Ipse ego Cænomanum memini, qua pinguia dives, etc.
Nam nimium fidentem animis, nec tanta timentem
invasit miserum labes, qua sævior usquam
nulla fuit, nulla unquam aliis spectabitur annis.
Paulatim ver id nitidum, flos ille iuventæ
disperiit, vis illa animi : tum squallida tabes
artus (horrendum) miseros obduxit et alte
grandia turgebant fœdis abscessibus ossa.
Ulcera (proh divum pietatem) informia pulchros
pascebant oculos, et diæ lucis amorem,
pascebantque acri corrosas vulnere nares.
Quo tandem infelix fato, post tempore parvo
ætheris invisas auras, lucemque reliquit, etc.,
pag. 627. lib. i. [19][89][90]
Fracastor était écolier de Pomponace. [91] Il mourut l’an 1553, anno ætat. 70. apoplexia correptus inter prandendum. [20][92]
« C’est un roi d’étrange nature,
Je ne sais quel diable l’a fait,
Car il récompense en peinture
Ceux qui l’ont servi en effet. »
Quant le roi repassa, pensant faire payer le tableau, le peintre lui dit que d’Aubigné n’en avait point voulu, mais qu’il avait écrit quelque chose au bas. Le roi lut ces vers, mais n’en fit que rire. D’Aubigné étant vieil se retira à Genève [100] où il est mort. Il était ici soupçonné de fausse monnaie : [101] plusieurs faux monnayeurs furent pendus à Poitiers, [102] qui l’avaient chargé par leur testament. Il raconte en son histoire que quand Chastel, [103] écolier des jésuites, eut blessé le roi à la lèvre, il lui dit : « Sire, Dieu a permis que vous n’ayez encore été blessé qu’à la lèvre parce que vous ne l’avez encore renié que des lèvres ; mais quand le cœur y aura consenti, gardez-vous d’un plus grand coup. » Cet homme était si hautain qu’il voulait passer pour grand prophète. Il est vrai que Ravaillac [104] donna dans le cœur. [23] [page 40]
Urbi ut restituat cives, et civibus urbem
Rex Hispana suis late obterit agmina turbis,
Mœnibus et captis fractos emittit Iberos,
Præsidiisque arces, et agros custode tuetur :
Inde caput regni placidus murosque revisit
Parrhisios, modici contentus honore trophæi :
Qui spernit meritos, veros agit ille triumphos. [24]
Desperare viam, et vetitos convertere cursus
sola salus : liceat vexata littora puppe
prendere ? ne longe nimium sit proxima tellus.
Fisus cuncta sibi cessura pericula Cæsar,
sperne minas, inquit, pelagi, ventoque furenti
trade sinum. Italiam si cœlo auctore recusas,
me pete. Sola tibi causa haec est iusta timoris,
vectorem non nosse tuum ; quem numina nunquam
destituunt ; de quo male tunc fortuna meretur
cum post vota venit. Medias perrumpe procellas
tutela secure mea ; cœli iste fretique,
non puppis nostrae labor est : hanc Cæsare pressam
a fluctu defendet onus : nec longa furori
ventorum sævo dabitur mora : proderit undis
ista ratis ; nec flecte manum : fuge proxima velis
littora, tum Calabro portu te crede potitum
cum iam non poterit puppi, nostræque saluti
altera terra dari : quid tanta strage paretur
ignoras ? quærit pelagi cœlique tumultu
quod præstet Fortuna mihi. Etc.
Versu 593. lib. v. [26]
Verum est ? an timidos fabula decipit,
umbras corporibus vivere conditis ? etc.
An toti morimur, nullaque pars manet
nostri ? etc.
Post mortem nihil est, ipsaque mors nihil,
velocis spatii meta novissima.
Spem ponant avidi, solliciti metum.
Quæris quo iaceas post obitum loco ?
Quo non nata iacent.
Tempus nos avidum devorat, et chaos.
Mors individua est ; noxia corpori,
nec parcens animæ. Tænara, [128] et aspero
regnum sub domino, limen et obsidens
custos non facili Cerberus [129] ostio,
rumores vacui, verbaque inania,
et par sollicito fabula somnio. P. 160. [29]
Ce passage a bien fait de la peine au jésuite Delrio, [130] qui l’a voulu réfuter en son commentaire. En voici un autre de Properce : [131]
Num tribus infernum custodis faucibus antrum
Cerberus, et Tityo, [132] iugera pauca novem !
an ficta in miseras descendit fabula gentes,
et timor aut < sic > ultra, quam rogus, esse potest !
En voici un beau de Juvénal Sat. 2a versu 148 < sic > : [133]
Esse aliquos manes, et subterranea regna,
et contum, et Stygio [134] ranas in gurgite nigras,
atque una transisse vadum tot millia cymba,
nec pueri credunt, nisi qui nondum aere lavantur.
Pompée [135] dans Lucain en dit presque autant, que Pline le Grand a imité, voulant prouver que l’âme n’est pas immortelle, lib. 7. ch. 36 : < sic > [136][137]
et quid (ait) vani terremur imagine visus ?
Aut nihil est sensus animis a morte relictum,
aut mors ipsa nihil. Lib. 3, versu 38.
Il y en a quantité d’autres, mais il faut les laisser là, comme venant des païens ou de libertins. J’aimerais mieux savoir les épîtres de saint Paul que tous ces poètes. [30]
………………… Chlamydes [234] Lucullus, ut aiunt,
si posset centum scenæ præbere, rogatus,
“ Qui possum tot ! ait : tamen et quæram, et quot habebo,
mittam. ” Post paulo scribit, sibi millia quinque
esse domi chlamydum ; partem, vel tolleret omnes.
Exilis domus est, ubi non et multa supersunt,
et dominum fallunt, et prosunt furibus. Ergo,
si res sola potest facere et servare beatum,
hoc primum repetas opus, hoc postremus omittas. [48]
Matri longa decem dederunt fastidia menses,
disant que les filles viennent au bout des neuf mois, et que les garçons ne viennent qu’au dixième : car le temps est égal pour les uns et pour les autres ; et néanmoins, les Anciens ont écrit souvent du dixième. Vide Laurentium in Anatome. [49][237] Il y a un passage dans Homère. [238] Ovide aussi, en ses Fastes, [239] l’a cru :
Seu quod adusque decem numero crescente venitur,
seu quia bis quinto femina mense parit. [50][240]
« toutes les merveilles qu’il a, dit-on, accomplies sont des fables, et les païens se sont appliqués à les inventer pour dénigrer les miracles du Christ. Voyez… »
Comme les quatre derniers du Borboniana 5 manuscrit (v. sa note [57]), les articles de cette 6e partie sont imprimés dans le Borboniana publié en 1751.
V. notes :
Néron fut empereur de 54 à 68, et Trajan de 98 à 117. Vespasien, empereur de 69 à 79, avait fondé la dynastie des Flaviens qui régna de 69 à 96. Les Antonins leur succédèrent de 96 à 192. « Tomber » est à prendre au sens d’« échoir » dans « [Apollonius] fit tomber l’Empire à Vespasien ».
Comme le fantôme d’Apollonius est réapparu jusqu’à deux siècles après sa mort supposée (v. infra notule {a‑i} de la note [3]), il est strictement impossible de dire exactement à quel âge il cessa de vivre ici-bas.
« Sur cet Apollonius de Tyane, voyez Flavius Vopiscus dans la Vie de l’empereur Aurélien, édition in‑4o de Casaubon, page 920, où sont contées des merveilles à son sujet. Il y dit : “ Car qu’y a-t-il en effet eu sur terre de plus saint, de plus vénérable, de plus considérable, de plus divin que ce personnage ? Il a ramené des morts à la vie ; il a accompli et dit quantité de choses qui dépassent les capacités humaines. Que celui qui les veut connaître lise les livres grecs qui ont été écrits sur sa vie, etc. ” {a} Sur Apollonius de Tyane, voyez l’Epitome de Baronius, dans l’index du tome i. » {b}
- Flavius Vopiscus, qu’on dit natif de Syracuse et contemporain de l’empereur Constantin ier (ive s., v. note [24] du Naudæana 3), est l’un des six auteurs de l’Historia Augusta [Histoire Auguste], dont Isaac Casaubon a donné une édition commentée (Paris, 1603, deux parties en un volume in‑4o, v. notule {a}, note [32], lettre 503), mais celle que j’ai consultée ne contient pas de page 920. La vie de Divus Aurelianus [le divin empereur Aurélien], qui a régné sur Rome de 270 à 275, occupe les pages 307‑333 de la première partie. Le passage cité (mis en exergue dans ma transcription) est à la page 320 et concerne la prise de Tyane par Aurélien :
Taceri non debet res, quæ ad famam venerabilis viri pertinet. Fertur enim Aurelianum de Tyanæ civitatis eversione vere dixisse, vere cogitasse : verum Apollonium Tyanæum, celeberrimæ famæ auctoritatisque sapientem, veterem philosophum, amicum vere deorum, ipsum etiam pro numine frequentandum, recipienti se in tentorium ea forma, qua videtur, subito adstitisse atque hæc Latine, ut homo Pannonius intellegeret, verba dixisse, “ Aureliane, si vis vincere, nihil est quod de civium meorum nece cogites. Aureliane, si vis imperare, a cruore innocentium abstine. Aureliane, clementer te age, si vis vivere. ” Norat vultum philosophi venerabilis Aurelianus atque in multis eius imaginem viderat templis. Denique statim attonitus et imaginem et statuas et templum eidem promisit atque in meliorem rediit mentem. Hæc ego a gravibus viris conperi et in Ulpiæ bibliothecæ libris relegi, et pro maiestate Apollonii magis credidi. Quid enim illo viro sanctius, venerabilius, antiquius diviniusque inter homines fuit ? Ille mortuis reddidit vitam, ille multa ultra homines et fecit et dixit. Quæ qui velit nosse, Græcos legat libros, qui de eius vita conscripti sunt. Ipse autem, si vita suppetat, atque ipsius viri favori usquequaque placuerit, breviter saltem tanti viri facta in literas mittam : non quo illius viri gesta munere mei sermonis indigeant, sed ut ea, quæ miranda sunt, omnium voce prædicentur.Les commentaires de Casaubon se lisent à la page 508 de la seconde partie. Je les ai insérés dans la traduction empruntée à l’édition de Désiré Nisard (Paris, J.J. Dubochet et Cie, 1845, in‑8o, Aurélien, chapitre xxiv, pages 577‑578) :
« Il ne faut pas omettre ici un fait qui intéresse la gloire d’un grand homme. Aurélien avait, dit-on, résolu et ordonné la destruction de cette ville ; mais Apollonius de Tyane, ancien philosophe d’une haute réputation de science et de sagesse, le véritable ami des dieux, et digne lui-même d’être vénéré comme une divinité, se présenta soudain à l’empereur, sous sa forme accoutumée, {i} et au moment où celui-ci entrait dans sa tente. Alors, s’adressant à lui en latin afin d’être entendu de ce prince, qui était Pannonien, {ii} “ Aurélien, lui dit-il, si tu veux vaincre, garde-toi de songer au massacre de mes concitoyens. Aurélien, si tu veux régner, crains de verser le sang innocent. Aurélien, montre-toi clément, si tu veux vaincre. ” L’empereur connaissait les traits de l’illustre philosophe, dont il avait vu le portrait dans plusieurs temples. Étonné de cette apparition, il promit de lui consacrer un tableau ; il lui promit aussi des statues et un temple, et il revint à de meilleurs sentiments. Ce fait, je l’ai appris des hommes les plus graves de notre temps ; je l’ai trouvé dans les livres de la Bibliothèque ulpienne, {iii} et je le crois surtout par respect pour Apollonius. A-t-il jamais existé, en effet, un mortel plus saint, plus vénérable, plus sublime, plus divin ? Il a rendu la vie aux morts ; {iv} il a fait et dit une infinité de choses qui sont au-dessus des forces de l’homme. On peut en voir le récit dans ceux des auteurs grecs qui ont écrit son histoire. {v} Pour moi, je veux, si je vis assez pour cela (et puisse-t-il accueillir favorablement cette promesse !), je veux donner un abrégé de la vie de ce grand homme : non que ses actions aient besoin du secours de ma plume, mais parce qu’on ne saurait trop multiplier l’éloge de ce qui est admirable. » {vi}
- Aurélien vivait au iiie s., soit deux siècles après Apollonius : c’était donc quelque chose comme son fantôme qui apparaissait à l’empereur.
Commentaire de Casaubon sur Ipsum etiam pro numine frequentandum [Digne lui-même d’être vénéré comme une divinité] :
Constat ex patrum scriptis et antiquis historicis insignem istum planum divinis honoribus vulgo passim affectum : cum haberet hunc unum stupor gentium, cuius magicas imposturas veris veri Dei Iesu Christi miraculis opponeret. Cum igitur hoc tibicine fulcirent homines pagani ruentes iam superstitiones suas, nemo debet mirari Vopiscum hoc loco in illius laudes ferri πλησιστιον.[Les écrits des Pères et les historiens antiques font bien voir que cet insigne charlatan a partout et communément été honoré d’un culte divin : la stupidité des gens tenait au seul fait que ses impostures magiques l’opposaient aux véritables miracles du vrai Dieu, Jésus-Christ. Bien que les païens se précipitassent alors en foule pour vénérer ce joueur de flûte, personne ne doit s’étonner des louanges de ce personnage que Vopiscus chante à pleines voiles en ce passage].
- Ancienne province romaine englobant l’actuelle Hongrie et les contrées limitrophes ; Aurélien était né à Sirmium, aujourd’hui en Serbie.
- La Bibliotheca Ulpia, fondée à Rome au début du iie s. de notre ère, sous le règne de Trajan (Marcus Ulpius Traianus, v. note [2], lettre 199), a été détruite vers le ive s.
- Commentaire de Casaubon sur Ille mortuis reddidit vitam [Il a rendu la vie aux morts] :
Historiam respicit Philostrato narratam extremo libro quarto ; sed non audet Philostratus affirmare puellam quæ mortua efferebatur, vere mortuam fuisse. Nam ait inter cætera, ειτε σπινθηρα της ψυχης ευρεν εν αυτη, ος ελεληθει τους θεραπευοντας. Elatos multos vitam recuperasse quam videbantur amisisse, ex Plinii septima historia notum est : ut taceamus de similibus memoriæ nostræ exemplis.[Réminiscence de l’histoire que Philostrate a racontée à la fin du livre iv (de sa Vie d’Apollonius de Tyane) ; mais Philostrate n’ose pas affirmer que la petite fille, qu’on avait présentée (à Apollonius) comme morte, le fût véritablement, car il dit entre autres : « Peut-être trouva-t-il en elle une dernière étincelle de vie, qui avait échappé à ceux qui la soignaient. » D’après le livre vii de l’Histoire (naturelle) de Pline, il est connu que de nombreuses personnes ont retrouvé la vie quand elles paraissaient l’avoir perdue ; sans parler de maints cas semblables survenus de nos jours].
- Ma traduction, au début de la présente note, est volontairement plus littérale.
- Il ne reste aucune trace d’un tel écrit de Vopiscus, mais il a mentionné les apparitions merveilleuses d’Apollonius en plusieurs autres endroits de sa Vie du divin Aurélien.
- L’index de L’Abrégé des Annales ecclésiastiques du cardinal Baronius, fait par Henri de Sponde {i} renvoie à plusieurs passages sur Apollonius de Tyane, dont le plus disert est à la page 202, sur l’an 68 après Jésus-Christ :
« § xi. Apollonius Tyaneus vient à Rome. Et néanmoins le diable, comme ennemi du genre humain, fit venir cette même année un nouveau magicien à Rome, plus méchant que tous les autres, qui est Apollonius Tyaneus, qui se disait philosophe pythagoricien ; lequel étant arrivé à Rome, fut dès le jour d’après connu par le consul Telesinus, qui le protégea de son autorité, selon < ce > que rapporte Philostrate, {ii} qui dit, de plus, qu’une jeune fille qui était portée en terre fut ressuscitée par cet Apollonius ; encore qu’il dise qu’il n’oserait assurer si elle était véritablement morte. Mais je tiens que ce qu’il dit en cet endroit est autant véritable comme la pronostication du foudre {iii} qui devait tomber sur la table de Néron, qu’il rapporte en cette année sur le consulat de Telesinus ; ce qui était advenu il y avait six ans passés, Néron étant consul pour la quatrième fois, avec Cornelius Cossus, ainsi que Tacite l’assure, qui a plus exactement recherché les ans qu’aucun autre par les fastes consulaires. {iv} Et par conséquent, Philostrate ayant parlé faux en ces choses de néant, {v} comment sera-t-il cru ès {vi} choses de grande conséquence et admirables qu’il dit de cet imposteur ?§ xii. L’estime que l’on en fit. On ne saurait croire combien il {vii} a fait de mal en écrivant ces impostures, car il semble que ç’a été une invention du diable, lequel, envieux de la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ, voyait que, par le moyen de son saint Évangile, elle croissait au large par toute la terre. De même (établissant un Antéchrist) a eu soin de faire écrire son faux évangile par un menteur excellent afin que les hommes, y ajoutant foi, crussent qu’Apollonius n’était moindre que notre Seigneur Jésus-Christ ou, qu’ainsi qu’il {viii} avait fait par magie plusieurs choses, comme beaucoup de gens le savaient (entre lesquels Dion l’historien, pour ce sujet magicien et sorcier fort expert), aussi ils crussent {ix} que notre Seigneur se servit du même art. Et de fait, le philosophe Hiéroclès, l’un des juges de l’Aréopage, n’a eu autre dessein en son livre contre les chrétiens que de faire voir qu’Apollonius était égal à notre Seigneur ; les folies duquel ont été excellemment réfutées par Eusèbe, qui a écrit contre lui. {x} Plusieurs ont adoré cet Apollonius comme un dieu, ainsi qu’Hiéroclès le dit des Éphésiens, Lampride, de l’empereur Alexandre, et Anastase de Nicée, de plusieurs autres. {xi} Et il {vii} dit que les démons firent plusieurs choses en son nom pendant sa vie, et qu’après sa mort, il se fit des signes près de son tombeau. Sur quoi aussi, il est écrit dans Justin {xii} que sa statue, par l’opération des démons, donna quelquefois des réponses ; mais enfin, Dieu lui ferma la bouche. Au reste, Philostrate dit qu’en cette même année, Telesinus étant consul, il se retira de Rome et alla en Espagne ; car le diable, à l’imitation de notre Seigneur, envoya par le monde ses faux apôtres, le chef desquels fut Apollonius. »
- Paris, 1655, tomes i et ii (in‑fo de 944 pages), v. note [19‑4] du Naudæana 3 ; première édition latine en 1613, v. note [21], lettre 408.
- Caius Luccius Telesinus n’est ainsi connu que pour avoir protégé et promu Apollonius.
- Sic pour « aussi véritable que la prophétie de la foudre… ».
- Registre qui, dans la Rome antique, contenait les triomphes, et les noms des consuls, des dictateurs et des censeurs. Une notre marginale renvoie au livre xiv des Annales de Tacite.
- Infimes détails.
- Dans les.
- Philostrate.
- Puisqu’il.
- « et qu’ils crussent aussi ». V. note [35] du Borboniana 6 manuscrit pour Dion Cassius.
- Méprise de Baronius (ou de Sponde) : Eusèbe de Césarée a écrit contre Hiéroclès Sossianos, et non contre le philosophe Hiéroclès d’Alexandrie (v. note [3], lettre latine 57) : v. supra note [1].
- Ælius Lampridius (Lampride) est un autre des six auteurs de l’Histoire Auguste. On lit dans Vie d’Alexandre Sévère (chapitre v) : « On lui donna le nom d’Alexandre parce qu’il était né à Arca, dans un temple consacré à Alexandre le Grand, où son père et sa mère s’étaient fortuitement rendus le jour de la fête d’Alexandre pour célébrer la cérémonie. »
Anastase est un improbable évêque de Nicée (viiie‑ixe s.), auquel on a attribué divers ouvrages de chronique ecclésiastique.
- Marcus Junianus Justinus, auteur d’un abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée (v. note [5], 3e lettre de Roland Desmarets).
V. notes [43]‑[45] du Borboniana 7 manuscrit pour un autre supplément d’informations sur Apollonius, personnage, réel ou fabuleux, dont la réfutation a fort préoccupé les théologiens chrétiens.
Le Borboniana abrégeait la vie de Jérôme Vignier (Blois 1606-Paris 1661) : fils d’un pasteur calviniste et petit-fils d’un historien réputé, {a} il se convertit au catholicisme et devint chartreux, puis prêtre de l’Oratoire. Il était très savant en lettres et en histoire, mais allait alors bientôt publier plusieurs fausses chroniques tirées d’archives qu’il avait forgées de toutes pièces, dont :
La véritable Origine des très illustres maisons d’Alsace, de Lorraine, d’Autriche, de Bade et de quantités d’autres. Avec les tables généalogiques des descentes des dites maisons et des branches qui en sont sorties depuis l’an de Jésus-Christ six cent jusques à présent. Le tout vérifié par titres, chartes, monuments et histoires authentiques. {b}
- V. infra note [6].
- Paris, Gaspar Meturas, 1649, in‑fo de 244 pages ; ouvrage que Jean-Jacques Chifflet (v. note [18], lettre 104) a traduit en latin (Stemmata Austriacum…, Anvers, 1650).
Le Borboniana m’épargne la peine d’expliquer ce qu’étaient les « promenades de Nicolas Bourbon », puisque nous les faisons ici en sa compagnie.
Le P. Gomer était sans doute très savant, et le P. Bonnet, très consciencieux, mais je n’ai pas trouvé trace de ces deux probables prêtres de l’Oratoire dans les biographies et bibliographies du xviie s.V. note [13], lettre 467, pour Fra Paolo Sarpi, sa vaste érudition, qui incluait l’anatomie (v. note [13] de la Consultation 16), son opposition à la papauté et son Histoire du concile de Trente, signée Pietro Soave Polano (Genève, 1621, pour la première édition française). Ce livre, dont Guy Patin a plusieurs fois fait l’éloge dans ses lettres, connut un très grand succès car il jetait une lumière inédite sur le concile de la Contre-Réforme, en amenant de l’eau au moulin des protestants.
