont vous aviez coupé la pointe ; et ce si clairement que désormais, sauf à être aveugle, la chose doit être tenue pour certaine, évidente et parfaitement démontrée.

    Je me réjouis donc doublement, et du fond du cœur : d’abord, au nom de la médecine que vous avez enrichie de cette nouveauté, à qui, de toute évidence, elle manquait, bien qu’elle ait été odieusement mise à terre dans les Écoles, écrasée sous la pesante moue des maîtres ; et ensuite, au nom d’un ami qui a eu le grand bonheur d’avoir le premier mis au jour une chose si utile].

  2. Plus loin (page 172), l’énumération des partisans de Pecquet ne manque pas d’intérêt, mais elle dut fort déplaire à Jean ii Riolan :

    superest adhuc, Deo bene propitio, Bartholinus, Conringius, Patinus, Sponius, Mentellius, Pratæus, et supersunt alij diligentiæ tuæ æmuli, per quos sperare licet quid lucis uberioris affulsurum.

    [Vivent encore, Dieu merci, Bartholin, Conring, Patin, Spon, Mentel, {c} Du Prat et d’autres émules de votre application à chercher, grâce à qui il est permis d’espérer qu’un jour brillera quelque éclat d’une lumière plus vive encore].

  3. La fin (page 180) est une attaque en règle contre Jan van Horne, professeur d’anatomie et de chirurgie à Leyde, qui avait publié un opuscule intitulé Novus ductus chyliferus. Nunc primum delineatus, descriptus et eruditorum examini expositus… [Nouveau conduit chylifère. Pour la première fois découvert, décrit et soumis à l’examen des savants…] (Leyde, Franciscus Hackius, 1652, in‑4o), sans même y mentionner le nom de Pecquet :

    Scripsi ad Henricum Bornium, professorem Leydensem, veterum amicum, mirair me qui fieri potuerit ut Clarissimus vir Ioannes Hornius de ductu chylifero scribens non viderit tractatulum tuum biennio ante typis editum, ut plane constet nulli non literato, nec in Anatomicis hospiti, te primum exstitisse freti istius, Magellanico sane potioris , detectorem. Atque adeo ludibrium posteris debiturum collegam, nisi quamprimum illud data occasione fateatur ; et dcat, non visum sibi librum tuum, cum tamen ipse eodem ferme experientia sua perveniset. Nolle enim me ambigere, quin Hornius quoque ductum invenerit, sed tamen a suspicione plagij famam viri jam aliunde et per se mgni nominis immunem non futuram, nisi liberetur, nuda et simplici narratione experimenti suis, atque relicta tibi inventionis primariæ gloria. Itaque rogavit virum doctissimum caute officij sui admoneret. Tu, Vale, Pecquete Clarissime, et rem Medicam juvare contende. Optandum enim esset ut in re tam seria tandem homines nugari desinerent. Iterum Vale. Lutetiæ Parisorum Eid. Sextil. ciɔ iɔc liv.

    [J’ai écrit à Henricus Bornius, professeur à Leyde et mon vieil ami, {d} pour qu’il me prouve, s’il le pouvait, que le très illustre van Horne n’avait pas vu votre petit livre, publié deux ans plus tôt, {e} quand il a écrit sur le conduit du chyle, car il apparaît clairement à quiconque a quelque connaissance de la littérature et de l’anatomie que vous avez été le tout premier à découvrir ce canal qu’on peut véritablement tenir pour plus important que le détroit de Magellan ; à tel point que notre collègue devra passer pour ridicule aux yeux de la postérité, à moins qu’il ne confesse bientôt avoir abusé des circonstances ; mais il proclame qu’il n’a pas vu votre livre et qu’il est tout seul parvenu presque à la même découverte que vous grâce à ses propres recherches. Je ne doute pas, soyez-en bien assuré, que van Horne ait aussi pu observer le canal ; mais sa grande réputation, déjà bien établie ici et ailleurs, sera pourtant entachée d’une suspicion de plagiat s’il ne s’en affranchit en relatant simplement et clairement la teneur de sa propre expérience, et en vous reconnaissant la primauté de la découverte. C’est pourquoi j’ai prié Bornius de rappeler avec ménagement le très savant van Horne à son devoir. {f} Vale, très brillant Pecquet, et battez-vous pour le bien de la médecine. Il serait en effet souhaitable qu’en une matière aussi sérieuse les hommes cessent enfin de conter des sornettes. Encore tous mes vœux. De Paris, le 13 août 1654]. {g}


    1. V. notes [4], lettre 360, et [36], lettre 469, pour le mathématicien Adrien Auzout, [27], lettre 152, pour le médecin lyonnais Abraham Du Prat, et [7], lettre 7 et [4], lettre 666, pour les médecins parisiens Philippe et Antoine D’Aquin, père et fils.

