Il fait bon avoir réputation de se lever matin, < et puis on se recouche après cela, et > on dort jusqu’à midi. [23]
Prostibulum plebis miseræ, lupa publica mater, etc.
[page 16] Et la seconde ainsi :
Corpus Hamiltoni jacet hac antistitis urna, etc.
Vide edit. Salmuriensem Poematum Buchanani, pag. 146 2. partis. [25]
Plutarchus est princeps divitiarum, et pronus Condus scientiæ omnigenæ. [34]
Multa novit vulpes, sed echinus unum magnum.
Vide Adag. Jos. Langii. p. 450. [35][152][153]
Ce Bodin était un esprit présomptueux et audacieux. Il a mal à propos attaqué Cujas et Turnèbe. Voyez une préface latine qui est devant la République française, il y traite fort mal ce grand Cujas, qui était si savant et si bon homme : [page 17] Ferre non debemus, inquit, clarissimum ordinem advocatorum forensia pecora vulturesque togatos appellari a Cujacio, qui profecto aliter sentiret, nisi ab Asino Apuleii [154] rudere potius, quam latine loqui a Marco Tullio didicesset, etc. [155] Sunt illa forensia Cujacii pecora, quæ discipulis ad intuendum et ad imitandum proponere debuerat, non Apulieium istum, qui primus fœda barbarie Latini sermonis puritatem, ac detestanda maleficarum sortium impietate sacram philosophiam conspurcavit, etc. [36]
1. |
« pauvres d’esprit. » V. note [12], lettre 34, pour Jean Grangier (natif de Châlons-sur-Marne). La date du 14 décembre 1637 est écrite dans la marge. Dans sa lettre à Claude ii Belin du 3 janvier 1638 (v. note [5]) Guy Patin a relaté et commenté la répudiation du R.P. Nicolas Caussin, éphémère confesseur de Louis xiii, nommé en mars 1637. Le Collège royal de Blois avait été fondé en 1581 par Henri iii, et confié aux jésuites en 1622. Le collège de la ville de Troyes était tenu par les cordeliers, avant d’être confié aux oratoriens (en 1630), sans jamais passer aux mains des jésuites. La note 3, tome second, pages 851‑852, des Annales de la Société des soi-disant jésuites… {a} présente cette intéressante archive : « Il est bien constant que les Troyens n’ont jamais voulu accorder aux Soi-disant aucune espèce d’établissement dans leur ville, et que toutes les menées et manœuvres de ces pères, à l’effet d’y en obtenir un de gré ou de force, n’ont abouti qu’à rendre la résistance des Troyens plus éclatante, et l’expulsion des jésuites, qui déjà y avaient loué une maison, plus humiliante. {b} Le Père Caussin jésuite, étonné de que la ville de Troyes, sa patrie, renonçait à son bonheur, disait-il, en repoussant si vigoureusement les jésuites, ses confrères, s’en plaignait à son père dans la lettre suivante :Lettre du Père Caussin, jésuite, |
2. |
« en sa farce sur la mort de l’empereur Claude ». « Il convient de naître soit roi, soit fou » est un adage que Sénèque le Jeune a cité dans son Apocoloquintose (ou Métamorphose en citrouille) sur la mort de l’empereur Claude, et qu’Érasme a commenté : v. note [20], lettre 179. |
3. |
Le Borboniana se délectait de quatre autres adages d’Érasme.
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4. |
En 1621, Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, {a} avait obtenu le doyenné de Saint-Germain-l’Auxerrois, {b} paroisse du Louvre (et de Guy Patin), soit la tête de l’un des plus prestigieux chapitres du royaume, dont l’abbé Jean Lebeuf a décrit les avantages dans son Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, {c}, tome premier, première partie, pages 53‑54 : « Le chapitre qui a fourni à l’Église de France tant d’illustres personnages a eu le droit de nommer presque à tous les bénéfices qui avaient été fondés sur son territoire, desquels je parlerai en détail ci-après : ce qui renfermait presque tout le quartier occidental de la ville et faubourgs de Paris, à commencer au grand Châtelet inclusivement et suivant la grande chaussée Saint-Denis, pour ne se terminer que vers Saint-Cloud, dont Chaillot se trouve excepté. {d} Les chanoines avaient même fait entre eux une répartition de ces nominations en 1565, et ils allaient officier dans beaucoup de ces églises aux fêtes de patron. |
5. |
V. notes [29] et [30], lettre 390, pour George Critton et son mariage avec Hélène Blacvod (Blackwood), fille d’Adam, conseiller au présidial de Poitiers. Les deux familles étaient d’origine écossaise. Rapidement veuve, Hélène se remaria avec le fameux littérateur sceptique François i de La Mothe Le Vayer (v. note [14], lettre 172). |
6. |
« sur tout ce qu’il est possible de savoir. » V. note [60] du Naudæana 1 pour l’Écossais James Crichton (Jacobus Critonius, Jacques Criton), et sa fulgurante et triste existence de génie précoce. |
7. |
Le jeune duc de Mantoue, assassin de James Crichton en 1582, était Vincent de Gonzague (1562-1612), qui succéda à son père, Guillaume (1538-1587). Le Borboniana citait cinq références (que je n’ai pas toutes épluchées) sur le génie précoce et l’injuste sort de James Crichton.
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8. |
« car complètement desséchée » : la sécheresse des parties génitales était tenue pour une cause de stérilité. La situation était celle des années 1558-1560 et décrivait un croisement d’alliances entre les couronnes d’Angleterre, d’Écosse, de France et d’Espagne.
