Pages 153 [sic pour : 151]‑201 [a][1]
Monsieur Démocrite n’aurait guère reçu de visites en ce pays, on aurait trop appréhendé l’indiscrétion de son art.
Sed vitate viros cultum formamque professos,
Quique suas ponunt in statione comas,
Quæ vobis dicunt, dixerunt mille puellis.
Ovid. de Art. am. li. 3. [15]
Les femmes ne laissent pas d’être toujours la dupe < sic > de ces jeunes étourdis, qui viennent redire dans une ruelle ce qu’ils ont dit dans une autre, et qui se répètent eux-mêmes cent fois le jour auprès de cent femmes différentes. J’entre dans un âge où il ne me sied plus de parler de tout cela ; mais j’ai fait comme les autres étant jeune, et je ne savais rien si bien par cœur que quelques compliments auxquels il n’avait point de part. Maintenant, j’ai renoncé à ces mensonges bas et communs, et je voudrais que mon exemple pût servir à ceux qui n’ont pas quitté la flatteuse coutume de dire à toutes les femmes qu’ils les aiment, dans le temps qu’ils n’apportent auprès d’elles qu’un esprit de coquetteries et des manières affectées. [4]
Si fuit ille tibi, Lucretia, gratus adulter,
Immerito ex merita præmia cœde < sic pour : morte > petis.
Sin potius casto vis est allata pudori,
Quis furor est hostis < sic pour : alterius > crimine velle mori ?
Frustra igitur laudem captas, Lucretia, namque
Vel furiosa ruis, vel scelerata cadis. [19]
Cette épigramme a été anciennement traduite en cette manière :
« Si le paillard t’a plu, c’est grand tort, Lucrèce,
Que par ta mort tu veux, coupable, être louée ;
Mais si ta chasteté par force est violée,
Pour le forfait d’autrui mourir, est-ce sagesse ?
Pour néant donc, tu crois ta mémoire heureuse,
Car ou tu meurs méchante, ou tu meurs furieuse. » [5]
Ces vers ont apparemment été faits sur ce qu’a dit saint Augustin : [20] Si adultera, cur laudata ? Si pudica, cur occisa ? Comme il s’est trouvé des gens qui ont blâmé cette femme, il y a lieu de croire qu’elle n’aura point de copie. [6]
Tertullien [21] et saint Jérôme [22] se servent souvent de l’exemple de Lucrèce pour persuader la pureté aux femmes chrétiennes ; saint Augustin, comme on le voit, a pris un parti contraire, car il improuve sa fureur ; [23] mais il est très facile de concilier ces opinions en disant que si une païenne a mieux aimé perdre la vie que l’honneur, les femmes chrétiennes ne doivent pas avoir des sentiments moins nobles : il ne faut pas craindre qu’elles soient homicides d’elles-mêmes ; le désespoir a pu immoler quelques femmes, mais ce sacrifice n’a jamais été fait pour la pudeur. [7]
Sectantem levia, nervi
Deficiunt, animique. [9]
Vermibus hic ponor, qui sic ostendere conor
Quod velut hic ponor, ponitur omnis honor
Quisquis ades, qui morte cades tu, respice plora
Sum quod eris, modicum cineris, pro me miser ora. [10][27]
Fatalis series nobis invidit Erasmum
Sed desiderium nobis tollere non potuit. [15]
Ce grand homme méritait bien assurément d’être appelé Desiderius Erasmus, le désir que tous les savants ont de posséder ses ouvrages en est une preuve.
Dic an dives ero, si carmina scripsero ? Sero.
Semicaper faunus cur ista clamat ? Amat.
Vere novo sponsum me fore reris ? Eris.
Quæ res difficiles sunt in amore ? Moræ. [16]
« Vous ne connaissez pas, mon fils, les manières de la cour et des grands. Mon maître, pour vous parler sincèrement, avec toute sa puissance et toutes ses richesses, ne sait ce qu’il fait. La raison n’est point sa règle, il ne se laisse conduire que par la prévention, c’est pourquoi je ne compte point sur ses caresses ni sur ses bienfaits. Je lui ai donné un remède purgatif [43] qui, malheureusement, l’a fort tourmenté, parce que je ne connaissais pas assez son tempérament ni la constitution de son corps pour faire mieux. Le remède a agi avec tant de violence qu’il l’a purgé jusqu’au sang. Cependant, comme il a été assez heureux pour se tirer d’affaire, bien loin de s’en prendre au médecin, ni à la médecine, des accidents qui l’ont mis dans un si grand danger, il s’est imaginé qu’il doit sa guérison à ce remède : de là sont venues les grâces dont il m’a comblé. Ainsi, mon fils, je dois craindre que, comme il m’a fait du bien par caprice et sans que je m’en sois rendu digne, il ne me fasse aussi du mal quand je ne l’aurai pas mérité. » [17][44]
“ En notre religion chrétienne, je crois, comme nous devons croire, beaucoup de choses que nous ne voyons point, quæque sub sensum non cadunt ; mais c’est par le moyen de la foi qui nous y oblige, et quæ est rerum non apparentium ; mais en fait de médecine, je ne crois que ce que je vois, et ut ait ille Plautinus, [58] Manus nostræ sunt oculatæ, credunt quod vident. Fernel était un grand homme, mais les arguments pour telles qualités ne sont point des démonstrations mathématiques. Je l’estime le plus savant et le plus poli des modernes ; mais comme il n’a pas tout dit, aussi n’a-t-il pas dit vrai en tout ce qu’il a écrit. Si le bonhomme, qui est mort trop tôt, à notre grand regret, eût vécu davantage, il eût changé bien des choses à ses œuvres, principalement en ce point-là. Je n’avance pas cela de moi-même, je l’ai lu dans sa propre Vie, que j’ai manuscrite, elle m’apprend beaucoup de particularités de cet excellent homme, qui et in altis non leviter lapsus est. ” [19]
Saviez-vous ou auriez-vous jamais pu vous imaginer qu’un médecin fût devenu amoureux ? C’est une chose qui se voit assez communément, mais il me semble que l’amour ne convienne pas à des gens de notre profession. Notre gravité, soit naturelle ou affectée, notre air toujours mélancolique, nos manières féroces et peu polies, notre humeur sauvage et capricieuse, le temps que nous sommes obligés de donner à l’étude et aux visites sont un mauvais ragoût pour une jeune femme. Il leur faut de la galanterie, ce talent nous manque ; je ne m’étonne pas si le médecin, plutôt qu’un autre homme, est animal cornutum. [25] Je vous dirai même ici la plaisanterie d’un bouffon à qui les gens de notre métier ne plaisent pas non plus que nous plaisons à nos femmes : il disait, à propos des cornes de cerfs et de licornes que quelques empiriques font entrer dans la composition des remèdes, qu’il s’étonnait comment ils n’y faisaient pas entrer les leurs propres, et que la Faculté en ayant bonne provision, il y aurait de quoi guérir bien des malades, si tant est que les cornes qui font mal à la tête pussent faire du bien au corps. Je ne pus m’empêcher de rire de ce trait de bouffonnerie. M. …, quiqui uxorem suspicatur, [26] prit la chose plus sérieusement et lâcha à mot plaisant un « vous êtes un sot », aussi bien appliqué que s’il avait été l’unique sujet de la raillerie, mais on ne pensait point à lui ; cependant, on est forcé d’y penser à l’avenir. Au reste, ce n’est pas sa faute, il est honnête homme et bon mari ; plût à Dieu qu’on pût dire bonne sa femme, c’est un diable à la maison et une coquette au dehors. Mais je m’aperçois que je vous parle trop des affaires de mes voisins : encore, si elles étaient bonnes et agréables, je n’y aurais pas de regret.
Est deus in nobis, et sunt commercia cœli :
Sedibus æthereis spiritus ille venit.
De Art. li. 3. [29]
Je n’ai jamais pu croire qu’il y eût de véritables athées. [68] L’idée d’un Dieu est dans tous les hommes, Dieu même s’y trouve, on sent son existence, notre âme la démontre nécessairement et clairement. Ceux qui la combattent parlent au gré de leur cœur corrompu, mais ils ne suivent pas les lumières de leur esprit. Ils voudraient qu’il n’y eût point de Dieu qui punît leurs désordres : voilà où se terminent leurs sentiments, mais il connaissent malgré eux que ce Dieu subsiste. Est Deus in nobis : cette réflexion est de saison, nous entrons dans le carême ; [69] bien des gens m’ont voulu extorquer un certificat d’indisposition pour obtenir la permission de manger de la viande, mais je suis trop ami de la vérité pour la trahir dans une occasion où il y va même de l’intérêt de la religion.
Hic sita Sigæa est, satis hoc : qui cætera nescit
Rusticus est, artes nec colit ille bonas. [30][73]
Cette illustre Muse était originaire de la ville de Tolède. [74]
Languebam, sed tu comitatus protinus ad me
Venisti centum, Symmache, discipulis.
Centum me tetigere manus aquilone gelatæ :
Non habui febrem, Symmache, nunc habeo.
Ce Symmachus était médecin de l’empereur Claude, [92] et habile homme autant que médecin, peut-être. Je ne parle point ainsi, comme l’on peut juger, pour relever ma profession au-dessus des autres. Notre art ne consiste que dans les conjectures, et non dans une certitude physique. Je ne sais pourquoi Martial a pris la peine de railler ce médecin d’un empereur. Les poètes satiriques sont dangereux. Les plus habiles gens doivent les ménager, mais les poètes eux-mêmes doivent ménager et respecter les médecins. J’aurais désiré une chose, < c’est > d’être le médecin d’un vieux empereur, < car > il n’y a point de fortune à faire pour la médecine sous un jeune prince : il se passe de remèdes, il a raison ; dans un âge avancé, il les croit nécessaires, et je profiterais de son erreur. [40]
La prière est capable d’arracher des mains du Vengeur éternel les foudres qu’il est prêt à lancer sur les têtes coupables : grand motif de la confiance pour ces pauvres créatures que l’on appelle hommes.
