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De 1986 à 1994, 14 patients (10 hommes et 4 femmes) ont subi une pelvectomie totale pour un adénocarcinome du rectum non métastatique. Il s’agissait 6 fois de cancer du rectum localement avancé et 8 fois de récidive loco-régionale. Tous les patients présentaient des troubles fonctionnels majeurs et invalidants. Il n’y a pas eu de mortalité opératoire. La survie moyenne sans récidive est de 12 mois (2 à 18 mois). La survie globale moyenne est de 24,5 mois (12 à 48 mois). La pelvectomie totale semble avoir certaines indications, en particulier chez les patients présentant des tumeurs centro-pelviennes non métastatiques et dont la symptomatologie fonctionnelle est invalidante. Cette intervention permet d’obtenir un contrôle local de la tumeur et améliore la qualité de survie de ces patients.
Sauvetage des membres atteints d'un sarcome localement évolué : étude randomisée comparant 4 doses de TNF avec la perfusion de membre isolé sous circulation extra-corporelle (CEC).
La perfusion de membre isolé sous circulation extra-corporelle (PIM) avec du TNF (facteur de nécrose tumorale) a révolutionné la prise en charge des sarcomes des membres localement évolués, mais la dose optimale de TNF est encore inconnue et des doses plus faibles sont susceptibles d'être aussi efficaces avec moins d'effets secondaires et un prix plus accessible. Le but de notre étude était de comparer, chez des patients dont l'indication chirurgicale initiale était une amputation, les taux de réponses cliniques, de toxicité et d'amputations, de doses " faibles " de TNF à la dose " forte " qui a eu l'autorisation de mise sur le marché. Méthode : PIM en hyperthermie modérée avec l'une des 4 doses de TNF suivantes : 0,5mg, 1mg, 2mg, 3mg (membre supérieur), 4mg (membre inférieur) et du melphalan (10mg/L membre perfusé). Dépistage des fuites de TNF de la CEC vers la circulation générale par méthode isotopique. Evaluation de la réponse clinique par une IRM à 1 et 2 mois. La réponse complète (RC) était définie comme la disparition ou la nécrose complète de la tumeur, la réponse partielle (RP) comme une diminution de plus de 50%. Les réponses objectives (RO) sont la somme des RC et RP. Résection chirurgicale de la tumeur résiduelle 2 mois après la PIM. La qualité de la chirurgie secondaire était évaluée avec la " R " classification de l'UICC. Résultats : De juin 2000 à juin 2003, 100 patients (25 par groupe) ont été inclus, âge moyen : 52 ans, taille médiane de la tumeur membre supérieur/inférieur : 100/70mm, 63 récidives, dont 27 en territoire irradié, 43 lésions multifocales, 12 métastases synchrones. Les grades I, II, III représentaient 15, 39 et 43 patients (3 non définis). Treize pour cent des patients ont eu une fuite de TNF avec une toxicité cardiaque grade 3 corrélée à la dose de TNF. Les taux de RO (%) ont été 68, 56, 72, 64 dans les groupes 0,5, 1, 2, 3 ou 4mg respectivement sans différence statistique. Seize patients n'ont pas été opérés (métastases, angiosarcomes), 13 ont été amputés, 71 ont eu une chirurgie conservatrice sans différence entre les groupes. La qualité de la chirurgie chez les patients qui ont bénéficié d'une chirurgie conservatrice était RO : 35 patients, R : 32 patients, R2 : 4 patients. Vingt quatre lambeaux de reconstruction et 4 pontages vasculaires ont été nécessaires. Avec un recul médian de 24 mois, la survie globale à 2 ans est de 82 % et le taux de récidives locales 27 %. Les récidives sont corrélées à la qualité de la chirurgie secondaire. Conclusion : La PIM avec du TNF est un traitement médico-chirurgical d'induction efficace avec des taux de réponses élevés qui permettent d'éviter le plus souvent une amputation. Les doses faibles de TNF donnent les mêmes taux de réponses et de conservation des membres avec une toxicité moindre.
Les tables d’opérations. Historique - évolution actuelle The operating tables. Historical perspective. Evolution of the
choice.