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9. |
« Comment en effet aurais-je pu le surpasser ? » V. notes [36] du Borboniana 2 manuscrit pour l’historien italien Ubertus Folieta (Oberto Foglietta), et [10] infra pour l’abondance de ce que Jacques-Auguste i de Thou lui a emprunté pour écrire son Histoire universelle. |
10. |
« contre Ubertus Folieta. Il mourut en 1581. Voyez de Thou, tome 3, page 534 […]. »
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11. |
« cela est un barbarisme. » V. notes [6] du Naudæana 3 et [12] infra pour la querelle qui avait opposé Johann Reuchlin à Érasme sur la manière de prononcer la lettre grecque η : êta (êtacisme érasmien) ou ita (iotacisme reuchlinien). |
12. |
« Voyez la Logica de Johann [Heinrich] Alsted, pages 753 et 754. {a} Voyez l’Alphabetum Græcum avec les notes de Théodore de Bèze, signatures C, page 11, et D, page 5. » {b}
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13. |
Né en 1577, François Leclerc du Tremblay, en religion le Père Joseph (v. note [8], lettre 19), éminence grise du cardinal de Richelieu, était fils puîné de Jean Leclerc du Tremblay, reçu conseiller au Parlement en 1564, président aux Requêtes en 1567 (Popoff, nos 221 et 967). Dernier fils de Henri ii et de Catherine de Médicis, François de France (1555-1584), frère benjamin des rois François ii, Charles ix et Henri iii (mort en 1589), a porté les titres de duc d’Alençon, d’Anjou (à partir de 1574) et de Brabant (à partir de 1582). Surnommé le Malcontent, il a connu le sort habituel des princes cadets du sang royal. Il a surtout été (en 1581) le plus sérieux prétendant à la main de la reine Élisabeth ire d’Angleterre, et (de 1580 à 1584) le premier souverain des Pays-Bas septentrionaux après leur rébellion contre la Couronne d’Espagne. Sa mort prématurée a permis aux Bourbon de monter sur le trône. Sainte-Croix de la Bretonnerie est le nom de la rue de Paris où s’élevaient le couvent et l’église des Billettes (v. note [9], lettre 380). |
14. |
V. notes :
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15. |
Antoine Petit était médecin de la reine mère, Marie de Médicis. Le catalogue de Baron le cite comme natif d’Amiens, reçu bachelier de la Faculté de médecine de Paris en 1564. Classé neuvième des treize candidats à la licence, le 14 mai 1566, sous le décanat de Simon i Piètre (Comment. F.M.P. tome vii, fo 127 ro), Petit quitta Paris et fut, semble-t-il, reçu docteur à Orléans. Antoine Le Camus (mort en 1619), sieur de Jambeville (Jambville), etc., avait été successivement reçu conseiller au Grand Conseil en 1573, maître des requêtes en 1585, puis président à mortier au Parlement de Paris en 1602. Le Borboniana 10 manuscrit fournit d’autres détails sur sa carrière (v. sa note [15]). Le seul enfant de Le Camus qui atteignit l’âge adulte fut une fille, prénommée Marie (1583-1651) : dame d’honneur de la Marie de Médicis, elle épousa successivement (1) Claude Pinart, sire de Cramilles, etc., gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, et (2) François-Christophe de Lévis, duc de Dampville, etc., capitaine de Fontainebleau et gouverneur de Limousin (Popoff, no 73). Honoré de Balzac a inventé un Christophe Lecamus, héros de la première des trois parties, Le Martyr calviniste, de ses Études philosophiques sur Catherine de Médicis (achevées en 1846), qui sont le tome le moins connu et le plus déconcertant de la Comédie humaine. Ce personnage fictif, fils du pelletier de la reine, est censé avoir joué un rôle de tout premier plan dans la conjuration d’Ambroise (1560), aux côtés de La Renaudie (v. note [13], lettre 113), avoir eu les jambes brisées par les brodequins de la question, puis avoir fondé la famille parlementaire des Lecamus… Plus sérieusement Popoff la fait remonter à Martin Le Camus, mort en 1564, conseiller à la Grand’Chambre du Parlement de Paris, et père d’Antoine. |
16. |
V. note [28], lettre 240, pour Carolus Paschalius (Charles Paschal) qui se disait lui-même Cuneatis, c’est-à-dire natif de Coni (Cueno) dans le Piémont. Carmagnole (Carmagnola) se situe une cinquantaine de kilomètres au nord de Coni. Le fils de son épouse, Marguerite Manessier, était Philippe Paschal de Lavernot (ou de Lavernot-Pascal), président au présidial d’Abbeville, vicomte d’Argny (ou Dargnies), seigneurie que son beau-père avait achetée en 1578. |
17. |
V. notes [8], lettre 925, pour Claude Belurger (ou Belurgey) et ses pérégrinations, [12], lettre 301, pour Alise-Sainte-Reine en Bourgogne, où il naquit, et [9], lettre 453, pour Alexandrie d’Égypte où il mourut. |
18. |
Le moins inconnu des ouvrages de Jérôme (Hiérosme) de Bénévent, trésorier général de France en Berry, conseiller du roi, mort après 1615, est sa : Paraphrase sur les x livres de l’Éthique ou Morale d’Aristote à Nicomaque. Divisée en deux parties. Dernière édition. {a} Eustratius (Eustrate) de Nicée est un philosophe et théologien byzantin du xie‑xiie s. qui a notamment commenté l’Éthique d’Aristote. Son nom n’apparaît pas dans la Paraphrase de Bénévent. |
19. |
« Adiathétos {a} se dit de celui qui est mort sans testament, qui n’a ni droit ni pouvoir de tester, alors qu’il aurait pu le faire. Voyez Théophile dans les Institutions, Inst. 3, titre 1. {b} Ce Théophile n’est pas ancien, il n’a guère dépassé le temps d’Accursius. {c} Voyez le Lexicon de Robert Constantin, page 30, sur le passage de Plutarque. » {d}
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20. |
« il avait quelque chose de féroce ; il médisait sans raison de Cujas et de Turnèbe »
V. infra note [36], pour un retour du Borboniana sur ces deux sujets. Dans la note [25], lettre 97, sur Bodin, se lit la raison pour laquelle Gabriel Naudé le considérait comme juif : il était hébraïsant si érudit et si imprégné de la Torah qu’on pouvait le tenir pour un savant rabbin, sans qu’il se fût bien sûr converti au judaïsme (car ce n’était pas possible). |
21. |
« où il cite à peine Aristote. » J’ai tout de même relevé dix fois son nom dans cet ambitieux ouvrage qui a paru en latin et en français :
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22. |
V. notes :
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23. |
Ce court article, sans relation avec le précédent ni avec le suivant (dont je l’ai séparé), me semble ne pouvoir se comprendre qu’avec l’addition que je propose (entre chevrons), inspirée de Furetière : « Il s’est levé trop matin, il s’est allé recoucher. » Un peu plus bas, le Borboniana a recouru à une expression voisine pour blâmer les débauches romaines du cardinal Duperron (v. infra note [29]). |
24. |
Nicolai Borbonii poëmatia exposita. Alienam operam et manum, qua sparsim iacentia tollerentur atque servarentus, nacta. Quibus accesserunt aliquot Præfationes, et Divi Cyrilli Archiepsicopi Alexandrini liber primus contra Iulianum Græce nunc primum editus e codice ms. eodem interprete.