« fut fondé par sept marchands de Florence […]. Ce fut l’an 1233 qu’ils commencèrent à vivre en commun […] et l’année suivante, le dernier jour de mai, veille de l’Ascension, ces sept laïques et un prêtre, qui s’était joint à eux, ayant reçu la bénédiction d’Arding évêque de Florence, se retirèrent au mont Sénaire, à deux lieues de la ville. En 1239, ils reçurent de l’évêque la règle de saint Augustin, avec un habit noir, au lieu du gris qu’ils avaient porté jusqu’alors. […] L’évêque Arding leur donna un habit qui consistait en une chemise de laine, une petite tunique blanche et, par-dessus, une grande tunique noire, une ceinture de cuir, un scapulaire et une chape. […] Cet Ordre a eu jusqu’à 27 provinces. Les papes leur ont accordé beaucoup de grâces […]. Aujourd’hui leur habit est une robe, un scapulaire et un manteau noirs. Il n’est point établi en France et il est devenu fameux en Italie par l’Histoire du Concile de Trente de Fra-Paolo, Vénitien, qui était religieux servite. […] En quelques villes d’Italie on les appelle religieux de l’Annonciade, parce que, dans ces villes, leur église est dédiée à Dieu sous le titre de l’Annonciation de la Sainte Vierge. Cet Ordre, comme on le voit, est fort différent des guillemins ou Blancs-Manteaux institués à Marseille. » {a}
« l’action par laquelle on reçoit le corps et le sang de Jésus-Christ au très auguste sacrement de l’Eucharistie, Christi corporis et sanguinis sumptio, accessio ad sacrum Christi corporis epulum. {b} Origène marque qu’avant la communion, on disait dès lors, {c} comme nous faisons encore, les paroles du centenier, “ Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit, etc. ” {d} On ne saurait faire avec trop de respect la sainte communion. Saint Cyprien {e} appelle les communions précipitées, un poison mortel. On retranchait de la communion les personnes scandaleuses avec une extrême sévérité dans l’ancienne Église, et elle ne les y admettait qu’après avoir subi les lois de la pénitence. Le ive concile de Latran {f} ordonne que chaque fidèle reçoive la sainte communion au moins à Pâques : ce qui montre qu’il souhaite qu’on le fasse même plus souvent ; et en effet, on le faisait beaucoup plus souvent dans les premiers siècles. Gratien même et le Maître des Sentences donnaient pour règle aux laïques de le faire trois fois l’année, à Pâques, à la Pentecôte et à Noël ; {g} mais l’usage s’était introduit au xiiie s. de n’approcher de l’Eucharistie qu’à Pâques, et le concile jugea à propos d’en faire une loi, de crainte que le relâchement et la tiédeur n’allassent encore plus loin dans la suite ; < mais > il n’y eut jamais plus de communions, et moins de changement de vie. Une communion indigne est celle qui se fait en état de péché mortel. La communion pascale est d’obligation. Il y a des oraisons pour dire avant et après la communion. Les Orientaux se servent d’une cuiller pour administrer aux laïques la communion sous l’espèce du vin. C’est une preuve de leur foi sur la présence réelle. Autrefois on s’est servi d’un chalumeau pour la même chose en Occident, comme B. Rhenanus l’a remarqué sur Tertullien. {h}Communion sous les deux espèces, c’est-à-dire sous l’espèce du pain et sous l’espèce du vin : l’Église a retranché pour de grandes raisons la communion sous les deux espèces ; dans la primitive Église, on administrait souvent la communion sous une seule espèce, et on n’a jamais cru que la communion sous les deux espèces fût nécessaire aux laïques, ou ordonnée par Jésus-Christ pour tout le monde. M. Bossuet et le P. Doucin, jésuite, ont fait des livres de la communion sous les deux espèces. {i} Dans le ixe s., on donnait encore la communion sous les deux espèces, ou plutôt, on donnait l’espèce du pain trempée dans celle du vin. On la recevait aussi d’abord dans la main. M. de Marca {j} croit que la communion sous une seule espèce a commencé en Occident sous le pape Urbain ii, l’an 1096, et à la conquête de la Terre sainte, avouant cependant que dès le commencement de l’Église on le faisait souvent ; car il ne parle que de l’introduction de l’usage général, qu’il attribue au xviiie canon du concile de Clermont, {k} qui ordonne à la vérité que l’on communie sous les deux espèces séparément, mais qui fait cependant deux exceptions, l’une de nécessité, et l’autre de cautèle : la première pour les malades, et la seconde en faveur des abstèmes, ou de ceux qui auraient horreur du vin. » {l}
- V. note [5], lettre 952.
- « consommation du corps et du sang du Christ, participation au repas sacré du corps du Christ. »
- Au iiie s. : v. note [16] du Patiniana I‑2 pour Origène.
- Paroles du centurion (ou centurier) à Jésus dans l’Évangile de saint Luc (7:6).
- Au iiie s. : v. note [13], lettre 195 pour saint Cyprien.
- En 1215.
- Le Décret de Gratien, publié au xiie s., est un fondement du droit canonique. Pierre Lombard est un théologien du même siècle, évêque de Paris. V. note [47], lettre 101 pour le livre De la fréquente Communion (Paris, 1643) où Antoine ii Arnauld fit paraître au grand jour la querelle doctrinale entre jansénistes et jésuites sur ce point de culte.
- Un chalumeau est ce qu’on appelle vulgairement une paille. Beatus Rhenanus, secrétaire et disciple d’Érasme (v. note [5], lettre 584) a donné un commentaire des œuvres de Tertullien (v. note [9], lettre 119).
- Les prêtres qui célèbrent la messe catholique communient toujours sous les deux espèces ; les laïques ne reçoivent que le pain (hostie). V. note [4], lettre 972, pour Jacques-Bénigne Bossuet. Louis Doucin (1652-1726) est un théologien et historien jésuite français.
- Notre édition contient une lettre de Guy Patin à Pierre de Marca.
- En 1095.
- Un abstème est une personne qui s’abstient de boire du vin.
La communion est aussi un sacrement dans la religion réformée, mais en y voyant une présence symbolique et non substantielle du Christ, c’est-à-dire en refusant la transsubstantiation.
Protestants et orthodoxes communient encore généralement sous les deux espèces.
Relation de l’état de la religion, et par quels desseins et artifices elle a été forgée et gouvernée en divers États de ces parties occidentales du monde. Tirée de l’anglais du chevalier Edwin Sandis. Avec des additions notables. {a}
Il s’agit d’un brûlot protestant, comme le signalent nettement les titres de six des 44 chapitres (les autres sont à l’avenant) :
Pour les papes, le Borboniana renvoyait à la fin du chapitre xxxii (page 212), Description du pape Clément viii :
« Et pour distinguer plus subtilement les espèces de cette bonté papale, on dit en Italie que Pie cinquième {a} était bon prélat, mais nullement bon prince ; Sixte cinquième, {b} bon prince, mais non bon prélat ; Grégoire treizième, {c} bon prince et prélat, mais non bon homme ; Clément huitième, {d} bon homme, bon prince et bon prélat. Et tel le laissé-je, désirant son accroissement de jour en jour en toutes les parties de vraie bonté, de laquelle son Église a trop peu, et lui rien de trop. »
- Genève, Pierre Aubert, 1626, in‑8o de 323 pages ; première édition en italien, sans lieu ni nom (sous l’estampille vénitienne des Alde), 1625, in‑4o de 192 pages, Tradotta dall’Inglese del Cavaliere Edoino Sandis in Lingua volgare, con aggiunta notabili [Traduit de l’anglais du chevalier Edwin Sandis en italien, avec de notables additions].
- 1566-1572, v. note [3], lettre 61 ;
- 1585-1590, v. note [45] du Naudæana 1 ;
- 1572-1585, v. note [2], lettre 430 ;
- 1592-1605, v. note [2], lettre 47.
« Voyez de Thou. »
Cet article complétant le précédent, je l’ai transféré depuis le bas de la page 38.
Jérôme Vignier {a} était fils de Nicolas ii Vignier (vers 1575-Blois 1645), pasteur calviniste influent, ministre de l’Église de Blois, auteur de plusieurs ouvrages de controverse religieuse contre les catholiques. Lui-même était fils de Nicolas i (1530-1596), dont Jacques-Auguste i de Thou a raconté la vie dans son Histoire universelle (livre cxvii, règne de Henri iv, année 1596, Thou fr, volume 13, pages 33‑34) :
« Nicolas Vignier mourut à Paris, dans les fêtes de Pâques. {b} Il était né à Bar-sur-Seine en Champagne, l’an 1530, d’une famille médiocre, son père étant procureur fiscal de cette ville. Ayant perdu tout son bien par le malheur des guerres civiles, il fut obligé de sortir de son pays, et exerça quelque temps la médecine dans les cours des princes d’Allemagne. Il n’était pas seulement très habile dans cette science et dans toutes les parties de la philosophie, il était encore très versé dans la connaissance de l’histoire et de la chronologie ; et avant qu’Onufre Panvini et Charles Sigonius eussent publié leurs ouvrages chronologiques, il avait travaillé comme eux, mais avec des opinions différentes, à éclaircir l’histoire romaine. Ces deux auteurs l’ayant prévenu, {c} il s’abstint par modestie de mettre son ouvrage au jour, et se contenta de publier en langue vulgaire un commentaire sur les Fastes de Rome, où il discutait certains points contestés par les Anciens. {d} Il composa encore plusieurs autres écrits sur l’histoire, et surtout une excellente Chronologie. Lorsque les troubles de la France eurent été apaisés, il fut rappelé dans sa patrie, après une longue absence, et le roi l’honora d’une pension considérable. Étant venu à Paris, il y fit imprimer cette Chronologie dont je viens de parler, {e} ouvrage où l’auteur examine, discute, démêle et fixe, avec autant de discernement que de sagacité, l’établissement des empires, leurs révolutions et leur décadence, avec l’origine des peuples divers et des familles illustres. Il composa une Histoire ecclésiastique à laquelle il ne put mettre la dernière main, ouvrage posthume que ses deux fils Jean et Nicolas ont publié après sa mort. » {f}
- V. supra note [4].
- V. note [56] du Borboniana 1 manuscrit pour la mort de Nicolas i Vignier dans le Collège de Clermont.
- Ayant fait paraître leurs ouvrages avant lui : v. notes [2], lettre 117, pour Onofrio Panvinio, et [20] du Patiniana I‑2 pour Carlo Sigonio.
- Les Fastes des anciens Hébreux, Grecs et Romains. Avec un Traité de l’an et des mois, où est amplement discouru sur la signification et diversité d’iceux entre les anciens et modernes. Par M. Vignier historiographe du roi. {i}
- La Bibliothèque historiale de Nicolas Vignier de Bar-sur-Seine, médecin et historiographe du roi. Contenant la disposition et concordance des temps, des histoires et des historiographes, ensemble l’état des principales et plus renommées monarchies selon leur ordre et succession. Au très-chrétien roi de France et de Pologne, Henri troisième. {ii}
- Recueil de l’Histoire de l’Église, depuis le baptême de notre Seigneur Jésus-Christ, jusques à ce temps. Par Nicolas Vignier de Bar-sur-Seine, médecin et historiographe du roi. {iii}
- Paris, Abel L’Angelier, 1588, in‑4o de 403 pages.
- Ibid. et id. 1587-1588, trois volumes in‑fo.
- Leyde, Christoffle de Raphelengien, 1601, in‑4o de 638 pages, avec dédicace à Sully (Maximilien i de Béthune) signée Nicolas et Jean Vignier, et datée de Blois le 19 décembre 1601.
Beaugency, sur la Loire, était une seigneurie et une place forte de l’Orléanais (actuel département du Loiret).
V. note [1], lettre 29, pour la Congrégation des prêtres de l’Oratoire, à laquelle appartenait aussi Nicolas Bourbon.
Seules les atteintes nerveuses et vasculaires tardives de la syphilis (vérole), au stade tertiaire, étaient mortelles (v. note [9], lettre 122).
Tous les hauts personnages cités ici sont nés après 1470, c’est-à-dire peu avant ou après le début de l’épidémie européenne du « mal français » (ou « italien ») qui a accompagné la première guerre d’Italie (1494-1497), et que beaucoup d’historiens tiennent pour la preuve que la syphilis a été importée du Nouveau Monde par les équipages de Christophe Colomb (v. notes [20], lettre 211, et [41] de Guy Patin éditeur des Opera omnia d’André Du Laurens en 1628) :
Pour tous ceux-là et celle-là, resterait à croire que le diagnostic de vérole a jamais reposé sur des signes fiables.
« Faisons-en l’essai sur cette âme abjecte ; […] Existe-t-il au monde une âme si abjecte que le Christ ne l’ait rachetée de son sang ? »
Le renvoi à la Prosopographie d’Antoine Du Verdier {a} est ajouté dans la marge. Cette anecdote y est contée différemment à la page 2542, livre huitième (tome troisième, Lyon 1603) :
« Marc-Antoine Muret, citoyen romain natif {b} en Limousin, grand orateur et poète, ainsi que ses œuvres en témoignent, était cousin de Jean Dorat, poète du roi. {c} Après avoir donné à la France l’odeur de son érudition et espérance de grand fruit, fut accusé d’une abomination, dont il fut prisonnier au Châtelet à Paris, et tenu fort étroitement dans un cachot. Là, sentant le ver de la conscience et craignant une mort honteuse, encore qu’il devait davantage craindre le jugement de Dieu et la mort éternelle, il se délibère de se laisser mourir de faim. Dorat me le contant, disait < que > les Grecs appellent cela αποκαρτερειν ; {d} toutefois, Dieu eut pitié de son âme et ne le voulut perdre. Ses amis s’employèrent ; son savoir et l’espérance qu’on avait qu’il ferait quelque fruit et se repentirait fi<ren>t qu’on trouva moyen de l’ôter de là, mais il lui faillit {e} abandonner le royaume. Il prend son chemin en Italie où, étant en une ville de Lombardie, il tomba malade. Il était assez mal vêtu pource qu’il s’était déguisé ; avec cela, il avait un visage assez grossier, couperosé ; tellement qu’on n’eût jamais jugé que ce corps, dans ces haillons, eût logé un si bel esprit. Il fait appeler le médecin ; ce médecin l’ayant quelque peu traité, trouvant sa maladie douteuse, dit qu’il fallait consulter avec un autre ; un autre vient, ils consultent librement en sa présence et en latin, pource qu’ils n’eussent cru que < ce > Français eût entendu latin, étant si mal en conche. {f} Il ne perdait pas un seul mot de ce qu’ils disaient. Après avoir longtemps débattu sur un remède non usité, l’un se met à dire, faciamus periculum in corpore vili ; {g} et prennent cette résolution de faire une expérience sur ce corps abject. Le congé pris par les médecins, avec quelques promesses d’un bon remède, et lui ayant donné l’ordre de son régime, le compagnon, {h} qui savait bien autant du latin comme eux, se lève, paye son hôte et s’en va. Ayant fait quelques lieues, l’appréhension de se mettre entre les mains des médecins le guérit. »
- V. notule {a}, note [59] du Borboniana 4 manuscrit.
- Sic pour « né » ; v. note [31], lettre 97, pour Marc-Antoine Muret, mort en 1585.
- V. note [30] du Borboniana 7 manuscrit pour Jean Dorat, professeur royal de poésie grecque.
- Apokarterein : se laisser mourir (de faim) ; faire la grève de la faim, dans la langue moderne.
- Archaïsme pour « fallut ».
- Conche : « vieux mot qui signifiait autrefois, la bonne ou mauvaise fortune de quelqu’un » (Furetière).
- « Faisons-en l’essai sur ce corps abject ».
- Muret, à qui les médecins avaient prescrit leur traitement.
V. notes :
Seule s’ajoute ici l’opinion douteuse de Johannes Buxtorf (Buxtorfius) l’Ancien (Kamen en Westphalie 1564-Bâle 1629), célèbre hébraïsant protestant bâlois, surnommé le maître des rabbins, qui était le père de Johannes le Jeune (v. note [8], lettre latine 10).
« Sur Postel, voyez de Thou. »
Jacques-Auguste i de Thou a évoqué la mémoire de Guillaume Postel, dans son Histoire universelle (livre lxxiv règne de Henri iii, année 1581, Thou fr, volume 8, pages 565‑566) :
« Guillaume Postel, [est] né de parents obscurs dans un village de Normandie nommé Barenton. {a} Il s’appliqua d’abord à la philosophie et aux mathématiques ; s’étant mis ensuite à voyager, il apprit plusieurs langues, et surtout les langues orientales. Il composa divers ouvrages d’un goût étranger, qu’il publia en Italie, en Allemagne, et même en France. Enfin, étant à Venise et y ayant lié une amitié étroite avec une vieille fille, {b} il tomba dans une erreur également extravagante et détestable, soutenant que la réparation des femmes n’était pas encore achevée. {c} De retour à Paris, il enseigna cette erreur dans les leçons publiques qu’il donnait ; mais sur la dénonciation des théologiens, les magistrats l’interdirent de sa chaire. La démangeaison de donner des leçons publiques l’engagea à se rétracter en 1564 par un livre qu’il adressa à la reine mère ; {d} mais on peut dire qu’au lieu d’y avouer ses erreurs, il ne chercha qu’à les pallier par des interprétations forcées, et par des sens fanatiques qu’il y donne ; et lorsqu’il recommença à donner des leçons de mathématiques suivant la permission qu’il en avait obtenue, il y glissa encore ses principes ; ce qui le fit absolument interdire pour l’avenir, et on l’enferma au prieuré de Saint-Martin à Paris, où il mourut le sept de septembre, âgé de près de cent ans, {e} ayant toujours gardé sa virginité, à ce qu’il disait ; et c’était à cette vertu qu’il attribuait la santé robuste dont il avait joui toute sa vie. » {f}
- Barenton, près d’Avranches, est une petite commune de l’actuel département de la Manche, au sud-ouest du Cotentin.
- Professeur royal de mathématiques, Postel était féru de sciences occultes et de mysticisme ésotérique ; fondateur de la « cabale chrétienne », il s’était farci la tête des rêveries qu’il avait puisées auprès d’une devineresse, qu’il appelait la Mère Johanna, dont il s’était entiché à Venise, la tenant pour une réincarnation du Christ ; le texte latin original la qualifie bien de virginis vetulæ [vieille fille] (édition de Paris, 1614, page 91).
- Traduction fidèle du latin, de feminei sexus salutari reparatione non dum consumata [de la salvatrice réparation du sexe féminin qui n’a pas encore été menée à bout] : ce qui veut dire que « la corruption de l’Ève vieille » continue à corrompre et à damner l’humanité (selon les propres termes de Postel).
- Postel n’a rien publié entre 1563 et 1571. Un mémoire de l’abbé Sallier {i} (page 809), établit que ce texte n’a jamais été imprimé :
« La Bibliothèque du roi […] conserve plusieurs, {ii} parmi lesquels j’en ai trouvé un entre autres qui m’a paru mériter attention. Ce manuscrit ignoré jusqu’ici est de la main même de Postel, et signé de lui ; le titre est ainsi conçu : Les Rétractations de Guillaume Postel, touchant les propos de la Mère Jeanne, autrement dite Vierge vénétiane, ainsi qu’il a exposé au souverain Sénat, à Venise, à Rome, à Paris. {iii} Guillaume Postel adresse ses Rétractations à Catherine de Médicis, et l’épître dédicatoire est datée de 1564. La célébrité de l’écrivain dont il s’agit ici, la suite des faits qu’il raconte avec sincérité, l’aveu qu’il fait de ses erreurs et l’exposition de ses sentiments m’ont paru exiger que l’on fît connaître ce nouvel ouvrage de Guillaume Postel. »
- Éclaircissement sur l’histoire de Guillaume Postel, dans les Mémoires de littérature, tirés des registres de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (tome quinzième, années 1738-1740, Paris, Imprimerie royale, 1743, in‑4o de 816 pages).
- Manuscrits de Postel.
- Ce manuscrit (auquel de Thou, comme président du Parlement nommé en 1562, avait pu avoir accès) est consultable en ligne sur Gallica. Le titre ne surnomme pas la Mère Jeanne « Vierge vénétiane » [vénitienne ?], mais « vénéfiane » [magicienne, du latin venefica]. La dédicace à la reine est signée « Le moindre serviteur des serviteurs de Dieu en votre peuple très chrétien unis, Guillaume Postel ».
- En latin, centenario proximus : lourde exagération car les biographies modernes font mourir Postel à l’âge de 71 ans (1510-1581). V. note [20] des Affaires de l’Université en 1650-1651 pour le prieuré clunisien de Saint-Martin-des-Champs à Paris.
- Ce texte corrobore et enrichit ce qui est dit sur la vie de Postel et sur ses extravagances mystiques dans la note [45] du Naudæana 4.
Jacques-Auguste i de Thou a rendu deux vibrants hommages à Pierre i Pithou (mort en 1596, v. note [4], lettre 45), son mentor dans la rédaction de sa monumentale Histoire universelle :
Je n’y ai pas lu le propos que rapportait ici le Borboniana, mais ce passage du livre cxvii a retenu mon attention (page 773, édition latine de Francfort, 1658, tome troisième) :
Vixit annos lvii ad æternam beatudinem evolavit Novigenti ad Sequanam quo se grassante Augustobonæ Tricastium per illum autumnum populari morbo contulerat, Kal. ixbrib. natali suo, quo eodem die parens meus ante xiiii annos obiit, quem Pithœus et vivum coluit, et mortuum in me porro colere non desiit, ita ut incomparabilis amici morte, qui cum partiri curas, et non solum de studiis, sed etiam de Rep. consilia communicare consueveram, ceptæ historiæ pensum protinus e manibus excusserim, abiecissemque prorsus, nisi tanti viri et de me ac patria tam bene meriti memoriæ hoc debere existimassem, ut quod illo aucotore inchoaveram ad publicam utilitatem, cui nostram in ea parte industriam prodesse olim iudicabat, quamvis tanto adiutore destitutus, aliis undecunque quæ ab illo solo ab initio speraveram, conquisitis subsidiis ad exitum tandem perducerem.
Traduction de 1734 (Thou fr, volume 13, pages 39‑40) :
« Il mourut le 1er de novembre, jour auquel il était né, âgé de 57 ans, à Nogent-sur-Seine, où il s’était retiré à cause d’une maladie contagieuse qui régnait à Troyes pendant cet automne. Ce fut ce même jour, 14 ans auparavant, que mourut mon père, pour qui ce grand homme avait une sincère amitié, qu’il lui a, pour ainsi dire, continuée en m’honorant d’une amitié pareille. Dès que j’appris la mort de cet illustre ami, pour qui je n’avais rien de caché, à qui je faisais part de mes études, et souvent de mes pensées au sujet de la république, je me sentis entièrement découragé pour la continuation de mon Histoire, et j’aurais absolument abandonné un travail, qu’il m’avait conseillé d’entreprendre pour l’utilité du public, si, privé du secours sur lequel seul je me fondais d’abord, je ne m’en étais ensuite procuré d’autres, qui m’ont heureusement aidé à fournir ma carrière. »
V. notes :
Pour le reste, cet article du Borboniana est consacré à quatre membres de la famille d’Amboise (ou d’Amboyse), qui furent tous profondément dévoués au service de la Couronne de France, qui les en récompensa bien. Appartenant à la branche de Chaumont, ils étaient cousins des d’Amboise d’Aubijoux (v. note [34], lettre 288).
Il reste connu aujourd’hui des érudits pour son autre carrière, celle de littérateur, notamment comme traducteur d’ouvrages italiens et coéditeur (Paris, 1616) des œuvres latines d’Héloïse et Abélard (v. note [92] du Faux Patiniana II‑7). Son discours de paranymphe, prononcé devant les licenciés de la Faculté de médecine de Paris (v. note [8], lettre 3), n’a apparemment pas été imprimé : je ne l’ai trouvé dans aucune de ses bibliographies.
Bayle lui a consacré un article, et Tallemant des Réaux, le premier paragraphe de l’historiette intitulée D’Amboise père et fils (tome ii, page 282) :
« Monsieur d’Amboise était maître des requêtes. Son père avait été premier chirurgien du roi. {a} Un jour, le feu président de Mesmes {b} lui reprocha, en bonne compagnie, que son père était chirurgien : “ Il est vrai, répondit-il, et il me souvient qu’il me disait qu’il n’avait jamais pu vous guérir de la ladrerie, ni votre père ni vous. ” » {c} Ce bon M. d’Amboise ne rencontrait pas si bien en toutes choses, témoin la préface qu’il a mise au-devant des Œuvres d’Abélard. » {d}
- Jean d’Amboise (v. supra) est réputé avoir successivement servi cinq rois de France, de François ier à Henri iii, mais sans avoir obtenu le titre de premier chirurgien.
- Henri ii de Mesmes (président au mortier en 1621, v. note [12], lettre 49).
- « Ils en sont accusés ; et le plus fâcheux, c’est qu’une de leurs sœurs mourut, il y a quelques années, tout<e> dévisagée de ladrerie » (note de Tallemant des Réaux).
- V. les notes C et F de Bayle.
