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Situé au coeur de l’éthique médicale, le devoir d’information concerne tout particulièrement le chirurgien appelé, de par sa discipline, à porter atteinte à l’intégrité physique d’autrui. C’est de plus un problème d’actualité, par six arrêts récents de la Cour de Cassation, rendus depuis le 25/02/97. Ce problème concerne enfin particulièrement l’expert judiciaire qui doit dorénavant l’analyser dans les affaires dites "en responsabilité médicale ". La tâche de ce dernier est en fait souvent compliquée par des déclarations divergentes de la part des parties. Par une étude prospective chez 78 opérés, nous nous proposons d’analyser comment ceux-ci assimilent l’information reçue par le praticien avant une intervention chirurgicale "réglée".
Résultats cliniques et radiologiques des prothèses d'épaule sur ostéonécrose aseptique de la tête humérale Clinical and radiological results of shoulder arthroplasty for humeral head osteonecrosis
Les auteurs rapportent les résultats d’une série multicentrique rétrospective de 80 prothèses d’épaule pour ostéonécrose aseptique de la tête humérale (ONATH) chez 74 patients, d’âge moyen 59 ans, traités par prothèse. Ils ont été revus avec un recul minimum de 2 ans. Vingt six prothèses totales et 54 prothèses humérales simples ont été posées par voie deltopectorale. Les patients ont été revus cliniquement avec radiographies, l’évaluation utilisant le score de Constant « brut et pondéré ». Le recul moyen est de 47 mois (24-104 mois). Le score de Constant était significativement amélioré (p<0.05) surtout chez les sujets de moins de 50 ans (p<0.0005). En préopératoire, le score pondéré moyen de Constant était de 37 %, 88% en postopératoire. Ce score n’a pas été influencé par le sexe, le côté, ou le caractère dominant du membre supérieur. Quatre vingt dix pour cent des patients étaient très satisfaits ou satisfaits. Le gain en mobilité était important dans tous les secteurs. Pour le stade 5, les résultats étaient significativement meilleurs avec une prothèse totale, alors que pour les stades 2 et 3, l’hémiarthroplastie était préférable. La rupture transfixiante d’un tendon de la coiffe n’a pas influencé le résultat global malgré une moins bonne récupération des amplitudes articulaires (p<0.05) et de la force (p=0.09). Si la prothèse humérale simple doit rester le geste de base dans les stades II-III, la prothèse totale est préférable en cas de glène usée (stade V) mais également dans les cas de collapsus majeur associé à une médialisation humérale qui constituent le stade VI de Nové Josserand, à coiffe intacte et à glène conservée. Au stade IV, le choix est plus ouvert et il faut prendre en compte l’âge, l’activité et l’état de la coiffe. Le très jeune âge ou le grand âge, une activité physique importante peuvent contre indiquer la prothèse glénoïdale en raison des risques de descellement ou de rupture de la coiffe, facteurs de mauvais pronostic.
Clinical and radiological results of shoulder arthroplasty for humeral head osteonecrosis
The purpose of this retrospective muticenter study is to report clin ical results in a series of shoulder arthroplasties for the treatment of osteonecrosis of the humeral head. Eighty shoulders undergoing arthrosplasty (26 total shoulder arthroplasties and 54 hemiarthroplasties in 74 patients,) for atraumatic osteonecrosis, were evaluated with the Constant score and staged radiographically. With a 41-month follow-up, the adjusted Constant score increased from a mean 37 % to a mean 88%. This study confirms the previously published good results of shoulder arthroplasty in the treatment of osteonecrosis of the humeral head. For stage V, the best results are observed with total shoulder arthroplasty. For stage II and III, hemiarthroplasty seems to be the best choice. For stage IV, the choice is not so easy and age, act ivities and status of rotator cuff have to be considered. The authors have identified a stage VI: shoulders with collapse of the humeral head combined with medialisation of the humerus relative to the glenoid. This stage has a faster evolution in older pat ient with respect of the glenoid and an intact rotator cuff, a total shoulder arthroplasty appears the best choice for this bad prognostic factor.