Le pauvre Monsieur D…, notre ancien confrère, savait beaucoup, mais son esprit était l’image du chaos : quelle confusion ! nous l’appelions entre nous « la Bibliothèque renversée ». Comme l’on connaît le génie des hommes à l’extérieur et aux manières, rien n’était plus mal ordonné que son cabinet : tout y était hors de sa place, tout s’y trouvait confondu ; de manière que qui n’aurait pas su qu’il n’avait pas absolument perdu la raison, aurait conclu qu’il fallait l’interdire au seul aspect de son cabinet et de sa bibliothèque. ” [43][99]
À propos de Cicéron, je trouve dans mes remarques qu’il y avait en Italie, aux bains de Cicéron, [109] sur le frontispice, une inscription qui contenait tous les noms de toutes les maladies que ces bains guérissaient, et que quelques médecins, voyant que ces mêmes bains empêcheraient bien des malades d’avoir recours à eux, effacèrent l’inscription, disant que ce n’étaient que des caractères magiques : tradition populaire à laquelle on peut se dispenser d’ajouter foi sans craindre de passer pour un homme qui porte l’incrédulité trop loin. [48]
Non est certa meos quæ forma irritet amores ;
Centum sunt causæ, cur ego semper amem.
Qui aime tant de personnes n’en aime pas véritablement une seule, le grand amour ne se partage point, l’amitié s’étend davantage. On peut avoir plus d’un ami, on ne peut avoir qu’une maîtresse : celle-ci échappe bientôt, les amis demeurent. Je ne veux que des derniers, et il y a longtemps que j’ai renoncé à la première, pour la sûreté de ma conscience et pour la santé de mon corps. [49]
Il est constant que l’on peut connaître par les songes quelque disposition corporelle. Je suis là-dessus du sentiment de saint Thomas [117] quand il dit, 2.2. qu. 95 a. 6 : Medici dicunt esse intendendum somniis ad cognoscendum interiores dispositiones. En effet, les malades songent d’ordinaire autrement que ceux qui se portent bien, les mélancoliques, [118] autrement que les sanguins, [119] les bilieux, [120] autrement que les pituiteux ; [121] mais je m’en tiens là, sans tirer d’autres conjectures sur les choses libres et de pur hasard, jusqu’à ce que je croie qu’il y ait du surnaturel dans ce qu’on a songé. Alors je rappelle dans ma mémoire l’histoire de Joseph, [122] de Daniel, [123] etc., pour m’y soumettre comme à des moyens dont l’Éternel se sert pour faire connaître aux hommes ses volontés. [53][124]
Malo pater tibi sit Thersites, dummodo tu sis
Æacidæ similis, Vulcaniaque arma capessas, [132]
Quam te Thersitæ similem producat Achilles. [55]
Je n’ai pas encore bien deviné pourquoi les fils des grands hommes sont quelquefois si éloignés de le devenir eux-mêmes ; cependant, un sang illustre, pur et noble coule dans leurs veines, ils ont des exemples domestiques de courage et de vertu, à tous moments, de parfaits modèles devant les yeux. Le père est un héros, le fils n’a pas même les moindres qualités d’un homme du commun. Il faut assurément qu’il y ait une portion de mérite assignée à chaque famille ; ce qui est donné aux aïeux, c’est autant de rabattu sur la postérité. D’un autre côté, l’on voit non seulement des enfants qui égalent, mais qui surpassent le nom et la réputation de leurs pères.
Fœlix Eois lex funeris una maritis,
Quos Aurora suis rubra colorat equis !
Namque ubi mortifero iacta est fax ultima lecto,
Uxorum fusis stat pia turba comis,
Et <cer>tamen habe<n>t leti, quæ viva sequatur
Coniugium : pudor est non licuisse mori.
Ardent victrices et flammæ pectora præbent,
Imponuntque suis ora perusta viris.
Si Monsieur L.M. donne le Properce traduit en vers français, comme l’on m’a assuré qu’il en avait le dessein, il mettra peut-être en goût de traduire tous les poètes de la sorte. Cette entreprise serait bonne, mais elle serait bien difficile à soutenir pour l’honneur des traducteurs. [56][134]
Laudas, Gaure, nihil, reprehendis cuncta : videto
Ne placeas nulli, dum tibi nemo placet. [57][135]
Hic placuit cunctis, quod sibi non placuit. [59]
Il était d’Andely sur Seine [142] et d’une maison noble. Son livre qui porte pour titre Adversaria lui a acquis une réputation qui durera autant que les siècles. J’écris à un de mes amis pour le prier de m’envoyer six ouvrages de cet auteur, que je souhaite depuis si longtemps. Ces six livres sont : Poematum silva, Commentarius in librum Ciceronis de Fato, [143] Præfatio in Caii Plinii Historiam naturalem, Libellus de Methodo, De Calore a vino, Academicarum quæstionum lib. i, Convivium septem sapientium ; celui-ci est une traduction de Plutarque. [60][144]
Épitaphe du P. de C.Ci-gît qui fuyait le repos,
Qui fut nourri, dès la mamelle,
De tributs, tailles, [149] impôts,
De subsides et de gabelles ; [150]
Qui mêlait dans ses aliments
Du jus de dédommagement,
De l’essence du sol pour livre. [151]
Passant, songe à te mieux nourrir,
Car si la taille l’a fait vivre,
La taille aussi l’a fait mourir. ” [61]
Cum Janum [154] veterem clausum tenuere Quirites,
Florentis signum pacis ubique fuit :
Nulla salus bello, pax toto poscitur orbe ;
Nos Janum viridem clausimus, ecquid erit ? [62][155]
Je prie Dieu qu’il nous donne une bonne paix. ” [156] Nous autres médecins, qui ne courons ni ne battons la campagne, nous sommes fort embarrassés dans les temps de guerre. Il faut laisser le soin d’y aller aux jeunes disciples d’Esculape ; [157] et encore, la médecine n’a pas là grande fonction : il y a plus de bras et de jambes à couper que de fièvres à guérir, et autres accidents semblables à prévenir.
Je ne reproche point à certaines gens les vœux qu’ils s’avisent quelquefois de faire pour la guerre : il est certain que si c’est un temps de trouble, il sert souvent à remettre les choses dans leur premier et véritable état.
Sunt apud inferos tot millia formosarum.
À Dieu ne plaise que je juge mal de mon prochain, mais la prédestination [158] n’est pas pour beaucoup de femmes : elles damnent trop d’hommes pour ne pas courir elles-mêmes un semblable risque. Ce qui rend l’état des femmes plus dangereux est qu’elles ne se repentent point d’avoir été et de demeurer coquettes, au lieu que nous maudissons bientôt la faiblesse que nous avons eue pour elles. Le repentir peut expier nos crimes, et les crimes du sexe augmentent par leur cœur impénitent. [63]
« Enfin, il vous faudra quitter un jour votre patrie, votre maison et votre femme, que vous aimez tant. De tous les arbres que vous cultivez avec tant de soin, il ne vous restera que le funeste cyprès pour mettre sur votre tombeau. Un héritier, bien plus libéral que vous n’êtes, prodiguera ce vin de cécube que vous tenez enfermé sous cent clés, il en inondera vos chambres, il le fera nager sur ces riches parquets ; enfin, il se servira sans discrétion de ce vin qui devait être réservé pour les festins des pontifes, et non pas pour des usages si profanes. »Linquenda tellus, et domus, et placens
Uxor ; neque harum, quas colis arborum
Te, præter invisas cupressos
Ulla brevem dominum sequetur.
Absumat hæres Cæcuba [160] dignior
Servata centum clavibus : et mero
Tinget pavimentum superbo,
Pontificum potiore cœnis. [64]
Il y a bien des choses que nous gardons avec un soin avare et qui deviendront subitement la proie de l’avidité d’un héritier prodigue. Qui serait bien sage jouirait modestement de sa fortune et de ses possessions, et après lui, serait avare qui voudrait.
On a estimé beaucoup ses Regrets et ses sonnets sur les antiquités de Rome. Il fit aussi des sonnets pour la reine de Navarre, [163] et elle en fit pour lui. Les uns et les autres passaient dans ce temps-là pour d’excellents ouvrages. Il fit lui-même son épitaphe, la voici :
Clara progenie, et domo vetusta
(Quod nomen tibi sat meum indicari)
Notus contegor, hac, viator, urna.
Sum Bellaius, et poëta, jam me
Sat nosti ; puta, non bonus poeta,
Hoc versus tibi sat mei indicarint.
Hoc solum tibi, sed queam viator,
De me dicere : me pium fuisse,
Nec læsisse pios, pius si ipse es,
Manes lædere tu meos caveto. [66]
Il était désigné pour être archevêque de Bordeaux, quand il mourut.
En vérité, je n’approuve pas les gens critiques, qui se plaisent à flétrir la mémoire des morts et qui répandent sur les tombeaux toute l’amertume et le fiel de la satire. Quand un homme n’est plus en état de faire du bien, il ne faut point en dire du mal ; quand il ne peut plus réparer le mal qui lui est échappé, il faut tâcher de rappeler avantageusement le bien qu’il a fait. C’est être lâche de dénigrer les défunts, de même que c’est être trop complaisant que de flatter aveuglément et sans interruption les vivants.
Sur le mot Fas : Fides, Amor, Spes.Spe cælos et amore fideque ascendere fas est :
Absque tribus cælos his penetrare ne‑fas
Spes lævæ, dextraque fides assistit amori
Virtus in medio maxima constat amor. [67]
Nos livres ne sont pas si défectueux, [165] mais aussi nous n’avons point d’impressions fort correctes. La preuve en est au commencement ou à la fin des ouvrages : l’on y voit un errata, qui avertit de quelques fautes que l’auteur a corrigées, mais non pas de toutes celles qu’il aurait fallu retrancher. Si jamais j’ai la passion de me faire imprimer, comme je n’y succomberai que par gloire, j’envisagerai celle d’être un auteur correct.
