Depuis ma dernière, laquelle fut du 21e de janvier, je vous dirai que le duc de Modène [2] est parti d’ici le lundi 24e de janvier avec force pistoles pour s’en aller être notre lieutenant général en Italie. Les assemblées contre M. Arnauld [3] en Sorbonne [4] se continuent toujours, même en présence de M. le chancelier, [5] touchant la question de droit, c’est-à-dire touchant la doctrine de M. Jansenius, [6] évêque d’Ypres, [7] sur la grâce suffisante ; [1][8] mais on leur ôte la liberté de parler et l’on y apporte telle violence que la plupart des jansénistes [9] se retirent, quelque chose qui en puisse arriver. Voilà comment les gens de bien sont ici traités par les puissances quæ cælum hauserunt Aventinum, et quæ favent Loyoliticæ phalangi ; [2][10] et même, M. Arnauld leur a fait signifier une opposition par deux notaires s’opposant à tout ce qu’ils pourront faire contre lui à l’avenir, prenant ce chemin pour se garantir de tant de violences que la théologie scolastique [11] et la malice du siècle leur suggèrent. [3] Le nouvel édit de la monnaie fait ici bien du bruit, [4][12] Messieurs du Parlement se sont assemblés, où il y en a eu quelques-uns qui ont parlé bien haut et qui sont fort contre cet édit ; à cause de quoi la cour a envoyé commandement à cinq de nos conseillers de se retirer en divers lieux qui leur ont été assignés. Ce sont MM. Gaudart de Petit-Marais, [13] de Pontcarré, [14] de Villemontée, [15] de Machault, [16] et Le Cocq de Corbeville [17] qui est un fort honnête homme et bon juge ; tous les autres ont pareillement bonne réputation. [5] Aussi est-ce une certaine et bonne marque de leur vertu d’être exilés en de telles occasions. Dieu soit loué de ce qu’il y a encore d’honnêtes gens au monde et quelques restes de vertu généreuse.
M. le maréchal d’Estrées [18] avait un secrétaire ou intendant de sa maison nommé Quillet, [19] natif de Chinon, [20] pays de Rabelais. [21] Il a autrefois été médecin, puis a voyagé en Italie et en Allemagne. Il fit imprimer en Hollande il y a un an et plus un petit in‑4o de 56 pages en vers latins intitulé Calvidii Leti Callipædia, seu de pulchræ prolis habendæ ratione, Poema didacticon ad humanam speciem belle conservandam apprime utile. Lugd. Bat. Venent Parisiis apud Thomam Ioli, 1655. [6] Il y a dans ce poème, plusieurs vers qui offensent l’Éminence du Mazarin, [22] en tant que cardinal, étranger, ministre d’État, etc. On l’a cherché pour le mettre prisonnier, mais il s’est infiniment et heureusement sauvé. Même le Mazarin a fait courir après lui, mais on ne l’a su attraper et je crois qu’il fera bien de ne se pas laisser prendre ; on dit qu’il s’est sauvé en Hollande. Ce M. Quillet est un gros garçon rougeaud à col court d’environ 54 ans. Je l’ai souvent entretenu, il était fort ami de M. Gassendi, [23] il a bon esprit et est fort savant ; sed non satis prudenter sibi cavit, neque satis tuto prospexit suæ securitati. [7][24][25][26]
N’en déplaise aux docteurs, cordeliers, jacobins,Enfin le prince Thomas [27] est mort à Turin ; [28] même après avoir pris de l’antimoine, [29] dont le Gazetier [30] s’est vanté, mais un peu trop tôt. [8] Nous avons ici M. le chancelier malade, il fut hier saigné deux fois ; [31] on dit qu’il n’en mourra pas. M. de Chevreuse [32] est aussi fort malade. La charge de grand maître de la Maison du roi, laquelle avait été donnée au prince Thomas, a été rendue au prince de Conti [33] comme appartenant au prince de Condé, [34] son frère aîné. [9] On dit que dorénavant M. de Nemours [35] n’épousera point Mlle de Longueville ; [36] mais que la princesse de Carignan, [37] qui est sa tante, lui veut donner son fils aîné [38][39] en mariage ; ils sont cousins germains, enfants des deux sœurs, mais il n’importe, ils en auront une dispense à Rome moyennant 2 000 écus. [10] On dit ici que le roi de Suède [40] est menacé d’une forte armée du petit Tartare, [41] lequel vient pour le roi de Pologne ; [42] et en cas que le roi de Suède soit battu et obligé de repasser en Suède, que l’armée de l’empereur, [43] qu’il a apprêtée contre ce roi de Suède, viendra contre nous en Flandres [44] et en Italie ; voilà de terribles affaires si ce revers de fortune arrive au roi de Suède. [45] Les jansénistes [46] sont malheureusement et iniquement traités en Sorbonne, ce que j’impute à l’injustice du siècle et à l’impunité qui règne, et même aussi à l’autorité trop grande des loyolites qui sont leurs ennemis très puissants.