    2. Les vaisseaux lymphatiques thoraciques qui drainent à la fois la lymphe venue de la partie inférieure du corps et le chyle venu des intestins (v. note [26], lettre 152).

    3. Thomas Bartholin et Hermann Conring ont correspondu avec Guy Patin ; v. note [6], lettre 14, pour Jacques Mentel, qui affirmait, sous couvert de l’anonymat, avoir observé le réservoir du chyle (v. note [23], lettre 152) dès 1629, soit 18 ans avant Pecquet (v. note [6], lettre latine 369).

    4. Henricus Bornius (Utrecht 1617-Leyde 1675) était professeur de philosophie à Leyde.

    5. V. note [15], lettre 280, pour les Experimenta nova anatomica [Nouvelles expériences anatomiques] (Paris, 1651) où Pecquet donnait la première description imprimée du canal du chyle, qu’il avait découvert en 1647.

    6. Notre édition contient sept lettres de Patin à van Horne. Il est question de Pecquet à la fin de celle du 6 septembre 1665 : en réponse aux nouvelles que van Horne lui avait demandées, Patin l’avisait avec tristesse de la disgrâce où était tombé Pecquet, en punition de son extraordinaire fidélité à Nicolas Fouquet.

    7. Jean ii Riolan n’est pas explicitement cité dans la lettre de Sorbière.

      V. note [4], lettre latine 50, pour l’honnête opinion que Johannes Antonides Vander Linden a publiée en 1653 sur la suspecte découverte de son collègue et ami van Horne.


Guy Patin révélait ici que Pierre de Mersenne, compagnon de Pecquet dans ses recherches sur le chyle et la lymphe (v. note [21], lettre 336), s’y cachait sous le pseudonyme d’Hyginus Thalassius Sangermanus, auteur d’un traité intitulé Brevis destructio, sive Litura responsionis Riolani ad eiusdem Pecqueti Experimenta nova anatomica [Courte réfutation ou censure de la réponse de Riolan contre les Expériences anatomiques nouvelles] inséré dans la nouvelle édition des Experimenta nova anatomica… de Pecquet (1654, pages 181‑246). On y lit (pages 197‑200), dans le chapitre iii, De doctorum Parisiensium Testimoniis. Candide illi scriptis ad Pecquetum epistolis lacteas thoracicas probarunt ac commendarunt. Defenduntur epistolæ adversus Riolani censuram, quæ adversa rationi et experientiæ sponte corruit [Témoignages des docteurs parisiens qui, par des lettres écrites de bonne foi à Pecquet, ont approuvé et recommandé les lactifères thoraciques. Leurs lettres sont défendues contre la censure de Riolan qui s’écroule d’elle-même, comme contraire à la raison et à l’expérience], ces deux passages à propos de Guy Patin.

Ces propos d’Hyginus Thalassius devaient mettre Guy Patin fort mal à son aise, au moment même où Jean ii Riolan lui accordait la survivance de sa chaire au Collège de France.

6.

« ce que j’aurais volontiers cru ».

7.

Nouvelle anticipation de Guy Patin sur ce qui n’allait se produire qu’en 1658 (v. note [9], lettre 378).

8.

V. notes [26], lettre 386, pour l’Alcoran des cordeliers, par Érasme Albert (Albère), et [20], lettre 384, pour la thèse sur la Communion des saints, par Johann Wirtz.

9.

« Je vous remercie infiniment pour ces ouvrages ».

10.

La première visite de Johann Garmers à Guy Patin, sur la recommandation de Charles Spon, datait en effet d’octobre 1653.

11.

François Bochart, seigneur de Saron et de Champigny, était le deuxième fils de Jean Bochart de Champigny, premier président au Parlement de Paris, et de Lia de Vigny. Conseiller au Grand Conseil, maître des requêtes en 1634, François avait été intendant de justice en Provence en 1637, puis en Dauphiné et à Lyon ; il s’y noya sous le pont de la Saône en 1665 (Popoff, no 630).