A.N., qui a perdu toutes ses pratiques et qui fait mourir le peu de malades qui lui restait, est désormais occupé à revoir ses livres. Il se promet de faire un sommaire de sa bibliothèque ; après quoi il doit la vendre, et il se flatte qu’il pourra tirer de l’argent de l’ouvrage qu’il médite. Je doute qu’il y ait des hommes assez dupes pour lui en vouloir donner. Serait, je crois, bien à plaindre qui retomberait dans les mains d’un tel personnage. [69]
Unde superbit homo, cujus conceptio culpa,
Nasci pœna, labor, vita, necesse mori ? [70][166][167]
On est heureux de faire ainsi de certaines réflexions ; si elles étaient trop fréquentes, elles ne laisseraient pas d’inquiéter. Quoiqu’il soit < le propre > de l’homme de raisonner, sa propre raison l’afflige quelquefois. La mienne, Dieu merci, ne m’est pas d’un secours inutile ; quand elle veut m’importuner, je lui donne d’autres objets, et je fais succéder une lecture divertissante à une méditation sérieuse.
Tros Rutulusve fiat, nullo discrimine habetur. [171]
Joint que ce petit point d’honneur est si léger que ce n’est point la peine d’en parler. ” [71] Ce n’est pas l’université qui fait l’habile homme parmi nous, mais la connaissance des simples, des tempéraments et des maladies : tout cela s’apprend aussi bien ailleurs qu’à Paris. Ici, à la vérité, l’expérience se fortifie davantage et on a un plus fréquent commerce avec les savants. Quand le deviendrai-je ? Il me paraît que ma réputation me fait un peu d’honneur, mais je ne suis pas assez vain pour en être flatté, elle me sert seulement à désirer de mériter.
Papa Pius quintus moritur, res mira ! tot inter
Re sanctos, tantum nomine quinque pios. ” [72]
Jamais on n’a mieux fait que d’appeler Saints Pères ceux qui sont préposés pour être l’exemple et le modèle des saints. C’est donc les avertir de ce qu’ils sont, et de ce qu’ils doivent rendre les autres.
Commetrunt multi eadem diverso crimina fato
Ille crucem pretium sceleris tulit, hic diadema.
Juven. Sat. 13. [175]
Vous voyez que la justice ne se rendait pas mieux autrefois qu’aujourd’hui : de tout temps, il y a eu des magistrats corruptibles et corrompus, malheur à ceux qui ont affaire à eux ! J’ai été plusieurs fois menacé de procès, mais j’ai si bien pris mes mesures que j’ai rompu en visière à Madame Chicane. Il nous convient mieux d’aller voir un malade qu’un procureur : celui-ci demande de l’argent avec hardiesse, nous en recevons modestement de l’autre, sans faire semblant d’en vouloir. C’est pourquoi, en dérision de notre feint désintéressement, on dit que nous tendons la main par derrière. Je vous jure qu’il y a longtemps que je ne suis plus de ces hypocrites. Quand j’étais jeune, je rougissais de ce qu’on m’offrait de l’argent ; aujourd’hui, je rougis quand on ne m’en présente pas. [73][176]
Ipse enim, inquit, aversissimus sum ab istis prodigiis : si quando fatuo delectari volo, non est mihi longe quærendus, video me, et rideo. ” [76]
Sénèque n’était pas de ces sages et de ces doctes suffisants qui ne trouvent que les autres ridicules : il trouvait dans lui-même les faiblesses de l’homme, et il s’accoutumait à se servir de spectacle à lui-même. C’est là le vrai moyen de se corriger et de parvenir à la perfection. Je ne suis pas toujours si austère que Sénèque, les folies d’autrui me réjouissent fort souvent, et je n’ai pas assez mauvaise opinion de moi-même pour me croire capable de toutes celles que je vois.
1. |
Diogène Laërce (v. note [3], lettre 147), Vies des philosophes illustres (livre ix, § 42), sur Démocrite (v. note [9], lettre 455) : « Athénodore, dans le livre viii de ses Promenades, {a} dit qu’Hippocrate étant venu le trouver, Démocrite demanda qu’on apportât du lait. Ayant observé ce lait, il dit qu’il était celui d’une chèvre primipare et noire ; du coup, Hippocrate s’émerveilla de sa perspicacité. On raconte aussi l’histoire d’une jeune servante qui accompagnait Hippocrate : le premier jour, il la salua ainsi, “ Bonjour, Mademoiselle ” ; le jour suivant, “ Bonjour Madame ” ; la fille avait été déflorée pendant la nuit. » {b} Cette anecdote se lit dans le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (tome premier, seconde partie, Rotterdam, 1697, note C sur Démocrite, pages 946‑947). Le commentaire qui la suit est dans la veine des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin. Ils ont sans doute préféré éluder celui de Bayle, qui est autrement plus spirituel et distrayant : « Je ne serais pas aussi innocent de mensonge que je suis, si je me hasardais de rapporter cette historiette avec quelques additions que je ne trouverais pas dans les vieilles sources ; et c’est pourquoi j’accuse ici de mensonge et de falsification ceux qui ont dit que Démocrite connut aux yeux de la fille qui accompagnait Hippocrate qu’elle avait passé la nuit avec un homme. Ce qu’ils ajoutent, que cette sagacité est odieuse à la moitié du genre humain, pourrait passer, s’ils ne le tiraient d’une fausse supposition ; car il est vrai que ce serait une chose très importune que d’avoir à redouter des gens qui connaîtraient aux yeux d’une fille si elle a perdu sa virginité. Ceux qui aiment les fraudes pieuses devraient travailler à faire accroire qu’il y a quantité de gens qui le connaissent ; {a} mais il serait à craindre que cette erreur ne fût plus fortement et plus efficacement combattue qu’aucune superstition. Une infinité de gens seraient esprits forts {b} et dogmatiseraient en esprits forts contre cette fraude pieuse. Il y en a qui disent que ce fut à la voix de cette fille que Démocrite reconnut la défloraison. Il remarqua, disent-ils, qu’elle n’avait pas le ton de voix du jour précédent ; et sur cela, ils nous content qu’Albert le Grand, {c} sans sortir de son cabinet, reconnut la faute d’une servante : on l’avait envoyée chercher du vin dans un cabaret ; elle revint en chantant ; Albert, appliqué à son étude, ne laissa pas de remarquer que la voix de cette fille était devenue moins claire qu’elle n’était, et il conclut qu’on avait dépucelé cette servante durant ce petit voyage. » {d} |
2. |
« Cette loi n’est pas avinée, mais fort violente. » Ce curieux latin, qui joue sur les adjectifs vinolentus [aviné] et violentus [violent], n’a pas de source que j’aie su identifier. Le propos qui précède se lit dans l’opuscule de François i de La Mothe Le Vayer intitulé De la Santé et de la Maladie {a} (tome second, pages 103‑104) : « Quant à cette prétendue royauté qui s’est trouvée conjointe à la médecine, nous voyons à la vérité qu’encore à présent il n’y a si petit galéniste qui ne commande au plus grand monarque lorsqu’il est alité. Les médecins étaient si absolus, et avaient un pouvoir si despotique dans Locres des Épizéphyriens que, par une des lois de leur législateur, Zaleucus, {b} le malade qui avait bu du vin pur sans l’ordonnance de son médecin était coupable de mort, encore qu’il eût recouvré la santé {c}. Et l’histoire du dernier siècle nous apprend que Fracastor obligea les pères assemblés à Trente, par la crainte d’une contagion future dont il les menaçait, de transférer le concile à Bologne. » {d} |
3. |
Il faut comprendre « ceux que nous appelons » comme voulant dire « ceux [les médecins] dont nous disons que » : « de nombreux [malades] lui font confiance car il en guérit beaucoup ». Scipione Mercurius a attribué cet adage à Galien dans ses De gli Errori popolari d’Italia, libri sette [Sept livres sur les Erreurs populaires d’Italie], {a} en déplorant qu’il fût écrit en italien. La citation figure en haut de la page 108 du 2e livre : {b} Ille Medicus plures sanat, cui plurimi confidunt. E pero Galeno nel predetto luogo dice. Étant donné le début de cet article (v. supra note [2]), j’hésite à tenir son commentaire hippocrato-galénique (dont les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin taisaient ou plus probablement ignoraient la source) pour une pure émanation des conversations de Patin. Dans la dernière phrase, « prévenant » est à prendre dans le sens de « devançant ». |
4. |
Ovide, L’Art d’aimer, livre iii, vers 433‑435 : « Mais évitez ces hommes qui étalent leurs atours et leur beauté, et qui réarrangent leur coiffure : ce qu’ils vous disent, ils l’ont dit à mille jeunes filles. » Les confidences que cet article contient sur la jeunesse amoureuse de Guy Patin sont inédites sous sa plume, hormis une allusion furtive à la folle passion qu’une jeune fille aurait nourrie à son endroit, dont il fit le sujet dans la thèse sur la métromanie qu’il rédigea et présida en 1627 (v. note [10], lettre 3). Je peine fort à m’imaginer Patin en « jeune étourdi » fréquentant les ruelles, c’est-à-dire « des alcôves et des lieux parés où les dames reçoivent leurs visites, soit dans le lit, soit sur des sièges ; les galants se piquent d’être gens de ruelles, d’aller faire de belles visites ; les poètes vont lire leurs ouvrages dans les ruelles pour briguer l’approbation des dames » (Furetière) ; soit ce qu’on a bien plus tard appelé « salons » (v. notule {a}, note [4], lettre 23). Je préfère penser qu’il s’agit d’une facétie des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin : son esprit fleure plus celui du second que du premier xviie s. |
5. |