Traitement des lésions cartilagineuses du dôme de l'astragale par autogreffes ostéo-chondrales en mosaïque Autogenous osteochondral mosaicplasty for the treatment of the
talus
Les greffes ostéochondrales autologues selon la technique de la « mosaicplasty® » sont utilisées pour traiter les pertes de substances ostéocartilagineuses en zone portante car elles ont l’avantage de pouvoir réparer ces lésions par du cartilage hyalin. Le but de cette étude est d’évaluer rétrospectivement les résultats obtenus sur 36 patients opérés de la cheville entre juin 1997 et septembre 2001 selon la technique décrite par L. Hangody, mais aussi d’analyser l’apport de l’ostéotomie malléolaire. Les greffons ont été prélevés sur une zone articulaire non portante du genou homolatéral. Les résultats ont été évalués à l’aide de la fiche de l’international Cartilage Repair Society modifiée pour la cheville. La profondeur des lésions était de grade III ou IV ICRS. 33 des 36 cas ont nécessité une ostéotomie de la malléole. Après un recul moyen de 18 mois, les résultats ont été jugés excellents ou bons dans 81 % des cas (grade I et II ICRS) et aucun patient n’a été aggravé. La technique est à réserver pour des patients jeunes et symptomatiques. Malgré qu’elle soit plus difficile et traumatisante que les techniques traditionnelles, elle permet d’obtenir en apportant du cartilage hyalin, des résultats plus satisfaisants à court et moyen terme sur les plans anatomique, histologique et fonctionnel. L’utilisation de l’ostéotomie malléolaire interne ou externe s’impose sans risque majeur. C’est l’unique moyen de bien exposer les lésions, en particulier celles qui sont postérieures. Une étude à long terme sera nécessaire pour évaluer la stabilité des résultats, l’éventuelle morbidité du site donneur faible à court terme, et le rôle préventif de cette technique sur l’arthrose.
Autogenous osteochondral mosaicplasty for the treatment of the
talus
Mosaicplasty is a usual treatment in chondral defects of talus, giving a hyaline cartilage replacement. The aim of our study is a retrospective evaluation on 36 patients with a chondral or subchondral defect of talus, operated on between June 1997 and September 2001, using mosaicplasty with malleolar process osteotomy. Grafts were harvested on trochlea of homolateral knee. Results are reported on file established by the International Cartilage Repair Society. Cartilage lesions were deep (grade III or IV), 33 on 36 cases have needed a malleolar osteotomy. Results were excellent or good in 81% of the cases (grade ICRS I or II) with an 18 monthfollow- up, there was no case of aggravation. This technique should be reserved for young, active and symptomatic patients. Although more difficult and aggressive than the traditional technique (Pridie, debridement, microfracturing), mosaicplasty can get a hyaline healing. Lateral or medial osteotomies are necessary to have a perfect view on posterior part of talus where cartilage defects are inaccessible. Morbidity on donor site was low and acceptable. A longer follow up will be necessary to evaluate stability of clinical and radiological results, morbidity of donor site and a possible preventive action on osteoarthritis.
L’inquiétude qui s’empare du chirurgien confronté à une luxation du genou est légitime. Ces lésions cumulent les difficultés rapportées dans la chirurgie du ligament croisé antérieur et celles observées dans la chirurgie du ligament croisé postérieur. Nos efforts doivent porter sur la compréhension des mécanismes lésionnels. Nous en sommes encore aux principes thérapeutiques. De façon assez surprenante ces lésions gravissimes s’accompagnent souvent d’une relative bonne cicatrisation des structures périphériques pour peu que cette cicatrisation soit correctement orientée. Le résultat, souvent présumé, annoncé catastrophique, est finalement acceptable et accepté fonctionnellement par le patient qui a fait le deuil de certaines performances sportives. Les progrès attendus dans les années à venir sont immenses et les équipes rompues à la chirurgie du genou doivent y travailler. Pour beaucoup d’entre nous, reconnaître les complications notamment vasculaires, et savoir correctement réduire et immobiliser reste à ce jour l’objectif essentiel.