« né à Paris, 3e fils de M. Jean d’Amboise […], après avoir exercé dans la Maison du roi la charge de son père avec réputation, entra en licence dans la Faculté de médecine, la soutint avec honneur et, après l’avoir finie, fut bientôt admis au nombre des médecins du roi. Pendant le cours de sa licence, il fut élu recteur de l’Université, et il eut à faire, durant son rectorat, deux actions importantes : la première fut de prêter le serment de fidélité pour l’Université entre les mains du roi Henri iv ; la seconde furent deux plaidoyers qu’il fut engagé de prononcer en Parlement contre les jésuites, pour le jugement du procès qui y était pendant entre l’Université et ces pères, qui lui donnèrent lieu de faire briller son éloquence en deux assemblées très nombreuses, où ces discours furent beaucoup applaudis. »
Les Annales de la Société des soi-disant jésuites… {a} (tome premier, pages 496‑504) ont transcrit et longuement commenté le Décret de l’Université de Paris, qui ordonne une procession publique en action de grâces de la réduction de la ville de Paris sous l’obéissance du roi Henri iv, comme légitime souverain, et qu’on intentera un procès aux pères jésuites. Il est daté du 12 avril 1594 et signé Jacques d’Amboise. L’action contre les jésuites avait pour but unique « de les chasser tous sans exception » du royaume.
Dans son Éloge historique de la Faculté de médecine de Paris (Paris, 1773), Jacques-Albert Hazon a parlé de son rectorat (pages 36‑37) :
« Nos bacheliers et nos licenciés ont fourni à l’Université des recteurs {b} d’un grand nom et d’un mérite distingué.Les docteurs des facultés, sortis, par le doctorat, des nations académiques, ne purent plus prétendre au rectorat ; les bacheliers et les licenciés, appartenant encore aux nations, furent éligibles. {c} On nommait rarement des licenciés, et il < y > fallait avoir des raisons particulières ; ils avoisinaient trop le doctorat et, pour lors, les nations prenaient des précautions pour qu’ils éloignassent le doctorat ou qu’ils abdiquassent le rectorat. Telles furent celles qui furent prises pour la promotion de M. Jacques d’Amboise, licencié en médecine, qui avait un mérite non commun, et dont on avait besoin dans les circonstances critiques où il fut nommé recteur, après la réduction de la capitale sous l’obéissance de Henri iv. […] Notre licencié plaida en plein Parlement, et en latin, dans le grand procès que l’Université intenta à la nouvelle Société en 1594. » {d}
- Paris, 1764, v. note [26] du Naudæana 4 manuscrit.
- V. note [3], lettre 595, pour la charge et les fonctions du recteur de l’Université de Paris, qui était ordinairement élu parmi les membres de la Faculté des arts.
- V. note [8], lettre 679, pour les quatre nations qui composaient la Faculté des arts. Hazon nous apprend ici que les bacheliers licenciés des facultés majeures (théologie, médecine et droit canonique) y étaient assimilés tant qu’il n’avaient pas atteint le grade de docteur.
- La Compagnie de Jésus.
Jacques d’Amboise avait été reçu bachelier à l’examen de 1592 sous le décanat de Henri Blacvod (1590-1594, v. note [29], lettre 390). Le catalogue de Baron et la collection des thèses conservée par la BIU Santé ne recensent qu’un seul acte qu’il ait disputé, le 28 avril 1594 : sa cardinale, présidée par Nicolas Ellain (v. note [10], lettre 467), sur la question An venæ sectio arthritidi purgatione commodior ? [Dans la goutte, la phlébotomie convient-elle mieux que la purgation ?] (réponse affirmative) ; le candidat y arbore son titre d’Academiæ Parisiensis Rector [recteur de l’Université de Paris] et dédie son travail au roi Henri iv. Ses deux thèses quodlibétaires n’ont laissé de trace ni dans les catalogues ni dans le tome ix des Comment. F.MP. rédigés par Blacvod (qui sont courts, peu soignés et incomplets, sans doute en lien avec les désordres de la Ligue) : n’y sont mentionnés que la vespérie et le doctorat d’Amboise (le 16 avril 1594, soit fort peu de temps après son admission à la licence de médecine, qui le mena à sortir de la Compagnie des chirurgiens) ; son nom figure pour la première fois dans la liste des docteurs établie en novembre 1594, et pour la dernière fois en novembre 1606, avec la mention medicus regius. D’Amboise avait en effet été nommé professeur royal de médecine (et non pas simplement médecin du roi) en 1596. Il mourut de la peste le 30 août 1606 (Encyclopédie méthodique de médecine). Bayle lui a consacré un bref article.
En dépit de mes recherches approfondies, je n’ai pas vu trace d’un acte qu’il ait disputé sous la présidence de Jacques i Cousinot (reçu docteur régent en 1592, v. note [26], lettre 7). En 1595 (sans jour ni mois), d’Amboise a présidé une thèse quodlibétaire de Jacques L’Écrivain sur la question An totus homo a nativitate morbus ? [De naissance, l’homme est-il tout entier maladie ? (affirmative), dont le manuscrit est conservé par la BIU-Santé. Guy Patin a repris ce sujet dans sa fameuse thèse de 1643, Estne totus homo a natura morbus ?Dans le Borboniana imprimé (1751, page 254), la transcription s’interrompt brusquement après « Son père était chirurgien. Et comme… », avec cette note (a) : « Il manque ici deux pages dans l’original. » V. infra la fin de la note [28] pour une exception qui prouve la mauvaise foi de cette assertion. Le texte non censuré reprend avec l’article x sur M. de Sancy (v. infra note [36]).
« Voyez l’Epitome de Baronius, par Sponde, aux années 410 (xv) et 411 (xi) après Jésus-Christ, tome i, page 587. »
Dans la traduction française de « L’Abrégé des Annales » de Baronius, {a} ces deux paragraphes concernent Synesius de Cyrène, évêque de Ptolémaïs (siège de l’évêché de Cyrénaïque), mort vers l’an 414. Chrétien convaincu, il était fidèle et fervent disciple de la très savante Hypatie, philosophe néoplatonicienne, {b} astronome et mathématicienne d’Alexandrie.
« Ce Synesius fut un des célèbres philosophes de son temps. Il était de Cyrène {c} et demeura en Alexandrie, où il se maria et eut des enfants ; lui-même décrit sa parenté et sa façon de vivre. Evagrius {d} rapporte que les chrétiens, l’ayant en grande admiration, commencèrent de lui persuader qu’il se fît baptiser et sacrer prêtre, et que le peuple de Ptolémaïde {e} l’ayant choisi et demandé pour évêque, il protesta publiquement qu’il ne garderait point le célibat comme les autres prêtres, et qu’il retiendrait sa femme et coucherait avec elle, et qu’on ne lui pouvait faire croire, contre le précepte de la philosophie, ce que la foi enseigne de la fin du monde, de la résurrection, et que les corps étaient formés avant les âmes ; ce qu’il semble avoir puisé de l’épître du même Synesius à son frère Euoptius, qui se trouve encore aujourd’hui parmi les siennes, et dans Nicéphore, où les mêmes choses sont traitées plus au long. {f} Sur quoi ceux-là se trompent grandement, qui pensent qu’il ait dit ceci tout de bon : et comme s’il l’eût cru véritablement, car comment est-ce que Théophile, évêque, {g} eût pu consentir qu’on eût baptisé celui qui eût opiniâtrement résisté à la croyance de l’Église ? Comment l’eût-il sacré évêque contre la doctrine évangélique et des apôtres, que Théophile savait si bien ? Mais Synesius lui-même déclara amplement que la protestation publique qu’il avait faite n’était que pour empêcher en quelque façon que ce fût qu’on ne le fît évêque, de quoi il s’estimait indigne ; il fit cette déclaration écrivant aux prêtres de son église aussitôt qu’il fut créé évêque, auxquels il ne cela point d’avoir fait tout ce qui lui avait été possible pour être jugé indigne de l’épiscopat, jusque-là même qu’il avait désiré de mourir plutôt que d’être fait évêque. »
« En cette même année, et la première de Synesius en son épiscopat de Ptolémaïde, qui n’était encore expirée, on célébra le concile de Ptolémaïde, dans le Pentople d’Égypte ; {h} et ce, au sujet particulièrement d’Andronicus, gouverneur de cette province, {i} lequel, outre les cruautés effroyables qu’il avait exercées, s’était souvent comporté, de paroles et d’actions, en public, contre l’Église de Dieu et contre notre Seigneur même, avec toute sorte d’injures et de calomnies, attachant, entre autres choses, ces détestables édits aux portes de l’église, ayant osé chasser du lieu de refuge ceux qu’il traitait injustement ; faisant de grièves {j} menaces aux prêtres qui n’approuvaient point ces méchancetés ; protestant même ces paroles d’impiété que personne ne pouvait échapper les mains d’Andronique, quand bien il tiendrait les pieds de Jésus-Christ même. Comme tout ceci eut été proposé et prouvé au concile, on fulmina contre lui la sentence effroyable de l’excommunication, de laquelle nous rapporterons ici la forme pour faire voir les cérémonies anciennes.Après qu’il ne faut plus avertir un homme, mais que nous le devons retrancher comme un membre incurable, de crainte qu’il ne gâte ce qui reste en santé. C’est pourquoi l’Église de Ptolémaïde fait assavoir à toutes ses sœurs les églises, qui sont dispersées par toute la terre, qu’on n’ouvre point aucun temple de Dieu à Andronique et aux siens, à Théoante et aux siens, (ce compagnon était l’exécuteur effronté des méchancetés d’Andronique) que l’entrée dans toute assemblée sacrée leur soit défendue, que tout le temple sacré leur soit fermé, < car > le diable n’a aucune part en paradis ; que si d’aventure ils y étaient entrés en cachette, qu’ils en soient chassés. J’avertis donc tout particulier et tout prince qu’ils ne demeurent ni ne mangent avec eux, et surtout que les prêtres ne parlent à eux durant leur vie, ni ne les enterrent après leur mort ; que si quelqu’un méprise ceci, comme venant de la part de l’église d’une petite ville, et qu’il reçoive ceux qu’elle a excommuniés, comme s’il n’était par nécessaire d’obéir aux pauvres, qu’il divise l’Église établie par notre Seigneur ; que si telle personne est diacre, ou prêtre, ou évêque, nous le traiterons de la même façon que nous avons traité Andronique, nous ne lui donnerons jamais la main, ni nous ne mangerons point avec lui ; car pour ce qu’il est de la sainte communion des mystères sacrés, nous n’en voulons point avoir du tout avec ceux qui communiquent avec Andronique et Théoante.Après tout ceci, Andronique supplia instamment qu’on lui pardonnât ; ce qu’il obtint après avoir fait une bonne pénitence avec les autres. Nous sommes assurés de tout ceci par plusieurs lettres qu’on en écrivit à Synesius, lequel avait conduit prudemment toute cette affaire. Les Anciens louent grandement ce Synesius en l’administration de son évêché. Suidas {k} rapporte ses œuvres, qu’il avait toutes faites pour la plupart auparavant que d’être évêque, comme quelques discours sur la grammaire et sur la philosophie, et des panégyriques, et plusieurs autres livres ; il composa encore, ainsi que le même Suidas l’assure, écrivant à Orus, des livres de la chasse, et un commentaire de l’instrument de l’astrologie ; mais il ne se trouve presque plus rien de tout cela. » {l}
- Paris, 1655, v. notule {b}, note [3] supra.
- V. note [46] du Borboniana 7 manuscrit.
- Cyrène était la capitale de l’antique province romaine de Cyrénaïque, située près de l’actuelle ville de Shahat en Libye, non loin de la côte.
- Evagrius Ponticus, moine et ascète chrétien du ive s.
- Autre nom de la Cyrénaïque, la Ptolémaïde englobait l’est de la Libye actuelle et l’ouest de l’Égypte.
- V. infra note [16] : notules {b}, pour les lettres de Synesius, et {a}, pour Nicéphore Calliste.
- Il semble que Théophile, évêque et patriarche d’Alexandrie, de 384 à 412, autorisa Synesius à devenir prêtre puis évêque, quoique marié à une chrétienne d’Alexandrie ; elle lui aurait donné quatre enfants.
- Sic pour Pentapole d’Égypte, autre nom de la Cyrénaïque et de Ptolémaïde. Le concile qui s’y tint alors n’était pas œcuménique, mais provincial.
- Ce gouverneur de la Pentatople cyrénaïque (autrement nommé Andronique ou Andronic) n’est apparemment connu que pour sa querelle avec Synesius.
- Sévères.
- V. note [47] du Grotiana 2.
- V. infra note [15] pour la liste des œuvres de Synesius qui ont résisté au temps.
Le style et la syntaxe de Sponde ont mal vieilli, mais demeurent intelligibles.
Συνεσιου επισκοπου κυρηνης… Synesii Episcopi Cyrenes- De regno ad Arcadium imperatorem.
- Dion, sive de suæ vitæ ratione.
- Calvitii laudatio.
- De providentia, seu ægyptius.
- Concio quædam panegyrica.
- De insomniis, cum Nicephori Gregoræ explicatione.
- Eiusdem Synesii epistolæ.
Ex Bibliotheca regia.[De Synesius, évêque de Cyrène :
- Discours sur la royauté, à l’empereur Arcadius ;
- Dion, ou la manière de mener sa propre vie ;
- Éloge de la calvitie ;
- La Providence ou l’Égyptien ;
- Un Panégyrique public ;
- Des Insomnies, avec l’explication de Nicéphore Grégoras ; {b}
- Lettres de Synesius.
Tirés de la Bibliothèque royale]. {c}
- V. note [20], lettre 392.
- Historien byzantin du xive s.
- Paris, Imprimerie royale, ex officina Adriani Turnebi typographi Regii [des presses d’Adrien Turnèbe, imprimeur du roi], 1553, in‑fo en deux parties de 134 et 100 pages.
Συνεσιου επισκοπου κυρηνης απαντα τα ευρισκομενα. Synesii Episcopi Cyrenes Opera quæ extant omnia. Nunc primum Græce et Latine coniunctim edita, subsidio et liberalite Reverendiss. Episcoporum et Cleri universi Franciæ Regni. Interprete Dionysio Petavio, Aurelianensi, Societatis Iesu Presbytero, cuius opera eadem illa ex veterum, præsertimque Bibliothecæ Regiæ Codicum fide recensita, ac Notis illustrata prodeunt.[Œuvres complètes de Synesius, évêque de Cyrène. Publiées pour la première fois en grec et en latin, grâce au généreux financement des révérendissimes évêques et de l’Assemblée du Clergé de France. Elles paraissent dans la traduction de Denis Petau, {a} natif d’Orléans, prêtre de la Compagnie de Jésus, qui a pris soin de collationner fidèlement ces textes avec les manuscrits anciens, principalement ceux qui sont conservés à la Bibliothèque royale, et de les enrichir d’annotations]. {b}
- V. note [6], lettre 54.
- Paris, Imprimerie royale chez Cl. Morellus, 1612, in‑fo ; en tête des rééditions suivantes a été ajoutée la Hadriani Turnebi nuncupatoria epistola quam Græce editioni præfixit [Préface d’Adrien Turnèbe, mise en tête de son édition grecque], comme dans celle de Paris, Sébastien cramoisy, 1633, in‑4o en deux parties de 429 pages (texte bilingue de Synesius) et 104 pages (commentaires latins du P. Petau).
À l’édition de Turnèbe, Petau a ajouté :
- Conciuncula in privilegio natalis Domini [Petit sermon sur la célébration de Noël] ;
- Catastasis in qua Pentapolitana calamitas describitur [Catastase (discours intensément dramatique) décrivant la catastrophe qui a frappé la Pentapole] ;
- Constitutio sive elogium Anysii [Description ou éloge d’Anysius] ;
- Sermo de dono Astrolabii ad Pæonium [Discours sur le don de l’astrolable, adressé à la Péonie (Thrace)] ;
- Hymni [Hymnes].
« Nicephoras, livre xiv, chapitre lv. {a} Sur les lettres de Synesius, voyez v. 18, 105, 11, 57, 58, 72, 89. {b} Sur la vie de Synesius, voyez ce qu’il en lui-même écrit, dans l’index de l’édition de D. Petau, au mot Synesius. » {c}
Chapitre lv, De Synèse, évêque de Cyr, et avec quelle opinion il fut promu à l’ordre de prêtrise, pages 363 ro‑364 vo de :
L’Histoire ecclésiastique de Nicefore, fils de Calliste Xanthouplois, auteur grec, traduite nouvellement du latin en français : laquelle contient, en dix-huit livres, les principales affaires chrétiennes, dès le temps auquel notre Seigneur Jésus-Christ s’apparut, ayant pris chair humaine, jusques à six cent vingt-cinq ans ensuivant. De nouveau corrigée et mise en meilleur français qu’auparavant, par deux docteurs de la Faculté de théologie de Paris. {i}
- Paris, Guillaume de La Nouë, 1578, in‑fo de 889 pages.
Il donne une biographie détaillée de Synesius, principalement fondée sur les ouvrages qu’il a laissés, avec cette conclusion édifiante sur l’épineuse règle du célibat des prêtres :
« Je l’ai bien voulu ici ajouter tout à propos, afin que nous puissions connaître ce que l’Église a fait par dispense, maintenant d’une sorte, maintenant d’une autre : non pas comme pour établir certaines lois, mais afin de faire selon le temps ce que de raison. Voilà du grand philosophe Synèse. »
Un extrait d’une épître plus anecdotique (lettre no 4, à Euoptius), citée par Guy Patin, figure dans la note [2] de sa lettre 681.
Cette remarque est ajoutée dans la marge du manuscrit (probablement par Guy Patin).
L’Histoire universelle du sieur d’Aubigné {a}… Dédiée à la postérité, {b} est composée de trois tomes (ou parties), chacun divisé en cinq livres, et doté de sa pagination et de son index propres :
Cette Histoire défend et glorifie le parti protestant français dans les guerres de Religion, et son héros, le roi de Navarre. {e} La Préface en défend le style :
« N’étant possible de plaire à tous à la fois, j’ai estimé qu’il se fallait régler aux meilleurs, et n’attendre pour juges équanimes de ma louange que ceux qui l’ont méritée pour eux. Et si quelqu’un reproche à mon Histoire qu’elle n’a pas le langage assez courtisan, elle répondra ce que fit la Sostrate de Plaute à laquelle son mari, alléguant pour vice qu’elle n’était pas assez complaisante et cajoleuse : “ Je suis, dit-elle, matrone et femme de bien ; ce que vous me demandez est le propre des filles de joie. ” {f} Laissant donc ces fleurs aux poésies amoureuses, rendons vénérable notre genre d’écrire, puisqu’il a de commun avec le Théologien {g} d’instruire l’homme à bien faire et non à bien causer ; étendant nos rameaux, jadis beaux de fleurs inutiles, et maintenant riches de fruits savoureux, moins agréables pource qu’ils ne montrent point de feuilles, tant ils sont rangés près à près. » {h}
- Théodore Agrippa d’Aubigné, v. note [26], lettre 342.
- Maillé, Jean Moussat, 1616, un volume in‑fo.
- En même temps.
- Explique ensuite.
- Henri iv de France en 1589.
- La citation est aussi pertinente que percutante, mais probablement inventée : il n’y a pas de matrone nommée Sostrate dans les comédies de Plaute ; il en existe une dans Les Adelphes de Térence, mais elle ne tient pas ce propos.
- Surnom de saint Jean l’Évangéliste.
- Dans le développement qui suit, d’Aubigné rend un vibrant hommage à deux historiens de son temps, Bernard du Haillan (v. note [19], lettre 925) et Jacques-Auguste i de Thou.
V. notes :
Épernon avait été l’un des fameux mignons du roi Henri iii. Ce mot n’avait alors pas le sens scandaleux qu’on lui réserve aujourd’hui : « la plupart des princes ont des mignons, des favoris qui les gouvernent » (Furetière). D’Aubigné les a rendus odieux dans au moins quatre passages de la deuxième partie de son Histoire.
« […] mais deux choses tiraient en longueur les desseins du siège : premièrement, la crainte de la dépense, laquelle lors se faisait excessive par le roi en dons démesurés, quelque partie à {c} maintenir des capitaines contre les guisards et à corrompre de ceux qu’ils avaient gagnés ; mais beaucoup davantage en la splendeur des mignons, auxquels il fâchait de voir employer leurs menus désirs en grosses nécessités ; et partant, sollicitèrent les traités de paix, et le temps propre pour leur règne. L’autre raison était pource que le morceau de La Fère n’était pas trop aisé à cause de son assiette, et qu’il fallait attendre la sécheresse et l’été ; {d} mais enfin, il fallut ôter ce déshonneur, et les mignons mêmes (lassés de reproches) se convièrent {e} à y marcher, au même temps que la paix se concluait avec le roi de Navarre. »
« Ces mignons (car c’est le terme du siècle) avaient des familiarités avec leur maître, que je ne ne puis ni ne veux exprimer ; cette vie étant odieuse à un gentil courage comme Saint-Luc […]. »
« il s’étend à déduire {h} la pillerie et désordre qui se fait des biens et honneurs de France par les mignons du roi, par le moyen desquels les princes et officiers sont frustrés de leurs fonctions ; à quoi il proteste vouloir apporter remèdes et châtiments. »
« […] le roi n’eut remède que de mettre la main à la plume, et non à l’épée, et écrire à la noblesse, au roi de Navarre et au prince de Condé : {b} que lui et chacun pouvait connaître évidemment combien faux était le prétexte des ligués, sous lequel ils entreprenaient sur sa personne et couronne, n’ayant autre but que s’agrandir par la disparition de l’État ; à quoi il demandait l’assistance que tous devaient à la royauté, et chacun à soi-même. Ces lettres générales furent suivies d’autres plus particulières aux confrères du Saint-Esprit et aux pénitents, {j} par lesquelles le roi notait l’ingratitude et impiété de ceux de Guise, {k} tant par reproche de ses bienfaits que par des contes de leurs débauches ; opposant à cela ses grandes dévotions, desquelles il les prenait à témoin. Les associés ne se servirent guère de la plume ; se contentèrent seulement de faire échapper quelques pasquins {l} et livrets sur l’arrière Vénus {m} active et passive qui s’exerçait au cabinet ; réveillant tous les noms odieux que les gens de bien lisent à regret dans les histoires romaines, et notamment attaquent un des mignons {n} de quelques chancres et maladies vénériennes gagnées par le derrière, traitées et enfin guéries par le médecin Miron {o} qui, étant malcontent, donnait tels avertissements. »
- V. note [5], lettre 175.
- Henri ier de Bourbon (v. note [18] du Borboniana 4 manuscrit).
- En partie pour.
- L’assiette est la situation d’une place forte. Le siège de La Fère dura du 7 juillet au début de septembre 1580.
- S’exhortèrent.
- V. note [21], lettre 113.
- V. note [64] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii.
- Expliquer.
- François, duc d’Anjou, v. note [13] du Borboniana 3 manuscrit.
- V. note [17], lettre 63, pour l’Ordre royal des chevaliers du Saint-Esprit. Les pénitents étaient de pieux laïques réunis en confréries dans diverses villes de France ; en 1583, Henri iii avait fondé à Paris celle de l’Association Notre-Dame.
- Les ligueurs (autrement nommés ligués, guisards ou associés), ralliés au Balafré, le duc Henri ier de Guise (v. note [1], lettre 463) contre les deux rois Henri iii, celui de France et celui de Navarre (le Béarnais, futur Henri iv de France). Une fois tombés en disgrâce, la plupart des mignons rejoignaient la Ligue.
- Pamphlets (v. note [5], lettre 127).
- Sodomie.
- Peut-être le duc d’Épernon s’est-il reconnu dans ce mignon.
- Marc Miron (v. note [6], lettre 550).