M. de Champigny, [47] l’intendant de votre province, se mêle, à ce que j’apprends, de trouver à Lyon un imprimeur [48] qui entreprenne les œuvres de feu M. Gassendi. [49] M. de Montmor, [50] le maître des requêtes, m’a dit que l’on avait proposé les conditions du marché à M. Anisson [51] après que l’on a vu que le fardeau était trop lourd pour les épaules et les moyens de M. Barbier ; [52] mais d’ailleurs, j’apprends aussi que les articles que M. de Montmor a envoyés d’ici à Lyon sont bien rudes, et ne pense pas que personne les entreprenne à ce prix-là ni à Lyon, ni à Paris. [11]
Ce 3e de février. Et pour réponse à la vôtre que j’ai reçue ce matin, datée du 28e de janvier, vous dirai que je vous ferai tenir la relation que M. Garnier [53] m’a envoyée touchant l’anévrisme [54] de votre épicier [55] M. Yon. [56] Que voudriez-vous que je pusse dire là-dessus puisque vous-même vous avouez qu’elle est pleine de faussetés ? Je vous dirai seulement que depuis 15 jours est morte en cette ville une marchande tourangelle, femme de M. Cadeau, [57] marchand de soie, laquelle a langui plus de deux ans avec un grand pouls fort intermittent. Tandem periit multis oppressa symptomatis, [12] elle avait perdu tous les sens plus de trois mois avant que de mourir. On lui a trouvé un abcès dans la tête et une dilatation tout extraordinaire de la veine artérieuse au cœur. [58] Je ne l’ai point vue et n’en sais que cela ; même je n’en fais point grand état quia rara non sunt artis et vix conferunt ad bene medendum. [13][59][60][61] Si le pouls a été intermittent et inégal in omni genere inæqualitatis, [14] je suppose qu’infailliblement il y a eu de la boue quelque part, iuxta cor et in lævibus arteriis pulmonis ; [15][62] mais pour découvrir cela par la dissection, il fallait un bon médecin présent, qui sût bien l’anatomie, et non point des barbiers [63] ignorants, bavards et babillards tels qu’ils sont la plupart. [64]
Je suis bien aise que le livre de M. Perreau [65] ait votre approbation. [16] J’apprends que le Gazetier Eusèbe Renaudot n’a point le dessein de lui faire réponse, je pense qu’il n’oserait l’entreprendre. On dit ici que les jansénistes seront condamnés en Sorbonne à cause de la pluralité des moines, ce qui est l’effet de la violence avec laquelle on les a traités aux assemblées de Sorbonne jusqu’à présent. M. Arnauld est un petit homme noir et laid, né à Paris, fils d’un savant avocat [66] qui a autrefois plaidé vigoureusement contre les jésuites, [67] Inde iræ et lacrymæ. [17][68] Il est docteur de Sorbonne et icelui très savant, [18] âgé d’environ 46 ans, socius Sorbonicus [19] et un des beaux esprits qui soient aujourd’hui dans le monde. Il est parlé de son père dans le président de Thou, [69] environ l’an 1594. [20] Il est auteur du livre De la fréquente Communion, [70] les jésuites le craignent comme le feu à cause qu’il est bien plus savant qu’eux.
Le ballot de livres que me destinent MM. Huguetan et Ravaud viendra quand il plaira à Dieu et à un meilleur temps. Le traité de Théophraste [71] de Causis plantarum, grec et latin, ne se trouve point à part, mais toutes ses œuvres ensemble, impression de Hollande, interprete Dan. Heinsio, in‑fo ; [21][72] je vous en chercherai un si vous le désirez. Mais vous ne me dites point quand le Sennertus [73] en deux tomes sera achevé ? [22]
Je vous supplie de faire mes très humbles recommandations à MM. Gras, Garnier et Falconet, comme aussi à M. Guillemin, [74] et de savoir de lui s’il a reçu le livre que je lui ai envoyé, par M. Miget, de M. Riolan [75] adversus Pecquetum et Pecquetianos. [23][76]
La princesse d’Orange [77] est aujourd’hui arrivée à Paris en grand cortège, le roi [78] et le cardinal Mazarin lui sont allés au-devant. [24] On dit qu’elle vient voir sa mère, la reine d’Angleterre ; [79] et par après, que toutes deux se retireront en Savoie [80] à cause que Cromwell [81] désire que la reine d’Angleterre ne soit pas ici ; qui sont des mystères que je n’entends pas.
Il court ici un bruit de la mort de l’empereur. Si cela est vrai, voilà la Maison d’Autriche en mauvais état et en danger de perdre l’Empire. Il y a 15 jours que l’on disait qu’il était hydropique. [82] On dit que les Hollandais se déclarent contre le roi de Suède, pour le roi de Pologne et que le Turc [83] envoie à ce dernier 15 000 hommes de secours contre les Suédois.
Il court ici un gentil épigramme latin sur les triomphes du roi de Suède dans la Pologne et sur les réjouissances que l’on fait à Rome pour la reine Christine : [84][85][86] en voici une copie que je vous envoie dont vous ferez part à qui vous voudrez :
Sarmaticos Getico dum campos milite vastat
Carolus, et rupto fœdere regna quatit ;
Dum pietas et avita fides his exulat oris,
Orbis et oppressa religione gemit :
Christina ipsa truci quæ tradidit arma Ttyranno,
Ad veneranda Petri limina tendit ovans.