[Poèmes délaissés de Nicolas de Bourbon. Les soins et la main d’un autre que lui {a} ont trouvé ceux qui étaient éparpillés çà et là, et les a sauvegardés. On y a ajouté quelques préfaces et le premier livre de saint Cyrille, archevêque d’Alexandrie, contre Julien, {b} pour la première fois édité en grec à partir d’un manuscrit et traduit en latin par le même auteur]. {c}
Ce distique est imprimé à la page 188 de la première partie : « Epitaphium Henrici Magni.Henrici parva hæc urna est, quem magna probarunt L’éloge de Matthias Corvinus Rex Pannoniæ [Matthias ier Corvin, roi de Hongrie] {a} figure, avec son portrait, aux pages 113‑115 des Elogia Virorum bellica virtute illustrium… [Éloges des hommes qui se sont illustrés par leur vertu guerrière…] de Paul Jove. {b} On y lit en effet exactement le même distique, attribué à Antonio Tebaldeo (Antonius Thebaldeus, poète italien natif de Ferare,1463-1537), avec remplacement de Henrici parva hæc urna est… par Corvini brevis hæc urna est… au début du premier vers.
Un « B » a été ajouté dans la marge devant le nom de Du Val. Il en figure dix semblables dans le manuscrit du Borboniana : ce sont, me semble-t-il, des repères ajoutés par l’éditeur du Borboniana imprimé (1751) pour marquer les passages à y insérer ; mais le présent article, sur le distique prêté à Nicolas Bourbon, fait exception à cette règle éditoriale (s’il s’agit bien de celle qui a été suivie). |
25. |
« Voyez les Poemata de Buchanan, édition de Saumur, page 146 de la 2e partie. » John Hamilton (Johannes Hamiltonius ou Hamiltonus, 1512-1571) était le fils illégitime de l’homonyme premier duc d’Arran. Après avoir étudié à Paris, le jeune homme se fit moine bénédictin et fut bientôt nommé abbé de l’abbaye de Paisley (Écosse). En 1545, il devint archevêque de Saint-Andrews grâce à la puissante influence de son demi-frère, James, 2e duc d’Arran et régent de la Couronne écossaise. Bien que sa maîtresse lui eût donné six enfants, le prélat se fit le défenseur acharné du catholicisme et de Marie Stuart contre le parti protestant écossais. Impliqué dans l’assassinat de Henry Stuart, {a} roi consort d’Écosse et père de Jacques vi (futur roi Jacques ier de Grande-Bretagne), Hamilton périt sur le gibet. Les deux épitaphes citées figurent à la page indiquée (146), et à la suivante, du second tome des : Georgii Buchanani Scoti, poetarum sui sæculi facile principis, poemata quæ supersunt omnia, in tres partes divisa, multo quam antehac emendatiora Buchanan y déchaîne sa haine de Marie Stuart et de ses partisans.
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26. |
« un pur centon loyolitique, et rien de plus. » V. note [17], lettre latine 7, pour le R.P. Jacobus Pontanus (Jakob Spannmüller), éditeur des œuvres de Virgile (nombreuses éditions, dont Lyon, 1588, et Augsbourg, 1599). |
27. |
« sévère et morose ». V. notes :
Dans son ouvrage intitulé Le Père Denis Petau d’Orléans, jésuite, sa vie et ses œuvres (Paris, Librairie catholique internationale de l’Œuvre de Saint-Paul, 1864), J.‑C. Vital Chatelain, chanoine missionnaire, a donné des détails sur sa famille (page 8). Deuxième fils de Jérôme Petau, marchand à Orléans, Denis avait cinq frères et deux sœurs. Cinq d’entre eux entrèrent aussi dans les ordres : l’aîné, Jacques, devint chartreux ; Claude, curé de Pithviers ; François, capucin ; Étienne, chanoine d’Orléans ; et Marguerite, carmélite. Ils étaient petits-neveux de Paul Petau (page 22), conseiller au Parlement (v. note [13], lettre 238), qui n’était que de 15 ans plus âgé que Denis. Le chapitre troisième de la biographie établie par Vital Chatelain pages 37‑51 est entièrement consacré à Denis Petau professeur de philosophie à Bourges. On y lit ce passage sur ses premières relations avec la Compagnie de Jésus (pages 46 et 48) : « Or les jésuites, que Denis n’avait pu connaître à Orléans parce qu’ils n’y étaient pas encore, et à Paris parce qu’ils n’y étaient plus, les jésuites étaient à Bourges. […] |
28. |
V. notes :
La badine allusion du Borboniana aux mauvaises mœurs du cardinal Duperron ouvrait une perspective beaucoup plus vaste sur le gallicanisme, qui était la grande question politico-religieuse de l’époque, et allait bientôt trouver un nouvel essor avec la querelle du jansénisme. Les Résolutions et arrêtés de la Chambre du tiers état, touchant le premier article de leur cahier, présenté au roi. Les doctes harangues et répliques du sieur cardinal Duperron y sont contenues, et les discours graves et éloquents des sieurs archevêque et évêques d’Aix, Montpellier, Mâcon et Beauvais, comme aussi d’autres signalés personnages (sans lieu ni nom, 1615, in‑8o) contiennent plusieurs pièces qui éclairent le propos du Borboniana.