La table d’opérations est constituée de deux parties : le pilier ou socle, et le plateau. Trois types de table d’opérations existent : à pilier fixe, à pilier déplaçable et à pilier mobile. Le choix des tables d’opérations est basé sur des critères précis : confort et sécurité du patient et de l’équipe chirurgicale, stabilité du pilier, stabilité des plateaux, possibilité de grandes translations, poids autorisé du patient, facilité de désinfection, maintenance. Les budgets d’achat, d’installation sont très voisins selon le type de table, et il s’agit d’un équipement à fort potentiel évolutif. Nous préconisons l’équipement homogène du bloc opératoire en piliers de même type. Le choix de ceux-ci dépend de la spécialisation chirurgicale du bloc opératoire.
The operating tables. Historical perspective. Evolution of the
choice.
Operating tables evolved rapidly from 1860 through 1920. Today, our operating tables resemble those developed in the early 20th century. The operating table is made of two parts: the column and the top. Anaesthesia and asepsis (Pasteur) were introduced, allowing the surgeons to open body cavities with success. By 1920, the operating tables were well designed for a wide variety of operations. Construction materials have certainly changed, positioning is much more concise, and electrical control has made positioning easier, but a flat surface at the height of the surgeon’s waist is still an integral part of the basic design.
Traitement chirurgical des GIST localement évolués et métastatiques à l'heure du Glivec®.
L'intérêt récent suscité par les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) est lié à la découverte quasi simultanée d'une anomalie moléculaire (mutation du gène c-KIT), et d'un traitement médical spécifique indiqué dans les récidives, le Glivec. Les réponses cliniques "inespérées" obtenues avec le Glivec ont soulevé la question d'une chirurgie "secondaire". L'objectif de notre étude était d'éclaircir les indications opératoires et d'en évaluer les résultats préliminaires. Patients et méthode : Cent quatre vingt patients atteints de GIST métastatiques ou localement évolués ont été inclus dans 3 protocoles successifs évaluant le Glivec. Vingt d'entre eux ont été opérés. Les indications chirurgicales, le timing opératoire et la survie ont été revus. Résultats: Trois patients ont été opérés en urgence (ruptures de volumineuses masses nécrosées) et 17 en chirurgie réglée. La durée moyenne de traitement pré-opératoire était de 12 mois (1-30). Radiologiquement, 16 patients (80 %) étaient en réponse partielle, 1 patient (5%) en réponse complète, 1 patient (5%) en maladie stable et 2 patients (10%) en progressions localisées. Histologiquement, la réponse était complète chez 2 patients (10 %), partielle chez 14 patients (70 %), et sans réponse observée chez 4 patients (20 %). La corrélation entre la réponse radiologique et la réponse pathologique est de 70%. La survie globale 2 ans après la chirurgie est de 62%. La médiane de survie sans progression des patients opérés à dater de la mise sous Glivec est de 18,7 mois. Conclusion : La chirurgie doit être discutée lorsque la réponse au Glivec est maximale (autour de 1 an de traitement) afin d'essayer de mettre le patient en rémission complète. Environ 10% de la population étudiée a pu bénéficier d'une chirurgie secondaire. Trois sous-groupes de patients semblent bénéficier de cette chirurgie secondaire : les tumeurs primitives rendues résécables ou lorsqu'un bénéfice fonctionnel est attendu, les grosses masses nécrotiques si possible de façon programmée, certaines re-progressions localisées. L'intérêt de la chirurgie secondaire sur les reliquats solides des métastases péritonéales et hépatiques reste en évaluation chez les autres patients répondeurs.
Les traumatismes de la rate au cours des coloscopies sont une complication rare et grave. Patients : Nous rapportons un cas de plaie de la rate après coloscopie ayant bénéficié d’une splénectomie suivie de guérison. Nous avons revu 39 cas rapportés dans la littérature. Trois critères peuvent guider le diagnostic : la douleur, l’anémie aiguë, l’hyperleucocytose. Les mécanismes invoqués dans la rupture de la rate sont : le traumatisme direct de la rate, la traction excessive sur le ligament splénocolique, l’accolement anormal de la rate au côlon. Le scanner abdominal est l’examen de choix permettant de justifier le traitement : simple surveillance ou splénectomie. Résultats : Parmi les 40 cas étudiés, la splénectomie a été nécessaire 22 fois. Un patient est décédé après laparotomie. Pour un patient, une plaie du foie était associée. La position en décubitus latéral gauche limite au maximum le risque de lésion de la rate au cours de coloscopie. Cet accident, bien qu’exceptionnel, doit être connu des endoscopistes, des chirurgiens et des anesthésistes, en raison de sa gravité.