Citation tronquée des vers 382‑408, livre i du fameux poème de Fracastor (Girolamo Fracastoro, médecin italien mort en 1533) intitulé Syphilis, sive Morbus Gallicus [Syphilis, ou le Mal français] (Vérone, 1530 et Rome, 1531) : {a}
« Moi-même, à Cenomanum, là où l’opulent [Ollius baigne de son eau] les grasses {b} [prairies de Sabbia, je me rappelle avoir vu un splendide jeune homme, dont nul, en toute l’Ausonie, n’égalait la magnificence et la fortune. {c} À peine pubère, il fleurissait au printemps de la jeunesse, dans la toute-puissance de ses richesses, de ses aïeux et de sa beauté. Il s’appliquait tantôt à dompter la course d’un cheval rétif, à se couvrir d’un casque et à briller dans le maniement des armes, tantôt à soumettre son jeune corps aux rudes exercices de la lutte, à chasser le gibier et à courir les cerfs. Toutes les déesses de l’Ollius et les jeunes filles du Pô, toutes les déesses des forêts et les jeunes filles des champs l’ont convoité, toutes ont soupiré du désir de l’épouser. Peut-être quelqu’une de toutes celles qu’il a négligées n’a-t-elle pas vainement invoqué les dieux vengeurs, et peut-être ses prières les ont-elles émus]. Toujours est-il que, trop confiant en lui-même, sans craindre de si grands périls, le malheureux fut assailli d’une maladie telle qu’il n’y en avait jamais eu de plus cruelle, et que nul n’en avait vue auparavant. Peu à peu se flétrirent cet éclatant printemps, cette fleur de la jeunesse, cette vigueur d’esprit. Alors, quelle horreur ! un ignoble tabès {d} envahit son misérable corps : de hideux abcès enflèrent ses os les plus profonds ; d’affreux ulcères (j’implore la justice divine !) ont rongé ses beaux yeux, le privant du divin plaisir de voir la lumière ; ils lui ont rongé le nez, le réduisant à une plaie creusante. Enfin, peu de temps après, au jour fatal, les invisibles souffles de l’air et la lueur du jour abandonnèrent cet infortuné jeune homme, etc., (livre i, page 627). » {e}
- V. note [2], lettre 6.
- Ma traduction a complété [entre crochets] l’etc. qui abrège la transcription du Borboniana en y ajoutant les 14 vers de Fracastor qu’elle a omis :
pascua Sebina præterfluit Ollius unda,
vidisse insignem iuvenem, quo clarior alter
non fuit, Ausonia nec fortunatior omni.
Vix pubescentis florebat vere iuventæ,
divitiis proavisque potens et corpore pulchro,
cui studia aut pernicis equi compescere cursum,
aut galeam induere et pictis splendescere in armis,
aut iuvenile gravi corpus durare palæstra
venatuque feras agere et prævertere cervos.
Illum omnes Ollique deæ Eridanique puellæ
optarunt nemorumque deæ rurisque puellæ,
omnes optatos suspiravere hymenæos.
Forsan et ultores superos neglecta vocavit
non nequiquam aliqua et votis pia numina movit.- Cenomanum est le nom latin de la ville française du Mans et de sa région, le Maine. Vers le ive s. av. J.‑C. des Cénomans ont migré en Italie du nord pour y fonder une colonie gauloise, et c’est de cette contrée que parlait Fracastor : l’Ollius est le nom latin de l’Oglio, fleuve de Lombardie descendu des Alpes, qui se jette dans le Pô, au sud de Mantoue ; la Vallis Sebina (Sabina ou Sabbia) est l’actuelle Valle Sabbia, vallée des Préalpes lombardes dont l’Oglio traverse la partie méridionale (au sud de Brescia) ; l’Ausonie (Ausonia) est l’Italie des poètes.
- V. note [9], lettre 93, pour le sens exact de ce vieux mot médical, que je n’ai intentionnellement pas traduit ici par cachexie, son synonyme moderne.
- Je n’ai pas trouvé à quoi correspondait la référence donnée par le Borboniana : la troisième édition des Opera omnia [Œuvres complètes] de Fracastor (Venise, Junte, 1584, in‑8o, ne compte que 213 feuillets ; cet extrait y est imprimé au fo 174 ro‑ vo).
Les vers de Fracastor, dont je me suis efforcé (après maints autres) de fournir une traduction médicalement fidèle, dépeignent avec précision une infection syphilitique au plein épanouissement de son stade tertiaire, avec ses atteintes viscérales multiples (tégumentaires, osseuses, nerveuses et ophtalmiques, v. supra note [8]).
Fracastor s’est plus clairement exprimé sur sa conception de la vérole au début du chapitre 10, De Curatione syphilidis, sive Gallici morbi [Traitement de la syphilis ou mal français], livre iii de ses De Contagionibus et contagiosis morbis, et eorum curatione libri tres [Trois livres sur les Contagions et les maladies contagieuses, et sur leur traitement] (Venise, 1546, pour la première édition ; Opera omnia, Venise, 1584, fo 106 ro‑vo) :
Nunc ad eas contagiones transeamus, quæ extima magis occupant, incipientes a Syphilide morbo novo : in cujus curatione nec plane medici consensere, præsertim quum primum in lucem venisset : nam, sicuti in illius cognitione confusi plurimum extitere, ac discordes, ita et in curatione non eadem arbitrati sunt : qui enim adustionem putabant illius causam, per ea etiam medicabantur, quæ adversantur adustioni, non solum nihil iuvantes, sed mirum in modum malum augentes : qui vero existimabant esse idem cum Elephantiasis, per vinum viperatum et viperæ carnes curandum præcipiebant : alii quietem iniungebant : alii et balnea frustra experti sunt : alii doloribus solis intenti reliquam curationem negligebant, donec Empirici a similitudine quadam eius morbi cum scabie fera permoti, ausi sunt primi per caustica morbum curare : multi mox largius de tota curatione scripsere, inter quos et nos trib. libellis ad Petrum Bembum Latinis carminibus nonnulla primum lusimus, quum iuniores essemus, ac civitate pestilentia gravi vexata in Caphios nostros secessimus, ubi a eam rem ocii multum dabatur.Quoniam vero Poetica, ut supra diximus, nec omnia admittit, nec prosequitur, necessariumque nobis fuit plura tum relinqui, nunc quidem, si rursus ea curatio petractetur, et non poetice, sed medice, magis operæ pretium fiet, præsertimque nec ea de recte agi posse videtur, nisi contagionum natura bene perspecta fuerit.
Qui igitur recte curare hunc morbum volet, ad hæc in primis advertat, necesse est : primum quidem, utrum recens sit ægritudo, an inveterata, et quousque processit, et ad quæ membra, si nervosa iam occupavit, si ossa corrupit : tum et si benignior est, an fera, et si multæ materiæ est, an paucæ, an tenacis, an tractabilis magis : tota ne extrorsum sit, an et introrsum sit, et si ulcera multa sunt, et an plus dolorum, quam pustularum, vel contra, similiter, et si gummositatum, et, ut uno verbo dicam, omnes differentiæ eius morbi ante oculos habendæ sunt, maxime autem analogia : nam, tam et si ad phlegma crassum, et sordidum per se sit, non una tamen est phlegmatis eius ratio, ut dictum est : præterea et alia universalia consideranda sunt, ætates, sexus, anni tempora, complexiones, et id genus, neque enim omnibus omnia conveniunt. His ergo bene perspectis scito eam labem, quum iam ossibus insedit, extra spem esse, nisi forte ea ossa uri possint : quare aut eam curationem rejice, aut malum rediturum prænuncia : ea etiamnum difficilior est, quæ est inveterata, et quæ a multa, et tenaci materia pendet, quæque multas gumositates habet, et melancholicum hominem tenet.
[Venons-en maintenant aux contagions qui affectent principalement les téguments, en commençant par la syphilis, cette maladie nouvelle sur le traitement de laquelle les médecins ont été très loin de tomber d’accord, surtout quand elle est apparue pour la première fois. {a} Tout comme ils se sont montrés confus et discordants dans sa compréhension, leurs jugements ont divergé sur la manière d’y remédier : ceux qui pensaient que sa cause est une adustion l’ont aussi traitée par la cautérisation ; {b} ceux qui s’opposaient à l’adustion ont cru que cette méthode non seulement était inutile, mais augmentait le mal ; ceux qui l’estimaient identique à l’éléphantiasis ont prescrit du vin et de la chair de vipère ; {c} d’autres y adjoignaient le repos, et certains ont vainement essayé les bains ; d’autres encore n’ont prêté attention qu’aux douleurs {d} et négligé les autres remèdes ; jusqu’à des empiriques qui, mus par quelque ressemblance de cette maladie avec la gale maligne, ont eu les premiers l’audace de la traiter par les caustiques. {e} Quantité de gens se sont bientôt mis à écrire longuement sur son traitement, et je m’y suis aussi distrait dans ma jeunesse, avec les trois petits livres de poésie latine que j’ai dédiés à Petrus Bembus : {f} la peste sévissait rudement dans la ville, et je m’étais retiré en ma maison d’Affi, {g} où j’eus tout le loisir de m’adonner à cette tâche.
Les poésies, comme j’ai dit plus haut, ne permettent pas de tout exprimer ni de tout expliquer, et voilà pourquoi j’ai alors omis bien des choses. Aussi vaut-il vraiment la peine que j’y revienne maintenant pour traiter entièrement des remèdes, non plus en poète, mais en médecin, et d’autant qu’il paraît impossible d’y parvenir sans avoir attentivement examiné la nature des contagions. {h}
Qui donc veut traiter cette maladie dans les règles doit avant tout prêter attention à ce qui suit. D’abord, bien sûr, il faut savoir si elle est récente ou invétérée et à quel stade elle est parvenue, c’est-à-dire les parties du corps qu’elle a corrompues, et si elle a déjà atteint les nerfs et rongé les os ; ensuite, se demander si elle est bénigne ou maligne, si sa matière est pauvre ou abondante, adhérente ou aisée à détacher, si elle est tout entière apparente en surface, ou aussi cachée en profondeur ; {i} et, quand les ulcérations sont multiples, s’il y a plus de douleurs que de pustules, ou si c’est le contraire ; et pareillement, s’il s’agit de gommes. {j} En un mot, il convient de bien discerner toutes les différentes expressions de la maladie, et surtout aussi les rapports qu’elles ont entre elles : bien qu’elle soit, par essence, liée à une pituite épaisse et viciée, {k} cette humeur n’est pas toujours seule en cause, contrairement à ce qu’on dit. Il faut en outre considérer toutes les autres influences : âge, sexe et complexion du patient, période de l’année, etc., car tout cela varie d’un cas à l’autre. Une fois que vous aurez bien examiné l’ensemble de la situation, sachez que cette déchéance dépasse toute espérance de guérison quand elle intéresse les os, à moins éventuellement qu’il ne soit possible de les cautériser. Renoncez donc alors à la soigner, ou annoncez qu’elle rechutera. La difficulté s’accroît aussi d’autant plus que le mal est invétéré, que sa matière est abondante et adhérente, que les gommes sont nombreuses, et qu’elle frappe un homme de tempérament mélancolique]. {l}
- Cette phrase contient deux affirmations capitales et parfaitement claires sur la syphilis : 1. c’est une contagion (v. note [6], lettre 7) ; 2. elle est récemment apparue en Europe, ce qui sous-entend qu’elle y a été apportée d’Amérique (v. note [9], lettre 122).
- L’adustion désignait à la fois les lésions provoquées par une brûlure des tissus (due au feu ou à un quelconque phénomène pathologique générateur d’échauffement), et se traitait par la cautérisation (v. note [3], lettre 375).
- V. notes [28], lettre 402, pour l’éléphantiasis, au sens de lèpre évoluée (lépromateuse), et [21], lettre 334, pour les anciens emplois de la chair de vipère en thérapeutique.
Fracastor distinguait ici clairement la lèpre de la syphilis (v. note [20], lettre 211).
- La syphilis évoluée est caractérisée par de vives douleurs, dues aux abcès (gommes), qui rongent les tissus, et aux atteintes du système nerveux.
- V. notes [5], lettre 100, pour la gale, dont il existe des formes extensives et graves, qu’on a dites « norvégiennes », et [8], lettre 436, pour les remèdes caustiques (pyrotiques ou corrosifs), autrement nommés cautères potentiels.
- Le cardinal Pietro Bembo, v. remarque 1, note [67] du Naudæana 1, dédicataire de la Syphilide.
- Fracastor résidait à Vérone et possédait une maison de campagne dans la région, à Affi (localité à laquelle il donnait le nom latin de Caphii), sur la rive du lac de Garde, au pied du mont Baldo.
- Il faut vraiment prendre le temps de lire les deux merveilleuses pages que Fracastor a écrites sur la contagion en introduction de son livre : v. note [6], lettre 7.
- Il s’agit de la « matière morbifique » : celle qui compose la maladie, sa propre et particulière « humeur peccante », qu’on peut grossièrement assimiler aujourd’hui à son pus.
- Les gommes, gummositates, sont les abcès spécifiques de la syphilis : comme ceux de la tuberculose, on les dit froids car ils ne provoquent pas d’inflammation marquée (rougeur, chaleur), mais ils forment des tuméfactions souvent douloureuses. Les gommes sont superficielles, dans les téguments (peau, muqueuses), ou profondes, autour des os ou dans le cerveau. Ce sont elles qui, à la tête, peuvent ronger la face, surtout le nez et les paupières, ou perforer le palais, altérant alors la voix.
- Le raisonnement humoral liait la syphilis, maladie tenue pour froide et humide (comme en témoignent ses gommes rongeantes), à la pituite (ou flegme) : celle des quatre humeurs qui réunit ces deux qualités (v. note [15], lettre 260).
- Autre référence humorale, aujourd’hui désuète : quand elle prévalait dans l’équilibre des humeurs, la mélancolie (bile noire ou atrabile, v. note [5], lettre 53), sèche et froide, procurait un tempérament (terrain) propice à l’expansion de la syphilis, maladie froide par excellence, qu’on combattait principalement en échauffant le corps par les sudorifiques (ou hidrotiques), comme le mercure ou le gaïac (v. note [8], lettre 90), remède végétal dont Fracastor a été le zélé promoteur.
La traduction (non annotée) de Léon Meunier (Paris, 1893, v. note [6], lettre 7) ne diffère de la mienne que par le style (pages 317‑320).
V. note [57] du Naudæana 1, pour les Aræ Fracastoreæ [Autels fracastoriens] de Jules-César Scaliger.
« en sa 70e année d’âge, saisi d’apoplexie au moment de prendre son petit déjeuner. »
Fracastor mourut dans sa maison d’Affi (v. supra notule {g}, note [19]). V. note [10], lettre 20 pour le philosophe Pomponace (Pietro Pomponazzo, mort vers 1525).
« Défendre de passer outre » était interdire de poursuivre l’instruction d’un procès. V. note [19], lettre 469, pour Achille i de Harlay, premier président du parlement de Paris de 1582 à 1616.
Banquet et après-dînée du comte d’Arete, où il se traite de la dissimulation du roi de Navarre, et des mœurs de ses partisans. Par M. Dorléans avocat du roi au Parlement de Paris. {b}
C’est un monceau d’insultes contre Henri iv et ses hypocrisies religieuses. Je me limiterai à ce passage virulent (pages 78‑79) où il est question de sa mère, Jeanne d’Albret : {c}
« Voyez-vous donc les ruses, les tromperies et les subtilités des hérétiques ? Voyez-vous leurs renardises quand ils veulent parvenir à quelque but ? Certainement, il est très véritable ce qu’écrit d’eux saint Bernard, que tous hérétiques, en leurs pensées, ce sont renards, et en leurs actions, ce sont vrais loups. {d} Je vous pourrais confirmer cela par un monde d’histoires et par les preuves que nous en avons vues de notre temps, n’était que je suis très certain que vous n’en doutez. {e}Venons maintenant à rechercher en la personne du roi de Navarre si telle maxime est véritable, et s’il sait dextrement user de ruses, de tromperies et dissimulations, pour parvenir à ses prétentions. Je présuppose en lui la qualité de roi, qu’il se donne, combien qu’il soit un roi de rien, et que son royaume soit un royaume de fumée, une couronne de vent et un sceptre de paille, et que tout ce qu’il acquiert, il ne l’a que par perfidie.
Et combien que les hérétiques et politiques l’appellent très-grand, très-auguste, très-clément et très-chrétien, si est-ce que {f} tous les gens de bien, tant domestiques qu’étrangers, et tous les princes chrétiens et catholiques de cet univers ne le tiennent que pour un pauvre et méchant haillon hérétique qui a couvert les parties honteuses de la paillarde de Genève. {g} Je dis un pauvre haillon que trois ou quatre loqueteux de ministres ont tissu {h} en Béarn à la lampe de l’impudicité de sa mère. {i} Ou s’il est très-grand, c’est en perfidie, s’il est très-auguste, c’est en cruauté, s’il est très-clément, c’est envers les impies, s’il est très-chrétien, c’est selon le perfide christianisme des politiques. » {j}
- Paris, 1622, v. note [7], lettre 128.
- Jouxte la copie imprimée à Paris chez Guillaume Bichon, 1593, in‑8o de 264 pages.
Sans lien avec l’Arétin, le fictif ligueur dénommé le comte d’Arete est ainsi introduit pages 9‑10 :
« […] lequel vous connaissez être vertu même, et personnage non moins instruit aux bonnes disciplines qu’il est expérimenté au fait des armes. Ce seigneur donc, voyant la trêve accordée pour trois mois, {i} se résolut de faire retraite en une sienne maison, et y passer son automne ; et après avoir servi Mars {ii} en toute fidélité et vigilance, se retirer au sein de la tranquillité et sacrifier aux Grâces, qu’il a toujours eues pour amies. »
- Au cours de la huitième et dernière guerre de Religion, du 31 juillet au 31 octobre 1593, prolongée de mois en mois jusqu’en janvier suivant.
- La guerre au service des ligueurs.
- Déjà mentionnée plus haut, v. supra note [18].
- Renardises est un vieux mot qualifiant les ruses des renards. Écrivant au xiie s., Bernard de Clairvaux (v. note [36], lettre 524) fustigeait les hérétiques en général, sans pouvoir même imaginer le calvinisme.
- « Si je n’étais déjà très certain que vous n’en doutez pas. »
- Bien que.
- Les calvinistes de Genève.
- « trois ou quatre loqueteux de pasteurs ont formé ».
- Tout de même pas « une fameuse putain », mais pas loin.
- Que Dorléans opposait au fervent catholicisme des ligueurs.
V. note [4], lettre 209, pour la foire Saint-Germain.
« Donner la foire à quelqu’un », c’est « lui faire un présent de quelque chose venant de la foire, ou au temps de la foire » (Furetière).
V. notes :
Dans le livre iv, chapitre iv de la 3e partie (pages 339‑342), il décrit en détail la pyramide expiatoire de Jean Chastel ; {a} mais ce que rapportait ici le Borboniana se trouve dans l’Appendix ou Corollaire des Histoires du sieur d’Aubigné, parlant des présages qu’on prononça sur la destinée de Henri iv (ibid. pages 540‑541) :
« En ce haut degré de prospérités où ordinairement le ciel envoie des avertissements, on a écrit comment ce prince fut troublé en sa chasse par la rencontre d’un spectre qu’on appelle le grand Veneur. {b} On marque d’ailleurs plusieurs prédictions des magiciens, lesquelles je laisse toutes comme de peu de foi pour vous raconter deux propos hors le soupçon de fables et dignes de ce lieu, pource que ce grand roi les a estimés tels, les ramentevant souventefois, {c} comme lui ayant donné quelque frisson. […]L’autre discours, plus bref, lui fut tenu par un de ses vieux serviteurs auquel il montrait le coup de Chastel à travers la bouche, cettui-ci {d}, en présence de la duchesse, en la salle de son logis à Chauny, {e} prononça ces paroles : “ Sire, n’ayant encore renoncé à la vérité de Dieu que des lèvres, il s’est contenté de les percer ; mais quand le cœur fera de même, il fera de même au cœur. ” »
- V. note [2] du Borboniana 4 manuscrit.
- Légendaire fantôme de funeste augure qu’on appelait aussi le Chasseur noir.
- S’en ressouvenant souvent.
- Celui-ci.
- Chauny est une ville de Picardie ; la duchesse était Gabrielle d’Estrées, duchesse de Beaufort (v. note [7], lettre 957).
- Pour dire que Dieu ne pardonnerait pas au volage souverain (le Vert Galant) l’abandon sincère et complet de la piété chrétienne (et non de l’une ou l’autre des ses pratiques, chrétienne ou catholique).
Ce poème de Jean Passerat, {a} intitulé Argumentum pictæ tabulæ, quæ ad portam urbis fixa est reducti Henrico iv. Regi clementiss. et invictiss. [Légende d’une pancarte peinte qui a été accrochée sur une porte de la ville pour le retour du très clément et invincible roi Henri iv], a été imprimé à la page 145 de ses :
Kalendæ Ianuariæ, et Varia quædam Poëmatia. Quibus accesserunt eiusdem Authoris Miscellanea nunquam antehac typis mandata.[Calendes {b} de Janvier, et divers Poèmes. À quoi ont été ajoutés des Pièces mêlées du même auteur qui n’avaient jamais été précédemment imprimées]. {c}
J’en ai mis en exergue les variantes dans cette transcription :
Urbi ut restituat cives, ac civibus urbem,
Rex Hispana suis longe fugat agmina turmis.
Mœnibus hinc captis fractos emittit Iberos :
Præsidiisque arces, et agros custode tuetur.
Inde caput regni, placidus, murosque revisit
Parisios, modici contentus honore trophæi :
Qui meritos spernit, veros agit ille triumphos.[Pour rendre ses citoyens à la ville, et {d} leur ville aux citoyens, le roi, par ses troupes, {e} fait fuir au loin {f} l’armée espagnole ; ensuite {g} il chasse les Ibères défaits après avoir pris leurs fortifications, et sa garde et ses garnisons protègent villes et champs. Depuis, débonnaire, et l’hommage d’un modique trophée l’ayant satisfait, le chef du royaume revient dans les murs de Paris. Qui dédaigne les récompenses remporte les véritables triomphes].
- V. note [2], lettre 21.
- Premier jour de chaque mois latin.
- Paris, Claudius Morellus, 1606, in‑8o de 248 pages.
- Borboniana : et pour ac (même sens, « et »).
- Avec une nuance péjorative qui insère du désordre, le mot turbis du Borboniana [troupes débandées, hordes] est sinon synonyme du turmis de Passerat [troupes rangées, bataillons].
Au cours de la dernière guerre de Religion, les Espagnols, alliés à la Ligue française, avaient pris Amiens le 11 mars 1597. Henri iv leur avait repris la ville le 25 septembre, après 6 mois de combats.
- Borboniana : late obterit, « il écrase largement ».
- Borboniana : et, « et ».
« il s’agit d’une insomnie, c’est-à-dire de veilles permanentes […]. La maladie mélancolique diffère peu de cette affection. » Dans cette phrase, tout de suite a son acception primitive : « sans discontinuer » (et non pas « immédiatement »).
V. notes :Le Dictionnaire de Trévoux a longuement décrit l’insomnie, en expliquant ses liens avec la mélancolie :
« Indisposition qui consiste à ne pouvoir dormir, l’insomnie est causée par le mouvement continuel et excessif des esprits animaux dans les organes internes et externes du corps, qui fait que les esprits reçoivent promptement les impressions des objets sensibles et que, suivant l’espèce du mouvement reçu dans l’organe, ils le continuent dans le cerveau, et fournissent à l’âme différentes occasions de penser. Ce flux excessif et continuel des esprits a deux causes.
- L’une est l’objet sensible qui frappe l’organe avec trop de force. Alors les esprits animaux sont nécessairement agités et émus puissamment ; et comme ces émotions, qui se continuent jusqu’au cerveau par les nerfs, donnent le même mouvement au cerveau, il faut de nécessité que l’animal veille. Ainsi un grand cri, les douleurs, les maux de tête, les tranchées du ventre, {a} et la toux causent l’insomnie. L’âme, quand elle est occupée de soins {b} et de méditations, y a aussi quelque part, puisqu’agissant par le ministère des esprits animaux, les soins et les méditations qui agitent ces esprits ne peuvent manquer de produire l’insomnie. Les veilles opiniâtres des mélancoliques sont de ce nombre. On en a vu qui ont passé jusques à quatorze jours, et même trois ou quatre semaines sans pouvoir dormir.