Knee dislocation
Knee dislocation is a surgical challenge for all surgeons. The treatment of these lesions associates the difficulty of both cruciate ligaments surgery. It is necessary to understand injury mechanism to know associated lesions and propose a consensual surgical treatment. Healing soft tissue is the rule, particularly when articular rotational center takes a good place after correction of posterior tibial translation. Functional outcome is satisfactory for patients who have resigned themselves to give up high-demand sports. Diagnosis of vascular trauma, and an appropriate reduction and immobilization are essential. Surgical procedure must be performed after testing under anaesthesia and angio-MRI.
Traitement chez l’adolescent de l’ostéochondrite disséquante.
Pathologie non rare (5 à 21 pour 100 000), connue depuis Ambroise Paré, l’OCD peut se définir comme l’apparition d’une séquestration d’un fragment pathologique de l’os sous chondral. Cette pathologie plutôt masculine, prédomine sur le condyle interne. Son étiologie est inconnue, probablement multifactorielle (vasculaire, traumatique…), et le maître symptôme est la douleur, associé aux signes classiques de souffrance articulaire (hydarthrose, blocage…). Chez l’adolescent, la présence d’un cartilage de croissance ouvert est un facteur de bon pronostic de par le fort potentiel ostéogénique. Si les moyens thérapeutiques sont nombreux, allant de la simple surveillance aux traitements habituels des pertes de substances ostéochondrales (avivement, greffes ostéochondrales en mosaïque, culture de chondrocytes…) en passant par l’immobilisation, ou les traitements conservateurs (perforations, fixations). Les indications thérapeutiques sont basées sur le stade anatomo radiologique (Bedouelle ou SOFCOT 2005), la vitalité et la stabilité du fragment, l’ouverture du cartilage de croissance, et l’état du cartilage de surface. Chez l’adolescent, une phase de surveillance radioclinique minimale de 6 mois est indispensable. L’absence d’amélioration ou d’incorporation, en particulier si le cartilage de croissance est ouvert, doit conduire à une exploration par IRM ou mieux par arthro-IRM pour évaluer la vitalité et la stabilité du fragment, mais aussi pour apprécier l’état du cartilage de surface. Le traitement orthopédique (simple dispense de sport à la mise en décharge par immobilisation) demeure le traitement de choix face aux lésions de petite taille, à cartilage articulaire continu et avec une plaque de croissance ouverte. Le taux de guérison est proche de 90%. En cas d’échec, ou pour les cas défavorables (grande taille, fissure cartilagineuse, nécrose, instabilité, cartilage de croissance fermé…), le traitement chirurgical s’impose. L’arthroscopie est la voie d’abord privilégiée et permettra de traiter la lésion : - pour le stade SOFCOT I (aspect lacunaire) ou stade II (aspect nodulaire), si le cartilage de surface est fissuré on réalisera une simple perforation transcartilagineuse, si le fragment est décollé l’avivement par perforation sera associé à une fixation (vissage). - Pour le stade III (corps étranger), il faut privilégier soit le repositionnement avec fixation « plus » si le fragment est viable, soit le comblement de la perte de substance (mosaïque ou culture de chondrocytes), la séquestrectomie seule est arthrogène laissant persister une incongruence. Les facteurs de bon pronostic sont : le jeune âge, les lésions d’un volume inférieur à 300 mm², un cartilage de croissance ouvert, la bonne vitalité, l’intégrité du cartilage de surface.