Perfusions pelviennes sous circulation extra-corporelle : de l’expérimentation animale à l’essai thérapeutique chez l’homme
La perfusion de membre isolé sous circulation extra-corporelle avec du TNF (facteur de nécrose tumorale) a révolutionné la prise en charge des sarcomes des membres localement évolués (séance de l’Académie du 8/12/2004), mais le niveau du pôle supérieur de la tumeur reste un facteur limitant majeur. Or, c’est justement à la racine du membre que les amputations sont les plus mutilantes. La technique du STOP FLOW pelvien consiste à canuler l’aorte et la veine cave mais donne un taux élevé de fuites du pelvis vers la circulation générale par les collatérales vasculaires. Nous avons émis l’hypothèse que ces fuites étaient majoritairement liées au gradient de pression veineuse entre les deux circulations. Dans une étude expérimentale sur le veau, nous avons montré que l’adjonction d’une combinaison anti-G au dessus des canulations aortico-cave permettait de ramener le taux de fuites de la CEC vers la circulation générale à moins de 10%, ce qui est proche de ce que l’on observe avec les « perfusions de membres ». Dans le cadre d’un essai de phase II, nous avons transféré à l’homme cette technique dans des indications de sarcomes localement évolués de la racine de la cuisse et du pelvis. La dose de TNF utilisée correspond à la dose « faible » préalablement déterminée dans l’essai « perfusion de membre », ce qui limite les effets systémiques liés à des fuites forcément plus importantes en raison d’une isolation moins efficace.
Transplant de jéjunum associé à l’opération de Pearson : récentes avancées dans le traitement des cancers de l’hypopharynx.
Les patients opérés pour cancer hypopharyngé évolué (T3 ou T4) ont un mauvais pronostic (40 % de survie à 3 ans) et une reprise médiocre de l’élocution. Le but de ce travail est de présenter une technique originale permettant d’améliorer le résultat fonctionnel : déglutition et élocution, c'est-à-dire une meilleure qualité de vie. Patients et méthodes : L’auteur a réalisé 412 transplants de jéjunum depuis 1976. Quatre malades ayant un cancer évolué de l’hypopharynx ont été sélectionnés pour bénéficier d’une pharyngolaryngectomie quasi-totale reconstruite par un transplant de jéjunum associé à un shunt trachéo-pharyngé (opération de Pearson). Ils ont reçu une chimiothérapie préopératoire et une radiothérapie postopératoire. Les résultats fonctionnels sur la déglutition et l’élocution sont précisés par IRM-cinéma. Résultats : Sur les quatre patients, aucune complication grave n’est survenue. Un an après la fin de la radiothérapie, tous les malades étaient capables d’alimentation solide. Deux malades avaient une bonne élocution dès la fin du traitement. Après rééducation de la parole, une excellente qualité de voix était obtenue chez les quatre patients. Le statut des patients pour les cancers cervico-faciaux (PSSHN) obtenait un score de 81/100 à 1 an. Conclusion : Chez les malades sélectionnés, la pharyngolaryngectomie subtotale associée à une réparation par shunt trachéo-pharyngien et un transplant libre de jéjunum donne une bonne réhabilitation de la voix associée à une bonne déglutition.
Reconstruction des os longs chez l’enfant par fibula vascularisée après résection tumorale –notre évolution Free vascularized fibula and reconstruction of long bones in the
child: our evolution.
Le but est d’illustrer notre évolution dans la reconstruction des os longs chez l’enfant par transplant libre de fibula vascularisée après résection tumorale. Entre 1990 et 2004, 78 enfants ont été opérés pour sarcome des os longs, et une fille pour pseudarthrose congénitale. Trois applications sont illustrées : transplant de fibula en U, transfert en bloc de l’épiphyse, avec plaque de croissance et diaphyse, transplant fibulaire avec allogreffe massive. Le suivi des enfants est réalisé par l’examen clinique et les radiographies. Aucun décès n’a été observé. Beaucoup de complications bénignes sont survenues pour la reconstruction du fémur. Notre évolution récente est d’associer une allogreffe osseuse massive au transplant vascularisé de fibula ; mais après 3 ans d’évolution, une résorption de l’allogreffe est observée. Le transplant vascularisé de fibula pour la reconstruction des os longs est le matériel idéal. Le résultat est définitif.