- L’autre cause est le vice même de ces esprits animaux, qui les dispose à des mouvements précipités, ou opiniâtres, comme leur trop grande chaleur, et celle du cerveau dans les fièvres ardentes. Les esprits étant alors agités rapidement dans le cerveau, causent l’insomnie. De là vient que l’on s’y trouve beaucoup plus sujet en été et dans la jeunesse. Outre les passions de l’âme, telles que l’amour, la crainte, la terreur et la colère, pendant lesquelles les esprits agités par un mouvement continuel entretiennent les veilles, les longs jeûnes font la même chose, à cause que le défaut d’aliments subtilise les esprits animaux et dessèche le cerveau.
Enfin, l’insomnie est un symptôme fort ordinaire aux vieillards, les pores du cerveau {c} ayant été ouverts ou trop élargis par le passage continuel des esprits depuis un fort grand nombre d’années qu’ils y passent et repassent trop facilement. Cela est cause que, quoique ces esprits soient d’ailleurs tranquilles, ils ne laissent pas de tenir les vieillards éveillés par leur mouvement perpétuel.
Les insomnies sont plus dangereuses dans l’âge de consistance {d} et aux femmes qu’elles ne le sont dans la jeunesse et aux hommes. On en a vu de quarante-cinq nuits de suite, et on parle de l’insomnie d’un mélancolique qui fut quatorze mois sans dormir. Ces sortes de veilles dégénèrent souvent en démence.
Dans les enfants les insomnies sont d’ordinaire la suite de quelque autre maladie. Elles surviennent à l’éruption difficile des dents, aux vers, ou aux tranchées, {a} ou succèdent aux crudités de l’estomac qui rendent la nuit inquiète, et qui interrompent le sommeil. »
- V. note [2], lettre 267.
- Soucis.
- Orifices ou petits canaux imaginaires qui étaient censés mettre le cerveau en communication avec le reste du corps, et permettre l’entrée et la sortie des « esprits » (influx nerveux).
- La maturité : de la puberté au début de la vieillesse (vers cinquante ans au xviie s.).
Lucain, La Pharsale {a} (livre v, vers 574‑593) : en 48 s. av. J.‑C., au début de sa guerre contre Pompée, Jules César campe avec sa petite armée sur la côte d’Épire (actuelle Albanie), attendant les renforts que Marc-Antoine doit amener d’Italie. {b} Une nuit, tenaillé par l’impatience, César décide de traverser l’Adriatique pour convaincre Antoine de se mettre en route ; seul et en cachette, il réveille un marin nommé Amyclas, qui dort dans sa cabane ; en lui promettant la fortune, il le convainc de l’emmener sur sa barque, en dépit du vent et des flots déchaînés, qui mettent l’embarcation en grand péril de sombrer ; effrayé, Amyclas dit à César :
« “ ‘ La traversée est sans espoir, le seul recours est de rebrousser chemin. Me permets-tu de regagner le rivage d’où nous sommes partis, de crainte d’en être bientôt trop éloigné ? ’ Confiant en sa capacité à dominer tous les périls, César répond : ‘ Méprise les menaces de la mer et livre ta voile au vent déchaîné. Si le ciel t’en dissuade, moi je veux gagner l’Italie. Ta peur n’a qu’une excuse : tu ignores qui tu conduis. C’est un homme que les dieux n’abandonnent jamais, et qui punit la Fortune {c} quand elle n’obéit pas à ses vœux. Force notre passage dans la tempête avec assurance, je te protège. Le tourment du ciel et du détroit n’atteint pas notre barque car elle porte César, et ce fardeau la prémunira de la tempête. La fureur des vents ne durera guère. Notre barque calmera la mer. Ne change pas de cap. Dirige ta voile pour t’écarter du proche littoral. Persuade-toi que gagner un port de Calabre est notre seul espoir possible car notre bateau ne pourra atteindre un autre rivage. Ignores-tu la cause d’un tel carnage ? En déchaînant le ciel et la mer, la Fortune cherche à l’emporter sur moi. ’ Etc. ”
(Vers 593, livre v). » {d}
- V. note [33], lettre 104
- V. notes [1], lettre 101, pour Pompée, et [9], lettre 655, pour Marc-Antoine.
- V. note [9], lettre 138.
- La tempête redouble alors. La barque va sombrer, mais une vague salutaire la rejette sur une plage d’Épire. César est sain et sauf, mais la Fortune a gagné le combat. On peut malgré tout le dire « heureux » (chanceux, v. note [14] du Borboniana 5 manuscrit).
« “ soumettre notre discernement à l’obéissance de la foi ”, {a} car ces choses relèvent, et ces grands mystères ne se peuvent comprendre par raison humaine naturelle. {b} Lactance enseigne qu’il ne faut pas chercher la logique dans la religion (édition in‑fo, page 102, et le passage de Cicéron [à la même page] 102). » {c}
L. Cœlii Lactantii Firmiani Opera, quæ quidem extant omnia… Accesserunt Xysti Betulei Augustani pia ac erudita commentaria, nunc primum in lucem edita.[Toutes les Œuvres qu’on connaît de L. Cœlius Lactantius Firmanius… Avec les savants commentaires de Xystus Betuleus, natif d’Augsbourg, {ii} publiés pour la première fois]. {iii}
Leur page 102 {iv} ne correspond pas au propos du Borboniana ; la mention de Cicéron renvoie plutôt aux pages 167‑168 : {v}
Summum igitur hominis bonum in sola religione est ; nam cætera, etiam quæ putantur esse homini propria, in cæteris quoque animalibus reperiuntur. […] Equidem sic arbitror, universis animalibus datam esse rationem, sed mutis tantummodo ad vitam tuendam, homini etiam ad propagandam. Et quia in homine ipsa ratio perfecta est, sapientia nominatur : quæ in hoc eximium facit hominem, quod soli datum est intelligere divina. Qua de re Ciceronis vera est sententia. “ Ex tot, inquit, generibus nullum est animal præter hominem, quod habeat notitiam aliquam Dei ; ipsisque in hominibus nulla gens est, neque tam immansueta, neque tam fera, quæ non, etiamsi ignoret qualem Deum haberi deceat, tamen habendum sciat. Ex quo efficitur, ut is agnoscat Deum, qui, unde ortus sit, quasi recordetur. ” Qui ergo philosophi volunt animos omni metu liberare, tollunt etiam religionem, et orbant hominem suo proprio ac singulari bono, quod est a recte vivendo, atque ab omni humanitate disiunctum : quia Deus, ut cuncta viventia subiecit homini, sic ipsum hominem sibi. Nam quid est, cur iidem ipsi disputent, eo dirigendam esse mentem, quo vultus erectus est ? Si enim nobis in cœlum spectandum est, ad nihil aliud utique quam ob religionem. Si religio tollitur, nulla nobis ratio cum cœlo est. Itaque aut eo est spectandum, aut in terram procumbendum. In terram procumbere ne si velimus quidem possumus, quorum status rectus est. In cœlum igitur spectandum est, quo natura corporis provocat. Quod si constat esse faciendum, aut ideo est faciendum, ut religioni serviamus, aut ideo, ut rationem rerum cœlestium cognoscamus. Sed rationem rerum coelestium cognoscere nullo modo possumus : quia nihil eiusmodi potest cogitando inveniri, sicut supra docui. Religioni ergo serviendum est quam qui non suscipit, ipse se prosternit in terram, et vitam pecudum secutus, humanitate se abdicat. Sapientiores ergo imperiti, qui etiam si errant in religione deligenda, tamen naturæ suæ conditionisque meminerunt
Traduction de Jean-Alexandre Buchon (1882) :
« Le souverain bien de l’homme consiste dans la religion, et les autres biens qui lui semblent propres lui sont communs avec les animaux. […] Pour moi, je me persuade que la raison a été donnée à tous les animaux, mais qu’au lieu qu’elle n’a été donnée aux autres que pour défendre leur vie, elle a été donnée aux hommes pour la communiquer. Comme cette raison est parfaite et consommée dans l’homme, on l’appelle sagesse, et c’est par elle qu’il connaît Dieu. Le sentiment de Cicéron sur ce sujet est très véritable : “ Il n’y a, dit-il, que l’homme qui, parmi un grand nombre d’animaux de différentes espèces, ait quelque connaissance de la divinité. Mais parmi les hommes il n’y a point de nation si barbare ni si farouche qu’elle ne sache pas qu’il est celui qu’il faut adorer. Il suit de là que quiconque se souvient de son origine, reconnaît qu’il y a un Dieu. ” {vi} Les philosophes qui ont voulu délivrer les esprits de toute sorte de crainte, ont ôté toute sorte de religion. Il est certain qu’ils ne pourraient rien faire de plus contraire à l’humanité, ni à la raison ; car comme Dieu a assujetti les animaux à l’homme, il a assujetti l’homme à lui-même. D’où vient que ces philosophes disent que nous devons élever notre esprit au lieu même où nous levons les yeux, si ce n’est pour nous avertir de nous acquitter des devoirs de la religion ? S’il n’y a point de religion, quel rapport avons-nous avec le ciel ? Il faut nous élever vers le ciel ou nous abaisser vers la terre. Nous ne saurions nous abaisser vers la terre, quand nous le voudrions, parce que notre taille est naturellement droite et élevée. Il faut donc regarder le ciel. Mais on ne le peut regarder qu’à dessein ou de s’acquitter des devoirs de la religion, ou d’apprendre le mouvement et le cours des astres. J’ai déjà fait voir que nous ne saurions découvrir, par nos pensées et par nos raisonnements, quel est ce mouvement et ce cours. Ce n’est donc que pour s’acquitter des devoirs de la religion qu’il faut regarder le ciel ; et si on ne le regarde, on rampe sur la terre comme des bêtes, et on renonce à la dignité de la nature humaine. Le peuple avec toute son ignorance est plus sage que les philosophes parce que, bien qu’il se trompe dans le choix de la religion, il n’oublie pas entièrement l’excellence de sa nature et de sa condition. »
- V. note [16], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657.
- Sixt Birck (1501-1554), théologien luthérien, dramaturge et philologue allemand.
- Bâle, Henricus Petrus, 1563 de 559 pages.
- Commentaire de Birck sur le chapitre vi, Quod nec mundus totus, nec elementa, sint vel Deus, vel animata [Ni le monde entier ni les éléments ne sont à l’image de Dieu et pourvus d’une âme], livre ii, De Origine Erroris [Sur l’Origine de l’erreur], des Institutiones Divinæ [Institutions divines].
- Début du chapitre x, Proprium hominis esse Deum noscere et colere [Le propre de l’homme est de connaître et vénérer Dieu], livre iii, De falsa Sapientia [Sur la fausse Sagesse], des mêmes Institutiones Divinæ.
- Cicéron (Des Lois, livre i, chapitre viii) a vécu avant le christianisme, mais Lactance était un rhéteur chrétien.
« Car si je me trompe en croyant les âmes humaines immortelles, je le fais de bon cœur ; et je me régale de cette erreur, sans vouloir qu’on m’en démette, tant que je vivrai. Si une fois mort (comme l’assurent quelques petits philosophes), je ne ressens plus rien, je n’ai pas à craindre que des philosophes morts se rient de mon erreur. {a} Si l’homme n’est pas voué à l’immortalité, il est souhaitable qu’il s’éteigne quand vient son heure, {b} étant donné que vivre ainsi est dans sa nature, tout comme dans celle de toutes les autres choses, car il y a dans la nature une mesure pour toutes choses, y compris la vie : la vieillesse est comme l’acte final d’une pièce de théâtre, etc. » {c}
- Ces mots sont commentés plus bas dans la présente note.
La Vieillesse de Cicéron est un dialogue entre Caton l’Ancien (v. note [5] de Guy Patin contre les consultations charitables de Théophraste Renaudot), voyant la mort approcher, et trois jeunes hommes. C’est ici Caton qui s’exprime par la plume de Cicéron.
- Refus (par Caton) de la mort volontaire (suicide).
- Fin de la phrase : cuius defatigationem fugere debemus, præsertim adiuncta satietate [dont nous devons éviter qu’elle ne s’éternise, tout particulièrement quand elle nous a pleinement rassasiés] ; nuance entre se laisser mourir et se donner la mort. V. note [3], lettre latine 100, pour un proche écho de cette pensée dans le même traité de Cicéron.
M. T. Ciceronis, Libri tres de Officiis, una cum Hieronymi Wolfii Commentariis, hac secunda editione et correctis, et nonnihil auctis : quibus ea potissimum tractantur, quæ sunt huius argumenti propria : quæque et a vitiis atque erroribus revocent : et ad veritatis atque virtutis amorem ingenia non distorta impellant : quatenus id quidem oratione mediocri consequi licet. Addita sunt et scholia brevia eiusdem in Catonem, Lælium, Paradoxa, et Somnium Scipionis. Accessit locuples Rerum ac verborum in his memorabilium Index.[Trois Livres de Cicéron sur les Devoirs, avec les commentaires de Hieronymus Wolfius, {a} qui ont été corrigés et amplement augmentés en cette seconde édition. Ils traitent principalement de ce qui touche à cette question : que les esprits non pervers s’éloignent des vices et des erreurs, et soient incités à l’amour de la vérité et de la vertu, bien que cela ne s’ensuive pas de ce modeste discours. Avec les brèves annotations du même auteur sur Caton, {b} Lælius, les Paradoxes et le Songe de Scipion, et un riche index des matières et des mots mémorables]. {c}
Dans cette édition, différente de celle que citait le Borboniana, ce passage (colonnes 260) sur l’erreur risible que ferait Caton en croyant l’âme immortelle (v. première notule {a} supra), y a particulièrement retenu mon attention car il condamne avec véhémence le libertinage :
Quis enim non videt ætatis nostræ intemperias ? qua superstitionis tyrannidi petulantia impietatis, pestis longe gravior et nocentior successit. Religio et pietas in medio posita est superstitionis et impietatis : quarum etsi neutra vel Deo probatur, vel hominibus expedit : tamen optione duorum ingentium malorum data (quoniam vera religio, ut Sacræ profanæque literæ docent, semper paucissimorum fuit) longe optabilior, et ad vitam degendam accommodatior esse videtur superstitio. Hæc enim utcumque in officio continet improbos : impietas vero audacia sua et furore cœlum terræ miscet : ac nisi vi et atrocissimis suppliciis coherceatur, tandem omnem civilem consociationem evertit, vitamque facit viris bonis morte acerbiorem.Cum igitur hæc Catonis sententia et pietati consentanea sit, et rebuspublicis salutaris : summa vi defendenda et retinenda est. Epicureus autem furor cum summo periculo est coniunctus : tum quod (ut dixi) magnam fenestram ad omnem licentiam aperit : tum quod eam petulantiam gravissimæ pœnæ manent, si philosophia illa fefellerit.
[Qui ne voit les emportements de notre siècle où, à la tyrannie de la superstition, a succédé l’effronterie de l’impiété, {d} peste bien plus grave et pernicieuse ? La religion, comme la piété, se situe entre la superstition et l’impiété. Bien que Dieu n’approuve aucune de ces deux-là, les hommes y trouvent leur avantage. S’il fallait pourtant choisir entre ces deux immenses maux (parce que la véritable religion n’a toujours été pratiquée que par très peu de gens, ainsi que l’enseignent les écrits, tant saints que profanes), la superstition paraît de loin plus souhaitable et convenable pour mener sa vie, car, bon an mal an, elle maintient les méchants dans le respect de l’ordre ; tandis que l’impiété, {d} par son audace et sa folie, mélange le ciel à la terre ; et si elle n’est pas réprimée par la force et par les plus atroces supplices, elle finit par renverser toute la société civile, et par rendre aux honnêtes gens la vie plus acerbe que la mort.
Puisque la sentence de Caton est à la fois conforme à la piété et salutaire pour l’intérêt du public, il faut la défendre avec énergie et la retenir absolument. Quant au délire d’Épicure, il est extrêmement dangereux d’y adhérer : et parce qu’il ouvre une large fenêtre sur toutes les licences (comme j’ai dit plus haut), {e} et parce que celui qui se sera égaré dans cette philosophie sera très sévèrement châtié de son impudence].
- V. note [29], lettre 348.
- La deuxième partie de l’ouvrage est intitulée :
M.T. Ciceronis, Cato Maior, seu de Senectute, ad T. Pomponium Atticum : Hieronymi Wolfii Oestingensis Scholiis explicatus. [Caton l’Ancien ou de la Vieillesse, de Marcus Tullius Cicero, adressé à Pomponius Atticus : expliqué par les annotations de Jérôme Wolf, natif d’Oettingen].- Bâle, Eusebius Episcopus, 1569, in‑fo en trois parties de 750, 262 et 62 pages ou colonnes.
- C’est-à-dire l’athéisme, mais Wolf s’est abstenu d’employer un mot aussi fort.
- L’index de la seconde partie de l’ouvrage contient de nombreux renvois aux épicuriens et à l’épicurisme.
Citations fidèles de Sénèque le Tragique (le Jeune), extraites des Troyennes (chœur final de l’acte ii, vers 372‑409) ; pour comprendre exactement l’ensemble, cette traduction (Désiré Nisard, 1855) inclut les passages omis par le Borboniana (mis entre crochets, avec leur source latine ajoutée dans une notule) :
« Est-il vrai que l’âme survive au corps enfermé dans le tombeau ? Ou n’est-ce qu’une fable, vain sujet de terreur pour des esprits timides ? {a} [Quand la main d’une épouse a fermé les yeux de son époux, quand celui-ci a cessé de voir le jour, et que l’urne fatale a reçu ses cendres inanimées, est-ce en vain qu’on rend à son âme les honneurs funèbres ? Est-il vrai que sa triste existence s’étende par delà ?] {b} Ou mourons-nous tout entiers, et ne reste-t-il plus rien de nous [dès que l’âme, s’échappant avec le dernier soupir, se confond avec les nuages et se dissipe dans les airs, dès que la flamme du bûcher a consumé notre froide dépouille ? Tout ce que le soleil éclaire, depuis les climats de l’aurore jusqu’aux lieux où il termine sa course, tout ce que baignent les flots de l’océan azuré, qui tantôt couvre nos plages et tantôt les abandonne, le temps, aussi rapide que Pégase, l’emportera dans sa fuite. Et ce mouvement est pareil à celui des douze signes qui se succèdent l’un à l’autre ; à celui du roi des astres, qui précipite dans le ciel la marche de l’année ; à celui de la reine des nuits, qui se hâte de parcourir son oblique carrière. Nous courons tous au trépas. Il ne reste plus rien de quiconque a vu ce fleuve que les dieux attestent dans leurs serments. Comme la fumée sombre qui s’élève d’un foyer s’évanouit en peu de temps, comme ces nuages épais que dissipe dans l’air l’aquilon impétueux, ainsi s’évapore le souffle qui nous anime.] {c} Il n’y a rien après la mort ; la mort elle-même n’est rien : c’est le dernier terme d’une course rapide. N’espérez rien, ne craignez rien d’une autre vie. Vous voulez savoir où vous serez après la mort, où est ce qui n’existe pas encore ? Nous disparaissons dans les abîmes du temps et du chaos. {d} La mort, qui détruit inévitablement le corps, n’épargne point non plus notre âme. Le Ténare, l’inexorable enfer, et son roi Cerbère, qui défend la porte redoutable de l’empire des morts, {e} ne sont que de vains mots, des fables vides de sens, semblables à ces rêves qui troublent notre sommeil. » {f}
- Ne dédaignant pas de jouer avec le feu, Guy Patin a cité ces deux vers dans ses lettres du 6 octobre 1656 à André Falconet (v. sa note [4]), et du 17 octobre 1667 à Charles Spon (v. sa note [12]).
- Vers 374‑378 :
Quum coniux oculis imposuit manum,
supremusque dies solibus obstitit,
et tristis cineres urna coercuit,
non prodest animam tradere funeri,
sed restat miseris vivere longius ?- Vers 380‑397 :
quum profugo spiritus halitu
Immixtus nebulis cessit in aera,
Et nudum tetigit subdita fax latus ?
Quidquid Sol oriens, quidquid et occidens
Nouit : caeruleis Oceanus fretis
Quidquid uel ueniens, uel fugiens lauat,
Aetas pegaseo corripiet gradu.
Quo bis sena uolant sidera turbine,
Quo cursu properat secula uoluere
Astrorum dominus, quo properat modo
Obliquis Hecate currere flexibus ;
Hoc omnes petimus fata : nec amplius,
Iuratos superis qui tetigit lacus,
Usquam est : ut calidis fumus ab ignibus
Vanescit spatium per breue sordidus ;
Ut nubes grauidas, quas modo uidimus,
Arctoi Boreae disiicit impetus ;
Sic hic, quo regimur, spiritus effluet.- V. notule {c‑iv}, note [48] du Borboniana 1 manuscrit, pour le chaos.
- Le Ténare (Tænara) est le cap le plus méridional du Péloponnèse. Il s’y élevait un temple de marbre noir que les Anciens tenaient pour une entrée des enfers. Dans les mêmes mythes, Cerbère (Fr. Noël) était le :
« chien à 3 têtes, né du géant Typhon et du monstre Echidna, et dont le cou, au lieu de poil, était hérissé de serpents. Hésiode lui donne cinquante têtes, Horace, cent, et presque tous les autres, trois. Ses dents noires, tranchantes, pénétraient jusqu’à la moelle des os, et causaient une douleur si vive qu’il fallait mourir à l’instant. Couché dans un antre, sur la rive du Styx où il était attaché avec des liens de serpents, il gardait la porte des enfers et du palais de Pluton, caressait les ombres qui entraient, et menaçait de ses aboiements et de ses trois gueules béantes celles qui voulaient en sortir. Hercule l’enchaîna lorsqu’il retira Alceste des enfers et l’arracha du trône de Pluton, sous lequel il s’était réfugié. Orphée l’endormit au son de sa lyre lorsqu’il alla chercher Eurydice. La Sibylle qui conduisait Énée aux enfers l’assoupit aussi par une pâte assaisonnée de miel et de pavot. »- Pour en blâmer l’impiété, Guy Patin a cité les deux premiers de ce chœur dans deux de ses lettres :
- celle du 6 octobre 1656 à André Falconet (v. sa note [4]) ;
- celle du 17 octobre 1667 à Charles Spon (v. sa note [12]).
Dans ses six citations, Nicolas Bourbon mentionnait la réfutation de Sénèque par Martin Anton Delrio, {a} puis prenait un malin plaisir à fournir une petite anthologie athée de l’antique littérature latine, mais en la concluant pieusement.
Ainsi commence la critique du chœur des Troyennes {b} dans la 3e partie (pages 438‑455) de son édition commentée des neuf tragédies de Sénèque le Jeune :
Martini Antonii Delrii ex Societate Iesu Syntagma Tragœdiæ Latinæ in tres partes distinctum.[Recueil de la Tragédie latine, divisé en trois parties, par Martin Anton Delrio, de la Compagnie de Jésus]. {c}
Sans transcrire tout ce réquisitoire, j’ai prêté attention à quelques-unes de ses très nombreuses références philosophiques et théologiques (3e partie, pages 438‑439) :
Aristotelem, etsi quidam velint eum impietatis crimine onerare, etiam gravissimi scriptores, verius tamen est, animam humanam immortalem esse credidisse, ut mox docebo. De Platone nihil dubitandum, nec fuere qui dubitent. Non tamen defuere olim hæretici, qui ad rejiciendos Mosis libros contenderent ipsum animam nostram mortalem statuisse, dum dixit : Animam omnis carnis esse in sanguine, Levit. 17. Et esse possent minus prudentes, qui ex Patribus idem se colligere crederent, quorum nonnulli animam humanam (de hac enim sola nunc loquimur) corpoream esse significant ; eo quod solus Deus illis corporeus, et in sacris litteris anima sanguis vocetur, et animæ membrorum mentio sit, Lucæ 16. et alia nonnulla quæ adducunt. […] Et vereor, ne non satis longe ab illa recesserint recentiores quidam Aristotelei, qui conantur in eam philosophorum principem pertrahere, ut Pet. Pomponat. in lib. de anima immortal.[Il est très véritable, comme je le montrerai bientôt, qu’Aristote a cru l’âme immortelle, quoique certains, et même parmi les auteurs les plus sérieux, veuillent le charger du crime d’impiété. En la matière, nul n’a jamais émis le moindre doute sur Platon, aussi n’y a-t-il rien qui l’autorise. Jadis, il n’a pourtant pas manqué d’hérétiques qui, pour récuser les livres de Moïse, ont prétendu qu’il a tenu notre âme pour mortelle, quand il dit au 17e du Lévitique : « L’âme de toute chair est dans son sang. » {d} Les moins sages pourraient aussi croire la même chose en se fondant sur les Pères, dont quelques-uns donnent à entendre que l’âme humaine (et c’est d’elle seule que nous parlons maintenant) est corporelle car, pour eux, seul Dieu est corporel, et les Saintes Écritures appellent âme le sang, et font mention de l’âme des corps (Luc 16, et quelques autres passages). {e} (…) Et je crains que certains aristotéliciens plus récents ne soient pas fort éloignés de cela, {f} quand ils essaient d’y rallier le Prince des philosophes, comme a fait Pomponace dans son livre de l’Immortalité de l’âme]. {g}
- V. note [54], lettre 97.