Que tous livres qui enseignent telle faute et perverse opinion seront tenus pour séditieux et damnables, tous étrangers qui l’écriront et publieront, pour ennemis jurés de la Couronne ; tous sujets de Sa Majesté qui y adhéreront, de quelque qualité et condition qu’ils soient, pour rebelles, infracteurs des lois fondamentales du royaume et criminels de lèse-majesté au premier chef. {b} Et s’il se trouve aucun livre ou discours écrit par étranger, ecclésiastique ou d’autre qualité, qui contienne proposition contraire à ladite loi, directement ou indirectement, seront les ecclésiastiques des mêmes ordres établis en France obligés d’y répondre : {c} les impugner {d} et contredire incessamment, sans respect, ambiguïté ni équivocation, {e} sur peine d’être punis de même peine que dessus, comme fauteurs {f} des ennemis de cet État. Et sera ce premier article lu par chacun an, tant aux cours souveraines qu’aux bailliages et sénéchaussées du dit royaume, à l’ouverture des audiences, pour être gardé et observé avec toute sévérité et rigueur. » |
29. |
Cette addition marginale précise les débauches « vénériennes » (sexuelles) du cardinal Duperron, avec une version abrégée de ce féroce dialogue entre Pasquin (v. note [5], lettre 127) et un passant (Viator), attribué à Celio Secondo Curione (Cælius Secundus Curionus, humaniste protestant piémontais du xvie s.), contre les mœurs sodomites des pontifes romains et de leurs concitoyens, jouant sur le palindrome Roma [Rome], Amor [Amour] : – Roma quid est ? – Quod te docuit præposterus ordo. V. supra note [23] pour la voluptueuse habitude de se lever à midi. |
30. |
Celui que l’abbé de Tiron appelait « notre très sage Maître » pourrait avoir dû son impotence à une ataxie syphilitique (tabès dorsal, v. note [17] du Naudæana 2). Toutefois, Duperron, mort en 1618, avait séjourné à Rome de 1604 à 1606, et la vérole (telle qu’on l’a connue avant l’invention de la pénicilline, au milieu du xxe s.) aurait donc mis douze ans à tuer sa victime (ce qui n’est pas du tout incncevable). V. note [9], lettre 122, pour son traitement qui consistait principalement à faire suer l’humeur morbifique. |
31. |
V. notes :
À l’âge de 38 ans, en 1574, d’Ossat avait accompagné, en qualité de secrétaire, Paul de Foix (Paulus Foxius, 1528-1584), dans son ambassade à Rome. Popoff (no 1209) a résumé la vie de ce conseiller clerc au Parlement de Paris et prélat français, qui ne survécut pas à sa 8e année climatérique : « Fils puîné de Jean de Foix, comte de Carmain, et de Magdelaine de Champagne, il fut fait conseiller au Parlement dès l’âge de 18 ans, en 1546. Il avait fait de grandes études sur l’histoire, sur les lois et les intérêts des princes. Il fut impliqué dans l’affaire célèbre, connue sous le nom de Mercuriale du Parlement du 10 juin 1559, qui ne se trouve plus dans les registres de cette Cour. Le roi {a} s’y trouva et fit opiner devant lui sur ce que les conseillers ne punissaient pas de mort les coupables d’hérésies ; et sur un édit qu’il avait envoyé contre les luthériens, dont ils refusaient l’enregistrement, du Faur, Fumée, de Foix, de La Porte et du Bourg, ayant opiné à leur tour, furent arrêtés et conduits à la Bastille ; leurs procès furent faits. Paul de Foix se sauva au moyen de ses réponses lors de son interrogatoire et, par arrêt du Parlement du 10 janvier 1560, il fut mis en liberté, ayant déclaré en pleine Cour, chambres assemblées, qu’au sacrement de l’autel, la forme est inséparable de la matière, et que le sacrement ne peut se bailler ni exhiber en autre forme que l’Église romaine l’a baillée ; {b} et ce fait, est suspendu de son état de conseiller pendant un an, mais cet arrêt fut cassé le 18 février 1560 et déclaré nul par un autre arrêt, rendu sur un nouvel interrogatoire. Il était encore conseiller au Parlement le 9 juin 1562, fait conseiller d’État en 1565. On croit qu’il eut des lettres de conseiller d’honneur au Parlement en 1571. Nommé par le roi {c} à l’archevêché de Toulouse en 1582, ayant été plusieurs fois ambassadeur en Angleterre, Écosse, Suisse, Venise, Italie, et à Rome vers le pape Grégoire xiii, où il se distingua. Il mourut à Rome le 29 mai 1584, âgé de 56 ans, et y fut inhumé en l’église de Saint-Louis, où Muret prononça son oraison funèbre. » {d} De Thou avait accompagné de Foix et d’Ossat dans le voyage de Rome (1573-1575), et en a donné un récit détaillé dans ses Mémoires (Thou fr, volume 1, pages 14‑36) : v. notes [22] (seconde citation) du Naudæana 3, et [27] du Borboniana 10 manuscrit, pour deux extraits sur la partie italienne de cette autobiographie. |
32. |
« et aussi Scipion, dans Le Songe de Scipion de Cicéron (il s’agit de Publius Scipio Africanus Minor, qu’on a trouvé mort dans son lit). {a} Voyez à son sujet Scipion Dupleix, au tome 2 de son Histoire romaine, page 277 ; {b} et sur l’année climatérique, Henricus Rantzovius, en son Tractatus de Annis climactericis, pages 216 et suivantes. {c} Voyez aussi Louis Duret sur les Coaques d’Hippocrate, page 439. » {d}