12.

« pour viol de sa dignité. »

Outre l’autodafé, la Lettre de Monseigneur l’éminentissime cardinal de Retz, archevêque de Paris, à Messieurs les archevêques et évêques de l’Église de France (sans lieu ni nom, 14 décembre 1654, in‑4o de 24 pages) valut à son auteur une lettre du roi qui demandait au pape de nommer des commissaires pour l’instruction du procès de Retz.

La conclusion de cette Lettre résume son contenu en faisant luire l’élégante plume de son auteur :

« Voilà, Messieurs, les mouvements les plus sincères de mon cœur. Voilà la disposition que Dieu me donne, et dans laquelle je me sens tous les jours confirmé de plus en plus. C’est que je vous supplie de prier celui, de qui nous avons l’honneur de tenir la place dans le gouvernement de son Église, de me faire la grâce d’exécuter avec une persévérance immobile, lorsqu’il lui aura plu donner entrée dans le cœur de S.M. {a} à vos charitables remontrances, et dissiper dans son esprit par la force de la vérité et par les lumières de votre sagesse, les nuages dont on a voulu obscurcir mon innocence, et couvrir l’injure si atroce et si scandaleuse qu’on fait à l’Église en ma personne. Cependant, {b} Messieurs, quoi que Dieu permette, selon les ordres adorables de sa Providence, j’espère demeurer dans la Paix au milieu de la tempête ; et jusqu’à ce qu’il fasse sortir la lumière de ces ténèbres, et succéder le calme à cet orage, je lui dirai tous les jours, du plus profond de mon cœur, avec une humble et fidèle confiance, ces paroles d’un grand roi et d’un grand prophète, In umbra alarum tuarum sperabo, donec transeat iniquitas. » {c}


  1. Sa Majesté, le roi Louis xiv (et son principal ministre Mazarin).

  2. En attendant.

  3. « J’attendrai dans l’ombre de tes ailes, jusqu’à ce que passe l’injustice » (Psaumes, v. notule {b}, note [33], lettre 487).

13.

« la Sagesse vainc la Fortune » ; Sénèque le Jeune (Lettres à Lucilius, épître lxxi, § 30) :

Sapiens quidem vincit virtute fortunam, at multi professi sapientiam levissimis nonnumquam minis exterriti sunt.

[Par la vertu la sagesse vainc certes la fortune, et pourtant beaucoup de ceux qui professent la sagesse sont épouvantés par des hommes sans aucune consistance et quelquefois par des hommes de rien].

14.

« a renversé les assemblées de cent hommes, et même des plus sages » (imitation de Plaute, v. note [41], lettre 433).

15.

Le conclave qui aboutit à l’élection d’Alexandre vii, le Siennois Fabio Chigi, a duré 80 jours. Le cardinal de Retz y participait et en a donné une longue relation dans ses Mémoires (pages 1163 et suivantes).

16.

« pour son heureux avènement à la tiare ».

17.

En 1649, le blocus de Paris avait été levé le 11 mars (paix de Rueil) ; dans sa lettre du 17 avril à Nicolas Belin, Guy Patin écrivait en effet : « nous avons fait bonne chère trois mois durant, et mangé de la viande tout le carême sans offenser Dieu. »

18.

Pour s’assurer la place du Quesnoy assiégée par les troupes de Condé et difficilement ravitaillée, Turenne prit d’abord Landrecies avec l’aide du maréchal de La Ferté ; mais ces mouvements ne débutèrent qu’au printemps ; pour l’heure, chacune des deux armées, française et espagnole, avait établi ses quartiers d’hiver et n’en bougeait pas (Montglat, Mémoires, pages 307‑309).

19.

« il a jeté l’huile sur le feu » (v. note [8], lettre 386). « On dit rire du bout des dents quand on rit par force et sans en avoir envie » (Furetière).

20.

« Il ne faut pas réveiller le chat qui dort pour dire qu’il faut laisser en repos ceux qui nous peuvent faire du mal » (Furetière).

21.

« On en est venu à soupçonner d’un crime si atroce cet affreux vaurien [François Guénault, que Guy Patin se plaisait à prendre pour un singe], pour ne pas dire ce bourreau ».

22.