Et nunc Barbaricos miraris Roma triumphos,
Gaudesque inventa iam bone Pastor ove :
At nimium vanis exultas Roma triumphis,
Quæ lucraris ovem, sed pereunte grege. [25]
Ce 4e de février. Il y a ici deux personnes de considération fort malades, savoir M. de Chevreuse âgé de 80 ans, sourd et aveugle, [87] et M. le chancelier qui depuis peu a racheté les sceaux moyennant grande somme. Un honnête homme m’a dit ce matin que le nouvel édit de la monnaie ne passerait point et que le marquis de Brandebourg [88] était d’accord avec le roi de Suède qui est encore de beaucoup le plus fort. [26]
On dit qu’il y a accord fait entre le roi, le pape [89] et le roi d’Espagne [90] de traiter sérieusement de la paix. Le lieu entre eux arrêté est Avignon [91] pour les députés, à la charge que le roi d’Espagne viendra à Barcelone [92] et que notre roi ira à Lyon ; mais auparavant, que le roi fera un voyage sur la frontière de Flandres et qu’il ira jusqu’à Brisach. [93] Omnia sunt incerta, [27] hormis que les cartes se brouillent bien fort dans toute l’Europe pour l’été prochain.
Je viens de consulter [94][95] avec M. Moreau [96] auquel j’ai fait vos recommandations. C’était pour une dame de Lorraine, laquelle a eu la peste trois fois en sa vie [97] et qui ressent des douleurs à tous les changements de temps, aux endroits où elle a eu des charbons et des abcès pestilents. [28][98][99][100][101] Nous l’avons renvoyée à la saignée, [102] à la fréquente purgation, [103] au petit-lait, [104] au bain d’eau tiède [105] et au lait d’ânesse, [106] et à un exact régime de vivre qui la rafraîchisse et humecte, [107] car elle est toute de soufre, fort sèche et presque hectique ; [108] sans vous parler des causes externes et des violences, exactions et concussions du maréchal de La Ferté-Senneterre [109] qui n’est point tant le gouverneur que le tyran de la Lorraine [110] et qui les fait horriblement souffrir.
Je viens de recevoir une lettre de M. Vander Linden de Hollande, professeur à Leyde, qui me mande que son Liber Selectorum n’a pu jusqu’ici être achevé faute d’imprimeurs, mais que néanmoins il espère qu’il sera achevé devant Pâques. [29][111][112] Il me mande aussi que l’on imprime à Amsterdam [113] Vossii Origines, [114] je pense qu’il faut y sous-entendre Linguæ Latinæ. [30] Après cela, il a dessein de travailler au Celse [115] et de nous en procurer une nouvelle édition qui soit fort belle, ex typis Elzevirianis. [31] M. Pidoux, [116] doyen de la Faculté de médecine de Poitiers, [117] a fait un petit livret in‑4o de Febre purpurea dont il m’a fait présent, [32][118] et d’un autre pour M. Riolan. M. Elsevier [119] de Hollande est ici, [33] mais il n’a fait apporter aucun livre, disant que la peste a tout arrêté en Hollande [120] à cause de l’été passé ; mais il dit qu’ils s’en vont recommencer tout de bon ; et entre autres, il parle d’un livre de médecine in‑fo d’un auteur espagnol pour lequel on lui a donné de bon argent pour l’imprimer et dont l’édition est déjà annoncée.
Ce 10e de février. J’ai aujourd’hui après-midi rencontré M. Du Prat [121] chez M. de Marolles, [122] abbé de Villeloin, où nous avons agréablement causé quelque temps ; je lui ai promis de vous faire ses recommandations et je m’en acquitte. La princesse de Conti [123] est accouchée à Pézenas [124] d’une fille morte. J’ai aujourd’hui vu le bonhomme M. Riolan que j’ai trouvé dans son étude ; il m’a rendu un livre [125] qu’il avait à moi d’un certain médecin anglais nommé Franciscus Glissonius, dans lequel sont contenus deux traités, dont l’un est intitulé De Rachitide, sive morbo puerili, etc. in‑8o Londini, 1655 ; l’autre est Anatomia hepatis, ibid. 1654. [34][126][127] Un homme de mes amis m’avait apporté ce livre comme un grand présent qu’il pensait me faire en revenant d’Angleterre, mais M. Riolan le méprise fort et dit que cet homme n’y entend rien et que son livre est l’ouvrage d’un novateur ignorant.
Je vous prie d’assurer MM. Gras, Garnier, Guillemin, Falconet, Huguetan et Ravaud, et même M. Sauvageon, que je me recommande à leurs bonnes grâces. Pour M. Devenet [128] à qui je dois de l’argent pour les livres qu’il m’a fait venir de Genève, M. Moreau [129] mon hôte s’apprête pour un voyage de Lyon ; je vous supplie de l’assurer de mes services et de lui dire que bientôt il aura de moi satisfaction par cette voie-là.