|
33. |
Tous ces auteurs latins et grecs de l’Antiquité, dont une partie des ouvrages, voire la totalité, a été perdue, figurent ailleurs dans notre édition, à l’exception de :
V. note [66] du Naudæana 1, pour une amère réflexion de Gabriel Naudé sur la responsabilité du premier christianisme (pontifical et impérial) dans la perte irrémédiable de nombreux ouvrages antiques. |
34. |
« Plutarque est de toute première richesse, et le dispensateur de la science universelle. » |
35. |
« “ Le renard sait bien des ruses, quand le hérisson n’en sait qu’une seule, mais celle-là est bien grande. ” Voyez les Adages de Jos. Langius, page 450. » V. note [43] du Borboniana 1 pour Joseph Langius et ses Adagia (Strasbourg, 1596). Le proverbe cité se trouve page 450, avec sa version grecque et un commentaire : πολλ΄ οιδ αλωπηξ, αλλ΄εχινος εν μεγα. C’est la copie mot pour mot du début de l’adage no 418 d’Érasme, qui y ajoute un développement de deux grandes pages. |
36. |
« Nous ne devons pas tolérer, dit-il, que Cujas qualifie la très éminente profession d’avocat de “ troupeau procédurier ” et ses membres, de “ vautours en toge ”. Il penserait tout autrement s’il avait moins appris à braire comme l’âne d’Apulée qu’à mieux parler le latin que Cicéron, etc. Voilà les “ troupeaux procéduriers ” de Cujas, qui aurait dû pousser ses élèves à les regarder attentivement et à les imiter, plutôt que cet Apulée, qui a été le premier à souiller la pureté de la langue latine de sa barbarie fétide, et la philosophie sacrée, de la détestable impiété de ses sorts maléfiques, etc. » V. supra note [20], pour un plus large extrait de cette épître de Jean Bodin (placée en tête de l’édition française de sa République, Paris, 1579) contre Jacques i Cujas, et pour son animosité envers Adrien Turnèbe. |
37. |
Réponse de René de La Fon, pour les religieux de la Compagnie de Jésus, au plaidoyer de Simon Marion en l’arrêt donné contre iceux le 16 octobre 1597. Avec quelques notes sur le plaidoyer et autres sujets des Recherches d’Étienne Pasquier. {a} À Nosseigneurs de la Cour de Parlement de Paris, {b} chapitre premier (pages 13‑14), Les jésuites persécutés par calomnies comme toute l’Église et le chef d’icelle, Jésus-Christ : « Et qui eût pensé qu’après si insignes calomniateurs, et calomnies en tant de façons et si malicieusement controuvées, se pût trouver homme si débordé de langue qui en voulût dire davantage, et qui n’eût plutôt horreur de ce qui était dit contre les jésuites, et les jésuites condamnés ? {c} Quel calomniateur fut-il onques si cruel qui ne se contentât de la mort de celui qu’il persécute et qu’il mord ? Et s’il se devait trouver quelqu’un, par miracle, qui voulût entrer en cette recharge {d} de diffamation, qui jamais eût jeté les yeux et la pensée sur Marion, {e} homme catholique de religion, ancien d’âge, avancé en crédit, nouvel officier du roi et qui, par ses conseils < et > plaidoyers, prononcés comme écrits, s’était jà {f} acquis le nom de prud’homme {g} et de disert avocat en la France ? Qui eût pensé que, comme la chèvre qui d’un coup de pied renversa son pot à lait, il voulût, par un libelle diffamatoire, perdre et renverser toute la substance de sa réputation acquise par les essais du barreau ? Qu’il voulut qu’on dît de lui et d’Arnauld, son gendre, Socer generque perdidistis omnia ; {h} et qu’après qu’ils auraient tout perdu, on ajoutât :Egregiam vero laudem et spolia ampla refertis Le rude et habile pamphlétaire qui se cachait sous le pseudonyme de René de La Fon était le R.P. Louis Richeome (Digne 1544-Bordeaux 1625), jésuite que ses compagnons surnommaient le Cicéron français. Il s’est surtout fait connaître par ses combats de plume contre la Ligue, qui avait obtenu l’expulsion des jésuites hors de France. Un de ses plus fameux libelles est la Plainte apologétique au roi très-chrétien de France et de Navarre pour la Compagnie de Jésus, contre le libelle de l’auteur sans nom intitulé Le franc et véritable Discours, etc., Avec quelques notes sur un autre libelle dit le Catéchisme des jésuites… (Bordeaux, S. Millanges, 1602, in‑8o, orné d’un élégant frontispice). Étant donné l’interdit qui frappait sa Compagnie, Richeome a écrit sous d’autres pseudonymes : François des Montaignes (Franciscus Montanus), Louis (Ludovicus) de Beaumanoir et Félix de La Grâce. |
38. |
« Jules-César Scaliger de Burdon, médecin natif de Vérone ». V. notes :
|
39. |
Rodolphe ii de Habsbourg (1552-1612), petit-fils de Charles Quint par sa mère, a régné sur le Saint-Empire germanique de 1576 à sa mort. Il fut un grand protecteur des arts et des lettres, et fort intéressé par l’ésotérisme. Le Borboniana les : M. Manilii Astronomicωn libri quinque. Josephus Scaliger Iul. Cæs. F. recensuit, ac primo ordini suo restituit. Eiusdem Ios. Scaligeri Commentarius in eosdem libros et castigationum explicationes.