L’infortune de Lucrèce (Lucretia), qui se donna la mort après avoir été violée par Sextus Tarquinus, fils de Tarquin le Superbe, roi de Rome, à la fin du vie s. av. J.‑C. (v. note [11] du Naudæana 2), est une célèbre affaire que, parmi bien d’autres, Tite-Live a racontée, et que saint Augustin a commentée (v. infra note [6]). L’infamie de ce double crime est réputée avoir fait basculer la royauté de Rome dans la république. René Laurens de La Barre (mort en 1628), président de l’élection de Mortain, en Normandie, a publié quelques ouvrages d’érudition sur les monnaies et sur les devoirs des officiers royaux élus (principalement chargés de percevoir la taille, v. note [50], lettre 152). Les vers que citait L’Esprit de Guy Patin ne sont pas de lui, mais de Théodore de Bèze : {a} c’est d’une épigramme intitulée Lucretia, qui figure à la page 116 vo de ses Poemata varia [Poèmes divers]. {b} Outre les deux variantes que j’ai insérées dans ma transcription du Faux Patiniana (marquées par des sic), les deux membres du dernier vers y sont inversés : Vel furiosa ruis, vel scelerata cadis pour Vel scelerata cadi, vels furiosa ruis. En voici une traduction plus prosaïque : « Si, Lucrèce, tu pris plaisir à l’adultère, tu as tort d’en réclamer le meurtre {c} pour juste récompense. S’il s’agit plutôt, au contraire, d’une violence portée contre ta chaste pudeur, quelle est alors cette folie qui te fait vouloir mourir pour le crime d’un agresseur ? {d} Tu recherches donc vainement la louange, car soit tu t’égares, comme insensée, soit tu succombes, comme criminelle. » {e} Exhumer un auteur aussi peu renommé que Laurens pour commettre une telle erreur d’attribution sur un poème de Bèze surprendrait venant de Guy Patin. Cet article de son imaginatif Esprit vient de deux sources qui ont curieusement fait cette même faute :
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6. |
Pour « elle ne sera pas imitée. » V. notule {m}, note [52] du Borboniana 7 manuscrit, pour le jugement de saint Augustin sur Lucretia, dans La Cité de Dieu : « Pourquoi la louer si elle fut adultère ? Pourquoi s’être tuée si elle fut chaste ? » |
7. |
Cette conclusion désenchantée sur la moralité féminine est précédée du renvoi à deux auteurs chrétiens de l’Antiquité qu’on lit à l’identique dans Moréri (v. supra note [5]) : « Tertullien et saint Jérôme se servent souvent de l’exemple de Lucrèce pour persuader la pureté aux femmes chrétiennes. »
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8. |
L’anecdote est tirée des Déipnosophistes (livre ix, chapitre ix) : {a} « Polémon, dans le 5e livre de ses Commentaires, {b} qu’il adresse à Antigonus, dit que le porphyrion ne s’apprivoise jamais quand on le nourrit à sa maison ; {c} mais qu’au reste, il y observe avec tant de sévérité et de vigilance l’honnêteté des femmes de ceux chez qui il est élevé que, si quelqu’une vient à la violer et qu’il s’en soit aperçu, il le fait connaître à son maître autant qu’il peut, et finit sa vie avec le licol <. Cet oiseau, ajoute Polémon, ne prend aucune nourriture, qu’après s’être promené, cherchant un lieu qui lui convienne > ; {d} et après sa promenade, quand il s’est roulé dans la poussière et qu’il s’est lavé, alors il recommence à manger. Aristote écrit qu’il a les pieds fendus, que son plumage tire sur le bleu, que les jambes sont longues, que son bec est étroitement attaché à sa tête, de couleur Phinceonne, ou de tige de palme, de la grandeur d’un coq ; que ce qu’il prend entre les doigts de ses pieds, n’est que de petits morceaux de quelque chose pour manger, afin de montrer sa frugalité ; {e} qu’il boit avidement ce qu’il boit, comme quelque chose qu’il mangerait ; {f} qu’il a cinq doigts à chacun de ses pieds, et que celui du milieu est plus long que les autres. Alexandre Myndie, dans son 2e liv. de l’Histoire des oiseaux, {g} raconte que c’est un oiseau de Libye, lequel est consacré aux dieux du pays. Callimaque, dans son livre des oiseaux, {h} tient que le porphyris, qui est chez nous la passe solitaire bleue, {i} est différent du porphyrion, et de telle sorte qu’il fait mention de l’un et de l’autre séparément, et dit que le porphyrion, quand il mange, ne souffre point d’être vu par qui que ce soit, et qu’il est toujours en colère contre ceux qui s’approchent de sa pâture. » Guy Patin aurait pu lire cette fable dans une édition latine des Déipnosophistes, mais serait-il tombé dans le piège de la lacune (notule {d} supra) ? Les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin l’ont beaucoup plus probablement prélevée dans leur première traduction française de 1680. |
9. |
Op. cit. vers 25‑27 : Brevis esse laboro, La paternité de cet article est impossible à établir. La seule chose certaine, je pense, est que les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin n’ont guère passé trop de temps à polir et limer leur ouvrage. |
10. |
Transcription corrompue et devenue incompréhensible d’une épitaphe qui se lit dans les : Ancient Funeral Monuments within the united Monarchy of Great Britain, Ireland, and the islands adjacent, with the dissolved Monasteries therein contained : their Founders, and what eminent Persons have been in the same interred. As also the Death and burial of certain of the Blood Royal, the Nobility and Gentry of these Kingdoms entombed in foreign Nations. A work reviving the dead memory of the Royal progeny, the Nobility, Gentry and Communalty, of these his Majesties Dominions. Intermixed and illustrated with variety of Historical observations, annotations, anf brief notes, extracted out of approved Authors, infallible Records, Ledger Books, Charters, Rolls, old Manuscripts, and the Collections of judicious Antiquaries. Whereupon is prefixed a Discourse of Funeral Monuments. Of the Foundation and fall of Religious Houses. Of Religious Orders. Of the Ecclesiastical estate of England. And of other occurrences touched upon by the way, in the whole passage of these intended labors. Composed by the Study and Travels of John Weever. Spe labor levis. Ladite épitaphe est aux pages 529‑530, pour la tombe de William Jacob, mort en 1478 et inhumé en la chapelle de Hownslow (Hounslow, dans la banlieue ouest de Londres), dont il avait été un des bienfaiteurs. La voici débarrassée des coquilles dont L’Esprit de Guy Patin l’a défigurée : Vermibus hic donor et sic ostendere conor Si Guy Patin a pu avoir accès au livre de Weever, il ne lisait pas l’anglais et n’a jamais mentionné cet auteur dans ses écrits. Toutefois, ses lettres contiennent plusieurs allusions à deux recueils d’épitaphes :
Tout cela me laisse perplexe sur l’origine de cet article, sans me convaincre qu’on puisse sûrement l’attribuer à Patin plutôt qu’à un nouveau larcin inavoué des interprètes de son Esprit. |
11. |
L’anecdote vient du Dictionnaire de Moréri : v. la note [87] du Faux Patiniana II‑7, qui l’a reprise. Le Furetieriana, ou les bons mots et les remarques, histoires de morale, de critique, de plaisanterie et d’érudition de M. Furetière, abbé de Chalivoy, {a} de l’Académie française, {b} l’a aussi exploitée, sans résister à la tentation de la rendre plus gaillarde (pages 129) : « Calphurnie fut cause qu’on a interdit le barreau aux femmes, parce qu’ayant plaidé une cause qu’elle perdit, elle en fut si irritée contre les juges qu’elle se découvrit impudemment le derrière, et le leur montra par mépris. On ordonna en même temps que jamais femme ne plaiderait. » {b} Étant donné leurs préférences bibliographiques, les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont plus probablement emprunté leur article au Moréri qu’à Furetière. Ma seule certitude est que Guy Patin ne connaissait pas cette historiette, qui est probablement fictive car je ne l’ai trouvée dans aucune des deux sources que le Moréri cite en référence : ni dans le chapitre 20 des Parallèles d’histoires grecques et romaines de Plutarque, ni dans le Liber de legibus et senatusconsultis [Livre des lois et arrêts] d’Antonius Augustinus (Antonio Agustin, archevêque de Tarragone au xvie s.), dont l’édition de Rome, 1583 (pages 64‑65), cite trois lois Calpurnia, dont aucune ne mentionne la quérulente Romaine. V. note [15] du Faux Patiniana II‑7 pour Hortensia qui plaida avec succès la cause des nobles dames romaines injustement taxées par le Sénat au ier s. av. J.‑C. |
12. |
Tout ce qui est connu de Petronas ou Petron, médecin grec posthippocratique (vraisemblablement actif au ive s. av. J.‑C.), provient de Celse, {a} au chapitre ix, Curatio semitertianæ febris, quæ ημιτριταιοι dicitur [Traitement de la fièvre demi-tierce, qu’on appelle hémitritée] (livre iii de Medicina [de la Médecine], pages 137‑138) : {b} Neque hercule ista curatio nova est, qua nunc quidam traditos sibi ægros, qui sub cautioribus medicis trahebantur, interdum contrariis remediis sanant. Siquidem apud antiquos quoque ante Herophilum et Erasistratum, maximeque post Hippocratem fuit Petron quidam, qui febricitantem hominem, ubi accepterat, multis vestimentis operiebat, ut simul calorem ingentem, sitimque excitaret. Deinde, ubi paulum remitti cœperat febris, aquam frigidam potui dabat ; ac, si moverat sudorem, explicuisse se ægrum judicabat : si non moverat, plus etiam aquæ frigidæ ingerebat, et tum vomere cogebat. Si alterutro modo febre liberaverat, protinus suillam assam, et vinum homini dabat. Si non liberaverat, decoquebat aquam sale adjecto, eamque bibere cogebat, ut vomendo ventrem purgaret. En dépit de son contenu tout à fait compatible avec les lectures et les idées de Guy Patin, cet article ne vient pas de lui : les rédacteurs de son Esprit l’ont emprunté au chapitre iv, page 63 des Essais de médecine de Jean Bernier (Paris, 1683, v. note [53] du Faux Patiniana II‑2), et l’ont assorti d’un commentaire de leur cru (ou issu d’une source que je ne me suis pas acharné à trouver) sur le rôle du heureux hasard dans la guérison des maladies. Comme le Faux Patiniana, Bernier appelle « révolutions dans le corps » les méthodes curatives de Petronas. |
13. |