Kystes para-glénoïdiens gléno-huméraux : à propos de 6 cas et revue de la littérature
Les kystes para-glénoidiens gléno-huméraux ont une incidence non négligeable de 2 à 4 % dans la population générale, survenant plutôt chez les hommes vers 30-40 ans. Ils mesurent, en moyenne, 10 à 20 millimètres de diamètre, situés de façon préférentielle à la face postéro-supérieure de la glène. L’origine articulaire (lésion du bourrelet) est maintenant admise par tous. La physiopathologie est similaire à celle des kystes méniscaux. La symptomatologie, fonction de la localisation, est souvent pauvre. La douleur est le symptôme quasi constant. Au niveau postéro-supérieur la souffrance du muscle supra et/ou infra spinatus par compression du nerf supra-scapulaire est la complication la plus fréquente. L’amyotrophie qui peu en découler est peu symptomatique. L’examen doit être attentif pour la dépister. L’EMG est très souvent faussement négatif. L’imagerie de référence pour visualiser les kystes est l’IRM et bientôt certainement l’arthro-IRM. L’échographie et le scanner visualisent difficilement les petits kystes situés prés du relief osseux. L’arthroscopie est devenue le traitement de référence permettant un traitement complet (vidange du kyste et résection ou suture du bourrelet). Nous proposons une mise au point sur cette pathologie avec revue de la littérature associée à une série rétrospective de 6 cas de kystes para-glénoidiens gléno-huméraux.
Apport de la navigation dans les prothèses totales du genou : résultats de nos 100 premiers cas et revue de la littérature
Introduction : Le résultat à long terme des implants dans les prothèses totales du genou (PTG) est étroitement corrélé à la qualité de l’implantation. Il est clairement établi que le taux de descellement augmente dés que l’axe du membre inférieur n’est pas restitué. Malgré les ancillaires intra ou extra médullaires les études montrent qu’il persiste un taux non négligeable (8 à 30%) de malposition tant dans le plan frontal que dans le plan sagittal ou coronal. C’est dans ce contexte que sont apparus les systèmes de navigation dont le but est de permettre une pose plus précise et reproductible des implants, précision supérieure par rapport aux ancillaires mécaniques manuels qui se traduira par une survie plus longue des implants. Matériel et méthodes : Nous avons revu une série consécutive de 100 patients opérés pour gonarthrose primitive entre septembre 2004 et décembre 2006. Il s’agit d’une série prospective consécutive non randomisée multiopérateur mais monocentrique (HIA Bégin). L’implant était une PTG Score* à plateau mobile, le plus souvent non cimentée, posée à l’aide du logiciel de navigation du même laboratoire (Amplitude*). Il s’agit d’un système de navigation informatique passif par capteurs infrarouges. La série comprenait 100 patients (71 femmes et 29 hommes), avec un age moyen de 69 (extrêmes de 52 à 86), 68 genoux droit et 32 genoux gauche. La qualité d’implantation des PTG a été étudiée sur des radios de face et de profil du genou en charge ainsi que des incidences fémoro-patellaires et un pangonogramme en charge des deux membres inférieurs. Par ailleurs les patients ont également été revus cliniquement pour évaluer leur fonction. 76 patients avaient une déformation avec un varus moyen de 5 degrés (1 à 17°) et 24 patients avec une déformation avec un valgus moyen de 8 degrés (3 à 14°). Le recul moyen était de 27 mois (12 à 41 mois). L’axe mécanique frontal moyen en post opératoire était de 181,2° +/ 1,2 (178 à 183°). L’obliquité moyenne de l’interligne était de 1,5 degrés (0 à 4). Dans le genu valgum, la qualité de la réduction trochléo-patellaire a été appréciée sur les vues axiales. Il n’y a pas eu d’augmentation délétère de la durée d’intervention (20 minutes en moyenne). Résultats : Le score IKS a été amélioré en moyenne de 77 points (107 sur 200 en préopératoire à 184 sur 200 en post-opératoire), avec une amélioration particulièrement importante sur la score douleur qui passe de 11 à 47 points. La mobilité post-opératoire a été modérément améliorée ce qui est une donnée classique, l’arthroplastie totale du genou n’étant pas une opération mobilisatrice. Les facteurs de meilleur pronostic sur le résultat fonctionnel sont la mobilité préopératoire supérieure à 110°, l’âge inférieur à 60 ans, les déformations frontales inférieures à 10° et le centrage rotulien sur les vues axiales. Sur le plan de la correction angulaire frontale, les meilleurs résultats obtenus le sont sur les genu valgum, où la rotation externe de 3° supplémentaire du carter fémoral a permis un recentrage constant de la rotule dans la trochlée. En conclusion, l’utilisation du système de navigation n’a pas amené de difficulté particulière et nous a permis de poser avec une précision accrue et reproductible ces PTG. Le système de navigation permet par ailleurs de régler l’équilibrage ligamentaire qui est aussi un facteur connu de longévité des implants, et facilite le centrage de la rotule qui est un élément déterminant dans l’indolence post-opératoire
The long-term results in total knee arthroplasty (TKA) are closely correlated to the quality of the positioning of the components. It is well known that the quality of the long term functionnal outcome decreases as soon as the post operative axis of the lower limb is not orthogonal. Despite the accurate conventionnal intrumentations (extramedullary and intramedullary guidance systems) the rate of malposition of the implants, in the frontal,
Moyens et concepts développés pour la chirurgie « de l’avant » au sein du Service de Santé des Armées : Mise au point et actualités.