- V. supra note [29].
- Paris, Pierre Billaine, 1620, un volume in‑4o en trois parties de 188, 315, et 559 pages ; première édition à Anvers, 1593-1594, 3 volumes in‑4o.
- Lévitique, 17:13 (Immolations et sacrifices) :
« Quiconque, enfant d’Israël ou étranger résidant parmi vous, prendra à la chasse un gibier ou un oiseau qu’il est permis de manger, en devra répandre le sang et le recouvrir de terre. Car la vie de toute chair, c’est son sang, et j’ai dit aux enfants d’Israël : “ Vous ne mangerez du sang d’aucune chair car la vie de toute chair c’est son sang, et quiconque en mangera sera supprimé. ” »- Je n’ai rien lu de tel dans le chapitre 16 de l’Évangile de Luc ; ce qui peut y ressembler se lit dans le chapitre 12 (23‑24), avec ces paroles du Christ :
Ideo dico vobis, nolite solliciti esse animæ vestræ quid manducetis, neque corpori quid induamini. Anima plus est quam esca, et corpus plus quam vestimentum.[C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre âme de ce que vous mangerez, ni pour votre cops de quoi vous le vêtirez. L’âme est plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement].
- Cette hérésie selon laquelle l’âme n’est pas immortelle.
- V. note [67] du Naudæana 1 pour ce traité de Pomponace, paru en 1516, et les déboires qu’il valut à son auteur.
« Cerbère aux trois gueules qui garde l’antre infernal, et Tityos dépassant les neuf jugères ! {b} Fable inventée pour les misérables gens contre leur peur de ne pouvoir exister au delà du tombeau ! » {c}
- V. note [52], lettre 155.
- Dans le mythe antique, Tityos, fils de Zeus, est un géant (ici haut de 9 jugères, soit plus de 270 mètres) qui, après avoir violenté Leto, maîtresse de son père, fut envoyé aux enfers, où il subit le même supplice que Prométhée (v. note [16], lettre 210) : un vautour lui dévore indéfiniment le foie. V. supra note [29], notule {e}, pour Cerbère.
- Le copiste du Borboniana manuscrit a inversé le sens de cette proposition en écrivant aut [ou bien] au lieu de haud [ne pas]. Doutant de ce qu’il faut en penser, ma transcription a respecté cette infidélité, en la signalant par un sic.
« Qu’il y ait quelque part et des mânes, et un royaume souterrain, et la gaffe de Charon, et des grenouilles noires dans le gouffre du Styx, {b} et qu’une seule barque puisse suffire pour faire passer l’eau à tant de milliers de morts, les enfants mêmes ne le croient pas, excepté ceux qui n’ont pas encore à payer leur bain. » {c}
- V. note [3], lettre 63.
- V. note [3], lettre 975, pour Charon (que désigne ici sa gaffe, contus, par métonymie), le batelier du Styx (v. note [28], lettre 334). Dans les Grenouilles d’Aristophane, un chœur de ces batraciens accompagne Dionysos quand il traverse le fleuve infernal pour ramener le poète Eschyle (v. note [11] du Faux Patiniana II‑7 pour Eschyle.) dans le monde des vivants.
- Les tout jeunes enfants que leur mère baigne encore à la maison.
« Pourquoi, dit-il, {b} nous laisser terrifier par la vue d’une trompeuse représentation ? Soit les âmes ne sentent plus rien après la mort, soit la mort elle-même n’est rien. » {c}
- V. note [33], lettre 104.
- Pompée (v. supra note [26], notule {b}), se réveillant d’un cauchemar où Julie, sa défunte épouse bien-aimée, lui prédisait la défaite et la mort dans sa guerre contre Jules César.
- Alternative qui ne laisse aucune place au doute.
(v. supra note [26])
Bello Siculo Gabienus Cæsaris classiarius fortissimus captus a Sex. Pompeio, jussu eius incisa cervice et vix cohærente, jacuit in litore toto die. Deinde quum advesperavisset, cum gemitu precibusque congregata multitudine petiit, uti Pompeius ad se veniret, aut aliquem ex arcanis mitteret : se enim ab inferis remissum habere quæ nuntiaret. Misit plures Pompeius ex amicis, quibus Gabienus dixit : inferis diis placere Pompei causas et partes pias : proinde eventum futurum quem optaret : hoc se nuntiare jussum : argumentum fore veritatis, quod peractis mandatis, protinus expiraturus esset : idque ita evenit. Post sepulturam quoque visorum exempla sunt : nisi quod naturæ opera, non prodigia, consectamur.« Dans la guerre de Sicile, Gabienus, brave marin de César, fut pris par Sextus Pompée, qui le fit égorger. Il resta tout le jour sur le rivage, le cou tenant à peine au tronc. Sur le soir, il demanda, avec des gémissements et des prières, à la multitude qui était réunie, que Pompée vînt vers lui ou lui envoyât quelqu’un de confiance, disant que les enfers l’avaient relâché, et qu’il apportait des nouvelles. Pompée y fit aller plusieurs de ses amis, auxquels Gabienus déclara que la cause de Pompée et ce parti honnête plaisaient aux dieux infernaux ; qu’en conséquence l’événement {b} serait conforme à leurs désirs ; qu’il avait reçu l’ordre d’apporter cette nouvelle, et qu’en preuve de la vérité de sa prédiction, il allait expirer aussitôt après s’être acquitté sa commission ; ce qui arriva en effet. On apporte aussi des exemples d’apparition des morts, mais nous nous occupons des œuvres de la nature, et non des miracles. » {c}
- V. note [5], lettre 64.
- L’issue du combat contre Jules César.
- En écrivant que Pline avait « imité » Lucain (son contemporain), Nicolas Bourbon ne voulait pas dire qu’il l’avait raconté la même histoire, mais qu’il avait puisé dans la même veine que lui pour dénoncer l’impiété de Pompée.
« Voyez de Thou à l’année 1596. »
Dans son Histoire universelle (livre cxvii, règne de Henri iv, année 1596, Thou fr, volume 13, pages 34‑35), Jacques-Auguste i de Thou a résumé la vie de Jean Bodin, {a} avec ces remarques :
« […] il publia enfin en français son grand ouvrage intitulé La République de Bodin ; livre qui, en faisant connaître la vaste et profonde érudition de l’auteur, fait voir aussi, au sentiment des personnes de bon sens, beaucoup de vanité et d’ostentation, défaut ordinaire à ceux de son pays. Peu de temps après, il publia, aussi en français, sa Démonomanie, {b} matière qui avait été jusqu’alors traitée par plusieurs autres auteurs, mais sur laquelle Bodin a écrit avec plus de netteté et de justesse que tout autre, en réfutant presque toujours les sentiments de Wier. {c} Ce livre l’a fait soupçonner de magie. Pendant qu’il composait ces ouvrages, il eut souvent l’honneur d’être admis dans les entretiens secrets et familiers que Henri iii se plaisait d’avoir avec les savants, et il s’y fit toujours distinguer, car il avait, comme l’on dit, son esprit en argent comptant ; {d} et sa mémoire heureuse et fidèle lui fournissait toujours une infinité de choses curieuses sur toutes les matières qu’on proposait.La jalousie de certaines personnes qui avaient du pouvoir à la cour lui ayant fait perdre les bonnes grâces du roi, il entra au service de François duc d’Alençon, que les États des Provinces-Unies choisirent dans la suite pour leur souverain {e} Son rare savoir et surtout la connaissance qu’il avait des affaires étrangères lui procurèrent un rang distingué dans la Maison de ce prince, qu’il avait suivi en Flandre et dans le voyage qu’il fit en Angleterre. Après la mort du duc d’Alençon, il fut pourvu de la charge de lieutenant général du présidial de Laon, où il alla s’établir et où il exerça cette magistrature avec une grande réputation de probité jusqu’à l’année 1588. Quoique Bodin eût autrefois goûté les opinions nouvelles sur la religion, et qu’il passât même alors pour n’être pas fort éloigné de la doctrine des protestants, néanmoins, comme tout était en confusion dans le royaume, il jugea à propos d’entrer, comme bien d’autres, dans le parti de la Ligue. S’étant déclaré contre Henri iii et contre son légitime successeur, {f} il publia à ce sujet des écrits qui le déshonorent aujourd’hui, mais qui furent alors reçus avec applaudissement par les ligueurs, et répandus de tous côtés. {g} Il expia sa faute, en quelque sorte, en augurant mal du succès de la Ligue, car il prédit l’année et le mois que la paix, qu’on ne prévoyait pas alors, serait conclue, et l’événement justifia sa prédiction. Après avoir publié son Théâtre de la nature, {h} ouvrage où il rappelle à leurs véritables principes toutes les causes et tous les effets de la nature, il mourut, en quelque sorte, comme le cygne qui meurt en chantant, {i} et finit au commencement de mai de cette année une vie aussi agitée que laborieuse, étant âgé de plus de 70 ans. »
- V. note [25], lettre 97.
- Le pays natal de Bodin était l’Anjou. V. note [25], lettre 97, pour sa Démonomanie des sorciers (Paris, 1580).
- Johann Wier, v. note [19], lettre 97.
- Le sens de la réplique : « on dit au figuré qu’un homme a payé un autre tout comptant lorsqu’il a repoussé sur-le-champ quelque offense [attaque] qui lui a été faite, soit par des coups de main, soit par une prompte et piquante repartie » (Furetière).
- Le duc d’Anjou (mort en 1584, v. note [13] du Borboniana 3 manuscrit), frère cadet (et rival « malcontent ») de Henri iii.
- L’adhésion à la Ligue pouvait ressortir à des raisons religieuses (catholicisme fidèle à Rome) ou politiques (opposition à la Couronne légitime de Henri iii et putative du roi calviniste de Navarre, le futur roi Henri iv).
- Notamment sa Lettre de Monsieur Bodin (20 janvier 1590).
- Lyon, 1596, en latin, et 1597, en français : v. note [21] du Borboniana 3 manuscrit.
- V. notule {b}, note [8], lettre 325.
« dans le livre xvi, chapitre iv, de ses Variarum Lectionum, à la page 1158 du Thesaurus criticus, tome 2. […] »
Sæpe mihi obversatur ante oculos Hippolytus cardinalis Ferrariensis ; sæpe de illo vigilans, sæpe etiam dormiens cogito ; et magna caussa est, cur id facere debeam. Primus ille fortunarum mearum, quantulæ illæ tandem cumque sunt, auctor atque incœptor fuit. Quindecim annos, et eo amplius cum eo familiarissime vixi : cum optimus et humanissimus Princeps, sua mecum gravissimis de rebus consilia sæpenumero communicaret : nonnunquam etiam eodem plane modo quo magistri discipulorum ingenia interrogando experiri solent, meam super eis sententiam exquireret : a se interdum dissentientem æquissimo animo ferret : errantem amantissime redargueret, multarumque rerum ad vitam pertinentium, pro singulari prudentia, qua præditus erat, admoneret. Præcipue autem cum Tibur secesseramus, ubi ille quotannis æstivos menses transigere solebat, nullus fere abibat dies, quin, per studiorum speciem, aliis omnibus exclusis, horas aliquot una iucundissimis sermonibus consumeremus. Utinamque eorum, quæ quotidie, ab illo audiebam, commentarios et confecissem diligentius, et studiosius conservassem. Sed hominum incogitantium more, qui, quorum in præsens copia est, ea sibi perpetuo parata fore confidunt, et e plurimis paucissima seligebam, quæ memoriæ caussa consignarem literis, et eas ipsas scidas in quas illa conieceram, postea ita negligenter habui, ut earum bona, magnaque pars perierit. Incido autem nonnunquam in earum nonnullas, quæ me acriore reliquarum desiderio incendunt. Ut hæc est quæ nunc aliud agenti venit in manus. Habitus erat in prandio sermo de summo quodam, et potentissimo Principe, qui cum in omnibus ætatis partibus admirabilem quandam integritatem, et innocentiam præstitisset, iam senex ad imperium evectus, peccata hominum ferre non poterat ; eaque durioribus, ac severioribus legibus, quam inveterata sæculi licentia postulare videretur, coercebat. Multi ac varii sermones fuerant, aliis, ut sit, rigidam illam et præfractam severitatem commendantibus, neque aliter vitia resecari posse dicentibus : quibusdam modice culpantibus, cum dicerent ab illis repentinis mutationibus naturam quoque ipsam abhorrere, quæ nos non statim ab hyeme ad æstatem, aut ab æstate ad hyemem, sed interiecto inter illas vere, automnoque perduceret. Abscessus quoque et vomicas in corporibus nostris a medicis, lenibus primo fomentis ac cataplasmatis molliri solere, neque prius incidi, quam suppuraverint. cardinalis cum et blande omnes ad dicendum invitaret, neque patienter modo, sed et libenter audiret, dicebat, in iis reprehendi posse severitatem, qui ad formulam suam non viverent, sed alia facerent ipsi, alia publice facienda præscriberent : in eo non posse qui nullam aliis legem ponerent, quam non ipse sibi multo ante posuisset. His aliisque in eandem sententiam sermonibus super mensam habitis, Hippolytus dimissis ceteris, ex more, me in cubiculum ad se vocari juberet. Ibi cum alia multa sapientissime dixit, quibus ne sibi quidem illam tantam severitatem prorsus probari ostenderet, quam tamen certo sciret ab optima mente proficisci : Tum has, quas subiiciam sententias, aspersit orationi suæ : quas ego, quod et graves, et eleganter expressæ viderentur, ut primum ab eo discessi, in libello, quem tum forte in sinu gestabam, annotavi. Nihil prohibet, esse aliquem et optimum virum, et non optimum Principem. Optandus est medicus, qui aliquando ægrotarit. Non satis aptus est ad regendos homines, qui ab hominibus ea, quæ sunt supra hominem exigit. Miseros homines, si sola innocentia tutos facit. Cogitet qui imperat, quomodo sibi olim alios imperare voluisset. Deinde, quasi eum ipsum de quo sermo erat, alloqueretur. Quod tu, inquit, alios præstare non posse miraris, id te alii præstare posse mirantur. Si quid tu quoque olim tale fecisti, ignosce et aliis, ut ignotum est tibi : sin nihil : cogita, non eandem a Deo datam esse omnibus animi firmitatem. Qui ad minora peccata interdum connivere non vult, sæpe ad maiora homines cogit. Aliud ultio est, aliud correctio. Qui ulcisci vult, iratus est, qui corrigere, amicus. Ille eum qui peccavit, non amplius esse vult : hic esse quidem, sed non amplius talem esse. Non sunt ferenda vitia, sed qui nullum vitium fert, nullum hominem feret. Hæc optimus, et longo rerum usu exercatissimus senex : quæ tanquam oracula quædam fuisse eventus ipse postea docuit.[Souvent j’ai observé de mes propres yeux Hippolyte, cardinal de Ferrare. {c} Souvent il a occupé mes pensées, pendant mes heures de veille comme de sommeil. Il me faut aujourd’hui célébrer son souvenir car il a été le tout premier auteur et initiateur de mes bonnes fortunes, si minces puissent-elles s’être finalement avérées. J’ai vécu pendant plus de quinze ans dans son intime familiarité, {d} et pendant tout ce temps, cet excellent et très aimable prince m’a maintes fois fait part de ses avis sur les affaires courantes. Parfois même, exactement de la même façon que les maîtres ont coutume d’éprouver leurs élèves en les interrogeant, il m’a demandé ce que j’en pensais, tolérant avec le plus grand calme que je ne partage pas toujours son sentiment, réfutant mes erreurs avec la plus grande amabilité, et appliquant la singulière sagesse dont il était pourvu à m’aviser sur maintes questions qui touchent à l’existence. Surtout, quand nous étions retirés à Tivoli, {e} où il avait coutume de séjourner chaque année pendant les mois d’été, il ne se passait guère de journée sans que nous passions tous deux quelques heures à deviser fort agréablement, à l’écart de tous les autres, sous prétexte d’étudier. Pussé-je avoir plus diligemment recueilli et plus soigneusement conservé les commentaires de ce que, jour après jour, j’ai entendu de sa bouche ! mais, comme font les gens écervelés qui, mis devant une abondance de biens, croient qu’ils pourront perpétuellement y puiser, je n’en ai recueilli par écrit que bien peu, par souci de ne pas l’oublier ; plus tard, j’ai si négligemment veillé à conserver ces notes que leur meilleure et plus grande partie a disparu. De temps à autre, il m’arrive de retrouver par hasard l’une de ces feuilles, et elle éveille alors en moi l’amer regret de toutes celles que j’ai perdues. J’en viens maintenant à ce qui m’est ainsi retombé sous la main.
Au cours d’un dîner, le cardinal avait porté la conversation sur quelque éminent et très puissant prince qui avait accédé au pouvoir à un âge déjà avancé ; et, tandis qu’il s’était toute sa vie montré admirablement vertueux et tolérant, il devint dès lors incapable de tolérer les fautes de ses sujets, et se mit à les réprimer par des lois plus dures et sévères que ne semblait le requérir la licence invétérée de son siècle. Là-dessus, les convives échangèrent alors de riches et divers propos. Certains approuvèrent cette rigueur, si rude et opiniâtre fût-elle, arguant que le vice ne peut être autrement supprimé. D’autres la blâmèrent avec plus de retenue, disant que la nature elle-même a horreur des changements soudains : elle ne nous fait pas passer brutalement de l’hiver à l’été, ni de l’été à l’hiver, mais elle ménage les saisons intermédiaires que sont le printemps et l’automne ; tout comme les médecins ont coutume d’employer fomentations et cataplasmes pour faire mûrir doucement les abcès et les vomiques qui se forment dans nos corps, {f} et non de les inciser avant qu’ils se soient collectés. Après qu’il eut fort courtoisement invité tous ses hôtes à parler, et les eut écoutés de fort bonne grâce et sans la moindre impatience, le cardinal donna son avis, en disant qu’on peut reprocher leur sévérité à ceux qui ne vivent pas selon leurs préceptes, mais agissent eux-mêmes autrement que ce qu’ils prônent publiquement ; et nul ne peut établir aucune loi qu’il ne se serait de longue date imposée à lui-même. Ayant tenu à sa table ces propos et d’autres sur la même sentence, et après avoir donné congé aux autres, Hippolyte, contrairement à son habitude, me fit appeler dans sa chambre. Là, parmi quantité d’autres choses, il me dit très sagement qu’il n’avait pas voulu sembler franchement approuver une si grande sévérité, mais qu’il était bien assuré qu’elle partait des meilleures intentions, puis il parsema sa conversation des maximes qui suivent. Les ayant trouvées à la fois sérieuses et élégamment énoncées, je les notai dès que je l’eus quitté sur un carnet que, par bonheur, j’avais alors dans ma poche. Rien n’autorise à croire que le plus honnête des hommes fera un excellent prince. Il faut souhaiter avoir un médecin qui a lui-même été malade. Qui exige des hommes ce qui dépasse leurs capacités n’est guère apte à les diriger. Malheureux ceux qui fondent leur autorité sur seul le souci de ne pas nuire. Qui gouverne doit réfléchir à la manière dont il aurait naguère aimé être lui-même gouverné par les autres. Ensuite, il parla comme s’il s’adressait directement au personnage dont nous avions conversé, disant : {g} tu es surpris de ce que les autres sont incapables d’accomplir, quand les autres seraient surpris que tu sois capable d’en faire autant ; si tu t’es jadis pardonné ce que tu as fait de mal, pardonne-le toi aussi aux autres, et si tel n’est pas le cas, pense que Dieu n’a pas accordé la même fermeté d’esprit à tous ; qui ne veut fermer les yeux sur leurs fautes vénielles, pousse souvent les hommes à en commettre de bien plus lourdes ; réprimer est une chose, amender en est une autre ; qui veut réprimer manifeste sa colère, mais qui veut amender manifeste son amitié ; qui a fauté ne veut plus vivre dans son erreur, il continue certes à vivre, mais n’est plus tel qu’il était avant ; il ne faut pas tolérer les vices, mais qui n’en tolère aucun ne tolérera personne. La suite m’a appris que c’étaient là les adages d’un excellent vieillard, qu’une longue expérience des choses avait parfaitement instruit].
- La première, parue à Venise en 1559, contenait les huit premiers livres ; v. notule {b}, note [57] du Borboniana 2 manuscrit, pour celle d’Anvers, 1586 (15 livres).
- Francfort, 1604, v. note [9], lettre 117.
- Autre titulature du cardinal d’Este.
- Cela situe vers 1557 l’entrée de Muret au service du cardinal.
- Faubourg de Rome où le cardinal a fait bâtir, à partir de 1550, la villa d’Este, splendide propriété qui a depuis conservé la mémoire de son nom.
- V. note [14], lettre 13 pour les abcès en général ; on donnait le nom particulier de vomiques à ceux qui se formaient dans les poumons. V. note [9], lettre 437 pour les cataplasmes et les fomentations.
- Ce personnage dont le cardinal critiquait la conduite, trop vertueuse mais sans intelligence des hommes, était à coup sûr le pape du moment, le dominicain Pie v (1566-1572), dont la note [16] du Borboniana 4 manuscrit décrit l’intransigeance et les erreurs de gouvernement.
« Voyez-en plus à son sujet dans de Thou, surtout aux pages 787 et 788. »
Jacques-Auguste i de Thou a parlé du cardinal d’Este en deux endroits de son Histoire universelle.
« Ce prince, nourri à la cour de France dès sa première jeunesse, fut dans la confidence la plus intime de François ier, dont il était en quelque sorte allié, puisque le roi avait épousé Claude de France, fille aînée de Louis xii, et que Renée, sa cadette, avait été mariée à Hercule d’Este, frère d’Hippolyte. François ier le fit entrer dans les plus grandes affaires, lui donna des bénéfices considérables, et le fit nommer cardinal par Paul iii. Sous Henri ii, la République de Sienne s’étant mise sous la protection de la France, Hippolyte la gouverna avec beaucoup de prudence et de justice. Sous Charles ix, il fut chargé d’une ambassade très importante et déclaré protecteur des affaires de France à Rome. Les bâtiments superbes qu’il a élevés en France, et ces beaux jardins de Monte-Cavallo et de Tivoli, qu’il a fait faire avec une dépense vraiment royale et que l’on va voir aujourd’hui de toutes les parties du monde, seront à jamais des monuments de sa magnificence. Enfin, son corps étant usé, beaucoup plus par le travail que par les années, car il n’avait pas soixante ans, il mourut à Rome le 2e jour de décembre. On le déposa d’abord dans l’île de Sainte-Catherine ; depuis il fut transporté à Tivoli et inhumé dans l’église des Cordeliers. »
« Il ne sied pas à mon honneur de choisir une partie du droit dont je voudrais qu’on m’exemptât en général. »
V. notes [18], lettre 201, pour Janus Rutgersius, et [13], lettre 106, pour la Faculté de droit civil d’Orléans.
Dion Cassius (vers 160-après 230) est un politique et écrivain romain d’expression grecque, natif de Nicée en Bithynie, qui a laissé une monumentale Histoire romaine en 80 livres, allant de la création de Rome à la mort de l’auteur. Il n’en reste que 23 livres (xxxvii à lx) ; le reste est issu d’abrégés, dont l’Epitome de Jean Xiphilin, moine byzantin du xiie s.