Free vascularized fibula and reconstruction of long bones in the
child: our evolution.
The aim is to show our evolution for reconstruction of long bones in the child with free vascularized fibula after tumoral resection. Between 1990 and 2004, 78 children were operated on for sarcoma of long bones and one girl with congenital pseudarthrosis. The main applications are illustrated: U shaped fibular transplant, fibular epiphysis with growth plate and diaphysis transfer, fibular graft associated to massive allograft. Follow-up of the children was performed by clinical examination and standard X Ray. No post operative death occurred. Many benign complications for femoral reconstruction were observed. So our recent evolution is to use vascularized fibula associated with massive allograft; but resorption of allograft was observed three years later. Vascularized fibula for reconstruction of long bones is the ideal material. The result is permanent.
Fibromatoses extra-abdominales primitives : certains patients peuvent-ils éviter la chirurgie ? Extra abdominal fibromatosis: should we change ?
L’objectif de notre étude rétrospective était d’évaluer l’impact de la chirurgie sur les fibromatoses. Méthode : étude rétrospective portant sur cent douze patients (pts) dont le suivi était complet et qui ont été traités à l’IGR entre 1988 et 2003. Deux stratégies thérapeutiques ont été définies afin d’évaluer leur impact sur le contrôle local de la tumeur primitive: (1) chirurgie avec ou sans traitement adjuvant, (2) traitements non chirurgicaux (médicaux ou surveillance seule). Les courbes de survie sans évènement ont été effectuées par la méthode de Kaplan Meier (l’évènement est la récidive après chirurgie ou la progression après traitement non chirurgical ou surveillance). Résultats: Sexe ratio 39hommes/73 femmes, age médian 30 ans, taille moyenne de la tumeur initiale 6 cm. 80% des pts ont eu une stratégie « chirurgicale », 20% ont eu une stratégie non chirurgicale. Le recul moyen est de 80 mois. La survie sans évènement à 3 ans est de 49% (IC 95%, 40 à 58%). Le sexe, l’âge, la taille tumorale, la date de traitement et la stratégie thérapeutique n’ont pas d’impact significatif sur le contrôle local. Une chirurgie R0 (marges saines) apporte la même survie sans évènement que l’abstention chirurgicale, alors qu’une chirurgie R1 (exérèse marginale) est délétère. Dans l’analyse multivariée, Seul le site tumoral a un impact sur le contrôle local. Conclusion : La moitié des patients ont une maladie non évolutive après une « poussée » initiale et peuvent donc éviter une chirurgie agressive. A l’avenir, les patients « progressifs » pourraient être dépistés dés le début sur des critères génomiques afin d’adapter d’emblée la thérapeutique.
Extra abdominal fibromatosis: should we change ?
The objective of this study on patients with primary aggressive fibromatosis was to evaluate the impact of surgery as first-line treatment on event -free survival (EFS). 3-year EFS after non surgical strategies, including medical treatment or a watch and wait policy, was similar to that of R0 resection (68% and 65% respectively). In contrast, marginal resection had a statistically significant deleterious impact compared to non surgical strategies or R0 resection. In the multivariate analysis, the location remained the most important predictor of relapsing locally. There is however, a strong direct relationship between the location and the quality of surgery. These results suggest that a less aggressive local strategy may be considered first, and is an alternative in situations where surgery would result in major functional or cosmetic defects. When surgery is finally necessary, it should be performed with the aim of achieving negative margins. It might be possible that biological markers for aggressive tumors could be identified and patients with a poor outcome could be selected in the future through biological analysis. A prospective clinical trial with bio-clinical correlations is ongoing.