La géopolitique mondiale de ces dernières années nous rappelle la nécessité d’avoir une chirurgie « de l’avant » performante. C’est dans ce contexte que le Service de Santé des Armées a pris le soin de faire évoluer la « chaîne santé » qui prend en charge les blessés au combat. Le concept de prise en charge selon une « chaîne santé » n’est pas remis en question. Son efficacité est confirmée. La chirurgie « de l’avant » occupe une place essentielle dans cette chaîne. La formation des jeunes chirurgiens à été renforcée par un enseignement spécifique (Cours Carchirmex). Le parcours des blessés, depuis la relève sur le terrain jusqu’à leur arrivée en métropole dans les hôpitaux militaires d’infrastructure, a fait l’objet de nombreuses évolutions. L’apparition de la notion de garrot « tactique » et de l’avion d’évacuation « Morphée » en sont la conséquence. Les moyens chirurgicaux ont été également revus avec une nouvelle antenne chirurgicale (ACA 05) mais aussi le tout récent hôpital médico-chirurgical de campagne (HMC 05). Le matériel de ces unités a été revu et les structures (tentes) ont été modernisés. Les caractéristiques des lésions balistiques rapportées par les derniers conflits ont été riche d’enseignement. Le Service de Santé des Armées a pu ainsi actualiser ses structures sanitaires de campagne. Cette démarche est permanente, alimentée régulièrement par le retour d’expérience (« Retex ») des personnels déployés sur le terrain.
Expérience chirurgicale française à l'hôpital médico-chirurgical de KaIA (Kaboul International Airport, Afghanistan): Place de la chirurgie orthopédique
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Introduction: En 2009, la France a pris le commandement de l'Hôpital Médico-Chirurgical (HMC) ou rôle 3 de KaIA (Kaboul International Aiport) dans le cadre de son engagement dans l'opération Pamir en Afghanistan. Le but de ce travail était d'analyser l'activité chirurgicale des 4 dernières années et plus particulièrement celle d'orthopédie, afin d'en dégager les particularités et d’améliorer la formation des chirurgiens orthopédistes militaires. Hypothèse: La chirurgie orthopédique représente la part la plus importante de l'activité en mission, durant lesquelles les chirurgiens doivent s'adapter à des situations et des lésions différentes de celles rencontrées en métropole. La formation des chirurgiens orthopédistes militaires doit répondre à ces spécificités. Matériel et méthode: Tous les patients opérés entre juillet 2009 et juin 2013 ont été inclus prospectivement dans une base de données informatique. Celle-ci a été revue rétrospectivement afin d'analyser l'activité globale, et plus spécifiquement celle d'orthopédie, en fonction du nombre d'actes opératoires réalisé et de patients pris en charge, du type des lésions et des interventions réalisées. Résultats: Sur les 4318 interventions réalisées lors de ces 4 années, la chirurgie réglée représentée 53 % de l’activité et les urgences 47%. La chirurgie orthopédique concernait 43% (n=1875) de l’activité globale. Les 2/3 étaient réalisés dans un contexte d'urgence, et 55 % étaient des urgences en lien avec la guerre. Les militaires français représentaient 17% des patients, les patients locaux 47% et les enfants 17%. Prés de la moitié des lésions concernaient les parties molles. Les ostéosynthèses représentaient 20% des interventions, dont 40% d’éxofixation (n=141). Le taux d'amputation était de 6%. La diversité des gestes réalisés était importante allant de la chirurgie d'urgence à la chirurgie réparatrice. La chirurgie de la main représentait 10% des actes. Discussion/Conclusion: L'activité de ce rôle 3 est comparable à celui des autres rôles 3 en Afghanistan, avec une part importante d'aide médicale à la population et de chirurgie réglée en plus de la prise en charge primaire et/ou secondaire des blessés. La diversité des actes réalisés rend compte du défi que représente la formation des orthopédistes militaires, parallèlement à l'hyperspécialisation du milieu civil. Une formation spécifique pour les chirurgiens en formation est organisée en France par l'Ecole du Val de Grâce à l’initiative de la chaire de chirurgie de guerre comprenant un Cours Avancé de Chirurgie en Mission Extérieure en 5 modules, 3 semestres de chirurgie générale et un stage d'immersion en opération extérieure. Une Formation Professionnelle Continue spécifique serait aussi nécessaire pour les plus anciens, spécifique et hors champ d’expertise.