L’empereur Commode, l’un des Antonins, a régné sur Rome de 180 à 192, entre Marc Aurèle et Pertinax.Le Borboniana recensait les familles de trois fils de Louis de Harlay (mort en 1544), seigneur de Cézy puis baron de Montglas (Popoff, nos 106 et 1414).
Le marquis d’Alincourt, époux de Jacqueline de Harlay (v. supra note [36‑2e]), parvint tout de même à satisfaire son dessein : l’un de ses cinq fils, Camille de Neufville, abbé d’Aisnay, {a} finit par être nommé archevêque de Lyon en 1653.
Denis-Simon de Marquemont (Paris 1572-Rome 1626) avait mené une carrière diplomatique à Rome, notamment comme secrétaire du cardinal Jacques Davy Duperron, {b} durant son ambassade à Rome pour négocier le remariage du roi Henri iv avec Marie de Médicis (1600), après l’annulation de son mariage avec Marguerite de France. Marquemont fut nommé archevêque de Lyon en 1612 et cardinal en 1626, neuf mois avant sa mort. Le pape Urbain viii transmit alors le siège de Lyon à l’évêque d’Angers, Charles Miron. {c}
Denis Simon, sieur de Marquemont, père du cardinal homonyme, fut secrétaire du roi et collecteur des tailles en l’élection de Paris. Un discret trait d’union, entre son prénom et son nom, permit au fils de faire valoir la (modeste) noblesse de sa famille.
Le cardinal Pierre de Bérulle {d} ne fut pas officiellement désigné pour remplacer Miron, comme le relate l’Histoire de sa vie par Mathieu-Mathurin Tabaraud, prêtre de l’Oratoire (Paris, Adrien Égron, 1817, in‑8o, tome second, chapitre ii, § vi, pages 35‑36) :
« Cependant, quelque réservé que fût le cardinal de Bérulle sur un point aussi délicat que celui du choix des évêques, il se permettait quelquefois de solliciter ces grands places pour des sujets dont le mérite et la capacité lui étaient parfaitement connus, et dont les talents lui paraissaient assortis au besoin de l’Église ; mais ses sollicitations n’étaient point importunes, elles se réduisaient à une simple recommandation du mérite connu des sujets. C’est ainsi qu’après la mort de M. Miron, il se hasarda de proposer pour ce siège, au cardinal de Richelieu, l’abbé de Neufville. “ Si ce jeune prélat, lui disait-il, n’est point changé depuis que je l’ai connu, je le préférerais à bien d’autres qui pourraient rechercher cette dignité. Ce grand diocèse a besoin d’un bon pasteur : il a été longtemps négligé. Le Clergé de France a aussi besoin d’un chef désintéressé, qui ait de la prudence pour prévenir les mauvaises affaires, et de la conduite pour exécuter les bonnes. La prudence de M. le cardinal doit être appliquée à faire un choix digne de lui, digne du Clergé de France, et proportionné au besoin de ce diocèse. ” {e}Cette recommandation n’eut pas pour lors l’effet qu’en avait espéré le cardinal de Bérulle, parce que le premier ministre voulut placer sur ce grand siège son propre frère, qu’il avait pour cela fait sortir de l’Ordre des chartreux ; {f} mais elle ne fut pas entièrement perdue car le nouvel archevêque étant mort peu d’années après, il eut pour successeur ce même abbé de Neufville, qui répondit, dans le cours d’un long et pénible épiscopat, à la bonne opinion que M. de Bérulle avait conçue de ses talents et de ses vertus. »
- V. note [25], lettre 308.
- V. note [20], lettre 146.
- Mort en 1628, v. note [67] du Borboniana 4 manuscrit.
- Mort en 1629, v. note [10], lettre 205.
- Lettre de Bérulle à Richelieu, 3 décembre 1627. L’archevêque de Lyon porte le titre de primat des Gaules, ce qui lui confère une place éminente dans le Clergé de France. On contestait néanmoins que sa suprématie juridictionnelle s’étendît à l’ensemble des provinces ecclésiastiques du royaume, comme l’explique l’analyse historique de Trévoux :
« En France la subdivision des provinces donna lieu à l’érection des primats. Par exemple, l’Aquitaine fut partagée en deux provinces. L’archevêque de Bourges devint par là le primat des Aquitaines, parce que Bourges était la capitale de la première. La Gaule lyonnaise, qui comprenait toute la Gaule celtique, fut divisée en première Lyonnaise, dont Lyon était la métropole, et en seconde Lyonnaise dont Rouen était la métropole. Les deux Lyonnaises furent encore subdivisées en deux autres : Sens fut tiré de la première, et Tours de la seconde. Or l’archevêque de Lyon, comme métropolitain des quatre Lyonnaises, prétend être primat des Gaules, et avoir conservé la juridiction sur les provinces démembrées. Ainsi, il y a appel de l’official de Sens et de celui de Tours à l’official de Lyon, qui est le primat ; et lorsque l’évêché de Paris fut érigé en archevêché par le Pape Grégoire xv, en 1622, l’on y employa la condition expresse qu’il demeurerait soumis à l’Église primatiale de Lyon. Pour l’archevêque de Rouen, le métropolitain de la seconde Lyonnaise, il se dit primat de Normandie, et prétend relever du pape immédiatement, sans reconnaître la primatie de Lyon ; il soutient que jusqu’au viiie s. on ne parlait point en France du tribunal d’un primat, et que tous les métropolitains relevaient directement et immédiatement du Siège de Rome. C’est le Pape Grégoire vii qui, en 1079. a revêtu l’archevêque de Lyon du pouvoir et de l’autorité de primat sur les quatre Lyonnaises. »- Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, archevêque de Lyon de 1628 à 1653 (v. note [12], lettre 19), à qui succéda Camille de Neuville, abbé d’Aisnay.
Sébastien de L’Aubespine (1518-1582) avait mené une carrière diplomatique avant d’être nommé évêque de Vannes en 1557, puis de Limoges l’année suivante. Son frère, Claude (1510-1567), notaire et secrétaire du roi en 1537, devint secrétaire des finances (1543) puis secrétaire d’État, en charge de plusieurs missions politiques et diplomatiques. Il était le père de Guillaume de l’Aubespine, chancelier des Ordres du roi (v. note [64] du Borboniana 4 manuscrit), et le grand-père de Charles, garde des sceaux (v. note [13], lettre 10).
« Voyez de Thou, à l’année 1600, {a} et P. Matthieu » {b} (note ajoutée dans la marge).
« Au lieu de suivre ce conseil, Brossier continua sa route vers Paris, {ii} où la division régnait encore. Il se flattait d’y trouver beaucoup de partisans, soit parmi le peuple, soit parmi les factieux, {iii} qui saisiraient ce prétexte pour exciter de nouveaux troubles. Il alla d’abord se loger près de l’abbaye de Sainte-Geneviève, où la dévotion à cette sainte attire en tout temps beaucoup de monde. Il n’y fut pas plus tôt qu’ayant eu recours aux remèdes spirituels pour la guérison de sa fille, les capucins, sans avoir auparavant pris aucune des précautions que l’Église exige en semblables rencontres, pour éviter la surprise, sans avoir fait informer de la vie, de l’état, des mœurs et de la maladie de la possédée, se saisirent de la personne de Marthe. Comme aux exorcismes qu’on fit sans différer, elle affectait de tressaillir de tous ses membres avec de grandes contorsions, ces religieux vinrent aisément à bout de persuader à une foule de petit peuple, qui assistait ordinairement à ces cérémonies, que cette fille était véritablement possédée. Tout Paris était déjà rempli de ce bruit, lorsque le cardinal de Gondi, {iv} évêque de cette ville, se crut obligé d’approfondir la vérité du fait.Pour procéder dans les règles, il fit venir cinq des plus célèbres médecins de l’Université de Paris, Michel Marescot, Nicolas Ellain, Jean Haultin, Jean Riolan {v} et Louis Duret. Ceux-ci, sans s’arrêter aux étranges mouvements de cette fille, commencèrent par lui faire plusieurs questions en grec et en latin ; et comme il leur parut qu’elle n’avait aucune teinture de ces deux langues, ils déclarèrent unanimement devant l’évêque que le démon n’avait aucune part aux mouvements de la prétendue possédée ; qu’il pouvait bien y avoir un peu de maladie dans son fait, mais que, sans contredit, il y avait beaucoup de friponnerie. Ils lui trouvèrent seulement la langue rouge et enflammée, et on entendit un bruit sourd qui paraissait sortir de l’hypocondre gauche.
Le lendemain, Ellain et Duret la vinrent voir, et ce dernier, voulant éprouver si, en lui enfonçant une aiguille entre le pouce et l’index, elle sentirait de la douleur, il ne s’aperçut d’aucun frémissement. Après l’exorcisme, l’évêque leur demanda ce qu’ils en pensaient, mais ils répondirent qu’il fallait appeler leurs collègues et remettre l’affaire au lendemain. »
Duret réapparaît après que les capucins, convaincus par la réalité de la possession, eurent procédé à de nouveaux exorcismes (pages 395‑396) :
« Tous ces discours s’étaient faits en grec et en latin, que Marthe avouait qu’elle n’entendait point. Ainsi, après que les médecins qui se trouvèrent présents à cet examen eurent conféré entre eux sur ce qu’ils avaient vu, six s’en tinrent à leur premier avis. {vi} Duret décida au contraire que la possession était réelle. Il se fondait sur ces deux circonstances : la première, que Marthe avait tiré la langue d’une manière qui n’était pas naturelle ; la seconde, qu’elle avait paru insensible à la piqûre de l’aiguille qu’on lui avait enfoncée dans la chair. Haultin avoua qu’il y avait plusieurs indices de fourberie ; cependant, il demanda encore trois mois pour la faire observer avec plus de soin : “ C’est, disait-il, le sentiment de Fernel qui, dans son livre des Causes secrètes, rapporte qu’il n’avait pu décider qu’au bout de trois mois de l’état d’un homme de qualité qui était tourmenté par l’esprit. ” {vii} On se sépara ainsi ce jour-là. »
Br. Quid est quæso cur tam accommodatis remediis id malum non cessit ?
Eu. Quoniam omnes longe aberamus a cognitione veri. Nam mense tertio primum deprehensus dæmon quidam totius mali author, voce insuetisque verbis ac sententiis tum Latinis, tum Græcis (quanquam ignarus linguæ Græcæ laborans esset) se prodens. Is multa assidentium maximeque medicorum secreta detegebat, ridens quod eos magno periculo circumvenisset, quodque irritis pharmacis corpus hoc pene iugulassent.[Br. Je me demande pourquoi des remèdes si convenables ne sont pas venus a bout du mal.
Eu. Parce que nous étions tous fort éloignés de connaître la vérité. Cela faisait trois mois que quelque démon était la cause de tout le mal, se manifestant par la bouche du patient, à l’aide de mots insolites, tant latins que grecs (bien qu’il ignorât la langue grecque). Ce diable avait déjoué les multiples secrets de ceux qui venaient au chevet de ce malheureux, et tout particulièrement des médecins. Il riait de les avoir soumis à rude épreuve, leurs remèdes inutiles étant presque venus à bout de ce misérable corps].
« La Cour de Parlement, voyant que tout le peuple courait après Marthe, et craignant que la superstition, qui va devant et commence toujours l’impiété, ne partît {ii} les opinions et les affections pour en faire quelque dangereuse sédition, commanda que Marthe fût mise entre les mains du lieutenant criminel. Les ecclésiastiques dirent que les démoniaques ne sont pas de la juridiction temporelle, que c’est l’Église qui a pouvoir d’en connaître, et qui tient, non de l’influence des astres, mais de l’inspiration du Verbe éternel, la vertu de les chasser quand elle les a connus. Les prêcheurs ne s’en peuvent taire, on en met aux prisons. Ils recourent au roi, lequel ordonne que le Parlement soit obéi. Delà sort un arrêt de la Grand’Chambre et Tournelle, {iii} par lequel il est enjoint au lieutenant de robe courte {iv} de mener et conduire Marthe et ses sœurs, avec Jacques Brossier, son père, en la ville de Romorantin, avec défenses de < di>vaguer ni sortir de la ville sans ordonnance du juge du lieu. Ainsi, le diable fut condamné par arrêt. » {v}
- Paris, 1605, v. note [10] du Patiniana I‑1.
- Ne divisât.
- Arrêt du 25 mai 1599.
- Adjoint du prévôt de Paris, chargé des fonctions de police.
- V. note [1], lettre 18, pour la plus célèbre diablerie de Loudun (1633-1634).
« je peine à louer la piété sans probité. »
« dans la silve à Fr. Aug. de Thou » (référence ajoutée dans la marge).
Istud ad exemplum crebram tibi pagina lasset
Sacra manum : patet illa piis. Sed sæpius annis
A nostris oculos ad sæcula prisca retorque,
Cum rudis et simplex nondum se fecerat artem
Relligio : nondum titulum pietatis habebat
Fulmineus Mavors et sceptri dira cupido.[Une page d’écriture serrée consacrée à cet exemple {d} te lasserait : ce qu’elle dirait est évident pour les pieuses gens. Mais, en notre siècle, tourne très souvent les yeux vers les temps anciens, où, grossière et naïve, la religion n’était pas encore devenue un métier, où Mars foudroyant et la funeste passion du sceptre n’étaient pas encore prétextes d’adoration]. {e}
- Mort en 1645 (v. note [2], lettre 53).
- « à François-Auguste de Thou, fils de Jacques-Auguste » : v. note [12], lettre 65, pour François-Auguste de Thou (né en 1607), fils aîné de Jacques-Auguste i, l’historien, qui avait été grand ami de Grotius.
- « Poèmes complets », aux pages 442‑451 de la quatrième édition (Leyde, 1645, v. note [2], lettre latine 133) ; v. note [29] du Borboniana 8 manuscrit pour la première publication de cette silve, en tiré à part (Paris, 1621 et 1622).
- La clémence divine à l’égard de la population impie de Ninive, que Jonas obtint, contre son gré, après y avoir été miraculeusement transporté dans le ventre de la baleine qui l’avait avalé (v. note [6], lettre 372).
- V. note [29] du Borboniana 8 manuscrit pour une autre référence à cette silve, que Guy Patin a citée dans sa lettre du 2 mars 1643 à Charles Spon (v. sa note [8], où sont traduits quelques vers supplémentaires).
« “ C’est que les gens de bien sont rares ”, Juvénal, Satires iii » : sic pour xiii, v. note [6], lettre de Charles Spon, datée du 11 septembre 1657.
Archaïsme pour « et même ».
Les parties irrévérencieuses de cet article ont été supprimées dans le Borboniana imprimé de 1751 (art. xii, pages 256‑257).
« Les commentateurs de l’Écriture, outre le sens littéral, y trouvent un sens mystique, allégorique, et un sens moral. Il n’appartient pas à tout le monde d’établir le sens mystique, surtout lorsqu’il s’agit d’en tirer des preuves sur un dogme contesté ; mais il ne faut pas rejeter les sens mystiques approuvés de l’Église, et fondés sur la pratique des apôtres et même de Notre Seigneur, qui a souvent expliqué les passages de l’Ancien Testament dans un sens qu’on ne peut regarder que comme allégorique et mystique, mais qui n’en est pas pour cela moins vrai, ni moins respectable.La Sainte Écriture, outre le sens littéral, a aussi souvent un sens sublime, relevé et mystique, elle est un livre écrit au-dedans et au-dehors : au-dedans, par rapport au sens mystique, intérieur, sublime et caché ; et au-dehors par rapport au sens littéral immédiat, exposé et exprimé immédiatement par les paroles. […]
Il y a une théologie mystique, qui est une connaissance infuse de Dieu et des choses divines, qui émeut l’âme d’une manière douce, dévote et affective, et l’unit à Dieu intimement, éclairant son esprit et échauffant sa volonté d’une manière affective et extraordinaire. On trouve dans les œuvres attribuées à saint Denis Aréopagite {a} un discours de la Théologie mystique. Plusieurs auteurs en ont aussi écrit. »
« Or, afin de servir d’introduction à ce grand œuvre – grand, non pas en la multitude des cahiers, {c} mais en l’abondance des lumières et des vérités – nous devons remarquer qu’il y a trois sortes de théologie : la positive, la scolastique et la mystique.La positive a pour objet l’interprétation des Saintes Écritures, qui se doit faire par le même Esprit qui les a dictées, comme l’enseigne le prince des apôtres : Omnis prophetia Scripturæ propria interpretatione non sit, sed Spiritu sancto inspiratis locuti sunt sancti Dei homines. {d} La scolastique éclaircit les vérités de la foi par méthode, y mêlant quelque raisonnement humain. Et la mystique applique ces vérités et s’en sert pour élever l’âme à Dieu. L’auteur a été éminent en ces trois théologies, et il les a élevées à un degré de perfection rare et singulier.
Pour la première, il a pénétré dans le Conseil de Dieu en l’exposition des Écritures Saintes, ayant été rempli d’une lumière de grâce et d’une onction spéciale du Saint-Esprit ; et on ne peut lire en ses œuvres l’explication de quelque passage sans être convaincu de la vérité du sens qu’il lui donne.
Quant à la doctrine des scolastiques, il l’anoblit et la dégage des épines de l’École, {e} pour la relever à une plus pure théologie, et la montre clairement en la parole de Dieu. Il s’en sert avec un pouvoir et une industrie, que les plus clairvoyants admirent, pour porter les cœurs à Dieu et à Jésus-Christ Notre Seigneur.
Enfin, il réduit tout à la théologie mystique, manifestant la variété infinie des voies de Dieu sur les âmes, la correspondance qu’il faut qu’elles y apportent, les empêchements qu’elles y peuvent rencontrer, les motifs qui les y doivent porter, les moyens et les degrés par lesquels elles s’y élèvent ; et il fait cela avec tant de clarté qu’on peut dire à bon droit de lui ce que saint Paul a dit de l’homme spirituel, Iudicat omnia, {f} tant son discernement, soit général, soit particulier, a toujours été assuré. Ce qui fait bien voir que Dieu l’éclairait et l’avait rendu tel, comme l’ayant choisi pour être en son temps un des plus grands directeurs des âmes. Nous devons tenir à grande bénédiction qu’ayant été le nôtre en nos commencements, il doive l’être toujours à l’avenir, par les saints enseignements qu’il nous a laissés. »
- François Bourgoing (Paris 1585-ibid. 1662), troisième supérieur de l’Oratoire.
- Paris, Antoine Estienne et Sébastien Huré, 1644.
- Les Œuvres de Bérulle comptent tout de même une soixantaine de cahiers in‑6o (dits in‑fo) comptant 12 pages chacun, pour un total de 677.
- « Ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussés par l’Esprit Saint que les hommes ont parlé de la part de Dieu » (Seconde Épître de saint Pierre, 1:21).
- L’aristotélisme ou scolastique (v. note [3], lettre 433).
- « Il juge de tout » (Première Épître de saint Paul aux Corinthiens, 2:15).
Le Borboniana donnait ici le nom de professor Ramæus (ou Rameus) au titulaire de la chaire spéciale du Collège de France, dite chaire de Ramus, cathedra Ramæa, que Pierre de La Ramée {a} avait instituée par son testament, daté de Paris, le 1er août 1568 : « de 700 livres de rente qu’il avait sur l’Hôtel de Ville, 500 serviraient de gages à un professeur qui enseignerait en trois ans l’arithmétique, la musique et la géographie dans le Collège royal ; qu’après ce terme, on en choisirait un autre, avec les circonstances qu’il prescrit, pour faire le même cours d’étude ». {b} Ce testament de Ramus {c} est transcrit dans le tome premier du même ouvrage (pages 231‑233). La rente qui la finançait s’étant épuisée, cette chaire disparut en 1732.
On trouve aussi dans cet ouvrage (tome premier, pages 215‑223) des éclaircissements sur l’occupation abusive de la chaire de Ramus par un dénommé Jacques Martin, laquelle avait été vivement contestée en 1626 :
« Le deuxième événement que l’Université ne manqua pas de saisir pareillement, pour tenter d’obtenir quelque juridiction sur le Collège royal, fut la contestation qui s’éleva entre Pierre de Prades, bachelier en théologie dans l’Université de Toulouse, qui aspirait à la chaire de Ramus, et Jacques Martin, docteur qui occupait cette chaire depuis 18 ans. {d} De Prades prétendait que, conformément au testament de Ramus, la chaire que ce professeur avait fondée devait être censée vacante tous les trois ans ; qu’il était alors permis à tous ceux qui le jugeaient à propos de se présenter pour la disputer ; que Martin avait pu en jouir pendant 18 ans sans le violement le plus excessif des volontés du fondateur ; et qu’ainsi lui, de Prades, n’avait rien fait qui ne fût selon les règles lorsqu’il avait requis que cette chaire lui fût donnée si, par la dispute, il était jugé capable de la remplir ; ce qu’il avait fait, et ce qui avait déterminé les professeurs royaux de lui céder la place. Martin se défendit, interjeta appel de la décision des professeurs royaux et fit intervenir le recteur dans sa cause. Celui-ci prétendit qu’on ne devait point adjuger les chaires royales à d’autres qu’à des maîtres ès arts, que le sieur de Prades ne l’était pas, que l’Université ne l’avait point adopté et qu’il s’était intrus de lui-même, sans aucun titre valable ; {e} et il requit qu’il fût débouté de sa demande et condamné à une amende, et qu’il fût ordonné que, dans la suite, lorsqu’il vaquerait une chaire de professeur, on n’y admît que ceux qui seraient du corps de l’Université. De Prades répondait qu’à la vérité il n’était point maître ès arts de l’Université de Paris, mais qu’étant bachelier dans celle de Toulouse, il était capable, ainsi qu’il avait été jugé tel, de remplir la chaire de Ramus, ladite qualité de maître ès arts n’étant nécessaire que pour ceux qui enseignent les arts et la philosophie ; qu’au surplus, il offrait d’abondant {f} de s’exposer à une nouvelle dispute devant telles personnes qu’il plairait à la Cour de commettre. »
- Petrus Ramus, ignoblement massacré en 1572, à la Saint-Barthélemy, v. note [7], lettre 264.
- Claude-Pierre Goujet, Mémoire historique et littéraire sur le Collège royal de France (Paris, 1758, v. note [3] du manuscrit 2007 de la BIU Santé), tome second, pages 40‑41.
- V. seconge notule {b}, note [51] du Borboniana 2 manuscrit, pour une édition latine du Testamentum P. Rami (Paris, 1599).
- Jacques Martin avait pris possession de la chaire de Ramus en 1610. Il a publié deux ouvrages :
- Jacobi Martini Pedemontani, et Ramei Mathematicarum artium Professoris, pro Cathedra Ramea Oratio,
[Discours de Jacques Martin, natif du Piémont, professeur de mathématiques, pour l’inauguration de la chaire de Ramus] ; {i}
- Sphæra Ioannis de Sacrobosco emendata. Eliæ Vineti Santonis Scholia in eandem Sphæram, ab ipso restituta, et Annotationibus Iacobi Martini Pedemontani aucta. Petri Nonii Salciensis Annotatio in caput de climatibus, eodem Vineto interprete. Compendium in Sphæram per Pierium Valerianum Beluensem. Post omnes omnium editiones, auctior et locupletior.