On dit que M. le duc d’Orléans [130] a fort bien reçu le petit Mancini, [131] neveu de Son Éminence, [132] qui l’est allé saluer à Blois [133] au nom du roi avec MM. le duc de Damville [134] et le maréchal de Clérambault ; [135] et qu’il a fait présent à ce neveu d’un diamant de 4 000 écus et qu’il l’a fait superbement traiter à Blois, et même à Orléans [136] lorsqu’il y a passé, mais aux dépens desdites villes et non pas des siens ; que le roi ira demeurer au Bois de Vincennes [137] le carême prochain, et delà qu’il ira à Fontainebleau [138] à la mi-carême où le duc d’Orléans le viendra trouver. [35]
Ce 11e de février. Aujourd’hui au matin l’on a tiré environ 500 hommes du régiment des gardes, 20 de chaque compagnie, que l’on a fait partir aussitôt. Ils vont à Senlis, [139] et delà prennent le chemin de Rocroi [140] pour delà aller empêcher que les ennemis ne viennent camper près du Quesnoy [141] ou de Condé [142] qui sont des places menacées par les Espagnols. On dit que Fuensaldagne [143] s’en va commander au Milanais [144] et que le marquis de Caracène [145] vient en sa place en Flandres ; que le prince de Condé, qui ne peut s’accorder avec Fuensaldagne, a obtenu cela du roi d’Espagne. [36]
Le duc d’Orléans a obtenu du roi par son dernier traité que le prince de Conti et sa femme ne demeureront pas plus longtemps dans le Languedoc ; [37] c’est pourquoi on leur a envoyé ordre qu’ils aient à en sortir et revenir de deçà. Le prince de Condé est bien embarrassé des Espagnols et fort malcontent d’eux. Il voudrait bien avoir refait sa paix avec le roi et la reine, dût-il être obligé d’aller servir trois ans les Vénitiens contre le Turc, pour au bout d’iceux revenir à la cour et y jouir de son bien, tant il est dégoûté des Espagnols qui sont bien plus fins qu’ils ne sont vaillants.
On dit ici que le roi [témoigne bien de la passion et de la forte amour pour la] Mancini, [38][146] nièce de Son Éminence ; mais néanmoins, jusqu’ici l’on a cru que la reine [147] l’empêchera, et même l’on dit qu’elle l’a déclaré et qu’elle ne souffrira jamais que le roi l’épouse. Peut-être que le temps et le Mazarin l’adouciront : elle avait autrefois dit que jamais Vautier [148] ne serait à la cour et qu’elle ne souffrirait point que cet homme y eût de l’emploi ; et néanmoins, six mois après, il était premier médecin du roi moyennant 20 000 écus qu’il donna au Mazarin, sans ce qu’il lui promit ; celui qui lui a succédé [149] n’en a pas été quitte à si bon marché et néanmoins, il n’est pas fort assuré d’y être encore longtemps. [39]
Le roi de Suède continue ses conquêtes dans la Pologne et à épouvanter l’Allemagne. L’électeur de Brandebourg a été obligé de traiter avec lui, de subir sa loi sans autre assurance que de sa parole royale, et même a été obligé de lui donner son armée. Il a chassé tout ce qu’il a trouvé en son chemin de chartreux, [150] de jésuites et autres moines, [151] et s’est saisi de leurs biens. On dit que le duc de Saxe [152] est aussi d’accord avec lui. [40]
Le Parlement fait ici tout ce qu’il peut contre la nouvelle monnaie que l’on veut introduire, mais la présence du roi rabat les coups et empêche par divers stratagèmes qu’ils ne se puissent assembler. Je pense que cette fois-là, aussi bien que plusieurs autres, il faudra dire avec Plaute, [153] en parlant de la Fortune, [154] Centum sapientum hominum consilia sola devincit hæc Dea. [41] On dit que le duc d’Orléans a fait son accord avec le roi, qu’il ira le saluer de Blois à Fontainebleau vers la mi-carême et qu’après Pâques, il viendra à Paris ; mais tout cela n’est pas fort assuré. On dit que le prince de Conti revient ici et que le comte d’Harcourt [155] ira commander ce printemps prochain en sa place dans la Catalogne. [156]
On dit que le roi de Suède est en colère contre le Mazarin pour quelque somme d’argent à lui promise qu’on ne lui a pas fait tenir ; que l’ambassadeur que nous avons près de lui, nommé M. d’Avaugour, [42][157] s’en est retiré sur le mécontentement et les menaces de ce prince et qu’il a vitement envoyé ici à la cour son secrétaire avertir le Mazarin, et de ce que ce roi en sa colère a dit contre lui-même, en se plaignant de lui et le menaçant. Ce secrétaire est ici, que l’on ne renvoie point faire réponse à son maître ; mais tout cela est peu de chose, la bonne fortune du Mazarin renversera toutes ces difficultés et n’empêchera pas que l’été prochain nous ne gagnions des batailles en divers lieux contre nos ennemis.
Enfin les molinistes, [158] les jésuites et les autres moines ont tant fait qu’il est sorti de la Sorbonne une censure contre M. Arnauld, dans laquelle il est dit que son opinion est téméraire, scandaleuse, erronée et hérétique. Nous voilà dorénavant en danger de voir venir en France l’Inquisition [159] d’Espagne par le ministère des loyolites ; et puis nous n’aurons plus que le pouvoir de dire Dat veniam corvis, vexat censura columbas. [43][160]
Ce 21e de février. Voilà un jeune libraire de Lyon nommé M. Michalet [161] qui vient de partir de céans et qui m’a promis de vous aller saluer chez vous à cause de moi ; [44] il a besoin d’être saigné plusieurs fois pour un certain prurit qui le travaille, [162] et par après d’être bien purgé, comme aussi de bien tremper son vin de trois fois autant d’eau. Vous m’obligerez de ne lui pas dénier votre conseil s’il en a besoin. Je lui aurais bien donné cette lettre, mais je pense qu’elle vous sera remise entre les mains auparavant qu’il arrive à Lyon, vu qu’il ne part qu’avec le messager qui sera dix jours en chemin.