Le transplant libre sous scapulaire : applications à la reconstruction de la face
Le but : est de souligner l'intérêt toujours actuel du transplant libre de crête scapulaire, associé aux palettes cutanées para et ortho scapulaires et de latissimus dorsi. L'auteur souligne l'indépendance spatiale de l'os et des palettes cutanées, avec un pédicule vasculaire commun ainsi que la possibilité de prélèvement en décubitus dorsal, adapté aux interventions ORL. Patients méthodes : de 1991 à 2005, les auteurs ont utilisé le transplant libre de crête scapulaire chez 58 patients, pour la reconstruction de l'étage moyen de la face (n=49), ou de la mandibule (n=9). L'âge était compris entre 10 et 81 ans. Le prélèvement se réalise en décubitus dorsal avec un billot latéro-rachidien permettant une intervention à double équipe et sans changer la position du patient. Pour faciliter l'adjonction d'implants ostéo-intégrés (n=l2), une orientation préalable de la crête osseuse du côté endobuccal est recommandée. Ce transplant peut-être prélevé avec le muscle latissimus dorsi et sa palette cutanée, en utilisant le même pédicule vasculaire sous scapulaire. Résultats: aucune mortalité per ou post-opératoire. Les échecs (n=3), ont été immédiatement rattrapés par le transplant identique controlatéral. Les complication bénignes sont : hématomes (n=7), fistules salivaires (n=4). La durée moyenne d'hospitalisation est de 20 jours. La limite principale d'indication est la dimension de la perte de substance osseuse : elle doit être inférieure à 12 cm. Au-delà, un transplant de fibula est plus adapté. Les séquelles importantes du prélèvement initialement observées sont prévenues par la réinsertion soigneuse des muscles sur le reste de la scapula. Les ostéotomies sont réalisables (n=51), permettant l’adaptation de forme à la perte de substance. L'intérêt de ce transplant est de n’utiliser qu'un seul pédicule vasculaire (artère et veine sous scapulaires) tout en disposant d'une indépendance spatiale totale entre les palettes cutanées et l'os scapulaire, permettant des configurations de reconstruction diverses. Ce transplant ostéo-cutané nous apparaît particulièrement adapté à la reconstruction de l'étage moyen de la face. Conclusions: Le transplant microchirurgical sous-scapulaire est toujours d'actualité, L'intérêt est d'avoir des palettes cutanées constantes et indépendantes spatialement de l'os. Les limites sont celles de la longueur de l'os disponible : 12 cm maximum.
Deux chirurgiens, Alexis Carrel et Jacobson, ont développé les micro-sutures vasculaires et les micro-transplants. Depuis 1970, plusieurs équipes en Europe se sont intéressées à la microchirurgie et ont contribué à son essor. Gilbert a développé une série de microclamps vasculaires et Acland a mis au point un double clamp facilitant le positionnement des points de sutures. La suture manuelle au fil demeure toutefois la technique de base des anastomoses. D’autres méthodes ont vu le jour, utilisant la colle, le laser ou les microagraffes non transfixiantes. Le développement de la microchirurgie a été possible grâce à l’invention du microscope fabriqué par le savant hollandais Zacharia Janssen. Cette invention servit initialement pour des recherches para cliniques, jusqu’en 1921, puis le chirurgien suédois Carl Olof Nylen l’utilisa expérimentalement pour opérer des fistules labyrinthiques chez les lapins. Quelques mois plus tard, un microscope binoculaire fut construit et utilisé chez l’homme pour la première fois pour une otite chronique. Mais c’est Cobbett en Angleterre qui appliqua en 1969 l’usage du microscope à la transplantation, lors d’une transplantation d’un gros orteil pour reconstruire un pouce amputé. Ce fut un succès et l’histoire de la microchirurgie vasculaire venait de prendre son essor et un irrésistible avènement survint en Europe. Elle sera reprécisée pour la reconstruction de l’extrémité cervico-faciale, des membres, du tronc, l’utilisation des lambeaux, des transplants osseux, et les indications.