Henri Riolan, deuxième fils de Jean ii, v. note [31], lettre 387.

23.

« et au moment même où j’écris, il pâtit dans les chaînes » ; Saint-Augustin, Enarratio in Psalmum xci [Discours sur le psaume 91], à propos du verset 16 : {a}

Alius innocens sui negotii, non rapiens aliena, non contra quenquam faciens, laborat in vinculis, in carceribus, inopia æstuat et suspirat.

[Autrement irréprochable en son travail, ne volant rien aux autres, ne faisant rien contre quiconque, l’innocent pâtit dans les chaînes, dans les cachots, son dénûment le fait bouillonner et soupirer].


  1. « Parce que Dieu est droit, il n’y a en lui aucune injustice. »

24.

V. note [22], lettre 387, pour cette transcription par les soins de Charles Spon d’un manuscrit de Jacques ii Cousinot sur les eaux minérales acides.

25.

V. note [25], lettre 384, pour les imperfections des Opera omnia d’Albert le Grand, que Guy Patin a précédemment appelées ses défets.

26.

« ce que beaucoup ne croient pas ». Étienne Le Gagneur (nom qui lui valait le mauvais jeu de mot que lui décochait Guy Patin) était médecin du prince de Conti.

27.

Sans doute s’agissait-il d’une gonorrhée (gonococcie ou chaude-pisse, v. note [14], lettre 514) ; « il me communiqua » est bien sûr à comprendre comme voulant dire « il me parla de ».

28.

« si je ne me trompe » ; v. infra note [35], pour le « docteur Reyd ».

29.

Les Blacvod étaient les quatre enfants de William Blackwood, noble Écossais, mort en combattant pour son roi et sa patrie contre les Anglais, et d’Helen Reid, nièce de Robert Reid, évêque des îles Orcades et chef du parlement d’Écosse (Dreux-Duradier, Histoire littéraire du Poitou…, Niort, Robin et Cie, 1842, tome i, pages 213‑227).

30.

Hélène Blacvod (morte en 1655), fille d’Adam (v. supra note [29]), avait épousé en premières noces George Critton, natif d’Écosse (1554-1611), qui avait étudié à Paris avant de professer le droit à Toulouse. Revenu à Paris, il devint régent au Collége d’Harcourt (1583) puis au Collège de Boncourt (1586) et obtint la chaire royale de grec en 1595. Hélène épousa en secondes noces François i de La Mothe Le Vayer et lui donna un fils, François ii (v. infra note [33]).

31.

Cette naissance à Bar-sur-Aube, en Champagne (Aube, 45 kilomètres à l’est de Troyes), valait à Nicolas Bourbon (v. note [2], lettre 29) l’épithète de Baralbulanus, pour le distinguer de son grand-oncle (Nicolas Bourbon, l’ancien, v. note [38] du Borboniana 10 manuscrit), surnommé Vandoperanus, natif de Vendeuvre-sur-Barse (v. note [24], lettre latine 88).

32.

« Imprécations contre le parricide ; je prie bien pour son âme » :

Diræ in parricidam. Ad illustrissimum Cardinalem D.D. du Perron, Archiepiscopum Senonensem, et magnum Franciæ Eleemosynarium.

[Imprécations contre le parricide. {a} Dédiées à l’illustrissime cardinal Duperron, {b} archevêque de Sens et grand aumônier de France]. {c}


  1. L’assassinat de Henri iv le 14 mai 1610 (v. note [90], lettre 166).

  2. Jacques Davy Duperron (v. note [20], lettre 146) : le signataire de l’épître et auteur du livre est Nicolas Bourbon (v. supra note [31]).

  3. Paris, Ioannes Libert, 1610, in‑4o de 13 pages, dont les six dernières sont occupées par le poème latin qui donne son nom au livre.

V. note [1], lettre 388, pour la harangue de Guy Patin, prononcée pour sa réception au Collège de France.

33.