Cet article abrège le dernier du Borboniana 9 manuscrit (v. sa note [60]) et a été repris dans le Borboniana imprimé (article lxxxvi, page 326), mais cet ouvrage n’a paru qu’en 1751 (v. note [17] de l’Introduction aux ana). Les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont néanmoins emprunté tout leur propos à Antoine Teissier, compilateur et annotateur des Éloges de Jacques-Auguste i de Thou. {a} Son addition (tome premier, pages 158‑159) fait croître de 12 à 30 le nombre des productions d’André Tiraqueau {b} (enfants et livres) et ajoute la mention latine disant qu’il a été « un second Varron de notre siècle » : « Théodore de Bèze, en ses Épigrammes, l’appelle alterum nostri sæculi Varronem. » Ce poème est intitulé Ad Andream Tiraquellum Senatorem Parisiensem, alterum nostri sæculi Varronem [À André Tiraqueau, conseiller au Parlement de Paris, second Varron {c} de notre siècle] (page 84 vo des Poemata varia [Poèmes divers] de Bèze) : {d} Est tibi natorum quæ computat agmina coniux, |
14. |
Pline le Jeune, Lettres, livre vii, début de l’épître xx, avec mise en exergue du passage cité : Librum tuum legi et quam diligentissime potui, adnotavi quæ commutanda, quæ eximenda arbitrarer. Nam et ego verum dicere assuevi, et tu libenter audire. Neque enim ulli patientius reprehenduntur, quam qui maxime laudari merentur. Avec plus de clarté et d’esprit, Pierre Bayle a recouru à cette citation dans la dédicace (fo **4 ro‑ vo) de son Projet et fragments d’un Dictionnaire critique, {a} adressée à « M. Du Rondel, professeur aux belles-lettres à Mastricht » : « Ceux que j’épargnerai auront quelque sujet de s’en plaindre, parce que ce sera un signe que je ne les crois pas capables d’entendre raison, ou en état de soutenir la moindre perte. Ce dernier motif n’est pas toujours entièrement à rejeter car, s’il y a des auteurs dont il faille couvrir les fautes, ce sont principalement les pauvres auteurs, qu’on aurait bientôt dépouillés jusqu’à la chemise, pour peu qu’on se jetât sur leur friperie ; et s’il y a des auteurs dont il faille découvrir les fautes, ce sont principalement les plus grands et les plus célèbres, puisqu’outre que leurs erreurs sont infiniment plus contagieuses que celles d’un écrivain ordinaire, ils ont de grandes ressources de réputation, et des trésors de gloire si abondants que cent naufrages ne sauraient les incommoder. C’est ce qui fait qu’il n’y a guère de gens qui se rétractent avec moins de peine, ou qui supportent de meilleure grâce la censure que ceux qui ont le plus justement acquis le titre de grand auteur. » {b} |
15. |
« L’enchaînement fatal nous a jalousé Érasme, mais il n’a pu nous en ôter le désir » : où « l’enchaînement fatal » est la mort à laquelle nul n’échappe ; et desiderium, à la fois « le désir » immortel de lire Érasme, et Desiderius, son nom latin (v. note [3], lettre 44). Dans son Grand Dictionnaire historique… (Lyon, 1674, page 468), Louis Moréri semble avoir été le premier à citer cette épitaphe d’Érasme en l’attribuant à Louis Masius : cet auteur est autrement inconnu ; il s’agit probablement d’une méprise sur le prénom de l’érudit flamand Andreas Masius, {a} qui fut contemporain et admirateur d’Érasme. Balthazar de Monconys a cité plus longuement ces vers et donné leur histoire dans ses Voyages, {b} seconde partie, page 130, Voyage des Pays-Bas, juillet 1663, sur le souvenir d’Érasme à Rotterdam : « L’on voit la petite maison où il est né, au devant de laquelle sont ces inscriptions sur du bois, simplement :En esta casa es nacido, Erasmo theologo celebrado. Guy Patin aurait pu prélever l’épitaphe d’Érasme dans le récit de Monconys, mais, connaissant Andreas Masius, il ne l’aurait pas attribuée à l’improbable Louis Masius, dont seul a parlé Moréri en 1674. |
16. |
La note [38] du Naudæana 4 donne en exemple le poème acrostiche (dont les premières lettres de chaque vers forment un ou plusieurs mots) composé par Alcide Musnier à la mémoire de Gabriel Naudé. L’échantillon ici transcrit par L’Esprit de Guy Patin est un pot-pourri d’échos : « certaine sorte de poésie, dont les derniers mots ou syllabes ont un sens qui répond à la demande qui est contenue dans les vers, et qui semble être faite par un écho. » Les quatre vers cités sont tirés de sources mêlées, avec des variantes. Le jeu y prime sur le sens, et il est impossible de les traduire en conservant les échos qu’ils contiennent : « Serai-je riche, dis-moi, quand j’aurai écrit des poèmes ? Tard. En toute bonne foi, le compilateur de cet assemblage pourrait être Guy Patin, car je ne l’ai pas vu imprimé ailleurs. |
17. |
La substance de cet article est empruntée à la : Suite de l’Espion dans les cours des princes chrétiens, ou Lettres et mémoires d’un envoyé secret de la Porte dans les cours d’Europe, où l’on voit les découvertes qu’il a faites dans toutes les cours où il s’est trouvé, avec une Dissertation curieuse de leurs forces, politique et religion. Par ***. {a} Tome quatrième {b} Il résume un passage de la lettre xvi, à Cara Halli, médecin du Grand Seigneur (1655), Histoire de Helal, médecin arabe. D’Avicenne, et de Thabet Eben Abrahim (pages 70‑71) : « J’ai lu dans un certain manuscrit, écrit par Ibrahim, fils d’Helal, célèbre médecin à Radgat, {c} ce mémoire de son père. “ Un jour, dit-il, mon père avait donné une médecine à l’empereur Tuzun, {d} pour laquelle on lui fit présent d’une veste royale et de cinq mille piastres ; et par ordre de l’empereur, il fut porté dans les rues avec magnificence. Je remarquai qu’il fut pensif au milieu de tous ces honneurs et que son esprit ne fut pas en bonne assiette, dans un temps où je croyais qu’il avait tous les sujets du monde d’être joyeux. Cela m’obligea de lui dire : ‘ D’où vient, mon père, que vous êtes triste dans un temps où tout le monde vous croit joyeux ? ’ Il répondit : ‘ Mon fils, celui qui m’a fait ces honneurs est un fou, qui fait les choses sans raison et à contretemps. Ainsi je ne puis avoir de joie des faveurs qu’il m’a faites mal à propos, sachant que j’en suis redevable à mon ignorance, et nullement à son jugement. Je lui ai donné une potion cathartique {e} qui a fait en lui un effet si violent qu’elle lui a écorché les boyaux et fait sortir le sang ; de sorte que j’ai été contraint de prendre une autre route pour guérir ce mal et pour arrêter la violence de ce flux de sang. Cependant, comme il est ignorant, il a cru qu’une si grande évacuation de sang l’avait guéri, et c’est pour cela qu’il m’a fait faire tous ces honneurs. Mais ce qui m’afflige est que je crains que la même ignorance ne lui fasse faire à quelque heure une faute toute contraire, et qu’il ne vienne à s’imaginer sans fondement que je lui ai fait un outrage, et que dans cette ridicule prévention, il ne me fasse mourir. ’ ” » |
18. |
« parce que ces remèdes fictifs, avec leurs qualités occultes qui sont réellement nulles, n’auraient de plus grande vertu que vider les cassettes des malades pour enrichir les apothicaires. » Le début de cet article vient de la lettre 5 (18 octobre 1630, v. sa note [10]), qui déclencha une chaude querelle entre Guy Patin et Claude ii Belin sur les qualités occultes des médicaments (v. note [7], lettre 3), dont Jean Fernel avait défendu l’existence dans ses deux livres de abditis rerum causis [sur les causes cachées des choses] (Paris, 1548, v. note [48], lettre 97). La suite, contre les apothicaires, n’est pas dans la lettre, mais parfaitement conforme à l’esprit de Patin. |
19. |
Les deux paragraphes de cet article viennent de la lettre du 28 octobre 1631, qui développe la querelle entre Guy Patin et Claude ii Belin sur les qualités occultes (v. supra note [18]), avec ses cinq passages latins :
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20. |
« si par hasard je parle trop hardiment contre des imposteurs qui abusent de la dignité et de l’authenticité de notre métier, je demande que cette permission soit concédée à la liberté philosophique et à un esprit épris de vérité. » Cette citation vient aussi (v. supra note [19]) de la lettre du 28 octobre 1631 (v. sa note [17]). Le commentaire grandiloquent qui la suit est dans l’esprit de Guy Patin, mais non de sa plume épistolaire. |
21. |
« Nul ne regarde le Soleil, sauf quand il s’éclipse » : Sénèque, Les Questions naturelles, livre vii, chapitre i. Je n’ai ni identifié « l’illustre D.L. » ni trouvé de source au commentaire qui suit. |
22. |
Succession de deux citations latines :
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23. |
« l’un des nôtres », c’est-à-dire reçu docteur régent : l’amoureux jeune homme n’était encore que candidat (philiatre), préparant son baccalauréat de la Faculté de médecine de Paris. |
24. |
« le joug du mariage ». |
25. |
« est un animal à cornes » (un cocu). |
26. |
« il soupçonne en quelque façon son épouse », mais la locution serait plus intelligible avec quisque : « chacun soupçonne son épouse » (d’être infidèle). Les lettres de Guy Patin ne permettent ni d’identifier le philiatre amoureux ni le médecin cocu, ni de trouver un passage qui approche du commentaire que son Esprit faisait ici sur l’amour chez les médecins. Il a qualifié deux praticiens parisiens de cocus :
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27. |
Laurent Bordelon (Bourges 1653-Paris 1730), docteur de Sorbonne, prêtre, journaliste et polygraphe, a été l’un des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin. Cette anecdote sur les loups se lit mot pour mot à la page 452 de ses : Diversités curieuses pour servir de récréation à l’esprit. Dixième partie. Suivant la copie de Paris. {a} Son commentaire est d’une effronterie digne de remarque. |
28. |
Nouvel emprunt à la lettre du 28 octobre 1631 : v. ses notes [22]‑[25] pour les explications détaillées de cet extrait et la traduction de son latin : « à cause de la très fréquente saignée que nous pratiquons ici, qui leur procure estime et profit ». |
29. |