Nos antimoniaux parlent ici de s’accorder avec nous en faisant une paix plâtrée, mais je pense que cela ne tiendra pas et qu’ils nous veulent tromper ; au moins sont-ils bien plus méchants et plus déterminés que nous. [45][163] Nous avons ici deux de nos collègues qui se meurent, savoir MM. Le Soubz [164] et Cousin ; [165] et M. Allain [166] qui traîne toujours avec sa paralysie et qui est en danger de ne la pas faire longue après eux. Le bonhomme M. Riolan, qui est dans sa 77e année, est gaillard et vigoureux, et peut encore vivre longtemps pourvu qu’il se garde d’une trop grande plénitude, [46][167] à quoi il est sujet à cause qu’il ne fait guère d’exercice, et qu’il mange bien et qu’il boit de bon vin de Bourgogne qu’il ne trempe pas tant qu’il devrait. [168] Dieu le veuille bien conserver, et vous aussi, mais principalement Mlle Spon, ma bonne amie, toute votre petite famille et tout ce qui vous appartient. Je me recommande à vos bonnes grâces et serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Guy Patin.
De Paris, ce mardi 22e de février 1656.
1. |
V. note [50], lettre 101, pour la grande querelle de la grâce divine. Sous le pseudonyme de Louis de Montalte, Blaise Pascal (Clermont-Ferrand 1623-Paris 19 août 1662) a exposé, à sa façon, les affaires dans sa première Lettre écrite à un provincial par un de ses amis, sur le sujet des disputes présentes en Sorbonne, datée du 23 janvier 1656. {a}
Suivent les consultations contradictoires que l’auteur dit avoir eues avec un jésuite, un janséniste, un dominicain et un docteur de Sorbonne. Il découvre que la querelle de la grâce, entre libre arbitre et prédestination, tient à une différence si subtile entre les parties qu’« à peine peuvent-elles la marquer elles-mêmes » : c’est avoir le pouvoir prochain de faire quelque chose, dont nul ne peut ou veut fournir une définition claire. |
2. |
« dont les regards se sont gorgés du ciel aventin, et qui favorisent la phalange loyolitique. » ; Juvénal, Satire iii, vers 84‑85 (pour répondre à l’arrogance des Grecs envers les Romains) : Usque adeo nihil est, quod nostra infantia cælum |
3. |
La scolastique, en général, était ce qu’on enseignait dans les écoles du Moyen Âge (à Paris, la Sorbonne). C’est aussi (Furetière) : « la partie de la théologie qui discute les questions de théologie par le secours de la raison et des arguments, et est en quelque façon opposée à la positive qui se fonde sur l’autorité des saints Pères et des conciles. On prétend que saint Thomas {a} a été le fondateur de la philosophie scolastique suivant la méthode d’Averroès, {b} que Lanfrancus, archevêque de Cantorbéry, Gilbert Porretain, évêque de Poitiers, Abélard, et Pierre Lombard avaient dêjà ébauchée, et dont Pierre Comestor composa les premiers éléments. » {c} |
4. |
5. |
Jean Gaudart, seigneur du Petit-Marais, avait été reçu conseiller à la quatrième des Enquêtes en 1627 ; monté à la Grand’Chambre en 1661, il mourut doyen du Parlement en 1686 (Popoff, no 1284). En 1668, Gaudart fut le juge qui trancha le différend des médecins de Paris sur l’antimoine, en faveur définitive de ses partisans (v. note [5], lettre 873). V. notes : [9], lettre 301, pour Nicolas Camus, seigneur de Pontcarré ; [8], lettre 301, pour François de Villemontée ; et [38], lettre 294, pour François de Machault. Jean Le Cocq, marquis de Goupillières, sieur de Corbeville, etc., avait été reçu, en 1625, conseiller au Parlement de Paris en la deuxième des Enquêtes. Il monta à la Grand’Chambre en 1665 et mourut en 1683, doyen du Parlement (Popoff, no 980). |
6. |
« Callipédie de Lætus Calvidius, ou de l’Art d’avoir de beaux enfants, poème didactique extrêmement utile pour bien conserver l’espèce humaine, Leyde, 1655. Il en viendra à Paris chez Thomas Jolly. » {a}
Sous le pseudonyme de Lætus Calvidius se cachait l’abbé Claude Quillet (v. note [28], lettre 421), médecin et intime ami de Tallemant des Réaux, mais personne ne s’y trompa. Plusieurs passages de ce long poème latin maltraitaient le cardinal Mazarin, qui sut habilement ramener son auteur à de meilleurs sentiments à son égard : v. les notes C de Bayle sur Quillet et [38] du Patiniana I‑2 (où sont transcrits et traduits trois passages retranchés sur la demande du cardinal). La Callipédie eut un très grand succès. Plusieurs beaux esprits du temps, notamment Costar et Ménage, ont vanté la juste distribution des parties, l’ingénieux emploi de la fable, la variété des épisodes et la beauté de la versification, pleine de douceur et d’harmonie malgré quelques incorrections. Il faut beaucoup rabattre de ces éloges. Dans cet ouvrage, où l’auteur a plutôt eu pour but de plaire que d’instruire, on trouve des peintures licencieuses et de trop longs détails sur l’influence des astres ; néanmoins, le quatrième livre contient d’utiles préceptes sur les soins que réclament les enfants nouveau-nés. La Callipédie a été traduite en français plusieurs fois au xviiie s. |