V. notes :
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40. |
« je fais bien plus grand cas d’un seul Turnèbe que de dix cardinaux ». V. note [9], lettre 92, pour Philippe de Cospéan, évêque de Liseux de 1636 à sa mort, en 1646. |
41. |
V. note [14] du Borboniana 1 manuscrit pour la bienveillance du cardinal Maffeo Barberini (élu pape sous le nom d’Urbain viii en 1623) à l’égard de Jean Barclay (mort à Rome en 1621, v. note [20], lettre 80). Le fils de Jean était Guillaume ii Barclay, camérier du pape Urbain viii ; avec la qualité « d’Anglais », il fut nommé abbé de Saint-Léon de Toul en 1626 et mourut en 1656 (Histoire de Lorraine… par le R.P. Dom Calmet, abbé de Senones, Nancy, veuve et héritiers d’Antoine Leseure, 1757, in‑4o, colonne cxv). On apprend ici qu’il avait accompagné le cardinal Barberin (Francesco Barberini, neveu de Maffeo, v. note [7], lettre 112) au cours de sa légation en France (1625-1626). V. note [27] du Borboniana 1 manuscrit pour Achille Harlay de Sancy, évêque de Saint-Malo (mort en 1646). |
42. |
V. notes :
L’abbaye de Fontevraud en Anjou, près de Saumur (Maine-et-Loire), fondée au xiie s., appartenait à un ordre monastique spécifique, apparenté à celui des bénédictins. Éléonore de Bourbon (1532-1611), en avait été abbesse de 1575 à sa mort. Elle était la plus jeune des 13 enfants de Charles iv de Bourbon, duc de Vendôme ; ses frères les plus connus ont été Antoine, roi de Navarre et père du roi Henri iv de France, Charles i de Bourbon, cardinal de Vendôme (premier du nom, v. note [64] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii), et le prince Louis ier de Bourbon-Condé (v. note [16], lettre 128). Pierre de Nancel, substitut du procureur général, était fils de Nicolas. Né à Tours en 1570 et mort vers 1641, il s’est surtout fait connaître comme auteur dramatique. Trois de ses pièces en vers français, intitulées Dina, ou le Ravissement, Josué, ou le Sac de Jéricho et Débora, ou la Délivrance ont été publiées dans Le Théâtre sacré (Paris, Claude Morel, 1607, 2 volumes in‑8o). Je n’ai pas identifié la belle-sœur de Paul i Scarron que le Borboniana disait être l’épouse de Pierre de Nancel, et n’ai pas non plus trouvé trace des « grands procès » qu’il eurent l’un contre l’autre pour la succession de leur commune belle-mère. En revanche, il existe maintes traces des litiges entre Paul ii Scarron, l’écrivain, fils du premier lit de Paul i, et sa marâtre, Françoise de Plaix. |
43. |
V. note [7], lettre 73, pour Pierre Charron et sa Sagesse (Bordeaux, 1601), livre que Guy Patin vénérait profondément. Le mépris de Nicolas Bourbon pour les livres écrits en français est suffisamment surprenant (et plaisamment argumenté) pour mériter une entrée dans notre index. Il a néanmoins cité, çà et là, quelques ouvrages publiés en langue vulgaire. |
44. |
Cet article où Nicolas Bourbon parle de sa propre carrière de régent (en omettant le Collège de Cambrai, c’est-à-dire le Collège royal de France) est un aparté que Guy Patin a jugé utile de noter, mais sans faire parler directement son interlocuteur. Les collèges où s’enseignaient les humanités étaient répartis en six classes ou années, allant de la sixième à la première, qui était la plus savante et la plus noble pour le maître qui y régentait. Le Collège de Calvi (ou Calvy, Collegium Calvicum, sans lien apparent avec la ville corse de Calvi) avait été fondé en 1271 par Robert de Sorbon près de la Sorbonne, dont il était une annexe, pour y enseigner les humanités et la philosophie, ce qui lui valait de porter cette inscription sur sa porte : Sorbona parva vocor, mater mea Sorbona major [Je m’appelle petite Sorbonne, la grande Sorbonne est ma mère]. Associé à son proche voisin, le Collège des Dix-Huit (car il accueillait initialement 18 écoliers), Calvi fut démoli avec lui en 1628 et incorporé à la nouvelle Sorbonne de Richelieu. Il se situait exactement à l’endroit où on a bâti plus tard la chapelle dans laquelle repose le corps du cardinal. V. notes : |
45. |
V. note [5], lettre 95, pour la conversion de Claude i Saumaise au calvinisme, vers 1623. |
46. |
V. note [1], lettre 58, pour le R.P. François Garasse et sa plume féroce contre les ennemis de la religion et des jésuites (dont Étienne Pasquier, v. note [29], lettre 396). En 1588, pour satisfaire aux exigences des ligueurs, le roi Henri iii chassa de la cour son ancien favori (mignon, v. note [18] du Borboniana 6 manuscrit), Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d’Épernon (v. note [12], lettre 76), qui se retira dans son gouvernement d’Angoumois et Saintonge. Sur l’instigation du roi, les habitants d’Angoulême avaient fomenté une « émotion », contre le duc, visant à l’emprisonner, voie à le massacrer ; mais il résista bravement et parvint à en réchapper. L’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou conclut ainsi sa longue narration de ce tumulte (livre xcii, règne de Henri iii, année 1588, Thou fr, volume 10, pages 355‑367) : « Ce fut ainsi que le duc d’Épernon se tira de ce mauvais pas, après avoir passé, lui et ses gens, trente heures entières sans boire ni manger, et sans qu’il lui restât un coup de poudre. Jamais on eut plus de fermeté et de présence d’esprit qu’il en fit paraître en cette