Ovide, L’Art d’aimer, livre iii, vers 549‑550 : « Un dieu vit en nous, et nous commerçons avec le ciel : ce souffle vient des demeures éthérées. » Guy Patin n’a pas cité ces vers dans ses écrits. Dans le commentaire qui les suit ici :
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30. |
« Ci-gît Sigæa. Cela suffit : qui ignore le reste est un rustre, car il ne cultive pas les belles-lettres. »
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31. |
Cet article est directement emprunté à celui du Grand Dictionnaire historique… de Louis Moréri sur le philosophe Amyclas d’Héraclée (Lyon, 1674, page 110) : « Pline fait mention d’une ville < de ce nom > qui était bâtie entre Cajete et Ansur, ou Terracina, en Italie, {a} et qui devint déserte par la folie des habitants qui, s’étant trop ridiculement attachés à la doctrine de Pythagore qui défend de faire mourir aucun animal, {b} aimaient mieux se laisser mordre par les serpents qui y naissaient de toutes parts, ou fuir, que de les tuer (liv. 3, ch. 5, et 10, ch. 29). {c} Quelques autres ajoutent qu’ils furent tués par leurs ennemis, car on dit qu’après une fausse alarme qu’on leur avait donnée de leur arrivée, ils défendirent, sur peine de la vie, de ne publier jamais de tels bruits ; de sorte qu’ils les surprirent sans peine (Servius sur le 10e liv. de L’Énéide). C’est de là qu’on a tiré le proverbe ancien : “ Amyclas a perdu le silence ” (Érasme, aux Proverbes, au mot Taciturnitas illaudata). » {d} Ni Diogène Laërce {a} ni La Vie de Pythagore, ses symboles, ses vers dorés, et la Vie d’Hieroclès. Par M. Dacier, garde des livres du Cabinet du roi. Tome premier {b} ne font état d’un séjour du philosophe à Amyclæ : il serait mort à Métaponte (Basilicate) vers 495 av. J.‑C. En brodant sur Moréri, les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin paraissent avoir confondu Pythagore et le pythagorisme des Amycléens. Cet article leur plaisait fort car ils l’ont repris plus loin. {c}
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32. |
La matière de cet article est empruntée à : La Vie du pape Sixte cinquième. {a} Traduit de l’italien de Gregorio Leti. {b}. Tome premier. {c}
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33. |
Dans le langage dogmatique, le dictamen rationis est « le commandement de [ce que dicte] la raison » ou de la conscience (dont les cas difficiles étaient soumis à l’arbitrage des casuistes). Si Guy Patin est la source de cet article de son Esprit, il a pu lui être inspiré par ce passage de La Démonomanie des sorciers… de Jean Bodin, {a} livre quatrième, chapitre v, page 246 ro : « Quand vous verrez porter des images sur les épaules pour les faire révérer, vous direz en vos cœurs : “ C’est à toi, ô Dieu éternel, à qui l’honneur appartient. ” Ainsi faisaient plusieurs en la primitive Église, qui assistaient, ou par force ou par crainte, aux sacrifices des païens où, pour éviter {a} au scandale qu’on ne les estimât athéistes, ores qu’ils {b} fussent à genoux devant les images, ils priaient Dieu néanmoins à ce qu’il lui plût les garder de toute pollution et idolâtrie, et qu’il prît en gré la conscience bonne, tant d’eux que des pauvres ignorants. Je conclus donc que la volonté et intention, d’une part et d’autre, est le fondement de toute action, bonne ou mauvaise ; en sorte que si la volonté contrevient à ce que la raison juge et croit être bon, encore que {c} la raison soit abusée, on offense Dieu. C’est la décision de Thomas d’Aquin au traité qu’il a fait de Bonitate actus interioris voluntatis, où il dit ainsi : Quando ratio errans ponit aliquid ut preceptum Dei, tunc idem est contemnere dictamen rationis et Dei preceptum : suivant de saint Augustin. » {d} |
34. |
Héroïdes, épître 17, vers 41 : « La crédulité a coutume de porter malheur aux jeunes filles ». Ce commentaire galant est fort éloigné des préoccupations ordinaires de Guy Patin. |
35. |
Cet article prouve qu’on disait que « les beaux esprits se rencontrent » avant Voltaire, à qui on attribue généralement la primeur de cette expression. {a} C’est son seul intérêt car, autrement, je peine à imaginer Guy Patin se comparant sans vergogne à Plutarque, tout en se gardant « d’être humble par orgueil ».
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36. |
L’effronterie de cet article sur le plagiat est proprement sidérante, car L’Esprit de Guy Patin y copie lui-même (en l’avouant du bout des lèvres) et attribue à Patin un passage de l’article iii de Pierre Bayle, paru dans ses Nouvelles de la république des lettres {a} (pages 121‑122), où il critique un ouvrage de François Charpentier {b} intitulé De l’Excellence de la langue française (Paris, Claude Barbin, 1683, 2 tomes in‑8o), avec ces remarques : « Il ne fait point grâce à la liberté que l’on se donne dans les tragédies de falsifier la vérité, et d’introduire la galanterie de la cour de France dans celle des princes d’Asie. Cela lui donne occasion de parler des fictions des anciens Grecs, de leurs romans, de leurs larcins, de leurs hyperboles. Mais il n’oublie pas de remarquer qu’il y a une manière louable de se servir des livres que l’on a lus. Il ajoute que les auteurs se rencontrent bien souvent sans se suivre, et que nous en pourrions apporter plusieurs exemples célèbres, si nous avions le livre composé par Aretades περι συνεμπτωσεως, {c} c’est-à-dire de la rencontre des pensées. Il remarque, après Porphyre, {d} qu’on rencontrait quelquefois dans les ouvrages d’Ephorus {e} jusqu’à trois mille lignes de suites copiées mot pour mot. Ces larcins étaient si fréquents parmi les Grecs que quelques gens de lettres se firent une occupation sérieuse de les remarquer. » {f} |
37. |
« le malheureux n’a rien récolté d’autre que la faim pour renommée (que cet homme très méritant avait cherché à obtenir d’une patrie et d’une postérité ingrate, par des travaux presque herculéens). » Le début de cet article recopie un fragment de la lettre du 12 janvier 1632 à Claude ii Belin (v. ses notes [11]‑[13]). |
38. |
« par don de l’auteur. » Tout ce mordant commentaire sur les publications à compte d’auteur ne provient pas des lettres de Guy Patin. |
39. |
Avant-dernière phrase de la lettre que Guy Patin a écrite à Claude ii Belin le 20 mai 1632 (v. sa note [11]). |
40. |
L’épigramme citée de Martial est intitulée « Contre Symmachus » : « J’étais indisposé, mais tu vins chez moi, Symmachus, accompagné de cent élèves. Cent mains glacées par l’Aquilon m’ont touché : je n’avais pas la fièvre, Symmachus, je l’ai maintenant. » Jean Bernier a été l’un des auteurs les plus diserts sur ce médecin romain dénommé Symmachus, à la page 93 de ses Essais de médecine… (Paris, 1689, v. supra note [12]) : « Symmachus, autre médecin de l’empereur Claude, est marqué dans Suétone pour avoir donné un avis à ce prince, qui l’obligea à donner une déclaration en faveur de ceux qui étaient pressés de quelques infirmités naturelles. {a}Pedere namque dixit non inutile |
41. |
Les noms y sont écorchés, mais le fond de cet article est exact, car il y a bien eu deux frères Folengo, tous deux moines bénédictins à Mantoue, qui ont inventé la poésie macaronique de Merlin Coccaye.
Leurs noms sont réunis dans le titre d’un ouvrage : Ioan. Bapt. Chrysogoni Folengii Mantuani Anachoritae Dialogi, quos Pomiliones vocat. Theophili Folengii Mantuani Anachoritæ varium poema, et Ianus. Le Grand Dictionnaire de Moréri (Lyon, 1693, tome premier, page 1306) a consacré deux articles distincts aux frères Folengo, mais sans mentionner leur lien de parenté. |
42. |
Vers 442, livre i de L’Art d’aimer : « Dieu irrité fléchit devant une prière suppliante. » Le commentaire qui suit ne peut pas être certainement attribué à Guy Patin. |
43. |
Le jugement que Guy Patin a porté sur le chanoine Nicolas Belin dans sa lettre du 4 janvier 1633 à son frère Claude ii forme le début de cet article (transcrit entre guillemets anglais) ; v. ses notes [1]‑[3] pour les sources de ses deux citations latines :
Le « V.F. » de L’Esprit de Guy Patin prouve ici qu’il est absolument vain de vouloir déchiffrer les initiales employées par ses rédacteurs. La suite de leur propos ne vient pas des lettres de Patin, mais de la satire de Jean-Louis Guez de Balzac {a} intitulée Le Barbon {b} (pages 7‑9), décrivant son personnage éponyme, dont le nom est à prendre dans le sens défini par notre glossaire : « Quelle confusion, bon Dieu, et quelles ténèbres ! Vous avez ouï parler de cet amas rude et indigeste qui précéda la disposition et la beauté des choses que nous voyons : voilà l’image de l’esprit et de la doctrine du Barbon. Il y a moins de différence entre le Chaos et le Monde qu’entre la manière dont il sait et celle dont il faut savoir. Il a de quoi alléguer mal à propos cinquante ans durant. Madame Des Loges {c} disait de lui que c’était une bête qu’on avait chargée de tout le bagage de l’Antiquité. Pour moi, qui ne lui veux pas dire des injures, si j’avais à faire sa définition, je dirais que c’est une bibliothèque renversée, et beaucoup plus en désordre que celle d’un homme qui déménage. » {d} |
44. |
Autre emprunt à la lettre du 4 janvier 1633 : v. ses notes [19] et [20] pour Epiphanius Fernandus et son livre « sur la longueur de la vie » (Naples, 1612). |
45. |
Précepte de Sénèque, Lettres à Lucilius (épître xlv, § 1), précédé de sa traduction entre guillemets français, où une lecture « uniforme » est à prendre pour studieuse et de bout en bout. |
46. |
« l’utile à l’agréable ». Tous les auteurs cités, médicaux (où, à mon avis, Riolan désigne le père, Jean i, plutôt que le fils, Jean ii) puis classiques latins, faisaient partie des favoris de Guy Patin, mais cet article n’est pas tiré d’une de ses lettres. |
47. |
Les avis sont partagés sur l’origine de Cicéron.