Ces récidives pelviennes surviennent le plus souvent chez des patientes ayant des facteurs pronostiques défavorables péjoratifs (tumeurs localement avancées t/ou envahissement ganglionnaire) et qui ont été traitées par radio-chimiothérapie première. Une décision thérapeutique éventuelle ne peut se discuter qu’après confirmation histologique de la récidive. En cas de telle récidive pelvienne, une reprise de la radiothérapie n’est généralement pas envisageable et la chimiothérapie est peu efficace dans ces territoires irradiés. Dans le cas d’une récidive centro-pelvienne, la chirurgie est donc la seule thérapeutique. Cette intervention lourde, doit être récusée s’il existe une extension hors du pelvis (ganglionnaire, carcinose péritonéale ou métastase à distance) et/ou si la résection ne passera à priori pas en zone saine sur le plan histologique (atteinte centro et latéro-pelvienne). Un bilan radiologique conventionnel complet est donc indispensable (scanner thoraco-abdomino-pelvien ou IRM abdomino-pelvienne et radiographie de thorax). Mais des techniques d’imagerie modernes (PET-scanner) et éventuellement une laparoscopie d’évaluation avant une potentielle chirurgie radicale, permettent de mieux affiner le dépistage de ces disséminations extra-pelviennes qui contre-indiqueraient alors cette chirurgie. Néanmoins, même dans les cas ou il n’existe pas de contre-indication décelable, le caractère curatif de l’exentération (défini par une exérèse complète de la récidive avec des limites de résection chirurgicale passant en zone saine) ne peut être formellement défini qu’après l’examen histologique définitif de la pièce opératoire. Avec de tels critères, la survie globale à 3 ans des patientes après ce type de chirurgie est d’environ 40%. La prise en charge peri-opératoire de cette chirurgie a beaucoup progressée. Ainsi, la mortalité de cette chirurgie est passée en 30 ans de 20% à moins de 5%. La morbidité reste importante (environ 25% à 45%) dominée par les collections post-opératoires, les sepsis, et les occlusions. Néanmoins de nouvelles techniques de reconstruction et de comblement de la cavité pelvienne ont permis de diminuer significativement celle-ci et d’améliorer la qualité de vie post-opératoire des patientes. En cas de récidive pelvienne non accessible à cette chirurgie de rattrapage (en particulier lorsqu’il existe une atteinte importante ne permettant pas une résection passant en zone saine sur le plan histologique), des procédures innovantes sont en cours d’évaluation (perfusion de pelvis isolé).
Reconstruction de l’œsophage thoracique par transplant libre de jéjunum.
Reconstruire l’œsophage thoracique par un transplant libre de jéjunum représente un challenge. C’est l’objet de ce travail. Matériel et méthodes : Une expérimentation chez le chien (n=12) était nécessaire pour montrer la faisabilité de la technique : le transplant de jéjunum était revascularisé sur l’artère thoracique interne et la veine intercostale supérieure droite, par thoracotomie droite, et les anastomoses digestives étaient réalisées.. Il remplaçait un segment d’œsophage thoracique réséqué. Trois patients ont alors été opérés pour des indications différentes : atrésie de l’œsophage (n=1), échecs d’œsophagoplastie classique (n=2). Résultats : Expérimentalement, deux chiens ont eu des complications (fistule thoracique ou sténose anastomotique). Cliniquement, les trois patients ont eu des suites normales. Conclusion : Le transplant libre de jéjunum pour reconstruire l’œsophage thoracique permet de résoudre des difficultés jusque là insolubles.
Les sarcomes rétro péritonéaux sont des tumeurs rares dont la technique de prise en charge chirurgicale est en cours de définition. Le rôle de la chirurgie est essentiel, car les patients décèdent dans la majorité des cas de l’évolution locale ou péritonéale de la maladie. L’enquête de l’Association Française de Chirurgie rapportée en 2006 (Bonvalot, Rivoire et al. JCO 2009) avait porté sur 382 patients présentant une tumeur primitive et opérés selon différentes modalités dans plusieurs centres Français. Le taux de récidive abdominale à 5 ans était globalement de 49% (IC 95%). Dans l’analyse multivariée, ce risque était significativement diminué chez les patients qui avaient eu une exérèse en bloc compartimentale. La notion d’exérèse « compartimentale » nécessite cependant d’être affinée et validée par une étude prospective sur un plus grand nombre de patients ayant bénéficié de cette nouvelle approche. Méthodes : 249 patients présentant un sarcome rétropéritonéal primitifs ont été systématiquement opérés selon cette technique compartimentale à l’Institut Gustave Roussy et au NCI de Milan entre 2000 et 2008. Cette technique consiste à réséquer la tumeur en bloc avec les organes adjacents (en dehors de vaisseaux et des troncs nerveux majeurs), afin d’améliorer la qualité des marges. Résultats : le recul médian est de 37 mois. Le nombre moyen d’organes réséqués avec le sarcome est de 2 (IQ range 1-3), colon et rein pour la majorité. La taille tumorale médiane était de 17 cm (IQ range 11-26). Une résection macroscopiquement complète a été effectuée chez 232 pts (93%). A 5ans, la survie globale est de 65.4% (95% CI: 56.8-72.7%). Les taux de récidives locales et métastatique à 5 ans sont respectivement de 22.3% (16.5-30.2%) et 24.2% (18.4-31.9%). Quarante cinq pts (18%; 95% CI: 14 23%) ont présenté une complication post opératoire, et 8 (3%) patients en sont décédés. Conclusions : Une chirurgie compartimentale permet effectivement de diminuer significativement le risque de récidive locale au prix d’une morbidité acceptable.