[La Sphère de Joannes de Sacrobosco {ii} corrigée, augmentée des commentaires d’Élie Vinet, {iii} natif de Saintonge, qu’il a lui-même revus, et des annotations de Jacques Martin, natif de Piémont. Annotation de Petrus Nonius, {iv} natif de Sal, sur le chapitre des latitudes, dans la traduction du susdit Vinet. Abrgé sur la Sphère par Pierius Valerianus natif de Bellune. {v} L’édition du tout a été augmentée et enrichie par rapport à toutes les précédentes]. {vi}
- Paris, Pierre Menier, 1610, in‑12.
- Jean de Holywood, v. note [39] du Patiniana I‑1.
- V. note [61] du Borboniana 2 manuscrit.
- Pedro Nunes (Alcacer do Sal 1502-Coimbra 1578), mathématicien portugais.
- Pierio Valerio Bolzano, v. notule {a}, note [23], lettre 164.
- Paris, H. de Marnef, 1608, in‑8o de 186 pages, avec épître de Martin adressée à Achille i de Harlay, premier président du Parlement de Paris.
- En 1651, la nomination de Jean Doujat à la chaire royale de droit canon souleva exactement la même objection (v. notes [6] et [7] des Affaires de l’Université dans les Commentaires de la Faculté de médecine en 1651-1652).
- En outre.
En dépit de plusieurs arrêts du Parlement favorables à de Prades, le Collège resta ferme sur ses positions, jusqu’à un arrêt de 1633 qui reconnut son indépendance de l’Université. Martin occupait toujours la chaire de Ramus au moment où Nicolas Bourbon, lui-même titulaire d’une chaire royale, dictait le Borboniana.
Le présent article incite aussi à admettre trois faits que je ne suis pas parvenu à vérifier :V. notes :
Bon-François de Broüé (ou Broé), reçu conseiller au Parlement de Paris en 1597, devint président de la première Chambre des requêtes en 1601, charge qu’il vendit en 1632. Il avait épousé en secondes noces Denise Brisson, fille puînée de Barnabé. Madeleine de Broüé, fille de Bon-François (morte en 1680), avait épousé Alexandre Petau (Popoff, nos 68 et 778).
Dès 1650, Alexandre Petau avait vendu la plus belle partie des manuscrits de la bibliothèque familiale à la reine Christine de Suède. À la mort d’Alexandre (en 1672), la Bibliothèque royale acquit une partie de ce qui restait. Plus tard, ses héritiers vendirent les dernières pièces du cabinet Petau à la Bibliothèque de Genève (Hippolyte Aubert, Notices sur les manuscrits Petau conservés à la Bibliothèque de Genève (fonds Ami Lullin), Bibliothèque de l’École nationale des chartes, 1909, vol. 70, pages 247‑302).
Dans sa lettre du 5 novembre 1649 à Charles Spon (v. sa note [11]), Guy Patin a écrit avec assurance (« je sais de bonne part… ») que la syphilis avait emporté le cardinal Jacques Davy Duperron (v. note [20], lettre 146).
V. note [3], lettre 651 pour Nicolas Coëffeteau, brillant prédicateur dominicain qui fut nommé évêque de Marseille en août 1621 ; mais la maladie et la mort (avril 1623) l’empêchèrent d’aller prendre possession de son diocèse.
« il s’agit pourtant d’inventions, dans un cas comme dans l’autre. »
Cicéron est mort en 43 av. J.‑C. (v. note [1], lettre 14). L’empereur Nerva (30-98 apr. J.‑C.) a régné sur Rome de 96 à son décès.
Dans un long paragraphe de sa lettre du 17 septembre 1649 à Charles Spon (v. ses notes [18]‑[29]) Guy Patin a exprimé ses doutes sur Quinte-Curce et sur la véracité des dix livres de ses Historiarum Alexandri Magni [Histoires d’Alexandre le Grand]. Sans doute parlait-il de Nicolas Bourbon quand il écrivait :
« J’ai eu autrefois un régent qui avait une étrange opinion de Q.‑Curce : il disait que c’était un roman […]. Ce même maître nous disait que l’auteur de ce livre était un récent, un savant italien qui fit ce livre il y a environ 300 ans : preuve de cela que nul ancien n’avait cité Q.‑Curce […]. »
Nicolas Bourbon était né vers 1574 (v. note [2], lettre 29). En disant, au début du précédent article, « depuis que j’écoute, je me souviens presque de tout ce que j’ai voulu retenir depuis tantôt cinquante ans », il devait tenir ces propos vers 1636 (en comptant les dix premières années de la vie, dont ne subsistent ordinairement que des souvenirs morcelés) : cela correspondait bien à la période de rédaction du Borboniana (v. note [26] du Borboniana 2 manuscrit).
V. notes [11], lettre 65, pour le génie poétique de George Buchanan (mort en 1582), et [7], lettre 470, pour son Histoire d’Écosse. Nicolas Bourbon a déjà dit qu’il « aimerait mieux être Buchanan que roi d’Écosse » (article sur Philippe de Cospéan, évêque de Lisieux, dans le Borboniana 3 manuscrit, juste après sa note [40]).
Horace, Épîtres, livre i, vi, vers 40‑48 :
« On raconte que Lucullus, {a} quand on lui demanda s’il pouvait prêter cent chlamydes {b} pour le théâtre, répondit: “ Où pourrais-je en trouver autant ? Je chercherai pourtant et enverrai tout ce que j’aurai. ” Peu après, il écrit qu’il a chez lui cinq mille chlamydes et qu’on peut en prendre autant qu’on voudra. Une maison est démunie quand elle ne regorge pas de biens superflus que le maître ignore et dont les voleurs font leur profit. Si seule la richesse peut te rendre et tenir heureux, fais-en donc ta première tâche, et la dernière que tu délaisses. »
- Lucius Lucinus Lucullus, général romain du ier s. av. J.‑C., ami de Cicéron, avait accumulé une immense fortune dans les guerres contre Mithridate.
- La chlamyde était le manteau militaire, retroussé sur l’épaule droite, que portaient les patriciens et les officiers romains.
Plutarque a repris cette anecdote dans ses Vies des hommes illustres (Vie de Lucullus, chapitre xxxix, traduction de Dominique Ricard, 1743) :
« Comme, une fois, un préteur qui voulait donner un spectacle particulièrement brillant lui demandait, pour habiller un chœur, des chlamydes de pourpre, il répondit qu’il verrait s’il pouvait les donner. Le lendemain, il s’informa combien on en voulait. Le préteur répondit que cent suffiraient ; mais Lucullus le pria d’en prendre deux fois plus. À ce propos, le poète Horace fait l’observation suivante : “ Lucullus ne croyait pas riche une maison où les biens négligés et cachés ne seraient pas en plus grand nombre que ceux qui se voient. ” »
Le commentaire du Borboniana portait sur un vers de Virgile (Bucoliques, églogue iv, 61) que voici, avec celui qui le précède :
Incipe, parve puer, risu cognoscere matrem :
Matri longa decem dederunt fastidia menses.Petit enfant, commence par connaître ta mère à son sourire !
Tes dix mois {a} ont donné de longs dégoûts à ta mère.
- De grossesse, v. infra.
Servius (Maurus Servius Honoratus), grammairien latin du ive s., a été le premier à éditer et commenter les œuvres complètes de Virgile. Dans ce vers, au lieu du verbe dederunt [ont donné], écrit dans le Borboniana, il a employé tulerunt [ont procuré], et cela a été suivi par toutes les éditions ultérieures que j’ai consultées. Servius s’en est justifié dans cette note : {a}
Tulerunt. Aliis, abstulerint legunt ; ut sit : Si riseris, abstulerint decem lenses matri tuæ longa fastidia ; matri enim decem menses attulerunt longa fastidia, quia prægnantes solent fastidia pati. Decem menses : quia mares in decimo nascuntur mense, fœminæ vero in nono.[Tulerunt. D’autres lisent abstulerint, soit : « Si tu ris, c’est que de longs dégoûts ont soustrait dix mois à ta mère » ; en effet, dix mois ont procuré de longs dégoûts à la mère, parce que les femmes enceintes pâtissent ordinairement de dégoûts. Dix mois : les garçons naissent au dixième mois, mais les filles au neuvième]. {b}
- P. Virgilii Maronis Opera, cum integris commentariis Servii… [Œuvres de Virgile, avec tous les commentaires de Servius…], par Pancratius Masvicius (Maaswyck), Leeuwarden (Frise), Franciscus Halma, 1717, 2 tomes in‑4o, tome i, page 45.
- Dans une édition bien antérieure des commentaires de Servius par Maffeo Vegio (sans lieu ni nom, 1484, in‑fo), tulerint est remplacé par tulerunt [auront procuré] et le commentaire (note c) ne contient pas l’avis sur la durée différente de la grossesse pour les garçons et pour les filles (page b iii vo).
Toutefois, la remarque du Borboniana ne portait pas sur le changement du verbe, mais sur la durée de la gestation, avec une référence (ajoutée dans la marge du manuscrit) : « Voyez l’Anatomie de Du Laurens ».
Dans l’édition des Opera omnia [Œuvres complètes] publiée par Guy Patin (Paris, 1628, v. note [3], lettre 13) de Dans l’Historia anatomica [Anatomie] d’André i Du Laurens (Laurentius), {a} Quot et quæ sint humani partus tempora [Quelles peuvent être les diverses dates de l’accouchement humain] est la question xxx, chapitre ix, Infantis exclusio, seu partus [L’expulsion de l’enfant ou accouchement], du livre viii(pages 512‑517). Il y est raisonnablement dit (page 513) que l’accouchement peut survenir entre le 7e et le 11e mois, mais que la durée ordinaire et optimale de la grossesse est de 9 mois ; quant aux différences selon le sexe de l’enfant, Du Laurens développe les propos d’Aristote (Histoire des animaux, livre vii, chapitre iv) :Mas, quia celerius conformatur, movetur et perficitur in Utero, si septimo mense prodeat, vitalis erit. Femina autem, cum eam proportionem, quæ ad τυπωσιν, motum et partum requiritur, non servet, si septimo exeat mense vitalis quidem erit, sed non diu superstes.[Parce que, dans l’utérus, le garçon se forme, bouge et atteint sa maturité plus rapidement, il sera vivant s’il sort au septième mois ; la fille requérant une plus longue durée pour sa formation, son mouvement et sa capacité à être accouchée, elle sera donc certes vivante si elle naît au septième mois, mais elle ne survivra pas longtemps].
Suit cette judicieuse remarque de Du Laurens :
Adde quod in numero mensium sæpe decipiuntur Mulieres, ita ut octavo mense videantur parere, cum pariant nono. Sunt enim, quibus secundo post Conceptum fluunt menstrua, putant hæ, non concepisse, cum tamen conceperint.[Ajoutez à cela que les femmes se trompent souvent dans le compte des mois, si bien qu’elles semblent accoucher au 8e mois, alors qu’il s’agit du 9e. Certaines ont en effet des règles au 2e mois qui suit la conception, et pensent alors qu’elles ne sont pas enceintes, tandis qu’elles le sont bel et bien].
Inversion de deux vers d’Ovide (Fastes, livre iii) qu’il faut replacer dans leur contexte pour les rendre compréhensibles (vers 121‑126) ; il y est question des temps qui ont précédé l’invention de l’arithmétique :
Annus erat decimum cum luna receperat orbem :
hic numerus magno tunc in honore fuit,
seu quia tot digiti, per quos numerare solemus,
seu quia bis quinto femina mense parit,
seu quod adusque decem numero crescente venitur,
principium spatiis sumitur inde novis.[Une fois accompli le dixième cycle de la Lune, l’année était finie. Ce chiffre était fort en honneur à cette époque : soit à cause de notre habitude de compter sur dix doigts, soit parce que la femme accouche au dixième mois, soit parce qu’une fois parvenus à dix en comptant, nous entamons une nouvelle dizaine].
La référence du Borboniana à Homère renvoie à la ruse d’Héra (Junon, v. note [3], lettre 286), dans le chant xix de L’Iliade (vers 100‑130) : Zeus, son frère, pensant à son fils adultérin dont Alcmène est sur le point d’accoucher (pour enfanter Hercule), annonce à tous les dieux et à toutes les déesses qu’Ilithye, divinité des enfantements pénibles, va faire naître ce jour même un homme qui régnera sur tous ses voisins ; Héra lui fait jurer que ce qu’il dit est absolument vrai, puis d’un bond, elle se rend dans l’Argos d’Archaïe, où l’épouse de Sthénélos, fils de Persée, est grosse d’un fils et se trouve au septième mois de sa grossesse ; par ses pouvoirs divins, Héra fait naître l’enfant avant terme et retarde l’accouchement d’Alcmène, provoquant la fureur du maître de l’Olympe.
René Potier (1574-1616) avait été nommé évêque de Beauvais en 1596. Il fut l’un des principaux négociateurs du clergé lors des états généraux de 1614-1615 (v. note [28] du Borboniana 3 manuscrit). Son collège des oratoriens de Beauvais n’a jamais existé que sur le papier.
V. supra note [25] pour son frère benjamin, Augustin, qui lui succéda dans le diocèse de Beauvais, au lieu, si l’on en croit Nicolas Bourbon (qui le connaissait fort bien), d’épouser Claude de Sève, fille de Guillaume, seigneur de Saint-Julien de Launay, etc., trésorier de l’Épargne, qui devint l’épouse de Louis Tronçon, seigneur du Coudray, etc., conseiller d’État et intendant des finances, secrétaire du roi en la chancellerie de France, mort en 1643 (Popoff, no 2385).
Les deux évêques de Beauvais étaient frères de Nicolas ii Potier d’Ocquerre (v. note [7], lettre 686) et fils de Nicolas i Potier, seigneur de Blancmesnil (Paris 1541-ibid. 1635), qui fut successivement conseiller au Parlement de Paris (1564), maître des requêtes, président au mortier (1578) et enfin second président du Parlement. Pour sa fidélité politique, Henri iv le nomma chancelier de Marie de Médicis (Popoff, no 139).
V. notes :
Ces deux références sur Guillaume Budé (v. note [6], lettre 125) ont été ajoutées dans la marge du manuscrit.
Accidit ut annum agens septuagesimum tertium, canicula æstuante, in sævissimam febrem incurreret : qua demum ingravescente sub finem Augusti mensis anno huius seculi quadragesimo vir eximius animam cœlo dignam exhalavit : relicta numerosa sobole, factoque testamento, ex cuius præscripto Lutetiæ in D. Nicola campestris nullo funeris apparatu sepultus est.[Il advint qu’en sa soixante-treizième année d’âge, tandis que sévissait la canicule, il tomba en une très cruelle fièvre ; elle ne cessa de croître, et cet homme remarquable rendit sa noble âme au ciel vers la fin du mois d’août 1540. Il laissait une nombreuse descendance et, comme il l’avait prescrit dans son testament, il fut enterré à Saint-Nicolas-des-Champs sans aucune pompe funèbre].
« Or, suivant cette méchante coutume, {a} quelques impies de notre siècle, ou quelques personnes un peu trop simples pourraient mal à propos faire une targe {b} du nom de deux ou trois habiles hommes qui ont fait quelques testaments un peu éloignés du commun et < été > accusés de quelque extravagance ; et d’autant que je sais le contraire, par la déposition de personnes très fidèles ou par la suite de l’histoire, je suis obligé de lever le masque à l’impiété de nos athéistes afin qu’il ne leur reste aucun sujet de flatterie en l’exemple prétendu de ces habiles hommes.Le premier est Guillaume Budé, grand et signalé personnage qui chassa de la France la barbarie et nous ramena la douceur des sciences ; et pour cet effet, fut qualifié dans le livre de ses éloges et épitaphes du nom de Hercules Musageta. {c} Or, ce bon esprit ayant vécu parmi les morts pour vivre à tout jamais parmi les vivants, et s’étant entièrement sevré des compagnies pour s’adonner à la solitude durant sa vie, retint encore cette humeur en sa mort : car il ordonna par son testament que son corps fût porté de nuit, sans flambeaux et sans pompe funèbre, depuis la rue Sainte-Avoye, où il demeurait lors de sa mort, jusques aux Célestins, qui est une assez longue traite ; {d} et voulut être enterré sans cérémonie, sans assemblée, sans avertissement et son de cloches.
Il est vrai que cette nouveauté donna sujet de discourir diversement, et que les prédicateurs de ce temps-là prirent l’affaire au criminel, à l’occasion du temps, qui commençait à ressentir le fagot et s’était déjà abreuvé de certaines opinions soupçonneuses ; car ce fut l’an m. d. xxxix, {e} lorsque Luther avait embrasé quasi toutes les Allemagnes ; mais la vie précédente de Budé, l’intégrité et innocence de ses mœurs, l’opinion publique et les actions héroïques qu’il avait fait<es>, tant à Venise qu’à Paris, pour l’honneur de la religion et l’avancement des lettres, furent fidèles témoins du contraire. De façon que les plus sages demeurèrent édifiés de son humilité, au lieu que les autres se formalisaient de la nouveauté ; et de fait, il est vrai que Budé pouvait faire ce qu’il fit par pur sentiment d’humilité, comme nous voyons plusieurs saints qui ont désiré que leur corps fût exposé à la voirie {f} ou enseveli sans honneur. […]
Louis Le Roy et Mellin de Saint-Gelais, {g} qui étaient tous deux amis de Budé et qui le connaissaient privément, en ont porté un jugement tout différent de ce que les autres ont estimé, qui ne le connaissaient que par ouï-dire ; car Louis Le Roy, qui a fait sa vie, dépose qu’il ne connut jamais homme plus catholique que Budé, et plus dévot pour le temps. Et Mellin de Saint-Gelais, sachant que l’intention de Budé avait été bonne et faite conforme à ses humeurs, qui étaient retirées et ennemies du tracas des compagnies, fit une excellente épigramme en l’honneur du défunt, par laquelle il faisait voir que Budé, en s’humiliant, avait acquis plus de gloire par cette action que les autres par leurs pompeuses obsèques, car il disait :
- Qui est celui que tout le monde fuit ?
- Las ! c’est Budé au cercueil étendu.
- Pourquoi n’ont fait les cloches plus de bruit ?
- Son nom, sans cloche, est assez épandu.
- Que n’a-t-on plus en torches dépendu, {h}
Suivant la mode accoutumée et sainte ?
- Afin qu’il fût par l’obscur entendu
Que des Français la lumière est éteinte. » {i}
- Le chapitre i est intitulé Méchante coutume des hérétiques et libertins de s’approprier les plus habiles hommes de leur temps, quoiqu’ils aient été de contraire religion.
- Un bouclier.
- « Hercule conduisant les Muses. »
- La rue Sainte-Avoye correspondait à la partie sud de la rue du Temple, dans le ive arrondissement de Paris (entre l’Hôtel de Ville et la rue Rambuteau), tout près de l’église Saint-Nicolas-des-Champs (v. note [28], lettre 380), où fut inhumé Budé. Qu’allait donc faire le convoi funèbre au couvent des Célestins, situé environ 1,2 kilomètre à l’est (entre la Bastille et l’Arsenal, v. note [46] du Naudæana 3) ? Le P. Garasse semble avoir divagué dans son récit pour en amplifier le pathos.
- 1539, sic pour 1540.
- V. note [16], lettre 357.
- V. note [6] du Naudæana 2 pour Louis Le Roy (Ludovicus Regius). Mellin (Melin) de Saint-Gelais (1491-1558) fut l’un des plus célèbres poètes français de son temps.
- Dépensé.
- L’apologie du P. Garasse voulait lever les doutes sur l’accusation de calvinisme que les catholiques portaient contre Budé (v. note [41] du Grotiana 2).
« fort appliqué à étudier, il n’avait guère prêté attention à l’argent. »
Dans son Colloque familier [familiare Colloquium] intitulé Funus [L’Enterrement], Érasme fait dialoguer Macrolphus et Phædrus sur la mort et les obsèques de deux personnages fictifs (dont il n’indique pas la nationalité) : Georgius Balearicus, homme très riche qui avait été général d’armée et mourut entouré de toute la pompe imaginable, tant médicale que religieuse ; et l’humble et charitable Cornelius Montius, qui avait vécu sans gêner personne et mourut de même. Le tout mérite d’être lu, en latin (21 pages), aussi bien qu’en français (26 pages).
Les Vérités françaises opposées aux calomnies espagnoles, ou Réfutation des impostures contenues en la déclaration imprimée à Bruxelles sous le nom du cardinal-infant. Par un gentilhomme de Picardie sont formées de trois parties qui ont paru séquentiellement : 1re partie (Beauvais, sans nom, 1636, in‑8o de 151 pages) ; 1re et 2e parties (Beauvais, sans nom, 1637, in‑8o de 192 pages) ; 1re, 2e et 3e parties (Paris, sans nom, 1643, in‑4o de 882 pages). Les deux premières éditions sont dédiées au roi Louis xiii, avec de profondes marques de respect pour le cardinal de Richelieu. La troisième, publiée juste après la mort du roi et du cardinal ministre, ne leur est plus adressée. Son Avertissement (pages 415‑416) laisse entendre qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence fortuite :
« Voici enfin la troisième partie que l’auteur vous avait promise. Ne trouvez pas étrange s’il l’a gardée beaucoup plus qu’il ne < le > fit pas < pour > les autres que vous avez déjà vues. Outre que celle-ci contient autant elle seule que toutes deux ensemble, elle fait voir encore des actions pleines de merveilles et une conduite inimitable. Ses moindres effets sont si éclatants et si relevés qu’ils ont surpris tous les esprits. Ils ont excité l’admiration des peuples, et même celle des princes et des rois. Ils ont attiré l’envie d’une infinité de gens, qui ne voient qu’à regret les événements des généreux conseils qu’ont donnés à Louis le Juste les principaux ministres de cet État. Ce n’est pas pour instruire ces derniers, mais pour les convaincre, qu’il s’est cru obligé d’employer beaucoup de temps à rechercher les véritables causes et les principaux motifs des grands mouvements qui ont produit tant d’heureux succès et qui ont agité toute l’Europe depuis 15 ou 20 ans.Quelques-uns pourront s’étonner et n’approuveront peut-être pas qu’il parle du feu Père Joseph comme s’il était encore vivant, et néanmoins chacun sait qu’il était mort quatre mois auparavant qu’il eut mis la dernière main à cette troisième partie. {a} Il n’ignore pas que les ennemis du gouvernement et de la prospérité de la France ont publié beaucoup de choses depuis son décès à dessein de ternir sa mémoire et de rendre son nom odieux aux Français et aux étrangers ; mais outre que ces feuilles-là étaient achevées auparavant sa mort, l’on connaît assez la malice de ceux qui haïssaient ce bon religieux, pour cette seule raison qu’il servait très dignement et très utilement l’État et le roi. » {b}
- Le Père Joseph, « éminence grise » de Richelieu (v. note [8], lettre 19), était mort le 17 décembre 1638, ce qui date du printemps suivant l’achèvement de cette troisième partie, sans bien expliquer pourquoi l’auteur a préféré attendre cinq ans avant de la mettre au jour. Tout cela laisse pourtant soupçonner de sérieux motifs politiques, liés au P. Joseph (dont ledit auteur servait les intérêts) et à ses options belliqueuses qui finirent par outrepasser celles du cardinal.
- Plus loin, l’Avertissement annonce une quatrième partie, mais elle ne vit, semble-t-il, jamais le jour.
Claude ou Charles Barthélemy de Binville est tenu pour l’auteur des Vérités françaises. Son nom ne figure dans aucune de ces trois parutions. La suite de la présente note revient sur ce que le Borboniana nous apprend sur ce personnage.
V. notes :
La Vie de Guillaume Budé, fondateur du Collège de France (1467-1540) par Eugène de Budé (Paris, Émile Perrin, 1884, in‑8o de 300 pages) m’a semblé la source la plus fiable sur sa famille, complétée par la généalogie établie par Guillaume de Wailly (Geneanet).