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48. |
Les bains de Cicéron, {a} près de Pouzzoles (à côté de Naples), ont été décrits par Balthazar Grangier de Liverdis, comte-évêque de Tréguier mort en 1679, aux pages 583‑584 de son Journal d’un voyage de France et d’Italie, fait par un gentilhomme français. Commencé le quatorzième septembre 1660, et achevé le trente-unième mai 1661… : {b} « Ce lieu autrefois appelé les bains de Frutole et de Tritole, deux mots italiens corrompus, est celui où sont les thermes de Cicéron. […] J’y vis encore à plate terre les petits réservoirs, qui sont secs présentement mais qui étaient autrefois remplis d’eaux, qui avaient toutes une vertu particulière pour la guérison des maux. Proche de là, il y avait des statues qui, en mettant la main sur leurs corps, faisaient connaître la propriété de l’eau de chaque réservoir ; et au bas de ces statues, il y avait pareillement une inscription qui faisait mention de la différente vertu de ces bains, qui eurent un tel crédit que les médecins de l’École de Salerne {a} tombèrent en jalousie, croyant qu’ils leur faisaient perdre toute leur pratique, et ils vinrent faire ravage dans ce lieu, où ils rompirent les statues, enlevèrent les inscriptions et firent d’autres désordres ; mais en s’en retournant, leur vaisseau fut submergé entre le cap de Minerve et l’île de Care. » {b} Guy Patin aurait fort bien pu lire cette description et la noter dans ses cahiers, mais il n’en a jamais rien écrit ailleurs. |
49. |
Les deux vers d’Ovide sont tirés des Amours (livre ii, élégie iv, vers 9‑10) : « Ce n’est pas une beauté précise qui excite mes amours : elles sont toujours cent à provoquer ma passion. » Je n’ai pas identifié « l’amoureux Bonnal, L. M.D. » et je peine à croire Guy Patin capable de telles confidences sur sa vie amoureuse. |
50. |
Camille (Marcus Furius Camillus) est un vaillant général et dictateur romain du ive s. av. J.‑C., qui contribua à fonder la puissance militaire et dominatrice de la République. Cet article abrège et traduit bizarrement (entre guillemets français) le discours que Camille tint à ses soldats avant une grande bataille contre une coalition ennemie en l’an 389 (Tite-Live, Ab Urbe condita [Histoire de Rome], livre vi, chapitre vii) : Quæ tristitia, milites, hæc, quæ insolita cunctatio est ? Hostem an me an vos ignoratis ? Hostis est quid aliud quam perpetua materia virtutis gloriæque vestræ ? Vos contra me duce […], modo trigeminæ victoriæ triplicem triumphum ex his ipsis Volscis et Æquis et ex Etruria egistis. An me, quod non dictator vobis sed tribunus signum dedi, non agnoscitis ducem ? Neque ego maxima imperia in vos desidero, et vos in me nihil præter me ipsum intueri decet ; neque enim dictatura mihi unquam animos fecit, ut ne exsilium quidem ademit. Iidem igitur omnes sumus, et cum eadem omnia in hoc bellum adferamus quæ in priora attulimus, eundem eventum belli exspectemus. Simul concurreritis, quod quisque didicit ac consuevit faciet : vos vincetis, illi fugient. |
51. |
Cet article traduit (entre guillemets français) un passage du Satyricon de Pétrone (chapitre xvii) : ce sont les paroles de Quartila, prêtresse de Priape (v. note [5], lettre 859), morigénant les jeunes impies qui ont surpris son cérémonial et s’en sont moqués. Le commentaire de L’Esprit de Guy Patin me paraît toutefois manquer singulièrement de pertinence. |
52. |
En y leurrant curieusement le lecteur avec Empédocle, {a} cet article paraphrase le chapitre lxv, livre ii du traité de Cicéron de Divinatione [sur la Divination] : Defert ad conjectorem quidam somniasse se ovum pendere ex fascea lecti sui cubicularis (est hoc in Chrysippi libro somnium) ; respondit conjector thesaurum defossum esse sub lecto. Fodit, invenit auri aliquantum, idque circumdatum argento ; misit conjectori quantulum visum est de argento. Tum ille “ Nihilne ” inquit “ de vitello ? ” Id enim ei ex ovo videbatur aurum declarasse, reliquum argentum. Nemone igitur umquam alius ovum somniavit ? Cur ergo hic nescio qui thesaurum solus invenit ? Quam multi inopes digni præsidio deorum nullo somnio ad thesaurum reperiendum admonentur ! Quam autem ob causam tam est obscure admonitus, ut ex ovo nasceretur thesauri similitudo, potius quam aperte thesaurum quærere juberetur, sicut aperte Simonides vetitus est navigare ? Ergo obscura somnia minime consentanea majestati deorum. Je peine à croire Guy Patin capable d’un aussi piètre plagiat masqué de Cicéron. |
53. |
L’Esprit de Guy Patin a cité saint Thomas d’Aquin d’après ce qu’en a écrit Jean-Baptiste Thiers dans son Traité des Superstitions, {a} livre troisième, page 223, chapitre v : {b} « C’est pour cela, dit saint Thomas, que “ les médecins assurent qu’il faut prendre garde aux songes des malades afin de connaître leurs dispositions intérieures ”, Medici dicunt esse intendendum somniis ad cognoscendum interiores dispositiones. » {c} La suite de l’article est une réflexion des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin, qui se souvenaient de l’Ancien Testament, où Dieu confère à Joseph, fils de Jacob (dans la Genèse), au prophète Daniel (dans le livre éponyme), etc., le don d’interpréter les songes. |
54. |
Article emprunté mot pour mot à la lettre du 18 janvier 1633 (v. ses notes [18] et [19]). |
55. |
Les vers 269‑271 de la Satire citée sont ici précédés de leur traduction incomplète : « J’aime mieux que Thersite {a} soit ton père, pourvu que tu ressembles au descendant d’Éaque, {b} et brandisses les armes de Vulcain, {c} plutôt que te savoir fils d’Achille, mais semblable à Thersite. » La platitude du commentaire qui suit n’est guère dans l’esprit de Guy Patin. |
56. |
Properce, vers 15‑22 de l’élégie citée : « Qu’à elle seule leur loi des funérailles est heureuse aux époux d’Orient, que l’Aurore empourpre de ses chauds rayons ! Car quand la dernière lueur de la torche s’est jetée sur la couche fatale, la pieuse troupe des épouses se tient immobile, les cheveux épars, et elles engagent le combat de la mort : celle qui survivra à l’époux aura la honte de n’avoir pas été autorisée à trépasser ; les victorieuses, resplendissantes, présentent leurs poitrines à la flamme et posent leurs lèvres consumées sur celles de leur mari. » Ma traduction prosaïque montre la justesse du propos que tenait ici L’Esprit de Guy Patin, voire de Guy Patin, sur « l’honneur des traductions ». D’après les catalogues que j’ai consultés, le président Claude Nicole (v. note [3], lettre 511) est le premier à avoir publié 13 des Élégies amoureuses de Properce, traduites en vers (Paris, Charles de Sercy, 1668, in‑8o de 68 pages), mais celle-là ne fait pas partie de son anthologie. |
57. |
Distique de John Owen intitulé In Gaurum [Contre Gaurus] : {a} « Tu ne loues rien, Gaurus, tu critiques tout : vois que si tu ne plais à personne, c’est que personne ne te plaît. » |
58. |
Le passage mis entre guillemets anglais vient de la lettre du 18 janvier 1637 (v. ses notes [2] et [3]). La comédie jouée à l’hôtel de Richelieu était Le Cid de Pierre Corneille et le latin signifie « ce qui doit être remarqué dans la rigueur des temps où nous vivons » ; mais le commentaire de Guy Patin est bien plus spirituel que celui des rédacteurs de son Esprit. |
59. |
Sous le masque d’un livre que Guy Patin aurait reçu en cadeau, cet article plagie l’addition d’Antoine Teissier sur Adrien Turnèbe {a} dans ses Éloges des hommes illustres tirés de l’Histoire de M. de Thou {b} (tome premier, pages 286‑288). Il y cite le dernier vers de l’épitaphe d’Henri Estienne {c} intitulée In Adr. Turnebi tumulum [Sur le tombeau d’Adrien Turnèbe], qui conclut cette anaphore : Cur placuit cunctis Turnebus ? cur tot amici Turnèbe a publié quatre traités d’histoire naturelle de Théophraste d’Érèse (v. note [7], lettre 115), je ne les ai trouvés réunis que dans ses Opera (Strasbourg, 1600, v. note [50] du Borboniana 3 manuscrit). Le tome ii, Versiones selectorum quorundam librorum [Traductions de quelques livres choisis], partie ii, contient quatre traités de Théophraste :
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60. |
Dans son second paragraphe sur Adrien Turnèbe, L’Esprit de Guy Patin continuait à copier Antoine Teissier (v. supra note [59]), commentant l’éloge que Jacques-Auguste i de Thou lui a rendu dans son Histoire universelle. Andely ou Andeli (Trévoux), en latin « Andelium, Andeliacum, ou plutôt Andilegum, est le nom de deux lieux de Normandie {a} qu’on nomme communément les Andelys. Le grand Andely est une petite ville située entre deux montagnes sur le Gambon, à un quart de lieue de la Seine, {b} et le petit Andely est un bourg sur la Seine à l’embouchure du Gambon. Le grand Andeli est la patrie du < sic > Poussin, de Turnèbe et des deux Corneille. {c} Il y avait dans ce lieu une abbaye célèbre de filles, fondée par sainte Clotilde et détruite vers l’an 900, à laquelle a succédé une collégiale de chanoines séculiers. »