Portant le même prénom que son père, François ii de La Mothe Le Vayer (1629-1664) était prêtre. « Abbé savant », il eut le temps d’acquérir un certain renom avant de mourir à 35 ans, tué par l’ignorance de ses médecins qui lui firent prendre une trop grande quantité d’émétique. Nicolas Boileau-Despréaux lui a dédié sa quatrième Satire, qui commence par ces vers :

« D’où vient, cher Le Vayer, que l’homme le moins sage
Croit toujours seul avoir la sagesse en partage,
Et qu’il n’est point de fou, qui, par belles raisons,
Ne loge son voisin aux Petites-Maisons ? {a}
Un pédant enivré de sa vaine science,
Tout hérissé de grec, tout bouffi d’arrogance,
Et qui, de mille auteurs retenus mot pour mot,
Dans sa tête entassés, n’a souvent fait qu’un sot,
Croit qu’un livre fait tout, et que, sans Aristote,
La raison ne voit goutte, et le bon sens radote. Etc. »


  1. V. note [29], lettre 97.

On doit notamment à l’abbé de La Mothe Le Vayer (Bayle, note G) :

34.

« Pour prix de leur crime, on en a crucifié un et couronné un autre » (Juvénal, v. note [13], lettre 198).

Peu courant sous la plume de Guy Patin, le verbe fronder, au sens propre, signifie « jeter des pierres avec une fronde » ; au son sens figuré, il « s’est dit aussi fort communément depuis le parti de la Fronde, pour signifier contredire, combattre, réfuter : “ Cet avis a été frondé par toute la compagnie ”, “ Cette pièce de théâtre a été généralement frondée ” » (Furetière). Toutefois, Patin l’employait ici dans le sens historique et politique de se mettre du côté de la Fronde contre Mazarin.

35.

Essais de Jean Rey docteur en médecine. Sur la recherche de la cause pour laquelle l’étain et le plomb augmentent de poids quand on les calcine. Dédiés à haut et puissant Seigneur Frédéric Maurice de la Tour, {a} duc de Bouillon, prince souverain de Sedan, etc. {b}


  1. V. note [8], lettre 66.

  2. Bazas [Gironde], Guillaume Millanges, 1630, in‑8o de 144 pages.

Cette référence permet d’identifier le « docteur Reyd » dont Guy Patin parlait un peu plus haut à Jean Rey (Regius), né au Bugue (Dordogne) vers la fin du xvie s., qui fit ses études à Montauban avant de se rendre à Montpellier où il fut reçu docteur en médecine en 1609, puis d’aller exercer au Bugue (localité fort éloignée de Toulouse). Il mourut célibataire, probablement en 1646 (Dulieu). Je n’ai pas trouvé confirmation qu’il fût apparenté à Helen Reid, mère des Blacvod (v. supra note [29]), comme le supposait ici Guy Patin sur la foi de Henri ii Blacvod, son collègue. L’index des Œuvres de François de La Mothe Le Vayer (1756-1759, 14 volumes) ne contient ni Reid ni Rey.

36.

« Vale et aimez-moi. »

37.

La critique de Guy Patin était fondée : une méprise de Jean Pecquet fut de pousser sa découverte des voies du chyle jusqu’à croire qu’elles alimentaient directement les mamelles pour y engendrer le lait ; la ressemblance entre le lait et le chyle (v. note [26], lettre 152) l’avait induit en erreur. De fait, le lait n’est pas directement dérivé du chyle : les cellules épithéliales alvéolaires des glandes mammaires le produisent sur place à partir des corpuscules graisseux que le chyle apporte dans le sang.

38.

V. notes [6], lettre 68, pour les projets avortés de rééditer à Lyon l’Hippocrate d’Anuce Foës, et [2], lettre 304, pour le livre d’Alfonso Chacon « sur les vies des pontifes romains, etc. ».

Laurent Arnaud (1602-1694), fils d’un procureur lyonnais, avait débuté comme facteur de Laurent Durand (notamment à Anvers, où il s’était marié), puis était devenu libraire à Lyon en 1640, en exercice jusqu’en 1681. Il travailla toujours en association avec d’autres libraires : d’abord avec son ancien patron jusqu’en 1643, puis à partir de 1644 avec Philippe Borde et les héritiers Prost ; de 1649 à 1662, Claude ii Rigaud (avec lequel Arnaud racheta le fonds Boissat) entra dans l’association ; Guillaume Barbier en fut également, de 1663 à 1669. Élu échevin de Lyon en 1679-1680, Arnaud se retira des affaires en cédant son officine de la rue Mercière à ses neveux, Jean et Pierre. Sa production fut essentiellement consacrée à des ouvrages de théologie, dont un bon nombre écrits par des jésuites (Jestaz).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 5 février 1655

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(Consulté le 27/04/2024)

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