Sarcomes localement évolués des tissus mous : la triade innovante "C.E.C, TNF alpha, transplants microchirurgicaux".
Le but de cette étude rétrospective est de montrer les trois progrès récents dans le traitement des sarcomes des tissus mous des membres : la perfusion de membre isolé avec circulation extracorporelle (CEC), l’apport du TNF alpha (facteur de nécrose tissulaire) associé au melphalan, et les transplants microchirurgicaux de couverture après exérèse. Patients et Méthodes : de 2000 à 2008, 37 patients ont nécessité une perfusion de membre isolé pour traiter des sarcomes évolués des tissus mous. Il s’agissait de 22 femmes et de 15 hommes. L’âge moyen était de 45 ans (15 à 78 ans). Le sarcome siégeait aux membres inférieurs (n= 26), ou supérieurs (n=11), avait une taille moyenne respectivement de 15 cm et 12 cm, était multifocal (n=8) ou récidivé (n=15). Dix-sept patients ont reçu une chimiothérapie néo adjuvante. L’exérèse tumorale a nécessité dans 10 cas un geste opératoire complémentaire (pontage vasculaire ou réparation nerveuse). La couverture du site a été réalisée par un transplant libre de latissimus dorsi (n= 31), de grand droit de l’abdomen (n=4), un transplant libre ante brachial (n=2) .Une radiothérapie postopératoire a été réalisé chez 25 patients. Trois apports majeurs ont été récemment apportés : la perfusion de membre isolé sous CEC, avec le TNF alpha (facteur de nécrose tissulaire) et le melphalan, l’exérèse du résidu tumoral deux mois plus tard et la couverture du site opératoire par transplant libre vascularisé. Résultats : Aucun décès péri opératoire n’est survenu. La durée opératoire moyenne a été de 7 heures. Sur les 37 cas, deux transplants ont nécrosé et ont nécessité un second transplant avec succès. L’exérèse est classée en trois stades : R0 est une exérèse avec une marge de tissu sain, R1 est une exérèse avec un résidu microscopique au contact de la berge d’exérèse, R2 est une exérèse avec un résidu macroscopique de tumeur sur la berge d’exérèse. L’exérèse était R0 (n=29), R1 (n=7), R2 (n=1). Avec un recul médian de 5 ans, aucun patient R0 n’a eu de récidive locale, et le taux de survie global est de 65%. Treize patients ont présenté des métastases pulmonaires, et sept d’entre eux en sont décédés. Conclusions : La perfusion de membre sous CEC avec TNF alpha et melphalan, puis l’exérèse du résidu tumoral deux mois plus tard et la couverture du site par transplant libre ont permis de réaliser une exérèse plus large des sarcomes, d’éviter l’amputation du membre chez 78% des patients et de réaliser une irradiation postopératoire précoce chez 25 malades. Ces résultats sont permis grâce à la prise en charge multidisciplinaire avec des compétences extrêmement spécialisées : anatomopathologistes, chirurgiens, oncologues, radiothérapeutes, radiologues, a et améliorent le pronostic des sarcomes des tissus mous localement évolués. Intervenant : J. DUBOUSSET
Innovations dans le traitement des sarcomes rétropéritonéaux