7. |
« mais il n’a pas mis assez de prudence à s’occuper de ses affaires, et pas eu toute la prévoyance requise pour sa propre sécurité. » Les deux vers français qui suivent sont les deux derniers de la Satire iii de Mathurin Régnier (v. note [23] du Borboniana 10 manuscrit). On en trouve l’équivalent latin, Magis magnos clericos non sunt magis magnos sapientes [Les plus grands clercs ne sont pas les plus grands sages], dans Rabelais (Gargantua, chapitre xxxix) et Montaigne (Essais, livre i, chapitre xxiv, Du Pédantisme). |
8. |
La Gazette (ordinaire no 15 du 29 janvier 1656, page 116) :
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9. |
Montglat (Mémoires, page 313) :
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10. |
Le fils puîné (et non pas aîné) de la princesse de Carignan (Marie de Bourbon-Condé) et du prince Thomas (Thomas de Savoie, prince de Carignan) était le prince Eugène, Eugène-Maurice de Savoie-Carignan (Chambéry 1633-1673). Il avait renoncé au goupillon pour embrasser les armes. Entré comme capitaine de cavalerie au service de la France, il épousa en 1657 Olympe Mancini, l’une des nièces de Mazarin, ce qui lui conféra le titre de comte de Soissons tombé en déshérence à la mort de son oncle, Louis de Bourbon (v. note [1], lettre 110). Eugène dut au cardinal la charge de colonel général des Suisses et Grisons, avec le gouvernement de Champagne. L’année suivante, il se signala par son intrépidité à la bataille des Dunes (1658), fit la campagne de Flandre, suivit Louis xiv à la première conquête de la Franche-Comté et fut créé lieutenant général en 1672. Le comte de Soissons prit part au fameux passage du Rhin (1672) et mourut subitement en Westphalie au moment où il allait opérer sa jonction avec Turenne (G.D.U. xixe s.). Mlle de Longueville était la fille du premier mariage du duc de Longueville avec de Louise de Bourbon, la sœur de Marie de Bourbon-Condé, mère du prince Eugène (que finalement, on ne maria pas à sa cousine germaine). |
11. |
Guy Patin a précédemment exposé les rudes exigences de Pierre Gassendi pour l’édition de ses œuvres : v. lettre du 2 août 1655 à Charles Spon. |
12. |
« elle a fini par mourir, accablée d’une multitude de symptômes ». |
13. |
« parce que “ les raretés ne constituent pas le fond de l’art ” et ne concourent guère à mieux remédier. dest» Rara non sunt artis est un heureux adage latin qui a été souvent réemployé après Guy Patin. {a} Je ne l’ai trouvé que dans deux textes médicaux qu’il pouvait avoir lus.
V. infra note [15] pour une interprétation médicale moderne de l’observation que rapportait Patin. |
14. |
« en tout genre d’inégalité ». |
15. |
« à proximité du cœur et dans les artères lisses du poumon ». On opposait alors arteria lævis (artère lisse) à arteria aspera (artère rugueuse) : la première expression regroupait les vaisseaux sanguins du poumon (artères pulmonaires qui conduisent le sang depuis le ventricule droit du cœur jusque dans les poumons, et veines pulmonaires qui le ramènent des poumons dans l’oreillette gauche du cœur) ; tandis que la seconde expression désignait les conduits aériens annelés des poumons (trachée-artère et bronches). Se méprenant sur l’adjectif employé ici (lævis, lisse, dont l’ablatif pluriel est bien lævibus, et non lævus, gauche, dont l’ablatif pluriel est lævis), Prévot et Jestaz accusent injustement Guy Patin de commettre « un barbarisme [v. note [7], lettre latine 112] surprenant ».L’observation clinique et anatomique qu’il relatait évoque une maladie cardiaque avec arythmie complète (« grand pouls fort intermittent », « pouls intermittent et inégal ») {a} et embolie dans le cerveau, responsable d’un « abcès » cérébral (ramollissement ou infarctus) avec « perte de tous les sens » (aphasie, ou impossibilité de parler intelligiblement et parfois de comprendre les paroles). La dilatation de l’artère pulmonaire (« veine artérieuse ») {b} pouvait refléter une forte augmentation de la pression dans le compartiment pulmonaire. Guy Patin attendait de la « boue » (thrombus sanguins) dans les lævibus arteriis pulmonis [artères lisses du poumon] (sans doute les veines pulmonaires et l’oreillette gauche) qui aurait fait embolie dans le cerveau. Le plus probable est qu’il s’agissait d’un rétrécissement (sténose) de la valve mitrale (qui fait obstacle au passage du sang de l’oreillette gauche dans le ventricule gauche du cœur). Les visions erronées de Patin sur la circulation du sang laissent toutefois planer un sérieux doute sur cette interprétation moderne, qui n’est à tenir que pour plausible.