occasion. Il crut d’abord Villeroy l’auteur de cette conjuration tramée contre lui, mais il sut depuis, à n’en point douter, qu’elle n’était que l’effet du refroidissement du roi à son égard ; et il apprit par sa propre expérience qu’il y a peu de fonds à faire sur la faveur des grands de la terre, aussi inconstante que la fortune qui la produit, et qu’un homme sage ne doit compter que sur sa propre vertu, que rien ne peut lui enlever. Ce traquenard d’Angoulême est aussi évoqué dans l’anonyme Défense pour Étienne Pasquier, vivant conseiller du roi, et son avocat général en la Chambre des comptes de Paris, contre les impostures et calomnies de François Garasse. {a} Autrement nommé L’Anti-Garasse, cet ouvrage a connu de nombreuses éditions ; écrit pour défendre la mémoire d’Étienne Pasquier, il distribue son flot d’invectives en cinq livres, intilulés : 1. Le Bouffon ; 2. L’Imposteur ; 3. Le Pédant ; 4. L’Injurieux ; 5. L’Impie. On y lit dans le premier livre (pages 35‑37) que : « […] sans m’enquérir, dis-je, si ses illustres ancêtres demeuraient dans la ville d’Angoulême ou au faubourg de Saint-Pierre, {b} s’ils faisaient trafic de drap de bure ou de filasse, il me suffira de savoir qu’il a grand tort de trompeter sa noblesse partout, et de faire une généalogie de ses nobles ancêtres dans son Apologie, {c} puisque les chardons sont ses armoiries ; car, pour ce qui est de son père (qui ne lui a jamais passé procuration {d} du libelle qu’il a fait contre Pasquier, bien qu’il dise le contraire, page 238), {e} il saura que l’auditeur des comptes (qu’il accuse dans son Apologie de Poitiers, d’être semper auditor, page 28) {f} a ouï dire qu’il fut un des premiers qui conspira contre M. d’Épernon, le jour < de la > Saint-Laurent, {g} et qu’il fut assommé à la porte du château d’Angoulême, comme il voulait entrer dedans et le surprendre ; en quoi, je trouve qu’il a eu tort car, puisqu’il savait si bien le style de procureur, il devait substituer quelqu’un en sa place, afin qu’il reçût par procuration ce qu’il a reçu en < sa > propre personne. » {h} |
47. |
« Garasse a voulu assouvir sa haine en s’exposant au péril de la peste » : manière fort cruelle d’interpréter, comme un suicide, l’abnégation et la pieuse mort de François Garasse. Ce curieux portrait, qui le dépeint comme vénal, cynique et même athée, s’accorde mal avec les très vigoureux combats qu’il mena contre les libertins et les jansénistes, et lui valurent leur très profonde haine. V. note [7], lettre 25, pour l’écrivain Jean-Louis Guez de Balzac, dont Garasse critiqua la plume et les mœurs. |
48. |
« sauf avant cent ans d’ici. » V. notes [4], lettre 37, pour un copieux développement sur l’expulsion des jésuites de Venise en 1606, et [1], lettre 465, pour leur rétablissement en 1657. |
49. |
Le contexte des deux citations latines aide à comprendre le propos déroutant du Borboniana, qui assimile les poètes aux carmes déchaussés (v. note [22], lettre 198).
L’Ordre des carmes déchaussés a été fondé au xvie s. par Thérèse d’Avila (v. note [6], lettre 758) et par le moine espagnol Jean de la Croix (1542-1591), bienheureux (1675), saint (1726) et docteur (1926) de l’Église catholique. La grande qualité littéraire de ses poèmes mystiques lui a valu d’être consacré au xxe s. « Prince des poètes » espagnols. Nicolas Bourbon, ne s’intéressant qu’aux livres latins, {a} avait pu lire les : Opera mystica V. ac Mystici Doctoris F. Ioannis a Cruce primi religiosi discalceati ordinis D.V.M. de Monte Carmelo et Seraphicæ Virginis Theresiæ fidelissimi coadiutoris. Ex Hispanico idiomate in Latinum nunc primum translata, per R.P. F. Andream a Iesu Polonum eiusdem Ordinis Religiosum. Una cum Elucidatione Phrasium Mysticarum, quas Author in his suis Operibus usurpat. Quorum seriem versa pagina docebit. Sachant tout cela, il appartient à chacun de décider ce qu’a voulu dire le Borboniana : si Nicolas Bourbon se moquait des carmes déchaussés (va-nu-pieds), des poètes (dont il était lui-même), ou des deux castes à la fois. Nous en savons toutefois un peu plus sur l’exécration qui poussait les écrivains à imaginer que leur pire ennemi était mort dévoré par les poux, hors de toute vraisemblance médicale. |
50. |
« “ La bonne santé ne repose pas sur l’opinion d’autrui, si quelqu’un souffre d’une maladie interne, etc. ” Allons M. Ramus, allons M. Talon ! Voyez le tome i des Opera d’Adrien Turnèbe, page 262. » Omer i Talon (Audomarus Talæus, vers 1510-Paris 1562), grand-oncle de Jacques {a} et du plus célèbre Omer ii, {b} avocats généraux qui se sont succédé au Parlement de Paris, était prêtre et curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. {c} Professeur de rhétorique au Collège du Cardinal Lemoine, {d} Omer i Talon était très ami de Pierre Ramus. {e} Avec deux « allons… ! », dont le sens est à prendre pour ironique, le Borboniana citait les : Viri clarissimi Adriani Turnebii Regii quondam Lutetiæ Professoris Opera : nunc primum ex bibliotheca Amplissimi Viri Stephani Adriani F. Turnebi Senatoris Regii, in unum collecta, emendata, aucta et tributa in Tomos iii… [Œuvres du très distingué M. Adrien Turnèbe, {f} jadis professeur royal à Paris. Tirées pour la première fois de la bibliothèque du très éminent M. Étienne