Accueil massif de victimes à l’HIA Bégin : Retour d'expérience des attentats à Paris du vendredi 13 novembre 2015 Massive Casualties at Bégin Military Teaching Hospital: Feedback from the Terrorist Attacks in Paris on Friday, November 13, 2015
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Les guerres récentes ont permis au Service de Santé des Armées d’améliorer la qualité de la prise en charge des blessés de guerre en opération extérieure. Le 13 novembre 2015, c’est à Paris que la France fut directement frappée et l’Hôpital d’Instruction des Armées Bégin, comme plusieurs hôpitaux parisiens, ont dû faire face à un afflux massif d'un grand nombre de victimes par balles. Grâce à notre expérience opérationnelle, les blessés hospitalisés dans les hôpitaux militaires ont bénéficié d’une prise en charge basée sur les principes du triage et le damage control (DC). Quarante-cinq patients ont été pris en charge dans notre hôpital, d’âge moyen 32 ans. Lors du triage, huit patients étaient catégorisés T1 (dont 4 extrêmes urgences) et 37 étaient classées T2 (10 patients) ou T3 (27 patients). Vingt-deux blessés ont bénéficié d’une prise en charge chirurgicale en urgence pour des plaies isolées des parties molles des membres dans 15 cas, des fractures balistiques dans 8 cas (dont une avec une plaie cervicale) et cinq plaies abdominales. Deux patients classés T1 EU sont décédés précocement. Au total, plus de 50 interventions ont été réalisées dont des parages itératifs, des modifications d’ostéosynthèse, trois amputations et deux lambeaux. A 9 mois, tous les patients sont sortis, sont cicatrisés et ont consolidés. Seule une patiente présente une raideur ayant nécessité une arthrolyse. Cet évènement a montré que des blessures de guerres comparables à celle des militaires blessés au combat sont dorénavant visibles sur notre territoire. L’expérience acquise en matière de blessure de guerre par le Service de Santé des Armées est précieuse Les principes de triage et de damage control doivent être connus de tous. Chaque hôpital doit est prêt à faire face à ce type d’afflux massif de blessés (plan blanc) sur le territoire.
Massive Casualties at Bégin Military Teaching Hospital: Feedback from the Terrorist Attacks in Paris on Friday, November 13, 2015
Recent wars have enabled the French Army Health Service improve the quality of care for soldiers wounded in action. On 13 November 2015, it was in Paris that France was attacked and Begin Military Teaching Hospital, as several hospitals in Paris, has faced lot of victims wounded by bullets. With our operational experience, the victims have received cares based on the principles of triage and Damage Control (DC). Forty-five patients were taken in care in our hospital, with an average age of 32 years old. Initially, eight patients were categorized T1 (with 4 extreme emergencies) and 37 were classified T2 (10 patients) or T3 (27 patients). Twenty-two victims have undergone surgical treatment in emergency for soft tissue lesions of members in 15 cases, ballistic fractures in 8 cases (one with a neck wound) and five for penetrating abdominal lesions. Two patients classified T1 EU died early. In total, more than fifty surgeries were performed including iterative debridement’s, modifications of fixation, three amputations and two flaps. With a follow up of 9 months, all patients were discharged, are healed and strengthened. Only one patient has a stiffness that required another surgery. This event has shown that war injuries like that of the wounded soldiers in battle are now possible in France. The experience of the French Army Health Service about war traumatology is precious and all should know principles of damage control. Each hospital must to be ready to face this type of mass casualties in France.