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16. |
V. note [3], lettre 380, pour Le Rabat-joie de l’Antimoine triomphant de Jacques Perreau (Paris, 1654). |
17. |
« De là les colères et les larmes » (Juvénal, v. note [32], lettre 197). Antoine i Arnauld (Paris 1560-1619) se fit recevoir avocat au Parlement de Paris et devint avocat général sous Catherine de Médicis, puis conseiller d’État sous Henri iv. Il se distingua par ses plaidoyers, et surtout par celui qu’il prononça en faveur de l’Université de Paris contre les jésuites, en 1594. Il publia aussi un Franc et véritable discours du roi sur le rétablissement qui lui est demandé par les jésuites (1602) contre le rappel des pères de la Compagnie de Jésus. C’était un homme probe, austère et désintéressé. Antoine i eut 20 enfants ; dix seulement lui survécurent, dont Antoine ii, le Grand Arnauld, et six filles qui toutes prirent le voile à Port-Royal, monastère que leur père avait contribué à restaurer (G.D.U. xixe s.).V. note [37] du Borboniana 3 manuscrit pour son épouse, née Catherine Marion. |
18. |
Icelui : « quant à lui », pour dire que tous les docteurs de Sorbonne n’étaient pas nécessairement très savants. Ce mot, pourtant critique à la bonne compréhension du propos, a été omis volontairement (encadrement sur le manuscrit) dans la transcription de Reveillé-Parise. |
19. |
« compagnon de Sorbonne ». |
20. |
Histoire universelle de Jacques-Auguste de Thou (livre cx, règne de Henri iv, année 1594, Thou fr, volume 12, pages 241 et suivantes) :
Suit le long plaidoyer d’Arnauld (15 pages in‑fo) qui retrace l’histoire des jésuites depuis leur création en dénonçant leur soumission à Rome et à l’Espagne, et en les accusant d’un très grand nombre d’abus, avec cette conclusion (page 259) :
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21. |
« dans la traduction de Daniel Heinsius, in‑fo » : θεοφραστου του ερεσιου απαντα. Theophrasti Eresii, Græce et Latine, Opera omnia. Daniel Heinsius textum Græcum locis infinitis partim ex ingenio, partim e libris emendavit ; hiulca supplevit, male concepta recensuit ; interpretationem passim interpolavit. Cum indice locupletissimo. |
22. |
Opera de Daniel Sennert (édition de Lyon, 1656) : v. note [33], lettre 285. |
23. |
« contre Pecquet et les pecquétiens » ; v. note [1], lettre 414. |
24. |
Marie (v. note [11], lettre 252), veuve de Guillaume d’Orange depuis 1650, était la fille de Charles ier, roi d’Angleterre, et de Henriette-Marie de France, fille de Henri iv, alors exilée à Paris. Le 3 février à deux heures de l’après-midi, le roi s’était rendu à La Villette, en la maison du sieur des Jardins, pour y accueillir la princesse d’Orange (Levantal). |
25. |
« Quand, de son armée gétique, Charles {a} ravage les plaines sarmates, {c} a rompu leur alliance et ébranle leurs royaumes, au point que la piété et la foi ancestrale {c} sont bannies de ces contrées, et le monde gémit pour la religion opprimée, voilà que Christine, sa propre cousine, qui a rendu les armes à un autre tyran farouche, s’en est allée triomphante et pleine de vénération vers le palais de Pierre. {d} Ô Rome ! tu t’émerveilles désormais les triomphes barbares et, en bon pasteur, tu te réjouis de la brebis que tu viens de trouver. Et Rome ! tu exultes exagérément de vains triomphes, toi qui gagnes une brebis, mais en perdant le troupeau. » {e}
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26. |
V. note [10], lettre 150, pour Frédéric Guillaume, marquis de Brandebourg, dit le Grand Électeur. |
27. |
« Tout cela est incertain ». |
28. |
Ce passage a eu un surprenant écho dans le Voyage d’Italie, de Dalmatie, de Grèce, et du Levant, fait aux années 1675 et 1676. Par Jacob Spon, {a} docteur en médecine agrégé à Lyon, et George Wheler, {b} gentilhomme anglais, {c} tome premier, pages 251‑252, à propos de la peste (ou contagion) : {d}
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29. |
V. note [29], lettre 338, pour les Selecta medica… [Morceaux médicaux choisis…] (Leyde, 1656) de Johannes Antonides Vander Linden, que Guy Patin appelait ici son « Livre d’Extraits choisis ». |
30. |
« Origines […] de la langue latine, de Vossius » : Etymologicon linguæ Latinæ de Gerardus Johannes Vossius (Amsterdam, 1662, v. note [20], lettre 352). |
31. |
« issu des presses elzéviriennes » ; v. note [20], lettre datée du Charles Spon, le 28 août 1657, pour le Celse de Johannes Antonides Vander Linden (Leyde, Jean Elsevier, 1657). |
32. |
Francis. Pidoux, Ioannis filii, in inclyta Academia Pictaviensi Facultatis medicinæ primicerii et in metropoli Pictonum patricii. De Febre purpurea quæ anno 1651 Pictavium afflixit. [François Pidoux, fils de Jean, {a} doyen de la Faculté de médecine en l’Université de Poitiers, et patricien en la capitale du Poitou : La Fièvre pourpre {b} qui a frappé Poitiers l’an 1651]. {c}
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33. |