Turnèbe, le fils, conseiller du roi, {g} qui les a réunies en un seul volume, corrigées, augmentées et distribuées en trois tomes…]. {h} La page 262 du tome i des correspond à la première page des deux discours qui composent l’Adriani Turnebi Responsio ad Audomari Talæi admonitionem Leod. a Quercu Nomine edita m. d. lvi. [Réponse d’Adrien Turnèbe à l’avertissement d’Omer Talon publié à l’adresse de Leodegarius a Quercu {a} l’an 1556], dont le premier est intitulé Leodegarii a Quercu Responsio ad Audomari Talæi Admonitionem [Réponse de Léger Duchesne à l’Avertissement d’Omer Talon] ; c’est donc Duchesne, et non Turnèbe, qui s’adressait à Omer Talon. La citation du Borboniana est extraite des premières lignes (numérotées 13‑28) de cette réponse : Miror equidem, Audomare Talæe, tantum esse a valetudine tua otii tibi, ut aliena potius negotia, quam eam cures, præsertim sic afflictam et perditam. Quis enim non videt, cuivis potius quam tibi has partes admonitionis suscipiendas fuisse ? Consultius multo fecisse, si corpusculo consuluisses, tuo, tibique pepercisses : ac sane vereor, ne admonitio ista ad morbum aliquid addat : est enim omnis offensio ; omnisque labor sic affecto copore magnopere cavendus : nec tibi prospexit, qui hoc oneris aliorum admonendorum tibi imposuit, præsertim salvus ipse et valens tam debili et emaciatio : ultroque, si te amasset, impetum tuum retinere retardareque debuisset, et tuarum te virium, tuæ imbecillitatis admonere ; nisi forte hoc hominibus ostendere voluisti, te aliquando firmiorem esse, et nonnihil ex morbo esse recreatum. Sed mihi velim credas, valetudo, ut alia, fama non constat ; si intus æger sis, cum hac in re nemo plus aliis debeat credere quam sibi : si enim te confirmatiorem paulo esse crediderimus, nihilo magis fueris : nos enim non morbum fefelleris. Sed quoniam te sibi patronum tam infirmum Logicus quæsivit, qui alium quemvis parare debuisset, ne bona caussa qualicunque tuo patrocinio obscurata esse videatur ego, qui ut confido, te aliquanto firmior sum, ei non deero, et amicitia Adriani et bonitate causæ adductus, non admonitioni sed criminationi tuæ breviter respondebo. |
51. |
« Andrea Navagero, ambassadeur de la sérénissime République de Venise auprès de François ier, roi de France, mourut à Blois, cité située au bord de la Loire, le 8 mai 1529, en sa 46e année d’âge. » J’ai corrigé (de 1629 en 1529) l’erreur du manuscrit sur l’année de la mort d’Andrea Navagero (Andreas Nangerius, Venise 1493-Blois 1529), poète, botaniste et diplomate vénitien. Il s’est surtout fait connaître par ses vers et ses discours latins. |
52. |
Célèbre épisode de l’Histoire sainte, le Massacre des Innocents n’est relaté que dans l’Évangile de Matthieu (2:13‑18), après la visite des Mages venus adorer le nouveau « roi des Juifs » (le jeune enfant Jésus) : « Après leur départ, l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : “ Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse. Car Hérode {a} va rechercher l’enfant pour le faire périr. ” Joseph se leva, prit de nuit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il demeura jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi devait s’accomplir cet oracle prophétique du Seigneur :D’Égypte, j’ai appelé mon fils. {b} V. notes :
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53. |
Macrobe, {a} dans ses Saturnales (livre ii chapitre 4), a relaté quelques bons mots de l’empereur Auguste, {b} dont celui que citait ici le Borbonianai : « Quand il apprit que, parmi les enfants de deux ans et au-dessous qu’Hérode, roi des Juifs, avait fait massacrer en Syrie, {c} était compris son propre fils, il dit : “ Il vaut mieux être le porc d’Hérode que son fils. ” » Iosephi Scaligeri Iulii Cæsaris F. Opus de Emendatione temporum : Hac postrema Editione, ex Auctoris ipsius manuscripto, emendatius, magnaque accessione auctius. Addita veterum Græcorum Fragmenta selecta, quibus loci aliquot obscurissimi Chronologiæ sacræ, et Bibliorum illustrantur : cum Notis eiusdem Scaligeri [Ouvrage de Joseph Scaliger, fils de Jules-César, sur la Correction des temps. En cette dernière édition, il a été mieux corrigé, suivant le manuscrit de l’auteur, et augmenté d’une grande annexe. On y a ajouté des Fragments choisis des anciens Grecs, qui éclairent quelques passages fort obscurs de la Chronologie sacrée et des Bibles, avec des notes du dit Scaliger]. {a}
La citation et la réfutation du passage de Macrobe se lisent en effet dans le livre vi, page 550 : Sed omnino tam falsum est Antipatrum Herodis filium inter illos pueros cæsum, quam ipsum Antipatrum bimulum fuisse : nisi forte hominem xxv annorum, aut amplius bimulum vocaveris. Neque enim Iosephus infanticidia illa tacuisset, si eodem tempore, quo cædes Antipatri, contigissent. Interfectus est autem Antipater iussu patris quinque diebus ante obitum ipsius patris. |
54. |
« Voyez Casaubon contre Baronius, page 145, {a} Salian, au tome 6 de ses Annales, page 793 et dans leur Épitomé, page 1081. {b} Voyez aussi Sponde dans l’Épitomé de Baronius, tome i, page 16, {c} la Chronologie d’Abraham Bucholcer, in‑fo, page 627. {d} Voyez Montagu dans sa Vie du Christ, première partie, page 257. » {e}
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