Après de Thou, Teissier citait les trente livres des Adversaria [Cahiers (philologiques)] d’Adrien Turnèbe] (Strasbourg, 1604, v. note [2], lettre 1019). Les six autres ouvrages d’Adrien Turnèbe que mentionnait ici L’Esprit de Guy Patin sont imprimés dans les trois tomes de ses Opera [Œuvres] (Strasbourg, 1600, v. supra note [59]) :
Tout cela est étranger à Guy Patin, bibliomane très averti qui n’aurait pu ignorer les catalogues des libraires au point de demander à un ami de lui procurer les éditions séparées d’ouvrages de Turnèbe, dont l’essentiel avait été réuni dans ses Opera (Strasbourg, 1600). |
61. |
Fin de la lettre que Guy Patin a écrite à Claude ii Belin le 18 janvier 1637 : v. ses notes [10]‑[12], avec l’éclaircissement de toutes les abréviations employées par L’Esprit de Guy Patin. |
62. |
« Lorsque les Sabins eurent enfermé le vieux Janus, ce fut partout le signe d’une paix florissante : il n’y a aucun salut dans la guerre, le monde entier réclame la paix. Et nous, avons-nous enfermé un vigoureux Janus ? Qu’en adviendra-t-il ? » L’Esprit de Guy Patin a transcrit un fragment (mis entre guillemets anglais) de la lettre du 10 mars 1638 : v. ses notes [5]‑[7]. Le commentaire qui suit, sur la médecine et la guerre, émane de ses compilateurs, aussi dénués de scrupules que de sel. |
63. |
Properce, vers 49 de l’élégie citée : « Il y a aux enfers des belles par milliers. » Ces leçons galantes itératives ne sont décidément pas dans l’esprit de Guy Patin, même en les saupoudrant de prédestination (v. note [50], lettre 101) et de mépris des femmes. |
64. |
Horace, vers 21‑28 de l’ode citée, précédés, entre guillemets français, de leur libre version française, que je traduis plus littéralement par : « Tu devras abandonner et ta terre, et ta demeure, et ton épouse aimante ; et de ces arbres que tu cultives, hors d’odieux cyprès, nul ne suivra son maître éphémère. Un héritier plus digne épuisera ces vins du Cæcubus {a} que tu avais protégés derrière cent clefs, et il teindra ton pavé de ce superbe cru, plutôt fait pour les festins des pontifes. » {b} |
65. |
Cette citation n’est pas vraiment un vers de Joachim Du Bellay {a} et n’était guère sa manière ordinaire de jurer. C’est l’adaptation d’un extrait de son Épître au lecteur, écrite en prose et placée en tête de L’Olive et autres œuvres poétiques de Joachim Du Bellay, gentilhomme angevin, {b} pages 5 ro‑vo : « Quelques-uns, voyant que je finissais ou m’efforçais de finir mes sonnets par cette grâce {c} qu’entre les autres langues, s’est fait propre l’épigramme français, {d} diligence qu’on peut facilement reconnaître aux œuvres de Cassola, Italien, {e} disent, pour cette raison, que je l’ai imité ; bien que de ce temps-là, il ne me fût connu seulement de nom, ou Apollon jamais ne me soit en aide. {f} Je ne me suis beaucoup travaillé en mes écrits de ressembler autre que moi-même. » |
66. |
Cette Épitaphe de l’auteur composé<e> par lui-même, quelque temps avant son trépas {a} est la première des Épitaphes, et autres poésies sur la mort de Joachim Du Bellay, gentilhomme angevin et excellent poète de ce temps, qui sont imprimées à la suite de son : Épithalame sur le mariage de très illustre prince Philibert Emmanuel, duc de Savoie et très illustre princesse Marguerite de France, sœur unique du roi, et duchesse de Berry {b}, par J. Du Bellay, gentilhomme angevin. {c} Elle est accompagnée de deux traductions en vers français (pages 58 vo‑59 ro), dont voici la première, par Jean Morel d’Embrun : {d} « De noble race et maison ancienne Dire du mal des gens, tant morts que vivants, étant une distraction favorite de Guy Patin, il est difficile de lui attribuer le commentaire qui suit ces vers dans L’Esprit de Guy Patin. V. notule {a}, note [42] du Borboniana 7 manuscrit, pour l’archevêché de Bordeaux, dont une mort prématurée ôta la jouissance à Joachim Du Bellay. |
67. |
Quatrain de John Owen {a} intitulé F.A.S. : {b} « Dieu permet de monter aux cieux par l’Espoir, par l’Amour et par la Foi. Il n’y a là ni acrostiche (à proprement parler, v. supra note [16]), ni anagramme (réarrangement des lettres d’un ou plusieurs mots pour en faire un ou plusieurs autres), ni élan poétique admirable. Le principal intérêt de cet article est lexicographique : acrostiche a pu avoir, dès le début du xviiie s., le sens d’acronyme, américanisme récent (acronym, sigle dont les initiales forment un mot prononçable, comme ici fas), qui n’a officiellement vu le jour qu’au xxe s. (Oxford English Dictionary). Cette curiosité et l’emprunt à Owen en font une production originale des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin. |
68. |
Emprunt à la lettre du 12 novembre 1639 (dont le manuscrit a été conservé) : v. sa note [4], pour un renvoi vers Barthélemy Pardoux (Perdulcis), sa « Médecine universelle » (Universa medicina) et son traité « sur les Maladies de l’esprit ». Le commentaire qui suit, sur les errata, est une addition des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin. |
69. |
Tout ce badinage, dont la dernière phrase est obscure, est d’un goût douteux quand on sait le triste sort qu’a connu la bibliothèque de Guy Patin. |
70. |
Ces deux vers sont extraits de l’épitaphe (écrite en partie par lui-même) d’Adam de Saint-Victor ; {a} on la lit entre autres dans les : Œuvres mêlées d’Étienne Pasquier. {b} Contenant plusieurs discours moraux, lettres amoureuses et matières d’État, comme aux deux précédents volumes. Tome troisième. {c} Elle y est la première des Versions françaises du latin, les unes vers pour vers, les autres par imitation, page 542‑543 :
Il serait bien audacieux d’attribuer à Guy Patin les commentaires qui précèdent et suivent ce distique misanthropique. |
71. |
Extrait de la lettre du 22 août 1641, v. ses notes [3]‑[5], avec deux citations latines :
Le commentaire qui suit est d’origine incertaine : Guy Patin (mais il dédaignait profondément les universités autres que celle de Paris, qu’il appelait « étrangères ») ou les rédacteurs de son Esprit ? |
72. |
« épigramme 59, 3e centurie : “ Le pape Pie v est mort : chose admirable en vérité, que parmi tant de saints, il y en ait seulement eu cinq du nom de pieux ! ” » Emprunt à la lettre du 12 octobre 1641, v. ses notes [2] et [3]. Le commentaire qui suit ne vient pas d’une lettre aujourd’hui connue de Guy Patin. |
73. |
Juvénal (vers 104‑105 de la Satire xiii, v. note [13], lettre 198) : « Beaucoup commettent mêmes forfaits sans encourir mêmes peines : pour prix de leur crime, on en a crucifié un et couronné un autre. » Dans ses lettres, Guy Patin a cité sept fois le second de ces deux vers, mais sans l’assortir du commentaire qu’on lit ici. V. note [23], lettre 206, pour la nuance qu’il établissait entre honoraire et salaire. « Madame Chicane », que Patin a souvent maudite, apparaît sous la plume de plusieurs écrivains du xviie s. comme, par exemple, dans les Satires du poète et avocat Jacques Du Lorens (1580-1655), « président de Chasteau-neuf », {a} satire xii, page 90, sur un confrère fort affairé : « Il faut comme Cerbère {b} avoir au moins trois têtes, |
74. |
« le dévoreur des histoires antiques. […] armé pour l’un comme pour l’autre ». Les Éloges des hommes savants tirés de l’Histoire de M. de Thou d’Antoine Teissier, {a} sur Onofrio Panvino, {b} tome premier, pages 340‑343, ont procuré la matière de cet article. Dans ses Epistolarum libri xii [Douze livres d’Épîtres], {c} l’érudit imprimeur vénitien Paul Manuce {d} écrivait (de Venise, sans date) à Antonius Augustinus, légat pontifical à Vienne (Autriche), livre ii, page 41 vo : Onuphrius Panvinius, ille antiquitatis heluo, spectatæ juvenis industriæ, et ingenio, ut probitate, præstans, hic est, eritque, ut video, in aliquot menses imprimit suos Fastos cum commentariis. |
75. |
Cette liste de quelques-uns des ouvrages publiés par Onofrio Panvinio est empruntée à l’addition d’Antoine Teissier sur son éloge (v. supra note [74]) :
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76. |
« Car j’ai moi-même, dit-il, la plus grande aversion pour de tels monstres ; et si je veux m’amuser d’un fou, je ne vais pas le chercher bien loin : je me vois et j’en ris. » Emprunt à la lettre du 24 mai 1642, v. ses notes [1] et [2]. Le commentaire qui suit y est différent, il me semble donc prudent d’en laisser la paternité aux rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin. |