Jean Elsevier avait pris en 1652 la succession de son père Abraham et de son oncle Bonaventure à la tête de la prospère imprimerie familiale de Leyde (v. note [15], lettre 201), en association avec son cousin Daniel, fils de Bonaventure. |
34. |
Francis Glisson (Rampisham, Dorset 1596-Londres 1677), élève puis agrégé au Caius College de Cambridge, reçu en 1634 au Collège des médecins de Londres, y avait professé l’anatomie jusqu’à l’époque de la guerre et de la révolution. La ville de Colchester, où il s’était retiré, ayant été occupée par les parlementaires, il était revenu à Londres pour y continuer avec un succès croissant ses travaux d’anatomie. Guy Patin citait deux de ses ouvrages médicaux :
Glisson a aussi publié plusieurs ouvrages philosophiques et métaphysiques, dont le Tractatus de natura substantiæ energitica, seu de vita naturæ eiusque tribus primis facultatibus naturalibus, i Perceptiva, ii Appetitiva, et iii Motiva [Traité sur la nature énergétique de la substance, ou sur la vie de la nature et ses trois facultés naturelles premières : i Perception, ii Appétit, et iii Mouvement] (Londres, E. Flesher, 1672, in‑4o, avec portrait de l’auteur en sa 75e année d’âge) : livre très original qui attira surtout l’attention après la mort de Glisson, quand on crut y reconnaître les germes et le plan tout entier de la Monadologie de Gottfried Wilhelm Leibnitz, sur la substance vitale élémentaire (G.D.U. xixe s., A.‑J.‑L. Jourdan in Panckoucke). |
35. |
Montglat (Mémoires, pages 313‑314) :
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36. |
Le marquis de Caracena, gouverneur du Milanais, {a} échangeait sa place avec Fuensaldagne, commandant en chef des armées hispano-flamandes. {b} La permutation ne se limitait pas au commandant en chef (Montglat, Mémoires, page 314) :
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37. |
Le prince de Conti et son épouse, Anne-Marie Martinozzi, nièce du cardinal, séjournaient alors au château de la Grange-des-Prés non loin de Pézenas (Hérault). |
38. |
Haut de page fort abîmé : la reconstitution [entre crochets] de Reveillé-Parise, que j’ai adoptée, car il a pu voir le manuscrit avant sa dégradation, diffère un peu de celle de Prévot et Jestaz : « le roi épr[ouve une grande passion] pour la Mancini ». Quoi qu’il en soit, il s’agit de Marie Mancini, dont Louis xiv était éperdument amoureux (v. note [1], lettre 405). Anne d’Autriche, sa mère, manœuvrait alors en vain pour lui mettre Henriette d’Angleterre dans les bras. |
39. |
Antoine Vallot, premier médecin, était alors, selon Guy Patin, menacé de perdre sa charge (v. note [1], lettre 424). |
40. |
L’électeur duc de Saxe, Jean Georges ier, allait mourir le 8 octobre 1656 (v. note [9], lettre 369). |
41. |
« Cette déesse a toute seule déjoué les assemblées de cent hommes sages » ; Plaute (Pseudolus [L’Imposteur], acte ii, scène 3, vers 678‑679) :
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42. |
Pierre du Bois, baron d’Avaugour (mort en 1664 en combattant les Turcs à Zrin), fut gouverneur général du Canada de 1661 à 1663. |
43. |
« La censure acquitte les corbeaux, mais condamne les colombes » (Juvénal, v. note [25], lettre 432). La Sorbonne s’était assemblée le 18 février 1656, tous les docteurs présents, pour signer et publier la Censure contre la Seconde Lettre d’Arnauld, datée du 31 janvier. La vive querelle engagée en février 1655 sur la nature hérétique des Cinq Propositions de Jansenius (v. note [16], lettre 321) ne s’éteignit complètement qu’à la fin de 1657 avec l’enregistrement par le Parlement, lors du lit de justice du 19 décembre, des deux bulles papales condamnant le jansénisme : |
44. |
Ce jeune libraire lyonnais, dont Guy Patin n’a jamais reparlé, devait être Étienne Michalet (ou Michallet) : né à Lyon en 1631, il devint apprenti à Paris chez Siméon Piget (v. note [74], lettre 211) le 17 janvier 1664 ; il passa le 16 avril 1665 chez Pierre Le Petit (v. note [14], lettre 155) avec lequel il exerça comme associé à partir de 1671, rue Saint-Jacques à la Toison d’or et à l’Image Saint-Paul. Il ne fut reçu maître qu’en 1676, et mourut en 1699 (Renouard). |
45. |
Sans cesse relancée depuis 1536, la guerre de l’antimoine qui clivait la Faculté de médecine de Paris ne s’éteignit définitivement qu’en 1666 ; mais la quantité de libelles qui avaient paru en 1654-1655 devait en lasser beaucoup, et on cessa d’ailleurs d’en imprimer. |
46. |
Plénitude (Furetière) : « en termes de médecine, se dit de l’abondance du sang et des humeurs. Il y a de la plénitude en ce corps-là, il faut l’évacuer par la saignée et les purgations. Il y a deux sortes de plénitude en médecine : l’une appelée ad vires, {a} lorsque le sang opprime les forces débiles d’un malade ; l’autre ad vasa, {b} lorsqu’elle remplit trop les veines et qu’elle les fait enfler jusqu’à être prêtes à crever. » {c} |
a. |
Ms BnF no 9357, fos 201‑202 ; Reveillé-Parise, no cclxxxv (tome ii, pages 234‑239) largement mutilée et datée du 26 février 1656 ; Prévot & Jestaz no 21 (Pléiade, pages 469‑478). |