Damage control orthopédique : circonstances d’application et principes généraux
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Extension du concept de damage control chirurgical, le damage control orthopédique (DCO) a été initialement développé pour limiter l’agression chirurgicale chez les polytraumatisés instables présentant des fractures de la diaphyse fémorale et du bassin. L’objectif est d’éviter la triade létale (acidose, hypothermie, coagulopathie) par une stabilisation rapide des fractures au moyen d’un fixateur externe qui sera relayé de façon précoce par une ostéosynthèse interne. Ce principe de fixation externe temporaire a ensuite été appliqué à la prise en charge de traumatismes isolés mais sévères des membres ne pouvant être traités de façon idéale en urgence. Il s’agit surtout des fractures avec lésion artérielle nécessitant une réparation vasculaire, des fractures épiphysaires avec souffrance cutanée (autour du genou et de la cheville essentiellement) et des traumatismes étagés des membres, en particulier lorsque le fémur est impliqué. Le fixateur externe permet une stabilisation rapide et peu invasive des fractures le temps de lever l’ischémie, d’évaluer l’évolution cutanée ou de réaliser des ostéosynthèses complexes multiples. Les deux autres circonstances d’application du DCO sont liées au contexte sanitaire : soit parce que les compétences chirurgicales de la structures d’accueil sont limitées, soit parce qu’il existe un afflux de blessés imposant un damage control collectif. Pour toutes ces raisons, la prise en charge des traumatismes balistiques des membres impose souvent le recours aux procédures de DCO, à fortiori chez des patients polyagressés ou dans un contexte de crise. Le fixateur externe temporaire s’intègre alors dans une stratégie globale visant à sauver la vie en stoppant l’hémorragie, à sauver le membre en levant l’ischémie et à préserver sa fonction en évitant l’infection et le syndrome compartimental. Le choix du mode fixation définitive, interne ou externe, se fait secondairement en fonction du segment osseux considéré, de la gravité des lésions et surtout de la survenue complications infectieuses au niveau du foyer de fracture ou des fiches du fixateur.
Prise en charge chirurgicale des lésions de l’appareil locomoteur chez les victimes du terrorisme urbain, à Paris, le 13 novembre 2015 Management of Orthopedic Lesions in Casualties of Urban Terrorism in Paris, November 2015
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A la suite des attentats du 13 novembre 2015, sept services d’orthopédie traumatologie, issus de cinq CHU de l’APHP et de deux Hôpitaux d’Instruction des Armées (HIA), ont réuni leurs données respectives de prise en charge chirurgicale des blessés pour dégager un certain nombre de règles susceptibles de faire consensus et de valoir recommandation. Trois grands thèmes ont alimenté la réflexion : le caractère spécifique des lésions balistiques, l’organisation logistique intra-hospitalière et les orientations thérapeutiques. Il ressort de la confrontation des expériences que la formation des équipes hospitalières concernées par le terrorisme urbain doit avant tout insister sur les modalités du triage en cas d’afflux massif et sur la mise en œuvre des techniques chirurgicales de damage control.
Management of Orthopedic Lesions in Casualties of Urban Terrorism in Paris, November 2015
Following the tragic events caused by urban terrorist attacks in Paris, November 2015, seven departments of orthopedic and trauma surgery have compared their management of the casualties. Three notions have been debated: the characteristics of gunshot wounds, the management of flood and the surgical indications on emergency. The conclusion was the need for a specific learning on « triage » and surgical damage control.